Biographie

« Charlotte » de David Foenkinos

            charlotteLes premiers paragraphes de « Charlotte » surprennent : phrases très courtes, retour à la ligne à chaque phrase. Visuellement, c’est un poème, même si la lecture du texte prouve que ce n’en est pas un. J’interromps ma lecture, feuillette le reste du livre : tout le roman est écrit sous cette forme. Je me demande pourquoi Foenkinos a fait ce choix qui risque de gêner la lecture de son texte. Il faut attendre plusieurs dizaines de pages pour comprendre que ce n’est pas un effet de style, mais la retranscription de ce que l’auteur ressent lorsqu’il pense à la vie de Charlotte Salomon.

              « J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.

              (…)

              Je commençais, j’essayais puis j’abandonnais.

              Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.

              Je me sentais à l’arrêt à chaque point.

              (…)

              J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.

              Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. »

Peintre allemande née il y a tout juste un siècle, en 1917, Charlotte a subi à double titre la présence de la mort. En premier lieu, par son histoire familiale, car elle est issue d’une longue lignée de suicidaires, sa mère, sa tante, sa sœur. Et cette épée de Damoclès que l’histoire se répète avec elle hantera ses proches. Et puis l’horreur de la mort est aussi portée par l’époque : Charlotte sort à peine de l’adolescence lorsque les nazis prennent le pouvoir en Allemagne.

Au-delà de l’histoire personnelle de Charlotte, j’ai été sensible à l’admiration que Foenkinos lui voue. Ce livre n’a pas la prétention d’être une biographie, mais ce n’est pas non plus un simple roman. Il est bien plus que cela : l’hommage rendu par un artiste à une autre artiste qu’il admire et qui le bouleverse.

Comme la plupart des livres de Foenkinos que j’ai lus jusqu’ici, j’ai trouvé le texte fluide, clair ; indéniablement Foenkinos sait emporter le lecteur. Il le fait cette fois-ci avec une sensibilité toute particulière et très personnelle.

L’histoire de Charlotte est intéressante pour ce qu’elle révèle d’une époque et d’une artiste en particulier. Son parcours est aussi effrayant qu’éprouvant ; avec la grâce de sa plume, Foenkinos nous fait quand même effleurer ce que l’humanité peut avoir de plus abject.

Mon conseil :    

Complétez votre lecture par un petit tour sur internet pour découvrir les œuvres de Charlotte Salomon.

S 3-3Gallimard, 221 pages, 18,50€

2 réflexions au sujet de « « Charlotte » de David Foenkinos »

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