Nouvelles

« Café Lowendal et autres nouvelles » de Tatiana de Rosnay

9782253175629-TJ’ai lu assez peu de romans de Tatiana de Rosnay (« Elle s’appelait Sarah », « L’appartement témoin », « Sentinelle de la pluie » en version audio). Je connais mal le style de cette auteure, et à travers les 10 nouvelles rassemblées ici, j’ai eu l’impression d’approcher beaucoup mieux le coeur de son travail et les sujets qu’elle aborde.

Il n’y a pourtant pas vraiment de fil conducteur dans ce recueil, qui regroupent des nouvelles publiées pour la plupart il y a une dizaine d’années dans différents magazines.

La première nouvelle, qui donne son titre au recueil, est l’une des meilleures : elle comporte tout ce qu’on attend d’une nouvelle, courte mais efficace, peu de personnages, un rebondissement pour finir.

Les autres nouvelles sont assez inégales (j’en ai aimé quelques unes, d’autres m’ont moins convaincue) mais l’ensemble reste agréable à lire, dans un petit format qui s’adapte bien à une pause entre deux plus grosses lectures.

S 2-3Le livre de poche, 7,30€ (pour ma part, il était offert dans le cadre d’une offre pour 2 LDP achetés)

Cosy mystery·Policier

« Bienvenue à l’hôtel Savoy (tome 1) : Le crime de la chambre 705 » de Prudence Emery et Ron Base

Bienvenue-a-l-hotel-Savoy-tome-1-Le-Crime-de-la-chambre-705Grosse déception pour moi sur ce livre…

Je l’avais repéré, j’avais hésité à le lire (pas totalement convaincue par le résumé)… et puis j’ai craqué après avoir lu des avis positifs qui m’avaient rassurée. Ce qui m’a décidée aussi, c’est que les éditions de La Martinière publient par ailleurs « Les dames de Marlow » dont j’ai adoré les deux premiers tomes.

Hélas je me suis terriblement ennuyée pendant cette lecture.

Priscilla Tempest est attachée de presse au Savoy, un hôtel de luxe, dans les années 1960. Elle y voit défiler des personnalités (Elizabeth Taylor, Richard Burton, la princesse Margaret,…) mais la règle d’or est toujours la discrétion. Sauf que cette discrétion est mise à mal par la découverte, à quelques jours d’intervalle, de deux hommes morts. Et à chaque fois, Priscilla était à leurs côtés.

Si je me suis ennuyée, c’est avant tout car les personnages et les pistes d’enquête m’ont semblé caricaturaux et n’ont pas réussi à me convaincre (les histoires d’espions, ce n’est pas mon truc). Pourtant les chapitres sont très courts, ce qui donne normalement du rythme, mais cela ne m’a pas suffi. A la moitié du livre, je n’avais qu’une envie, c’est de le reposer. Dommage, ce livre n’était pas pour moi, et je ne lirai pas les suivants.

Un petit point positif quand même pour terminer, la belle-mère du directeur de l’hôtel apporte une pointe d’amusement et une histoire parallèle bienvenue pour compléter l’histoire principale.

S 1-3Editions de la Martinière, 416 pages, 14,90€

Roman

« Champollion l’Egyptien » de Christian Jacq

CHAMPOLLION_OK_CV-1-977x1536Sans nul doute, c’est la médiatisation de l’exposition sur « Ramsès II » qui m’a donné envie de me plonger dans un roman qui parle d’Egypte. Naturellement, un peu par facilité, mon choix s’est orienté vers un romancier connu pour ses nombreux ouvrages sur l’Egypte, et j’ai choisi son roman le plus célèbre. Avec « Champollion l’Egyptien » de Christian Jacq, je pensais partir sur les traces du premier à avoir traduit les hiéroglyphes – et donc je pensais que le livre m’éclairerait sur sa méthode, ses découvertes, son cheminement intellectuel.

