Roman

« Mrs March » de Virginia Feito

mrs marchDans la catégorie des thrillers psychologiques, « Mrs March » est un très bon cru.

Dès les premières pages, on comprend que Mrs March n’est pas la femme au foyer aussi lisse qu’elle pourrait le laisser penser. Alertée par sa boulangère, qui pense que son mari s’est inspirée d’elle pour décrire l’héroïne prostituée de son nouveau roman, Mrs March est dans tous ses états. A partir de là, le lecteur devient le témoin du quotidien de Mrs March, et le confident de ses interrogations. Qui est vraiment George March, le célèbre écrivain ? Que cache-t-il à sa femme ?

Je me suis posé beaucoup de questions au fil des chapitres ; j’ai plaint Mrs March, je l’ai redoutée, j’ai essayé de la comprendre. La lecture est très addictive, une pelote psychologique que l’on s’amuse à dénouer.

Le personnage de Mrs March est aussi attachant qu’inquiétant ; George son mari écrivain est assez mystérieux, la gouvernante Martha, la boulangère, la voisine, les amis de George, sont autant de personnages qui donnent de la profondeur au texte, et qui contribuent à semer le doute dans l’esprit du lecteur.

La fin n’est pas complètement surprenante, elle est une conclusion assez logique à tout ce que l’auteure a créé au fil des chapitres.

Il en faut du talent, pour écrire un premier roman d’une telle qualité ! J’espère qu’il y en aura d’autres.

S 3-3Le Cherche Midi, 352 pages, 22€

Roman

« L’Hôtel du cygne » de Zhang Yueran

LHôtelDuCygne-375x570Chine, de nos jours.

Yu Ling est nourrice dans une famille très aisée. Elle s’occupe du petit Dada, un garçon gentil mais gâté et sans ami. Avec son fiancé, Yu Ling a organisé un improbable kidnapping de l’enfant, pour obtenir de l’argent en rançon – mais sans faire le moindre mal à Dada, qu’au fond elle aime bien.

Or leur plan est contrarié par l’arrestation du père et du grand-père de Dada – la mère, quant à elle, est partie à Hong Kong, une histoire de botox sans doute…

Seule avec l’enfant, le personnage de Yu Ling évolue progressivement vers plus de tendresse maternelle, et on s’attache à ce duo.

Je ne connais pas la littérature chinoise contemporaine, et comme souvent c’est en faisant une confiance quasi aveugle à Zulma que ce livre avait retenu mon attention – j’adore cette maison d’édition, qui m’a déjà amenée vers d’étonnantes découvertes… et je ne parle même pas de leurs couvertures toujours très belles. En tout cas j’ai bien fait d’aller vers ce court roman, une lecture à la fois plaisante, instructive (sur la Chine aisée) et parsemée de tendresse. Dada, malgré son côté « enfant gâté », est un personnage attachant. Dans son « hôtel du cygne », une tente au milieu du salon, il reçoit toutes sortes d’amis qu’il se crée – jouets et animaux. Quant à Yu Ling, la complexité de son personnage transparaît avec parcimonie, sans cliché ni facilité. En 160 pages, c’est un résultat réussi !

S 3-3Zulma, 160 pages, 17,50€, traduit du chinois par Lucie Modde

Cosy mystery·Policier

« Les sœurs Mitford enquêtent (tome 2) : Le gang de la Tamise » de Jessica Fellowes

mitford2Aussitôt fini le premier tome de cette série, j’ai commencé la lecture du second. On retrouve les personnages du premier (les sœurs Mitford bien sûr, mais aussi Louisa – le vrai personnage central de la série – et Guy le policier) ainsi que l’écriture très rythmée. L’histoire en revanche met plus de temps à démarrer. Les personnages sont plus nombreux et les détails de l’intrigue moins simples.

Au début de ce roman, Nancy (qui était très présente dans le premier tome) est quasiment une adulte. Autour d’elle gravite une bande d’amis plus ou moins fréquentables. Elle les a conviés à une chasse au trésor dans le domaine familial. Mais l’événement tourne au drame lorsque l’un des invités est retrouvé mort, assassiné.

Louisa, qui est depuis le premier tome un personnage ambivalent, ancienne voleuse, désormais au service d’une famille respectable, est plus que jamais tiraillée entre son passé et sa vie désormais rangée. Admirative de la bande des « Quarante Voleuses » et en particulier de leur charismatique chef Alice Diamond, elle est mêlée de près à cet assassinat, car c’est sans doute elle qui a introduit le meurtrier dans la maison – c’est du moins ce que ses patrons penseront.

