Roman

«L’enfant des Soldanelles» de Gérard Glatt

soldanellesAvant de parler de l’histoire de ce livre, j’ai choisi de vous parler des lieux qui en sont le théâtre. Pour un décor, quel décor !

« Ainsi passent-ils le col de la Colombière pour aller jusqu’au Grand-Bornand et à La Clusaz, sur l’autre versant des Aravis. Visitent-ils la Chartreuse du Reposoir. Montent-ils jusqu’à Megève et son mont d’Arbois, en passant par Combloux. »

Il y a de quoi faire rêver plus d’un lecteur.

Il est donc très aisé de comprendre pourquoi Guillaume, petit garçon malade envoyé à la montagne pour soigner ses poumons, s’est émerveillé en découvrant une si belle nature. Bien vite, les noms des montagnes qui entourent son lieu de convalescence n’ont plus de secret pour lui. Et les six mois qu’il devait passer ici ne trouveront jamais de fin, car Guillaume reviendra toujours vers ses chères montagnes.

Lié d’amitié avec Augustin, du même âge que lui, et Julien, plus âgé qu’eux, un drame va venir briser leur innocence – et du même coup changer le cours de leurs destins, mais il faudra tout un livre pour comprendre pourquoi.

L’auteur fait la part belle aux sentiments : l’amour de Guillaume envers sa mère d’abord, puis après le séjour aux Soldanelles, l’amitié, et bientôt l’amour. Des sentiments très présents, et dont le lecteur comprend vite qu’ils seront la cause de bien des drames et des jalousies.

Si j’ai aimé la trame globale du roman, j’ai trouvé quelques longueurs dans la lecture, et la fin particulièrement prévisible. J’avais déjà lu du même auteur « Et le ciel se refuse à pleurer », où le lecteur retrouvera le cadre sublime de la Haute-Savoie et des personnages aux sentiments forts et parfois déroutants.

S 2-3Presses de la Cité, 464 pages, 21€

Roman

« Et le ciel se refuse à pleurer… » de Gérard Glatt

Voilà un roman qui propose un joli cadre pour le lecteur : la Haute-Savoie. Nul besoin d’être très avancé dans la lecture des chapitres pour se retrouver au milieu des montagnes, près d’un torrent…et avec une terrible envie de reblochon, avec « sa croûte de couleur jaune, tirant parfois sur l’orange, et légèrement vitreuse en bordure. Sa mousse fine et blanche sur le dessus […], sa saveur délicatement parfumée à la noisette ». C’est bon, vous y êtes ?

C’est dans ce cadre que vieillit un improbable couple, Joseph et Germaine Tronchet. Elle, a tout d’une horrible mégère : mesquine, violente, et infidèle. Lui est un peu ivrogne mais avec un bon fond et un étonnant mais néanmoins immense amour pour sa femme.

Un jour, Germaine est retrouvée morte, écrasée sous un sapin. Son fils Antoine doit revenir pour les funérailles, ne sachant pas s’il doit pleurer cette mère méchante et que personne, à part Joseph, ne regrettera.

Si la mort de Germaine est une délivrance, elle éveille aussi des questions : pourquoi a-t-elle toujours été si méchante, pourquoi rejetait-elle son fils, que signifie le médaillon qu’elle ne quittait jamais ? Et surtout, l’arbre qui l’a tuée est-il vraiment tombé tout seul ?

Autant vous le dire : vous n’aurez peut-être pas toutes les réponses que vous attendez. Mais ce roman est fort plaisant à lire : pour le cadre, je l’ai déjà dit, mais aussi pour la chair donnée aux personnages, hommes et femmes complexes dans leurs sentiments mais simples dans leur quotidien. Passez sur le titre, à mon sens un peu plat, et qui ne reflète pas la profondeur du texte. Les personnages sont habités de sentiments forts (l’amour pudique entre Joseph et son fils, l’amitié fidèle d’un jeune voisin envers Antoine, et même la violence psychologique de Germaine). Il y a de l’amour dans ce livre, même si les personnages l’expriment de façons contradictoires et nagent entre culpabilité, fuite, et attachement.

S 3-3Presses de la Cité, 352 pages, 20€