Roman

« Les ombres du monde » de Michel Bussi

Je prétends souvent que je pourrais reconnaître le style de Michel Bussi même sans avoir lu son nom sur la couverture. Pour « Les ombres du monde », j’aurais peut-être eu plus de mal. Certes la structure est familière (plusieurs narrateurs, des allers-retours dans le temps, ici entre 1990 et 2028). Mais la thématique sort de ses sujets habituels, et l’auteur franchit une étape dans son œuvre avec ce roman historique autour du génocide rwandais.

1990. Espérance, une jeune Rwandaise, s’éprend d’un militaire français. De leur amour naît une fille, Aline. Plus de trente ans plus tard, Aline, désormais maman, retourne pour la première fois au Rwanda, avec son père et sa fille adolescente. Mais si elle pensait découvrir avec sa fille la terre de leurs ancêtres, elles vont surtout se retrouver confrontées aux horreurs du passé, et à des secrets qu’elles n’imaginaient pas.

Les origines du conflit et le rôle de la France sont largement détaillés et documentés (dommage qu’il n’y ait pas quelques références citées en fin de livre).

Il faut attendre le dernier tiers du roman pour avoir quelques rebondissements et retrouver ce que l’auteur a l’habitude de faire vivre à ses lecteurs (ses fameux « twists », même si ici ils sont moins surprenants que dans d’autres romans de l’auteur).

Nul doute que ce roman marque un tournant dans les romans de l’auteur, mais j’ai été un peu déstabilisée par ce parti pris – pourtant très bien traité.

Presses de la cité, 576 pages, 23,90€

Policier·Roman

« Les assassins de l’aube » de Michel Bussi

Direction la Guadeloupe pour ce roman de Michel Bussi qui vient de sortir en format poche. La police locale est à cran : un meurtrier s’en prend à des touristes ; trois d’entre eux ont été tués avec un harpon dans le coeur et un message politique comme signature. Valéric, à la tête de l’enquête, est un… Lire la suite « Les assassins de l’aube » de Michel Bussi

Roman

« Mon cœur a déménagé » de Michel Bussi

J’ouvre toujours les romans de Michel Bussi avec la curiosité de voir où l’auteur va m’emmener, dans quel labyrinthe habilement construit il va me perdre, et dans quels pièges je vais tomber.

9782266347105ORISes romans à « twist » (pour reprendre le terme que l’auteur utilise) sont inégaux, il y en a certains que j’adore et d’autres que j’ai trouvés moins surprenants. Celui-ci fait partie de ceux qui sont plutôt réussis, pas complètement révolutionnaire mais avec pas mal de rebondissements jusqu’aux dernières pages (et aussi des rebondissements intermédiaires, ce qui est encore mieux).

Ophélie, sept ans, vit dans un climat familial toxique : son père, alcoolique et drogué, est violent avec sa mère… jusqu’au jour où celle-ci est retrouvée morte. Le mari est accusé, emprisonné, et Ophélie est placée dans un foyer. Elle est persuadée que le travailleur social qui accompagnait sa mère aurait pu la sauver. A partir de là, elle n’aura qu’une idée en tête : le retrouver et se venger de lui.

On suit Ophélie jusqu’à l’âge adulte, dans une quête pleine de détermination où la vengeance est construite pierre par pierre, réfléchie, et donc redoutablement efficace.

Sur fond de drame familial, et tout en mettant sous les projecteurs les violences faites aux femmes et les féminicides, Michel Bussi entraîne son héroïne dans une trajectoire de vengeance bien menée.

Il n’oublie pas au passage quelques clins d’œil à ses références préférés, que ses lecteurs assidus ne manqueront pas de relever : Rouen, Saint-Exupéry, et bien sûr un extrait de chanson en guise de titre.

S 3-3Pocket, 480 pages, 9,20€

Roman

« Trois vies par semaine » de Michel Bussi

9782266339001ORIJ’attends toujours avec impatience la publication des romans de Michel Bussi – même si maintenant je les attends en version poche… J’aime bien être surprise, être impatiente de passer d’un chapitre à l’autre, et pousser un grand « oh » lors de la révélation finale.

Peut-être avais-je placé trop d’attentes dans « Trois vies par semaine », car j’ai été plutôt déçue…

Le début était pourtant prometteur : un homme est retrouvé mort, et dans sa voiture sont retrouvés trois papiers d’identité, trois visages identiques portant des noms différents… Cet homme menait-il une triple vie ? Et pour quelle raison ?

