Pendant des années, « Tintin au pays des Soviets » est resté indisponible à la vente. Premier opus des « Aventures de Tintin », et clairement différent des suivants, il était une sorte d’OVNI dans la série, dont seuls les connaisseurs s’étonnaient de ne pas le voir figurer au dos des autres bandes dessinées du héros belge.
Il y a bien longtemps que cet opus est à nouveau disponible – il faut dire que le business autour de Tintin pouvait difficilement continuer à faire l’impasse sur ce numéro de collection.
Comme je vous le disais, cette première aventure de Tintin se distingue des suivantes ; et la principale différence est qu’elle était la seule à être en noir et blanc. Voilà que cette différence est maintenant gommée, une nouvelle version en couleurs venant en effet de sortir.
J’avais lu la version en noir et blanc ; j’avais été déçue. Ce Tintin-là n’était pas le Tintin que j’aimais. Il ne lui ressemblait pas complètement, ni dans l’allure ni dans les attitudes (il se bat environ une page sur deux).
J’ai relu « Tintin au pays des soviets » dans sa version colorisée, et cette fois-ci je suis tombée sous le charme. Est-ce lié au seul pouvoir de la couleur ? Est-ce parce que c’est l’un des « Tintin » que j’ai le moins lu, et donc que j’ai eu plus de plaisir à le redécouvrir ? Je ne sais pas. Mais ce Tintin-là m’a plu. Il est jeune, bagarreur, à la fois malin et malchanceux. Certaines situations sont invraisemblables, et j’avais un peu le tournis à force de voir Tintin et Milou se débattre à chaque page, mais tant pis cela fonctionne quand même. Même si les acolytes Haddock, Tournesol, la Castafiore, ne sont pas encore de la partie, la plupart des fondamentaux sont déjà là : les débuts de la ligne claire, Milou, le goût de la justice, et une vision assez tranchée des bons et des méchants.
Un mot sur l’histoire : Tintin est journaliste au « Petit vingtième », un journal belge (on oubliera vite dans les aventures suivantes qu’il est vraiment journaliste). Envoyé en Russie pour écrire un papier sur la réalité de la gestion de la Russie, il est constamment suivi, arrêté, emprisonné : il ne doit pas témoigner de ce qu’il voit. C’est clairement une BD engagée politiquement, à une époque où la Guerre froide divisait le monde. Dénonciation des élections truquées, de la production industrielle qui n’est qu’une vitrine pour le reste du monde, etc.
Un clin d’œil pour finir : un personnage russe s’écrie « Mille milliards de millions de knouts » : ça vous rappelle quelqu’un… ?
Mon conseil :
Complétez vite votre collection !
Casterman-Editions Moulinsart, 14,95€
Je crois bien que c’est le seul que je n’ai pas lu…
Tu attendais la version couleur…
Tu as de la chance d’avoir encore un Tintin à découvrir ! Et as-tu lu la BD inachevée « Tintin et l’Alph-Art ? »