Policier

«Les meurtres zen tome 1 : Des meurtres qui font du bien » de Karsten Dusse

9782749172491ORIJ’ai d’abord été interpelée par le titre : des « meurtres qui font du bien » ? dans une collection qui s’intitule « Les meurtres zen » ? Avouez que ce n’est pas banal !

Björn est l’avocat sans scrupules de Dragan, un mafieux. Lorsque la femme de Björn le place devant un ultimatum – changer profondément de vie ou renoncer à voir sa fille – Björn ne perçoit pas tout de suite l’opportunité qui lui est offerte. C’est en consultant un psy, spécialiste de la pleine conscience, que Björn apprend peu à peu à voir les situations différemment… et à commettre des actes répréhensibles – pour la bonne cause.

Si vous aimez les romans second degré et l’humour noir, vous allez adorer ce roman complètement barré, où un avocat commet les pires méfaits pour passer du temps avec sa fille et appliquer les principes de la pleine conscience dans toutes les situations.

(Petite parenthèse sur le sujet : j’ai enfin compris ce qu’est la pleine conscience!)

L’histoire est déjantée à souhait, on se demande à chaque chapitre ce que l’avocat va inventer comme nouvelle interprétation très personnelle de la pleine conscience !

Ce n’est pas un roman d’enquête car le lecteur est omniscient et connaît tout ce que trame l’avocat. Le suspense réside plutôt dans les trouvailles que l’avocat utilisera pour se sortir de situations de plus en plus rocambolesques – je vous laisse lire les passages sur les places en école maternelle…

La publication du deuxième tome en France est déjà annoncée pour 2023 ; je le lirai volontiers, curieuse de voir comment (et pour quels motifs saugrenus) Björn va à nouveau frapper.

S 3-3Le Cherche Midi, 400 pages, 19,90€

Cosy mystery·Policier·Roman

« Son Espionne royale (tome 9) et les conspirations du palais » de Rhys Bowen

espionne t9« Son Espionne royale » fait partie de ces lectures réconfortantes, que j’aime avoir sur ma table de chevet. Je l’avais acheté dès sa sortie, puis gardé « sous le coude » , et j’ai pris un grand plaisir à le lire ces jours-ci.

Tout ce que j’aime dans la série est présent : Georgie, une fois de plus, est envoyée par la Reine en mission auprès d’un membre de la famille royale. Cette fois-ci, elle tiendra compagnie à Marina, qui doit bientôt épouser un membre de la famille royale, au passé plutôt sulfureux. Or une ancienne maîtresse du futur marié est retrouvée morte assassinée. Qui cherche à nuire à ce futur mariage ? Et pour quelles raisons ?

Comme dans les précédents tomes, Georgie va enquêter en parallèle de la police. Les personnages secondaires ont une place particulièrement bien travaillée dans ce tome : Belinda, l’amie frivole de Georgie, montre une autre facette au lecteur ; l’histoire d’amour entre Gerogie et Darcy O’Mara connaît un rebondissement inattendu ; quant à Queenie, que j’ai parfois trouvé exaspérante dans d’autres tomes, elle reprend sa place de personnage décalé et amusant avec le juste dosage.

C’est un très bon tome dans la série, efficace, avec plusieurs pistes possibles jusqu’à la fin.

S 3-3Robert Laffont, 378 pages, 14,90€

Policier·Roman

«Les sœurs Mitford enquêtent (tome 3) : Un parfum de scandale » de Jessica Fellowes

Un-parfum-de-scandaleLes années ont passé. Diana Mitford, qui n’était qu’un personnage secondaire des précédents tomes, est devenue une jeune femme. Mariée à Bryan Guinness, elle mène une existence aisée, mais se retrouve indirectement liée, à plusieurs années d’intervalle, à plusieurs morts. Si la première avait été clairement identifiée comme accidentelle (la chute mortelle d’une jeune serveuse), la mort suivante, celle d’un ami du couple, paraît plus suspecte.

