Roman

« La gloire des maudits » de Nicolas d’Estienne d’Orves

gloire mauditsA Paris, dans l’après Seconde Guerre mondiale.

Gabrielle Valoria vit avec son frère depuis le décès de leur père, exécuté après la guerre pour complaisance avec l’ennemi. Pas vraiment un collabo, mais ses amitiés troubles ont fait de lui un homme qui devait expier des fautes dans une France d’après guerre souhaitant faire table rase du passé. Depuis sa mort, Gabrielle et son frère peinent à joindre les deux bouts, vendant pièce après pièces les dernières richesses familiales.

Alors que l’état de leurs finances est au plus bas, un homme propose à Gabrielle de l’argent pour enquêter sur Sidonie Porel, l’une des auteures les plus célèbres de son époque. Gabrielle accepte, s’immisce dans le quotidien de « la Porel », prête à démasquer celle dont le succès serait basé sur un terrible plagiat.

Le roman décrit très bien ce Paris de la fin des années 1940, encore très marqué par la guerre, où certains ont payé au prix fort leur position ambiguë, tandis que d’autres se sont habilement faufilés entre les mailles du filet. Chaque personnage est complexe : Gabrielle, fille et sœur protectrice, prête en même temps à dénoncer Sidonie Porel pour se libérer de ses problèmes d’argent ; ou Sidonie, hautaine et détestable, mais dont le passé peut aussi cacher des blessures. Aucun des personnages n’est totalement ange ou démon ; et si cela est inconfortable pour le lecteur – jusqu’à la fin du livre je ne savais pas si l’héroïne Gabrielle m’était sympathique ou détestable – c’est aussi ce qui donne de la chair aux personnages et restitue bien l’ambiance d’après guerre.

Comme souvent dans les « pavés » – celui-ci fait plus de 500 pages, et l’auteur revendique lui-même ce terme de « pavé » dans les remerciements, j’aurais bien retiré quelques dizaines de pages. Non pas que le roman soit ennuyeux, mais il y aurait sans doute gagné en rythme. D’autant plus que l’auteur prouve, notamment à la fin du livre, qu’il maîtrise l’art du rebondissement.

S 2-3Albin Michel, 519 pages, 23,50€

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