Malheureusement très vite on comprend les grandes ficelles de l’histoire. Il y a assez peu de rebondissements, et je n’ai pas retrouvé l’ambiance « page turner » que j’adore. Il y a bien une petite révélation de fin de roman, que je n’avais pas vue venir, mais pour le reste ce n’était pas ma meilleure lecture du moment… Il y aussi des personnages assez caricaturaux (les deux frères) qui ne m’ont pas aidée à me laisser porter par l’histoire. Je me suis particulièrement ennuyée pendant les cent dernières pages que j’ai trouvées diluées – alors que cela aurait dû être le moment où je ne pouvais plus lâcher le livre.

S 1-3Pocket, 528 pages, 9,20€

Roman

« Code 612 Qui a tué le Petit Prince ? » de Michel Bussi

9782266328210ORIJ’aime beaucoup les romans de Michel Bussi, mais j’ai attendu la sortie en poche de celui-ci. Il faut dire que je ne suis pas une inconditionnelle du Petit Prince ; l’ai-je lu trop tôt ou trop tard, je ne sais pas, mais c’est un conte que je trouve trop subtil pour de jeunes enfants, et trop obscur si c’est un livre pour adultes. Allez, ne m’en veuillez pas si vous êtes fans du Petit Prince ! D’ailleurs cela n’est qu’un prétexte de départ pour le roman de Michel Bussi ; que vous connaissiez par coeur des citations du livre de Saint-Exupéry, ou que vous n’en ayiez que de vagues souvenirs, vous pouvez lire ce livre (mais si vous faites partie des rares lecteurs à ne pas connaître du tout le Petit Prince, ça risque d’être gênant quand même).

Le point de départ est hyper original : et si la mort de Saint-Exupéry, restée plus ou moins mystérieuse, devait trouver sa clé dans la mort du Petit Prince lui-même ? Si les deux disparitions n’étaient que deux faces d’un même miroir ? C’est sur cette thématique que vont enquêter Andie et Neven, un duo réuni pour l’occasion. Et pour enquêter, ils vont parcourir le monde pour rencontrer les membres du « Club 612 », un club de passionnés du Petit Prince, chacun ayant sa théorie sur la disparition du petit personnage et de son créateur.

Le roman est bien plus court que les autres romans de Bussi (215 en format poche), ce qui est dommage car certains points auraient pu donner matière à plus de détails, plus de suspense. Il y a quelques trouvailles troublantes et passionnantes, et l’on retrouve tout le talent de Michel Bussi pour bousculer le lecteur, pour nous faire hésiter entre réalité et fiction…

J’ai plutôt été moins séduite par ce roman que par d’autres romans de l’auteur, parce que les pistes ne sont pas toutes exploitées jusqu’au bout, et que l’enquête auprès de chaque membre du « Club » est assez répétitive sur la forme. Mais je lis en filigrane l’admiration de l’auteur vers un autre auteur, créateur d’une œuvre mondialement connu, et par ailleurs insaisissable sur bien des aspects de sa vie. En préparant cette chronique, je me suis aussi souvenue que le premier titre de Bussi était « Code Lupin », un autre « Code », un autre hommage à un auteur admiré. La boucle est bouclée.

S 2-3Pocket, 215 pages, 7,10€

Essai / Document

« La fabrique du suspense » de Michel Bussi

cdab82b92031363432363735393432333737313837J’ai lu quasiment tous les romans (adultes) de Michel Bussi, et depuis « Nymphéas noirs » j’admire sa capacité à promener des lecteurs dans un récit parfois déstabilisant, mais qui offre toujours une fin réaliste – ce que l’on appelle le « twist ».

Dans cet ouvrage écrit par Michel Bussi, je suis entrée dans les coulisses de son écriture, avec l’impression de lever une partie du voile de la création de romans que j’ai tellement aimé lire.

Le livre donne quelques éléments sur son enfance et ses premiers pas d’écrivain (je vous conseille de lire son texte très drôle sur le 5e Evangile, écrit à l’âge de 12 ans). Il cite aussi quelques auteurs dont il apprécie les romans – et cela me fait toujours plaisir de voir Patrick Cauvin cité deux fois, après tout « Haute-Pierre » est aussi un bon roman pour les amateurs de twist ! J’ai aussi beaucoup aimé les explications très claires sur le twist et les différentes manières de créer du suspense. J’ai replongé avec plaisir dans tous les grands romans de l’auteur, auxquels il fait largement référence et en explique les « trucs » de construction. Attention pour ceux qui ne les ont pas lus, respectez bien les signes qui marquent les spoilers, car l’auteur dévoile toutes ses fins – et ce serait tellement dommage de les découvrir ainsi.