Je le redis : le titre de cette saga est erroné, puisque ce ne sont pas les sœurs Mitford qui enquêtent, mais leur gouvernante Louisa ! Et c’est donc Louisa, qui navigue entre deux mondes (la « bonne société » qu’elle aimerait tant rejoindre, et le monde des gouvernantes et des nurses) qui essaie de démêler ces histoires sans lien apparent. Il y a plusieurs histoires dans l’histoire, plusieurs enquêtes dont le lecteur comprend vite qu’elles seront liées.

L’histoire est un peu complexe (mais rien de trop non plus), la lecture est assez agréable, mais contrairement à d’autres séries d’enquêtes, il y a assez peu de « fil rouge » entre les tomes. On pourrait presque même les lire sans avoir lu les précédents. Dans chaque tome, l’intrigue concerne l’une des sœurs Mitford en particulier, mais elles sont beaucoup moins présentes que Louisa. J’ai bien aimé cette lecture, mais je ne sais pas encore si je lirai les prochaines.

S 2-3Le livre de poche, 8,40€

BD·Policier

«Poirot joue le jeu», adaptation BD par Marek d’après Agatha Christie

poirot joueDans cette collection éclectique d’adaptations en BD de romans d’Agatha Christie, celle-ci est l’une des meilleures. On retrouve tous les « codes » du roman d’Agatha Christie (des fausses pistes aussi nombreuses que les personnages) dans une version joliment dessinée et aussi claire dans les illustrations que dans le texte. Ainsi, même si le lecteur peut soupçonner plusieurs personnages au fil de sa lecture, il progresse pas à pas ; les noms ou fonctions des personnages sont rappelés autant que nécessaire pour ne pas tout mélanger.

Dans cette enquête, Poirot a été appelé par Mrs Oliver, une célèbre romancière. A l’occasion d’une fête donnée dans une riche demeure, elle organise une « murder party », une fausse enquête policière que devront résoudre les invités. Or Mrs Oliver s’inquiète, elle pressent que cette « murder party » donnera lieu à un drame bien réel. Ce qui, évidemment, va se réaliser…

Ici Poirot est assez discret, il ne parle même pas de ses petites cellules grises… Pour le reste, la BD est très fidèle à l’esprit des romans d’Agatha Christie. J’ai passé un très bon moment de lecture ; dans la collection, je vous conseille spécialement cette BD-là.

S 3-3Ed Paquet, 64 pages, 16,50€

Audio·Roman

«Le Grand Monde » de Pierre Lemaitre

Grand MondeQuel talent !

Quand on me demande quel est mon auteur contemporain préféré, je réponds invariablement « Pierre Lemaitre ». J’ai découvert les romans de cet auteur il y a des années, bien longtemps avant son Goncourt, lorsqu’il écrivait des polars (excellents, cela dit en passant).

« Le Grand Monde » est, une fois encore, une réussite. La construction de l’histoire, brique par brique, fait monter la tension romanesque au fil des chapitres. On découvre les personnages, et même ceux que l’on pense avoir cernés dans les premiers chapitres recèlent des surprises jusqu’à la fin du roman. Car le grand talent de Pierre Lemaitre est de combiner, dans un roman à décor historique, une fresque romanesque riche, des personnages d’une belle complexité, et des rebondissements qui, s’ils ne relèvent pas du polar, fournissent au lecteur de beaux revirements de situation. Quant à l’écriture, elle est toujours juste, le choix des mots est précis – j’allais dire « parfait », tant chaque mot semble être à sa place.

J’ai pourtant eu une petite inquiétude en démarrant ce livre, que l’auteur a choisi de situer pendant la guerre d’Indochine. C’est une guerre dont je connais peu de choses, je n’étais pas sûre de réussir à entrer dans l’histoire – et le début du roman comporte beaucoup d’éléments très informatifs, issus d’une restitution presque trop méticuleuse du contexte historique.

