Cosy mystery

« Le secret de Tante Dimity (tome 2) » de Nancy Atherton

Rien ne va plus pour Lori. Deux ans après son mariage avec Bill, leur couple bat de l’aile et Bill fait passer son travail avant tout.

Lori tente un rapprochement en proposant à Bill une seconde lune de miel : ils quitteront Boston et rejoindront pour l’été le cottage que Lori a hérité de la Tante Dimity (qui, si vous avez lu le premier tome, intervient dans le roman sous forme d’un fantôme discret mais perspicace qui écrit des messages à Lori). Au dernier moment, Bill se défile, et Lori part seule avec son beau-père William. Or le vieil homme disparaît mystérieusement après quelques jours passés au cottage. Lori, aidée de la fille de ses voisins, part à sa recherche.

Dans ce deuxième tome, on s’éloigne du conte de fées du premier tome. Lori, délaissée par son mari, n’a plus grand-chose à voir avec la jeune femme qui se découvrait l’héritière d’un cottage et qui épousait un riche avocat américain. Elle est ici plus seule que jamais.

Dimity est moins présente aussi, elle n’intervient que par intermittence. On a quitté le cottage cosy et chaleureux pour un road trip entre Lori et une adolescente facétieuse et brillante, à la recherche d’un vieil homme insaisissable. Accrochez-vous pour suivre l’arbre généalogique des Willis & Willis, on rencontre toute la famille dans ce tome !

Les deux tomes ont des partis pris très différents, le premier était très cosy et domestique, le deuxième ressemble un peu plus à une « enquête » ; je me demande comment va s’orienter le reste de la saga : vers le cosy pur ? Vers d’autres enquêtes ?

A suivre…

Verso, 384 pages, 14,90€

BD

« Astérix en Lusitanie » de Conrad et Fabcaro

Fidèle au rendez-vous, j’ai évidemment acheté le dernier album d’Astérix dès sa sortie. Vous allez voir des centaines de chroniques sur cet album. Que dire de plus ?

Mon histoire avec Astérix, peut-être ? J’ai grandi avec 5 ou 6 albums que je relisais et relisais sans fin, jusqu’à connaître par coeur les répliques et même les défauts d’impression. Ce n’était pas mon héros préféré (à l’époque je lisais surtout Tintin, oui, désolée pour les fans). Plus tard, j’ai découvert ceux que je n’avais pas, j’ai eu quelques coups de coeur, et à aujourd’hui je relis toujours les mêmes. Il y a des tomes, aussi, qui parlent d’un moment de ma vie, et je me souviens quand on me les a offerts.

C’est ça, avant tout, acheter un album d’Astérix : faire revivre des souvenirs, cultiver une ambiance, parler d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.

Et ce cru 2025, alors ?

J’ai toujours du mal à me faire un avis sur un album d’Astérix à la première lecture. C’est un peu comme le bon vin, parfois il vaut mieux le laisser vieillir un peu. Il y a beaucoup (mais vraiment, beaucoup) de références à d’autres albums : Boulquiès le personnage principal, lusitanien rencontré dans « Le Domaine des dieux » ; le garum Lupus, au coeur de l’intrigue, est une référence à « Astérix et la Transitalique » ; Obélix révise les pas de danse appris dans « Astérix en Hispanie » ; et on retrouve Epidemaïs, le navigateur phénicien, croisé plusieurs fois depuis « Astérix gladiateur », etc etc, n’en jetez plus (si vous avez la ref, bravo). C’est donc à la fois une lecture « rassurante » qui reprend les codes habituels (à part Baba qui désormais prononce les « r », seule vraie nouveauté de l’album). Mais justement, il manque peut-être, pour moi, un peu plus de créativité, qui nous aurait, nous lecteurs habituels, un peu désarçonnés sans doute à la première lecture, mais qui aurait aidé l’album à sortir du lot. Enfin, seul l’avenir sera juge et nous dira ce qui passera à la postérité voire au vocabulaire courant.