Au passage, l’auteur donne son avis sur ce qu’est un bon livre, et casse les préjugés sur la « Littérature » avec un grand L – et je suis bien d’accord avec lui, moi qui ai lu et aimé plein de « classiques » (Zola, Hugo etc etc) et aime beaucoup me détendre avec des livres plus légers et peut-être plus accessibles – et qu’importe ! J’aime lire et je lis de tout sans préjugé.

Pour l’instant les autres livres de cette collection « Secrets d’écriture » ne me disent rien, mais en revanche je relirai certainement celui-ci.

S 3-3Le Robert / Presses de la cité, 176 pages, 14,90€

Roman

« Nouvelle Babel » de Michel Bussi

9782258200326ORISi vous pensiez qu’internet avait aboli en partie les frontières, c’est bien peu de chose par rapport à ce que Michel Bussi imagine pour 2097. Les frontières ont vraiment disparu depuis que les humains sont capables de se téléporter. En une fraction de seconde, ils peuvent se déplacer au bout du monde.

Mais l’équilibre de ce monde pourrait être bouleversé depuis que dix personnes ont été assassinée sur leur île privée, et que leur meurtrier a laissé derrière lui plusieurs messages inquiétants. Trois enquêteurs (des personnages bien croqués comme dans tous les romans de l’auteur, avec chacun un tempérament qui le rend attachant à sa manière) sont envoyés sur place. Mais leur enquête va être rendue complexe par un étrange duo, celui formé par un journaliste en quête de scoop et une institutrice nostalgique du « monde d’avant ».

J’ai adoré ce roman à la fois fascinant, inquiétant, qui m’a fait voyager dans le temps mais aussi autour du monde, dans les endroits les plus spectaculaires ou les plus reculés – pas étonnant quand on connaît le passé de géographe de l’auteur. Il est amusant d’imaginer ce monde où avions, voitures, et mêmes vélos n’ont plus leur place ; où l’espagnol, langue des pays du soleil et de la fête, est devenue langue internationale.

Le roman fourmille aussi de clins d’œil au monde d’aujourd’hui (même aux confinements!) et fait aussi réfléchir le lecteur : car si le début du roman montre surtout les avantages de ce monde universel, où l’on peut prendre son petit-déjeuner n’importe où sur la planète, vivre au Japon et travailler en France, petit à petit le lecteur est amené à s’interroger sur les revers de ce monde idyllique.

La fin du roman est plus facilement prévisible que dans d’autres romans de l’auteur, mais cela n’a pas gâché mon plaisir de lecture. Autant vous dire que j’ai dévoré les plus de 400 pages.

Je suis toujours un peu hésitante en commençant la lecture d’un roman d’anticipation : soit c’est caricatural et je n’aime pas du tout ; soit c’est bien dosé et je suis capable de me projeter dans l’histoire. Avec Michel Bussi, une fois de plus, c’est une grande réussite.

S 3-3Presses de la Cité, 456 pages, 21,90€

Roman

« Rien ne t’efface » de Michel Bussi

rien ne t'efface« Je me suis encore fait avoir ! » Voilà ce que je me suis dit, avec un soupir et une grande jubilation, en découvrant la chute (on dit maintenant « le twist final ») du nouveau roman de Michel Bussi. Oui, je me suis fait avoir parce que j’avais imaginé une autre fin, je n’ai pas vu venir celle-ci, et je suis bien contente !

Après avoir emmené ses lecteurs aux îles Marquises dans son précédent roman (« Au soleil redouté »), Michel Bussi revient en France. Le roman commence à Saint-Jean-de-Luz où Maddi, médecin généraliste et mère célibataire, vit l’horreur le jour où son fils Esteban, dix ans, disparaît en allant chercher le pain.

Dix ans plus tard, Maddi est persuadée d’avoir retrouvé son fils. Il s’appelle Tom et vit en Auvergne. Problème, Tom n’a que dix ans, comme si l’enfant n’avait jamais grandi. Prête à tout pour retrouver son fils, Maddi quitte le pays basque et part s’installer en Auvergne – ce qui donnera au lecteur le plaisir de découvrir cette merveilleuse terre de volcans, à travers ses paysages et de savoureux personnages comme Nectaire, Savine ou Aster.