Le duo formé par Louisa et Guy n’est pas encore complètement installé : dans toute la première partie du livre, Louisa enquête seule, tandis que Guy est sur une autre mission (avec une jolie collègue qui va faire de l’ombre à Louisa, d’ailleurs). Je me demande comment va évoluer leur duo.

Les références à Agatha Christie sont multiples – elle est d’ailleurs explicitement citée, et les domestiques de la maison lisent avec enthousiasme ses romans. La multiplicité des personnages, le huis-clos final, sont autant de clins d’oeil appuyés à la maîtresse du genre.

J’ai un peu moins aimé ce tome que le précédent, mais cela reste un roman agréable à lire. Le troisième tome de la série existe déjà en poche, il ne devrait pas tarder à rejoindre ma pile à lire…

S 2-3Le Livre de poche, 475 pages, 8,40€

Cosy mystery·Policier

« Les sœurs Mitford enquêtent (t1) – L’assassin du train » de Jessica Fellowes

9782253259909-001-TLe roman s’ouvre avec un préambule pour présenter au lecteur les sœurs Mitford, six sœurs qui ont vécu au 20e siècle et ont eu des destins incroyables – mais pas toujours glorieux. Ce premier tome de la série est centré sur l’aînée de la famille, Nancy. Est-ce que chaque tome de la série mettra en avant l’une des sœurs ? Quand on lit dans le préambule ce qu’elles sont devenues adultes, cela n’annonce pas toujours des héroïnes sympathiques !

En 1919, Nancy est une adolescente qui n’a pas encore fait son entrée dans le monde, mais qui ne rêve que de bal et d’aventures. La nouvelle bonne chargée de s’occuper des enfants est Louisa. Elle est entrée au service de la famille Mitford pour fuir son oncle qui voulait la prostituer. Sur le trajet, elle a fait la connaissance de Guy, un gentil policier ferroviaire, qui s’est mis en tête d’enquêter en solitaire sur le meurtre d’une infirmière de guerre dans un train.

Je n’ai pas vu passer les 500 pages de ce roman très bien mené. Il y a beaucoup de rythme dans l’écriture, du suspense, des fausses pistes… Les personnages sont bien constitués, ni anges ni démons, ils ont chacun des faiblesses. D’ailleurs la biographie des sœurs Mitford prouve que l’auteure n’a pas choisi des personnages très simples comme héroïnes de sa série de roman ! Pour un premier tome, il est réussi, je vais m’empresser de commencer le deuxième !

S 3-3Le Livre de poche, 544 pages, 8,70€

Roman

« Le mystère Caravage » de Peter Dempf

9782749166148ORIC’est un gros pavé, près de 600 pages cachées sous une couverture rouge foncé qui met en lumière les détails d’un tableau. Du Caravage, je ne connaissais pas grand-chose, j’ai vu certains de ses tableaux mais il n’appartient pas aux courants artistiques auxquels je suis le plus sensible. Et pourtant, ce roman historique, inspiré de la vie du peintre mais avec une bonne dose de romanesque, m’a totalement conquise.

Le roman s’ouvre dans les premières années de 1600. Michelangelo Merisi, « Caravaggio », est déjà un peintre célèbre. Ses tableaux font régulièrement scandale, et sa dernière œuvre, où il s’est inspiré du cadavre d’une prostituée comme modèle pour la Vierge Marie, achève de déchaîner les passions autour de sa peinture.

Très vite apparait dans le roman une galerie de personnages passionnants : Nerina, sa jeune apprentie, qui veille sur le peintre et ses excès ; les Borghese, dont l’oncle ambitionne de devenir pape, tandis que le neveu défend la modernité du peintre ; Enrico, le précepteur du jeune Ferdinando Gonzaga, très ambigus au début du roman, et dont le rôle s’éclaircit au fil du roman. Car c’est tout le plaisir de cette lecture : Caravaggio suscite la controverse, et les personnages qui l’entourent sont souvent ambigus, parfois partagés eux-mêmes entre l’admiration pour le talent du peintre, et le rejet de ses provocations. La démarche du peintre, ses choix créatifs, sont très bien racontés dans le roman. C’est un roman historique, artistique, qui m’a transportée dans l’Italie de 1600. C’est passionnant, cela se lit comme un roman d’aventures car l’on suit les fuites successives de Caravaggio, persécuté par deux mystérieux personnages religieux, jusqu’au dénouement final qui réserve d’ultimes rebondissements.