Mais ce n’est pas du tout le thème de ce roman.

Le lecteur accompagne Champollion dans son voyage en Egypte, où il est censé « tester » en conditions réelles sa théorie sur le décryptage des hiéroglyphes. C’est donc plutôt un roman de voyage, sur une expédition pleine de pièges, où les ennemis sont nombreux à se dresser sur la route de Champollion. Un chercheur en minéralogie, un dessinateur, un prêtre censé surveiller Champollion, et une mystérieuse femme ambiguë complète l’expédition.

J’ai trouvé toute la première moitié du roman assez fastidieuse et décevante, avec des dialogues un peu poussifs. Une fois résignée à ne rien apprendre sur la méthode de Champollion et sur la traduction des hiéroglyphes, j’ai accepté que le roman soit un roman de voyage et d’aventures, et j’ai lu la deuxième moitié avec ce nouveau prisme. Il y a quelques passages et réflexions intéressants : sur l’origine du christianisme et sur ce qu’il a pu emprunter aux croyances de l’Egypte ancienne ; sur l’opposition entre préservation des trésors historiques et volonté de faire progresser un peuple vers la modernité.

Mais je suis restée quand même sur ma faim quant au mystère des hiéroglyphes, qui restent tout aussi obscurs pour moi qu’avant de commencer la lecture de ce roman. Dommage !

S 1-3XO Editions, 400 pages, 21,90€

Roman

« Manon des sources » de Marcel Pagnol

9782877065122-001-TLes années ont passé, Manon est devenue une jolie jeune fille de quinze ans, sauvage et libre. Elle garde toujours ses chèvres dans les collines, et évite les contacts avec les villageois des Bastides blanches.

Ugolin s’est enrichi grâce aux oeillets, qu’il cultive grâce à l’eau qui arrive en abondance de la source qui a tant manqué au père de Manon… Peu à peu, Ugolin développe des sentiments pour Manon. Mais les villageois commencent à parler, et si le Papet reste une figure imposante et respectée, il ne dupe plus grand monde sur sa responsabilité dans l’assèchement de la source. Manon, pour se venger, décide de priver à son tour le village de la précieuse eau…

Si l’on dit parfois qu’un film est fidèle au roman, ici c’est inversé car le livre a été écrit après le film de Pagnol, et c’est donc le livre qui est fidèle au film. Et puisqu’il y a eu une autre version dans les années 1990, la boucle est bouclée.

Roman familial, de vengeance, d’amour, d’ambition, ce livre se lit avec le même plaisir que le premier (même si le début est un peu plus lent, la deuxième partie est pleine de rebondissements). L’eau, au coeur du premier roman, est toujours très présente dans celui-ci, de même que les collines nourricières et sauvages. C’est un classique qui a bien mérité ce qualificatif.

S 3-3Grasset, coll Fortunio, 288 pages, 8€

Roman

« Jean de Florette » de Marcel Pagnol

9782877065115-001-TJ’ai vu plusieurs fois, il y a longtemps, les films « Jean de Florette » et « Manon des sources » avec Yves Montand, Gérard Depardieu, Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart… Pourtant il a fallu attendre que je regarde la première version de « Manon des sources », avec Jacqueline Pagnol, pour avoir envie de lire les romans.

Au départ, d’ailleurs, il n’existait que le film « Manon des sources », et la genèse avec l’histoire du père (Jean) y est incluse et racontée au passé. Les livres ont été écrits plus tard.

Je pensais tout savoir de l’histoire, et pourtant j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte. J’ai aimé cette Provence indissociable de Pagnol, ses figuiers, ses amandiers, et ses vieilles bâtisses. J’ai eu chaud sous le soleil d’août, et attendu avec Jean la pluie salvatrice. C’est un beau texte, qui se lit facilement et dépayse le lecteur dès les premières pages. Les personnages sont fascinants et entiers, solides et simples comme les pierres de leurs bâtisses.