Mais pourquoi ai-je douté ? Car une fois le décor bien planté, l’histoire démarre avec force, et la tension ne diminue pas jusqu’aux ultimes mots du roman. L’histoire est celle d’une famille, les Pelletier, savonniers bourgeois habitant Beyrouth, dont les quatre enfants ont quitté le nid et vivent chacun de leur côté : tandis que François a renoncé à de brillantes études pour se lancer dans le journalisme, Jean dit « Bouboule » mène une vie plutôt décevante aux côtés d’une femme qui le rabroue sans cesse ; Etienne, quant à lui, vient de partir en Indochine où son amant a été tué ; sa sœur jumelle, Hélène, moins présente au début du roman, s’émancipe et n’a pas fini d’en faire voir à sa famille… Passionnante histoire que celle de cette famille complexe, dont les vicissitudes n’ont pas fini de vous surprendre.

Depuis « Couleurs de l’incendie », j’ai pris l’habitude de découvrir les romans de Pierre Lemaitre en version audio lue par l’auteur lui-même. Car en plus du talent d’auteur, celui-ci a le talent de lecteur idéal pour lire ses romans. Sa voix, ses hésitations, son incarnation des personnages, donnent un relief particulier au texte. Prévoyez quand même 17h30 d’écoute (!) mais cela vaut vraiment le coup.

S 3-3Audiolib, 17h34 d’écoute, 26,50€ en version CD

BD

« Drame en trois actes », adaptation en BD par Frédéric Brémaud et Alberto Zanon, d’après Agatha Christie

couv_9782889322411_1_0Cette série d’adaptations en BD de l’oeuvre d’Agatha Christie est originale ; car en faisant appel à des scénaristes et des dessinateurs différents, elle propose des adaptations aux ambiances variées. Dans « Drame en trois actes », la couverture est assez sombre, et le personnage d’Hercule Poirot ne ressemble pas tout à fait aux dessins de l’intérieur, ce qui est un peu étrange. A noter aussi, le choix du clap de cinéma, alors que les « trois actes » du titre sont évidemment une référence théâtrale plus que cinématographique…

Passées ces considérations sur la couverture, le début de la BD est un peu complexe, avec comme toujours chez Agatha Christie une multitude de personnages invités à une soirée dans laquelle un homme, un révérend sans histoire et sans richesse, meurt brutalement. J’ai redouté de me perdre parmi les personnages, mais la fin de la BD est très bien faite, et prend le temps de poser le dénouement – c’est appréciable d’avoir un dénouement bien travaillé, pas trop expéditif, et qui permet de remettre chaque pièce du puzzle à sa place.

S 3-3Ed Paquet, 64 pages, 16€

Roman

« Le Mystère Jérôme Bosch » de Peter Dempf

9782266282871ORIUn bon livre en appelle toujours un autre, je ne cesse de le répéter. La lecture mène à la lecture. J’avais adoré « Le Mystère Caravage » du même auteur, plongée passionnante dans l’Italie du XVIe siècle et dans la créativité d’un génie.

J’étais très curieuse de lire ce roman sur Jérôme Bosch, dont j’avais aussi entendu beaucoup de bien. Il y a des similitudes entre les deux romans, qui sont construits autour d’une figure forte de la peinture (quoique je reconnais n’avoir rien su de Jérôme Bosch avant d’ouvrir ce livre ! ).

Ce roman-là navigue entre époque contemporaine (un peu) et période de l’Inquisition (90 % du livre). Je n’avais pas trop de références sur cette époque, donc j’ai trouvé le côté historique intéressant. En revanche, l’intrigue, qui a pour point de départ une attaque contre un tableau qui aboutit à la révélation d’une partie cachée, m’a semblé trop classique. J’ai lu ce pitch sur des dizaines d’autres romans… Il m’a manqué du peps, des rebondissements, du suspense (il y en a un peu dans les chapitres qui se déroulent de nos jours, mais pas dans le reste du roman).

Au final, j’ai trouvé la lecture plutôt longue ; j’aurais bien raccourci d’un tiers le roman !