Je vous conseille ce livre pour bien commencer l’année !

S 3-3Le Cherche Midi, 592 pages, 22€

Policier

« Superstitions » de Ellison Cooper

9782749157733ORIJ’ai déjà chroniqué sur ce blog les deux premières aventures de Sayer Alter (« Rituels » et « Sacrifices »). Elle est agent spécial du FBI, spécialiste des psychopathes. C’est donc avec un a priori très positif que j’ai démarré la lecture de ce roman, et je l’ai dévoré jusqu’à la dernière ligne et son ultime rebondissement.

Sayer est toujours au FBI, cette fois-ci en mission pour élucider la disparition d’un car d’étudiants. Les garçons ont été retrouvés morts ; qu’est-il arrivé aux filles ?

Comme dans les deux précédents romans, l’intrigue est menée tambour battant, créant l’urgence de lire le chapitre suivant et semant de multiples pistes et rebondissements vraiment bien construits. A la moitié du livre, l’intrigue semble résolue ; évidemment on se doute que ce n’est pas possible, et voilà l’intrigue relancée dans la seconde partie du roman.

J’ai trouvé le roman moins glauque que les deux premiers (toutes proportions gardées), en tout cas avec moins de détails insoutenables à la lecture – je me souviens dans les précédentes lectures avoir eu besoin de temps de pause pour digérer.

Des références à l’Egypte antique, en fil rouge du roman, apportent une petite dose d’énigme et d’Histoire. Il y en aurait eu un peu plus, cela ne m’aurait pas dérangée.

Je ne peux pas vous révéler certains événements, mais quelques révélations sur les personnages étaient un peu attendues. L’auteure manie avec talent la dissémination de pistes, d’indices, de petits faits dont les lecteurs paranos peuvent s’emparer avec délectation et imaginer des « et si » « et si » à l’infini… certains se réalisant vraiment, d’autres étant des bouteilles à la mer que l’auteure saura (j’en suis sûre!) repêcher dans les prochains opus.

S 3-3Cherche Midi, 448 pages, 21€

Audio·Roman

« Les possibles » de Virginie Grimaldi

CaptureJ’ai mis du temps à écrire cette chronique, car j’étais assez partagée par ce roman, et un peu gênée comme si je devais chroniquer un livre d’une amie – ce qui n’est pas le cas, je ne connais pas du tout l’auteure, mais j’ai une tendresse particulière pour la sincérité qu’elle met dans ses livres.

J’aime beaucoup la sensibilité des romans de Virginie Grimaldi. Chacun de ses livres aborde un thème fondamental de la vie, la famille, les enfants… Le tout avec humour et un mélange de détachement et de profondeur. Tant pis si certains critiques littéraires n’ont pas encore compris pourquoi ses livres touchent autant les lecteurs.

Première bonne surprise de ce livre, l’auteure a abandonné les longs titres qui ne rendait pas hommage aux romans qu’ils représentaient.

Cette fois, l’auteure aborde le thème de la mémoire, ou plus précisément de la perte de mémoire. Le père de la narratrice souffre d’Alzheimer. Et cette maladie va à la fois rapprocher la famille et parfois la fâcher, se remémorer les souvenirs et s’inquiéter pour l’avenir.

Si j’ai trouvé le livre un peu trop long, et si j’ai été moins touchée que d’autres romans de l’auteure, il s’inscrit complètement dans l’exploration des sentiments que Virginie Grimaldi semble avoir entrepris. Elle alterne d’ailleurs romans autour de la maternité ou la vieillesse avec beaucoup d’aisance. La lecture de celui-ci m’a moins marquée, mais je mesure à quel point son écriture a été importante pour l’auteure – et sa lecture, ou son écoute, émouvante pour nombre de lecteurs.

S 1-3Audiolib, lu par Audrey Sourdive, durée d’écoute : 7h03, 21,90€ en version CD

Essai / Document

« Trois mois sous silence » de Judith Aquien

9782228928304Il y a des livres qui sont d’autant plus nécessaires, indispensables, qu’ils abordent des sujets qui ne sont pas ou peu abordés par ailleurs. C’est le cas de ce livre, dont le sous-titre est « Le tabou de la condition des femmes en début de grossesse ». Son auteure aborde cette période particulière du début de grossesse, qui est à la fois une période de grands bouleversements (physiques et autres), et paradoxalement une période vécue « sous silence ». Peu de femmes annoncent leur grossesse avant la fin du premier trimestre, ce qui leur fait vivre dans une certaine solitude ces quelques mois pourtant fatigants et qui nécessiteraient déjà une bienveillance et une adaptation de la société autour de la femme enceinte.