L’histoire est celle de Jean, dit Jean de Florette car sa mère s’appelait Florette. Il hérite d’une vieille maison délabrée, les Romarins, sur les hauteurs du village des Bastides blanches. Or cette maison, si elle n’a guère de valeur, est entourée de terres sur lesquelles Ugolin rêve de faire fortune en cultivant des oeillets. Alors avec son Papet, son vieil oncle, il bouche la source avoisinante, réduisant à la sécheresse la terre de Jean de Florette.

Je n’ai pas pu m’ôter de l’esprit Yves Montand en Papet intransigeant et calculateur, Daniel Auteuil en Ugolin soumis (même si son amitié avec Jean me paraît plus marquée dans le livre) et Gérard Depardieu en Jean de Florette, citadin instruit qui fait des plans et des calculs, et se rêve en fermier.

J’ai tout aimé dans ce livre ; aussitôt refermé, je débute déjà la lecture de « Manon des sources ».

S 3-3Grasset, coll. Fortunio, 288 pages, 8€

Cosy mystery·Policier

« Meurtre au champagne » d’Agatha Christie

9782253017691-001-TNul n’a oublié Rosemary, jeune femme pleine de vie, qui s’est pourtant donné la mort. Près d’un an plus tard, son mari, sa sœur, ses prétendants, ne l’ont pas oubliée. Avait-elle une double vie, des secrets bien gardés ? Qu’est-ce qui a pu la conduire au suicide ? Et après tout : s’est-elle vraiment suicidée ?

Le roman commence doucement, avec six témoignages de six personnages clés. Cela aurait pu être long, très descriptif, mais la progression de l’histoire se fait témoignage après témoignage, et amène le lecteur à s’interroger.

Un rebondissement relance le roman pour la deuxième partie, où il est possible de soupçonner tour à tour de nombreux personnages.

Nul enquêteur récurrent n’apparaît dans ce roman, même si on peut retrouver quelques traits de caractère d’un Hercule Poirot dans l’enquêteur principal (la méthode, un peu de maniaquerie…).

C’est un bon opus, l’un des meilleurs que je lis depuis le début de l’année pour le challenge 2023.

S 3-3Le Livre de poche, 256 pages, 6,40€

Cosy mystery·Policier

« Le Club des amateurs de romans policiers (tome 1) : Ils étaient sept » de C.A. Larmer

9782749175478ORICe livre est une déclaration d’amour à Agatha Christie.

Vous le savez, je me méfie toujours des romans qui se revendiquent dans l’héritage de la Reine du crime – c’est souvent très usurpé. La bonne idée de ce roman est d’avoir des personnages principaux qui sont tous fans d’Agatha Christie, mais surtout qui vont se baser sur ses romans pour résoudre aux-mêmes une enquête.Cela m’a permis de me replonger indirectement dans quelques romans d’Agatha Christie, tout en lisant autre chose !

L’histoire est celle d’Alicia, fan de romans cosy mysteries, qui décide de créer son club de lecture – faute d’en avoir trouvé un à son goût. Elle réunit six autres lecteurs (et du coup… ils étaient sept, le clin d’oeil à « Ils étaient dix », ex- « Dix petits nègres » ne vous aura pas échappé). S’ils pensaient se réunir pour boire un verre tout en discutant lecture, c’est raté. L’une d’entre eux est victime d’un accident qui n’a pas l’air très accidentel, et une autre disparaît mystérieusement…

Passé mon hésitation du début, j’ai vite accroché à ce roman plaisant, qui se lit très facilement et fait du Christie sans faire du Christie. C’est malin. Et en plus la couverture et les petits dessins sont mignons.

La suite au mois d’août, rendez-vous est pris !

