Roman

« Un amour de Swann » de Marcel Proust

swannIl y a plusieurs années, j’avais essayé de « lire Proust », un peu comme un passage obligé dans ma vie de lectrice. J’avais consciencieusement commencé « A la recherche du temps perdu » par le premier tome… et je n’en ai jamais lu d’autre, perdue dans des phrases complexes et un récit qui m’avait plutôt ennuyée.

J’ai redécouvert Proust à travers l’excellente BD de Stéphane Heuet, qui m’a donné envie de retourner vers le texte original. J’ai choisi cette fois-ci « Un amour de Swann » qui est présenté comme une parenthèse dans l’ensemble de l’œuvre. Et comme je l’avais pressenti avec la BD, le roman, assez court, s’est avéré beaucoup plus abordable – et sans doute la BD m’a aidée à l’appréhender car je connaissais déjà l’histoire.

Alors bien sûr, il y a toujours quelques phrases qui me laissent songeuse quant à leur structure :

«  Toute « nouvelle recrue » à qui les Verdurin ne pouvaient pas persuader que les soirées des gens qui n’allaient pas chez eux étaient ennuyeuses comme la pluie, se voyait immédiatement exclue ». (p43)

ou encore :

«  – comme on voit des gens incertains si le spectacle de la mer et le bruit des vagues sont délicieux, s’en convaincre ainsi que de la rare qualité de leurs goûts désintéressés, en louant cent francs par jour la chambre d’hôtel qui leur permet de les goûter. » (p160)

Mais je n’ai pas envie de limiter ma lecture à ces quelques hésitations dans ma lecture. Car il se dégage de l’ensemble du roman beaucoup de thèmes intéressants. Je connaissais bien sûr la « madeleine » et j’ai découvert que l’auteur abordait ce thème du souvenir sous d’autres angles : une petite musique, ou même le choix de certains mots qui réveillent des sensations différentes.

Deux mots sur le sujet du roman : Swann s’est entiché d’Odette de Crécy, une demi-mondaine habituée à fréquenter le salon des Verdurin. D’abord introduit dans les soirées des Verdurin, Swann détonne par sa culture et son refus de s’abaisser à des plaisanteries idiotes ou des conversations trop faciles. Il est progressivement rejeté de chez Verdurin, et rongé de jalousie par les autres fréquentations d’Odette.

Pour finir, je tiens aussi à saluer la modernité de la couverture – je suis sensible aux couvertures, et un choix trop classique m’aurait davantage effrayée.

S 3-3Folio, 384 pages, 5€

BD

« Du côté de chez Swann » de Marcel Proust, adaptation BD de Stéphane Heuet

Du côté de chez SwannLire Proust… Beaucoup s’y sont aventurés, nombreux sont ceux qui y ont renoncé. Je me souviens avoir lu un tome de la « Recherche » il y a bien longtemps – j’avoue ne plus me souvenir duquel il s’agissait. C’est une lecture que j’appréhendais, et à juste titre puisque je n’ai pas poursuivi au-delà de ce premier essai.

Alors quand j’ai découvert qu’un scénariste et illustrateur s’était attaqué au « monstre » de la littérature française en bande dessinée, je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de me réconcilier avec cette œuvre et, enfin, de comprendre de quoi elle parle !

C’était quitte ou double. Et finalement cette lecture s’est avérée une très agréable surprise ! J’avais opté pour le premier tome de l’intégrale, regroupant trois textes (« Combray », « Un amour de Swann », « Nom de pays »). Le premier permet de se plonger dans l’univers de Proust enfant ; on y retrouve des personnages connus (même quand on connaît mal l’œuvre), comme la tante Léonie, et bien sûr l’épisode de la madeleine… Mais la partie que j’ai préférée est l’adaptation d’ « Un amour de Swann », que j’ai dévorée, et qui relate les mésaventures amoureuses de Monsieur Swann, entiché d’une « cocotte » pour qui il serait prêt à tout – y compris à faire bonne figure dans une petite société d’entre-soi bourgeois qui finira par le rejeter.

La grande réussite de cette adaptation en BD est d’avoir conservé une partie du texte original, ce qui permet de ne pas trop édulcorer l’œuvre et d’en faire découvrir l’essence même à des néophytes comme moi. Quant aux illustrations, elles sont tout simplement très réussies, à la fois colorées (je n’aime pas les BD trop sombres) et renvoyant une certaine douceur qui s’accorde très bien avec le thème des souvenirs. Elles rendent aussi certains passages plus digestes – je continue à penser que certaines phrases du texte original sont d’une grammaire douteuse, en tout cas à plusieurs reprises j’ai dû en relire certaines pour les comprendre…

J’ai découvert cette BD parce qu’un autre tome a reçu un prix France Télévisions cet été. Et quand je suis allée sur le site de l’éditeur (Delcourt) j’ai découvert que le premier tome de la série date de… 1998. Autant dire que cette adaptation ressemble (aussi) à l’œuvre d’une vie !

S 3-3Delcourt, 240 pages, 39,95€