Le livre est écrit comme un coup de gueule, mais avec sérieux, en s’appuyant sur des études, des témoignages, et en faisant des propositions concrètes notamment à destination des DRH.

L’auteure pointe aussi les énormités qui sont encore dites ou écrites sur les fausses couches (ou la peur de vivre une fausse couche), sur les conseils parfois ahurissants donnés sur des sites internet pourtant de réputation « sérieuse ». Elle élargit aussi son propos, par exemple autour de la douleur (cela m’a fait penser à un excellent documentaire diffusé il y a quelques semaines sur la santé des femmes et la prise en charge médicale de celles-ci).

Tout le monde croise des femmes enceintes, dans son entourage, dans sa vie professionnelle, alors lisez ce livre, il concerne tout le monde (la grossesse est un sujet de société qui ne concerne pas que les parents).

Le livre est écrit avec justesse, avec colère mais aussi avec des petites touches d’humour pour faire quelques raisonnements par l’absurde (lisez les pages sur les « petits maux » de la grossesse !).

C’est un texte utile, à lire, à offrir, à diffuser… Pour que ces trois mois ne restent plus sous silence.

S 3-3Payot, 220 pages, 14€

Roman

« Les étoiles brillent plus fort en hiver » de Sophie Jomain

Les-etoiles-brillent-plus-fort-en-hiverIl y a quelques jours, je vous parlais d’un roman de Noël qui m’avait beaucoup déçue. Ce n’est pas le cas de celui-ci, bien au contraire ! J’ai passé un très bon moment de lecture !

Si vous aimez l’ambiance des grands magasins qui se parent de leurs plus beaux atours pour faire briller les yeux des petits et des grands devant des vitrines chaque année plus créatives, ce roman est fait pour vous !

Les Galeries Hartmann, à Lille, sont en pleine ébullition : c’est la dernière ligne droite avant de dévoiler aux clients les décorations de Noël… mais le nouveau patron, qui prend la relève après le décès de son père, en a décidé autrement. Rien ne lui plaît, il trouve les choix trop classiques, et demande à Agathe Murano, la décoratrice, de tout revoir…

Chabadabada…

Bien sûr à la clé il y aura une histoire d’amour entre ces deux-là, je ne vous spoile pas vraiment car que pourrait-on attendre d’autre ? La réussite du livre est de ne pas avoir fait tourner toute l’histoire autour de cette romance, mais d’y avoir ajouté plusieurs personnages secondaires très attachants, et une histoire « parallèle » puisqu’Agathe a la garde de son adolescente de nièce.

Le grand magasin en décor de l’histoire est aussi une bonne idée, un quasi huis-clos dans une fourmilière à quelques jours de Noël.

Ajoutez à la recette une petite touche de magie, apportée par le mystérieux chat du Père-Noël, et vous avez tout pour passer un bon moment. Et cerise sur le gâteau, je trouve la couverture plutôt jolie !

S 3-3Charleston poche, 368 pages, 8,50€

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 26) : Secrets sur canapé » de M.C. Beaton

9782226444257-jJ’ai lu ce 26e tome juste après le 25. Parfois j’aime faire une pause entre deux tomes, parfois j’enchaîne les lectures. Cela dépend de mon humeur de lectrice. Je n’avais pas envie de quitter Agatha trop longtemps.

Le canapé du titre est en fait un divan. Car une psychothérapeute s’est installée à Carsely et compte bien ruiner la réputation d’Agatha. Lorsque cette psy est retrouvée morte, les suspects ne manquent pas, car elle avait accumulé beaucoup de secrets sur ses clients, qu’elle faisait chanté.

Ce n’est pas l’intrigue la plus intéressante de la série, il y a beaucoup de personnages mais pas vraiment de fil rouge avec des rebondissements (sauf dans l’épilogue à ne pas manquer !!). Les innombrables revirements sentimentaux d’Agatha sont un peu lassants dans ce tome, tant elle pense au mariage dès qu’elle rencontre un membre de la gente masculine – c’est un peu fatigant et cela n’apporte rien, si ce n’est montrer le désespoir sentimental d’Agatha – mais pour ça, c’est bon, on avait compris.

Heureusement, comme je le disais plus haut, l’épilogue laisse présager encore des aventures intéressantes.

S 2-3Albin Michel, 14€