S 3-3Le Cherche Midi, 416 pages, 15,90€

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 32) : Cul sec ! » de M.C. Beaton

9782226460233-jJe ne vous présente plus Agatha Raisin, ancienne business woman dans la communication, reconvertie en détective dans les Cotswolds. Avec ce 32e tome, on approche un peu plus de la fin de la série. C’est pour moi une lecture récréative, que je mets maintenant de côté pendant quelque temps avant de me jeter dessus, histoire de faire durer un peu le plaisir. Je sais bien que je vais retrouver un peu toujours la même trame, mais tant pis, j’aime bien !

Dans ce tome, Agatha est confrontée à la mort de l’Amiral Nelson, un vieux monsieur pas trop apprécié, retrouvé mort sur un terrain de boulingrin (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une sorte de jeu de boules). Et Agatha est la seule à penser que cette mort n’est pas accidentelle, mais que l’Amiral a été empoisonné volontairement.

Les personnages secondaires sont un peu moins présents, même s’ils font tous une petite apparition. James revient en grâce (c’est vraiment le personnage que je comprends le moins dans cette série, tant il est variant d’un tome à l’autre), mais Agatha est toujours fâchée contre Charles (j’avais un peu oublié cette histoire, le tome 31 est un peu lointain dans mes lectures).

Au final, c’est un tome sans grande révélation ni grande avancée dans le fil rouge de la vie d’Agatha, juste plaisant quand on aime bien le personnage et la série en général.

J’ai déjà acheté le tome 33, mais je vais le laisser s’affiner un peu dans ma PAL avant de le lire !

S 2-3Albin Michel, 270 pages, 14,90€. Tome écrit avec R.W. Greeen.

Policier

« Piège mortel à Belle-Ile » de Jean-Luc Bannalec

9782258199965ORIJe suis tellement contente à chaque fois qu’un nouveau tome des enquêtes du Commissaire Dupin est publié ! Je suis toujours sûre de passer un bon moment, dans une Bretagne charmante et intrigante, magnifiée à travers les yeux de Dupin, le Parisien installé depuis maintenant dix ans en terre bretonne.

Une bonne idée de la série est de mettre en valeur à chaque fois un lieu différent (ici Belle-Ile).

L’enquête, par ailleurs, est assez intéressante : après la mort d’un riche propriétaire terrien, détesté par toute la population de l’île, Dupin s’installe sur place et explore une à une toutes les pistes.

Il y a aussi de l’humour, dans un fil rouge toujours renouvelé – ici une histoire de chapeau de soleil Tahiti…

J’ai passé un chouette moment de lecture, dépaysant, avec plein de paysages dans la tête. C’est simple : j’ai dévoré ce nouveau tome. Décidément, je suis une fan inconditionnelle de cette série !

S 3-3Presses de la cité, 352 pages, 22€

BD

« La couleur des choses » de Martin Panchaud

arton231-a8cb0Feuilleter ce livre m’a tout de suite envie de le lire. Quel était donc cet étrange objet littéraire non identifié, ni roman, ni bande dessinée, ni vraiment roman graphique… inclassable, quoi. Une preuve ? Les personnages sont… des ronds.

Un rond pour Simon, un rond pour sa mère, pour son père, un rond pour les ado qui zonent dans le parc…

Le concept est très original, car basé sur le graphique. Tout en n’incarnant jamais les personnages, on les distingue bien, on suit facilement leurs aventures. Ne vous fiez pas au côté ludique de l’approche, ni aux couleurs gaies de la couverture : l’histoire est sombre (je ne m’y attendais pas, je n’avais pas lu le résumé). J’ai même failli reposer le livre ! Mais j’aurais eu tort car le concept mérite d’être suivi jusqu’au bout. Il y a quelques très bonnes trouvailles visuelles, et en tout cas ce livre ne ressemble à rien de ce que j’avais lu jusqu’ici. Il a reçu le Fauve d’or à Angoulême cette année, et c’est mérité.

S 3-3Ed. çà et là, 236 pages, 24€