Les éditions Albert René, 48 pages, 10,90€

Audio·Biographie

« Picasso, le sage et le fou » de Paule du Bouchet et Marie-Laure Bernadac


J’avais envie d’écouter un court livre audio, et j’ai trouvé celui-ci à la bibliothèque. Deux heures pour raconter la vie de Picasso, quel challenge ! Forcément le récit est assez succinct et va à l’essentiel. Mais il permet de retracer les grandes étapes de sa vie, de citer les personnes clés (femmes et amis) qui l’ont accompagné ou inspiré.

Comme dans toutes les biographies, j’aime comprendre ce qui a forgé une destinée, et je me suis intéressée en particulier à l’enfance et à la jeunesse de d’artiste. Dans le cas de Picasso, je connaissais déjà assez bien cette partie de sa vie, pour avoir eu la chance il y a quelques années de voir une exposition qui était consacrée à l’influence des maîtres de la peinture sur son œuvre.

Le texte est un peu ancien (2007), et il n’y est rien mentionné des polémiques qui se sont élevées depuis quelques années sur la relation de Picasso avec les femmes. Néanmoins, ses zones d’ombre, ses doutes, ses périodes de pause, ne sont pas niés. La lecture de François Dunoyer est impeccable, vivante et sans sur-jeu.

Ecoutez lire, env. 2h d’écoute, 11,99€ en format audio numérique

Roman

« Le jugement de Salomon » de John Finnemore

Je chronique habituellement mes livres après les avoir finis. Mais finirai-je un jour « Le jugement de Salomon » ?

D’un point de vue pratique, je l’ai « fini » au sens où j’ai lu toutes les pages. Quant à l’avoir compris et résolu, c’est une autre histoire…

Si vous aviez tenté de résoudre « La mâchoire de Cain », sachez que « Le jugement de Salomon » est construit sur le même principe : 100 pages, dans le désordre, qu’il faut non seulement remettre en ordre mais qu’il faut surtout comprendre pour résoudre l’intrigue. Dans celui-ci, 10 meurtres ont été commis. Mais par qui ? Où ? Et avec quelles armes ?

J’ai abordé ce Cluedo avec beaucoup de méthode (calepin, listes, post-it…) mais il continue à me résister. Déjà, sur la forme, ne vous attendez pas à recoller facilement la fin d’une page avec le début d’une autre. Ce serait trop simple ! (Je ne sais même pas si j’ai vraiment réussi à relier 2 entre elles). Quant à noter le nom des personnages en espérant les revoir d’un chapitre à l’autre… j’ai une feuille recto verso de noms propres dont je ne sais pas quoi faire. Et je ne vous parle pas des « iel » et de l’absence de majuscule, qui corsent encore la compréhension.

Certes j’ai parfois l’impression de résoudre un (tout petit) bout du mystère, de saisir une référence ou un double sens. Je fais pas mal de suppositions, aussi. Mais comme je n’arrive pas à relier les pièces du puzzle entre elles, cela ne m’avance guère…

Est-ce que le livre m’amuse quand même ? Oui !

Pourtant je m’étais déjà cassé les dents sur « La mâchoire de Caïn » (j’avais en plus fait l’erreur de découper les pages, ce que je vous déconseille fortement tant que vous n’avez pas une idée assez avancée de leur regroupement, sinon cela devient vite le bazar pour naviguer entre les chapitres).

Et vous, avez-vous commencé l’enquête ?

404 éditions, 224 pages, 14,90€

Roman

« La mort de Tante Dimity (tome 1) » de Nancy Atherton

Jamais le terme « cosy » ne m’avait semblé aussi adapté à un roman.

Qui n’a jamais rêvé d’être contacté par un cabinet de notaire pour découvrir un héritage inattendu ? Qui ne rêverait pas que ce cabinet de notaire soit un ancien manoir hors du temps, tenu par un duo père-fils à vos petits soins, qui vous nourrissent, nous hébergent dans une suite digne d’un palais, vous couvrent de cadeaux ?

L’héroïne, c’est Lori. Divorcée, sans le sou, encore en deuil de sa mère, elle est invitée à partir sur les traces de Tante Dimity, personnage principal des histoires que lui racontait sa mère… et dont elle découvre qu’elle a bel et bien existé.