S 1-3Pocket, 544 pages, 8,50€

Roman

« La famille Martin » de David Foenkinos

9782072962325_1_75Le point de départ des romans de David Foenkinos est souvent très original, le pitch me fait souvent envie. Ce roman-là n’échappe pas à la règle : un écrivain en mal d’inspiration décide de prendre pour personnage de son prochain roman la première personne qu’il croisera dans la rue ! Le destin met sur le chemin de l’écrivain une vieille dame, Madeleine, qui lui présente très vite le reste de sa famille. Voilà donc notre auteur au milieu de la famille Martin.

J’avais imaginé un gros revirement de situation, par exemple que l’auteur allait découvrir qu’il était lui-même un objet d’expérimentations, que la famille Martin allait renverser l’histoire et utiliser l’écrivain pour ses propres intérêts. Bref j’avais beaucoup brodé dans ma tête ! Le roman est moins romanesque que ça, une fois passée la mise en situation. On suit les Martin et leur biographe dans le quotidien, et cela génère quelques passages assez ennuyeux, ou du moins quelconques.

L’auteur – le vrai – n’est pas avare de bonnes trouvailles côté formulations, mais même là je me suis lassée de lire autant d’aphorismes.

Ce n’est pas un roman désagréable, mais j’en attendais trop… donc j’ai été déçue.

S 1-3Folio, 254 pages, 8,20€

Roman

« Les déracinés (tome 4) : Un invincible été » de Catherine Bardon

déracinésAinsi s’achèvent les 4 tomes de cette saga qui trouve ses racines dans l’horreur (la fuite de l’Autriche pour échapper aux nazis) et s’est construite sous le soleil dominicain.

J’ai laissé du temps entre le tome 1 et tome 2, puis entre le tome 2 et le tome 3, impressionnée sans doute par ce gros coffret. Mais j’ai enchaîné la lecture des tomes 3 et 4 en quelques jours seulement, happée par le récit de cette famille à laquelle je me suis attachée.

Dans ce dernier tome, l’Histoire avec un grand « H » est encore au rendez-vous, des attentats du 11 septembre au séisme d’Haiti, et l’auteure joue habilement entre les histoires individuelles de ses personnages et l’impact des faits historiques sur leur vie.

Les enfants de Ruth ont grandi, dans ce tome elle devient une senior, entre la jeune génération (Gaya) qui construit ses projets, et sa mère Alma qui reste un pilier de la communauté juive de Sosua.

Lisez bien jusqu’aux dernières pages de la postface pour comprendre les faits réels dont l’auteure s’est inspirée.

Une grande saga, parfaite pour l’été, et qui sera difficile à oublier.

S 3-3Les Escales (coffret collector de 2 tomes – 4 romans)

Roman

« Les déracinés (tome 3) : Et la vie reprit son cours » de Catherine Bardon

déracinésCe troisième tome de la série « Les déracinés » était posé près de moi, il m’attendait depuis quelque temps. Pourquoi ? J’avais bien aimé les deux premiers tomes, mais j’avais besoin de laisser reposer un peu cette saga avant de la reprendre. Quand j’ai commencé ce tome, j’ai pourtant tout de suite été happée par l’histoire, je n’avais rien oublié des premiers tomes, tout est revenu d’un coup, les personnages, l’ambiance.

Ruth est revenue dans ce qui est aujourd’hui la République Dominicaine, avec sa fille Gaya. Pour elle, c’est un retour aux sources ; d’ailleurs le roman se recentre sur elle, elle prend le relai d’Alma pour raconter la suite de l’histoire familiale. Alma a retrouvé son amour de jeunesse, et partage désormais sa vie entre Sosua et Jérusalem auprès de sa meilleure amie.

Une page est tournée. C’est la nouvelle génération, celle de Ruth, qui reprend le flambeau. C’est la génération née à Sosua, mais qui n’oublie rien de ses racines. Ce roman raconte aussi une époque : Martin Luther King, le mouvement hippie, la guerre du Vietnam.

Les chapitres sont toujours très courts (3 à 5 pages), avec beaucoup de rythme. C’est très agréable à lire.

J’attaque le quatrième !

S 3-3Les Escales (coffret collector de 2 tomes – 4 romans)