Je ne connaissais pas Erri de Luca, et j’ai choisi de lire ce court livre publié chez Folio dans la collection « le forum » pour l’extrait repris sur la couverture – et qui d’ailleurs prend plus de place que le titre lui même : « J’accepte volontiers une condamnation pénale, mais pas une réduction de vocabulaire ». Erri de Luca a écrit ce texte pour justifier des propos qu’il a tenus et qui, selon lui, ont mal été interprétés, et lui ont valu des poursuites judiciaires.
En effet, Erri de Luca s’est opposé à la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, afin de défendre les montagnes que cette ligne va traverser. Or dans son opposition, il a invité à « saboter» le chantier, ce qui lui a valu en 2014 une mise en examen pour incitation à la violence.
Il revient ici sur le sens qu’il voulait donner à son appel, et s’insurge d’avoir été condamné pour ce qu’il estime être une mauvaise interprétation de ses propos.
Le texte est intéressant car il fait réfléchir sur le sens et la puissance des mots. L’auteur explique son rapport aux mots et à la littérature, et déplace donc le sujet du débat vers une quête de sens du vocabulaire.
Certains passages peuvent malgré tout laisser perplexe sur la défense du militant : « On est arrivé à dire que certains faits se sont produits à la suite de mes phrases. Et avant mes phrases ? […] Après la fabrication des mouchoirs en papier, les gens se sont mouchés. Et avant ? »
A noter, ce texte est suivi d’un échange entre Erri de Luca et José Bové. Ce second texte répond avec pertinence au premier, en donnant un éclairage complémentaire sur les raisons de l’engagement d’Erri de Luca.
Folio, 5,40€, 120 pages. Traduit de l’italien par Danièle Valin. Suivi de « Du sentiment de justice et du devoir de désobéir », conversation entre José Bové et Erri de Luca, animée par Gilles Luneau.