Les lecteurs qui connaissent bien les romans de Michel Bussi savent qu’il ne faut pas chercher de fin fantastique, et que chaque énigme aura une réponse réaliste et logique – c’est d’ailleurs tout à son honneur, car l’intrigue est plus compliquée à construire ainsi.

Figurant depuis plusieurs années dans le top des auteurs les plus lus en France, Michel Bussi mérite plus que jamais sa place dans le haut du classement.

S 3-3Presses de la cité, 21,90€

Policier

« Au soleil redouté» de Michel Bussi

soleil redoutéQuel lecteur n’a pas rêvé de rencontrer son écrivain préféré, de passer du temps avec lui pour parler de ses romans ?

Cinq lectrices ont remporté un concours organisé par une maison d’édition, et les voilà parties aux îles Marquises (rien que ça !) pour une semaine d’atelier d’écriture avec le célèbre écrivain Pierre-Yves François. Ces cinq lectrices n’ont rien d’autre en commun que leur passion pour cet écrivain : d’âges différents, l’une est blogueuse, l’autre une riche héritière,…

La semaine promettait d’être idyllique, mais la disparition de Pierre-Yves François change la donne.

Dans la première partie du roman, j’ai été un peu étonnée de ne pas retrouver le rythme habituel de l’écriture de Michel Bussi, ce côté « page turner » qui est si caractéristique. Allais-je être déçue par ce nouveau roman ?

Heureusement il n’en est rien ! Tout d’abord, parce que le cadre est totalement dépaysant, bien loin de la Normandie où l’auteur a situé plusieurs de ses intrigues. Sous le soleil des Marquises, c’est toute une histoire, toute une culture, qui emportent le lecteur très loin. Parfait pour se changer les idées !

Et puis la fin est étonnante, tellement digne de Michel Bussi ! Les inconditionnels s’y retrouveront complètement… presque un peu trop d’ailleurs, mais je ne peux pas vous en dire plus…

« Au soleil redouté » offre un très bon moment de lecture, dépaysant, et une fin qui ne laisse pas indifférent.

S 3-3Presses de la cité, 432 pages, 21,90€

Policier

«Code Lupin » de Michel Bussi

code lupinIl en est souvent ainsi lorsque l’on apprécie les textes d’un écrivain : on finit toujours par remonter le temps et chercher des œuvres « de jeunesse », les premiers écrits, tous les textes qu’on n’a pas encore lus…

Me voilà donc avec « Code Lupin » entre les mains, premier roman publié de Michel Bussi. L’histoire se passe en Normandie, où un professeur, Roland Bergton, et Paloma une étudiante, se donnent 24 heures pour trouver un trésor caché, en s’appuyant sur les écrits de Maurice Leblanc, le créateur d’Arsène Lupin. Le clin d’oeil à Da Vinci Code est appuyé (Ro-land Ber-gton / Ro-bert Lan-gton), et assumé.

Si je n’avais pas su que Michel Bussi en était l’auteur, je ne lui aurais sans doute pas associé ce roman, que je trouve assez différent de ses écrits plus récents. Tout d’abord le texte est court, à peine plus de deux cents pages, ce qui est environ la moitié de la taille de ses romans actuels ! Ensuite, tout va très vite dans le roman, les indices s’enchaînent sans que le lecteur ait toujours bien le temps de comprendre les déductions.

Le roman est très érudit, presque trop : plusieurs romans mettant en scène Arsène Lupin sont décryptés (parfois hélas jusqu’au dénouement), la géographie normande est détaillée, au détriment parfois du côté romanesque. J’aurais préféré un peu moins de « leçons » sur l’œuvre de Maurice Leblanc, et davantage de récit littéraire.

Mais bon, il ne s’agit que d’un premier roman, et quand on connaît la suite du parcours de l’auteur, on ne peut que saluer l’éditeur qui a publié ce roman et qui a eu un sacré flair ! Les inconditionnels de Michel Bussi peuvent compléter leurs lectures avec ce « Code Lupin », mais pour ceux qui connaissent mal les romans de l’auteur, je conseille plutôt le dernier (« J’ai dû rêver trop fort ») ou encore « Nymphéas noirs » qui est pour moi un classique du genre.

S 1-3Editions des falaises, 224 pages, 9€