Beaucoup d’ouvrages ont déjà été publiés sur Tintin et sur son créateur Hergé. Alors d’entrée de jeu l’auteur fixe son cadre : il ne parlera quasiment pas d’Hergé, ne s’essaiera pas à une nouvelle théorie psy ni ne lancera des polémiques. Son propos est ailleurs, et vise à analyser ce qui donne le sous-titre de son essai, à savoir « les raisons d’un succès universel ».
Pourquoi Tintin est-il aussi universel ? Comment fait-il pour traverser les générations et plaire partout dans le monde ?
La première phrase du livre est aussi fascinante que déroutante : « J’ai deux familles : la mienne, et les Tintin ».
J’ai lu tous les Tintin, certains plusieurs dizaines de fois, et j’ai longtemps été capable de citer de très nombreux personnages secondaires – vous savez, selon ce petit jeu entre tintinophiles pour essayer de se piéger gentiment les uns les autres ! J’ai un peu laissé de côté la relecture des Tintin ces dernières années, mais j’ai plongé dans cet essai avec d’autant plus de plaisir que cela a été l’occasion de renouer avec l’œuvre d’Hergé par un angle différent.
La première partie du livre est celle que j’ai trouvée la plus intéressante : elle reprend les fondamentaux de l’œuvre d’Hergé, mais aussi le travail sur le rythme, la documentation etc. Bref tout ce qui fait que l’on « accroche » à ces BD sans avoir conscience du travail de construction qui est derrière. La deuxième partie s’attache à analyser davantage la structure de l’œuvre, et j’ai trouvé cette partie moins captivante, parce qu’elle est plus dans l’intellect et fait moins le lien avec mes souvenirs et mes émotions de lectrice.
J’ai quand même appris énormément sur l’œuvre – je n’avais pas exemple jamais mesuré le tournant que représentait « Tintin au Tibet » dans la série d’albums, même si je connaissais l’existence du « vrai » Tchang ami de Hergé. Le livre fourmille aussi de petites anecdotes, comme la présence de Hergé et de sa femme dans plusieurs épisodes (voir page 47 du livre pour les détails).
C’est une prise de recul sur l’ensemble d’une œuvre, avec des points communs et des différences entre albums, et surtout une progression analysée de manière très intéressante des intrigues et des personnages. Parions que tout cela vous donnera envie de rouvrir un album !
Les impressions nouvelles, 368 pages, 22€