Alors la voilà en pèlerinage dans un charmant cottage des Cotswolds… où elle découvre (attention je spoile, mais c’est central dans l’histoire) que Tante Dimity est toujours présente, comme un gentil fantôme qui lui parlerait et veillerait sur elle.

Oui, c’est complètement improbable, mais c’est tellement doux à lire ! Il y a un petit côté « conte de fées » qui fait du bien, et Tante Dimity est comme une Mary Poppins des Cotswolds, capable de donner du relief à un quotidien trop banal.

Après avoir été un peu dubitative sur le fait que j’étais en train de lire un roman de fantôme, je ne peux m’empêcher d’avoir envie de lire la suite pour retrouver l’ambiance au coin du feu et les bons sentiments qui ont parcouru tout ce premier tome.

Verso, 400 pages, 14,90€ (j’avais profité d’une offre à 9,90€ pour ce tome)

Policier

« Vendanges mortelles à Pornic » de Jean-Luc Bannalec

La moitié de mon plaisir de lecture de la série des enquêtes du Commissaire Dupin est d’être transportée à chaque tome dans un nouveau coin de Bretagne. Cette fois-ci, c’est Pornic qui est mis à l’honneur. Mais ne vous attendez pas à flâner sur le port ni autour du château en photo sur la couverture. Non, direction les vignes ! Le roman se déroule dans de grands domaines viticoles, entre caves et vignes.

Dupin est officiellement en voyage de noces, et fait étape avec sa femme Claire sur le domaine d’une amie de celle-ci, Cécile. Le propriétaire du domaine voisin, et ex mari de Cécile, est retrouvé mort. Un grand domaine, ça attire les convoitises… à moins qu’il ne s’agisse d’une affaire de coeur ? Dans tous les cas, Dupin est en position délicate : il n’est pas mandaté pour enquêter, et la meilleure copine de sa femme est aussi la principale suspecte.

Comme dans les autres tomes, l’enquête est bien construite, et Dupin fidèle à lui-même, avec ses petites manies et l’appui infaillible de son équipe, composée de personnages hauts en couleur. Il y a d’ailleurs une petite histoire parallèle avec un pic-vert qui menace la maison de Dupin – petit récit secondaire amusant et décalé.

Etrangement, alors que j’ai toujours imaginé Dupin en inspecteur Columbo (ne me demandez pas pourquoi.. peut-être le personnage avait-il un imper beige dans l’un des premiers tomes!), il aura fallu attendre ce douzième tome pour que le visage de Dupin prenne celui de Pasquale Aleardi, qui l’interprète dans la série télé adaptée des romans.

Presses de la cité, 352 pages, 22€

Roman

« William » de Mason Coile

Henry et Lili mènent une vie confortable, bien que leur couple batte de l’aile ; Lily est une brillante créatrice de start-up, Henry un inventeur associable, qui préfère se réfugier des heures dans son laboratoire à mettre au point toutes sortes de robots. Sa dernière création ? Un robot qu’il a prénommé William, bourré d’intelligence artificielle.

Lors d’un dîner avec des amis, Henry décide de sortir sa créature de son laboratoire ; mais le robot se retourne contre eux, et la soirée vire au cauchemar.


La même histoire aurait pu être écrite il y a quelques années avec des robots humanoïdes ; elle surfe avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle et des craintes qu’elle peut susciter. Le robot qui se retourne contre son créateur et dépasse ce pour quoi il était programmé, ce n’est pas tout à fait nouveau. Mais cela fonctionne bien quand même ! La bonne idée du roman est de se dérouler en huis-clos (la maison et son jardin), sur un laps de temps très limité. Les personnages apparaissent prisonniers d’une situation qu’ils ne comprennent pas, la tension monte au fil des pages. Les chapitres sont courts, redoutablement efficaces.
J’aime bien les thrillers psychologiques mais il ne faut pas que la tension soit permanente : j’aime qu’il y ait soit des chapitres de « pause » (il n’y en a pas dans « William », au contraire la pression est croissante), soit que le roman soit assez court (ce qui est le cas ici).

Le Cherche Midi, 256 pages, 22€ (service de presse)

Policier·Roman

« Qui a tué Harry Kennedy ? » d’Antony Johnston

Addictif, régressif, ludique ! Avec ce livre, vous allez retrouver le plaisir des lectures d’enfance sur le concept des « romans dont vous êtes le héros ». C’est en effet la particularité de ce roman d’enquête : le lecteur est le principal enquêteur. Armé d’un carnet et d’un crayon, vous allez donc interroger les suspects, choisir quels lieux inspecter,… Lire la suite « Qui a tué Harry Kennedy ? » d’Antony Johnston

Essai / Document

« Kolkhoze » d’Emmanuel Carrère


Il en faut du courage pour écrire un livre comme celui-ci. Pour raconter la vieillesse de ses parents, la fin de vie de sa mère. Pour écrire les événements avec sincérité, tout en sachant que les mots vont blesser. L’auteur n’en est pas à son coup d’essai, et rappelle d’ailleurs à quel point son « Roman russe » avait nui à sa relation avec sa mère – même si lui ressentait un besoin impérieux d’écrire sur les parts d’ombre de sa famille.


J’aime bien le style d’Emmanuel Carrère, sa façon de mêler l’intime et l’actualité mondiale, de partager avec le lecteur comment les événements du monde résonnent dans sa propre vie, sur ses propres choix. J’aime sa lucidité sur ses névroses, la fraîcheur avec laquelle il dit les choses. C’est bien écrit mais c’est simple, sans fioriture.

Ce livre est impossible à résumer, entre anecdotes et récits familiaux, géopolitique, généalogie… Et pourtant, l’ensemble fonctionne bien. Tout ne m’a pas intéressée dans le récit, et j’ai eu les plus grandes difficultés à situer les uns par rapport aux autres tous les membres de sa famille, maternelle, paternelle… Mais j’ai été émue par la tendresse d’un fils envers ses parents, malgré leurs différends, malgré les incompréhensions. C’est cette partie-là du récit qui m’a le plus touchée.

Le livre figure dans la première sélection pour le Goncourt 2025… rendez-vous le 4 novembre pour savoir ce qu’en a pensé la célèbre Académie !

P.O.L, 560 pages, 24€

Roman

« Ravage » de René Barjavel

Pourquoi lire en 2025 un roman d’anticipation écrit en 1943 et se déroulant en 2052 ? Est-ce que cela a du sens ?

Je garde un souvenir assez précis de ma lecture de « La Nuit des temps » du même auteur. J’avais 12 ou 13 ans. C’était, peut-être, mon premier vrai roman de science-fiction, et il m’avait profondément marquée.

C’est le hasard qui m’a mis aujourd’hui « Ravage » entre les mains – ou plutôt, dans les oreilles, car je cherchais un roman en version audio.

Le début m’a beaucoup plu : d’abord parce que c’est toujours amusant de voir comment, en 1943, un auteur pouvait imaginer le futur – pas de voiture volante ou autonome, pas de téléphone portable non plus, les ordinateurs sont absents. En revanche toute la société tourne à l’électricité. Et le jour où celle-ci est complètement coupée, c’est le chaos. La société s’effondre. Les morts, soigneusement conservés depuis plusieurs générations dans des lieux réfrigérés dans les habitations, se putréfient. Le choléra rôde. Toute cette partie résonne dans notre actualité : quand la crise énergétique fait l’actualité ; quand on a vécu une pandémie, capable de révéler tantôt la plus grande humanité, tantôt le plus grand individualisme, il n’est pas difficile de faire des rapprochements !

Ensuite les choses se compliquent : François, le principal personnage, décide de quitter la capitale avec la jeune femme qu’il aime et quelques individus qu’il réunit pour former un groupe. Sur leur chemin qui traverse la France, ils vont croiser la maladie, la mort, la faim, et toutes sortes d’horreurs.

Plus le roman progressait, plus je me sentais mal à l’aise. Tant de noirceur dans quelques heures d’écoute… Bien sûr c’est un classique, et je ne regrette pas de l’avoir découvert. Mais j’ai hâte de passer à une lecture moins pesante.

Le Livre qui parle (épuisé), 7h30 d’écoute. Lu par Bertrand Suarez-Pazos