Roman

« Les vœux secrets des sœurs McBride » de Sarah Morgan

voeux secretsHannah, Beth et Posy ont perdu leurs parents dans une avalanche. Elles ont été recueillies et élevées par Suzanne et Stewart, qui se sont efforcés de construire pour elles un cocon familial sécurisant et bienveillant.

Devenues adultes, Hannah est aujourd’hui une brillante femme d’affaires ; Beth a mis de côté sa carrière pour élever ses deux filles ; quant à Posy, elle est restée près de ses parents adoptifs dans les Highlands écossais, où elle est sauveteur en montagne.

Les fêtes de Noël sont un moment particulier dans leur histoire familiale, à la fois date anniversaire de la disparition de leurs parents, et retrouvailles familiales savamment orchestrées par Suzanne. Mais cette année, chacune des trois filles est en plein tournant existentiel : Hannah, qui n’a toujours vécu que pour son travail, découvre qu’elle est enceinte ; Beth est en plein burn-out familial et rêve de reprendre sa vie professionnelle avec son ancienne patronne tyrannique ; et Posy l’indépendante est en train de tomber amoureuse.

Sous une jolie couverture pailletée se cache en fait un roman aux personnages bien croqués, trois femmes de notre époque, chacune avec ses tracas et des questionnements. Impossible de ne pas se reconnaître dans une d’entre elle, voire un peu dans les trois. Vie professionnelle, charge mentale, pression familiale sur la maternité ou le mariage, volonté de ne pas décevoir ses parents.. beaucoup de sujets sont abordés dans ce roman qui alterne réflexions sur les femmes d’aujourd’hui et moments plus légers. La fin aurait méritée d’être un peu resserrée à mon avis, mais le roman se lit avec plaisir. Le petit plus : pour l’ambiance, je vous conseille le plaid et un chocolat chaud à portée de main, les descriptions des Highlands enneigés ne vous en paraîtront que plus agréables.

S 3-3Harper&Collins

Cosy mystery·Policier

« La première enquête d’Agatha » de M.C. Beaton

La-Premiere-Enquete-d-AgathaLes amateurs de la série des Agatha Raisin apprécieront la lecture de cette courte nouvelle retraçant les premiers pas professionnels de la jeune Agatha. Tout juste sortie de sa banlieue, loin d’une famille alcoolique et d’un premier mari violent, elle n’a qu’une envie : réussir. Son rêve ultime, vous le connaissez déjà, est d’acquérir un jour une maison dans les Cotswolds. C’est en acceptant une tâche ingrate dans l’agence de communication où elle travaille qu’elle rencontre un homme dont elle va défendre l’image, et qui va la récompenser en l’aidant à monter sa propre agence.

On y lira furtivement la première apparition de Roy, mais bien sûr tous les autres personnages emblématiques n’ont pas encore fait leur apparition. Je ne suis pas sûre que la nouvelle séduira ceux qui n’ont jamais lu une « vraie » aventure d’Agatha, mais les autres seront contents de retrouver une jeune Agatha le temps de quelques pages.

S 3-3Albin Michel, ebook gratuit

Roman

« La daronne » de Hannelore Cayre

daronneImaginez un peu. Une traductrice judiciaire, à moitié fauchée, qui élève seule ses filles et se ruine pour payer la maison de retraite de sa mère, passe ses journées à traduire et retranscrire des conversations téléphoniques de dealers. Par un pur hasard, elle fait le lien enter une conversation traduite et une femme qui travaille à la maison de retraite et qui est la mère d’un gros dealer.

Alors même que son compagnon est policier, elle se lance dans une opération inattendue, récupère un grand stock de marchandise et se transforme elle-même en dealeuse.

J’avais vu il y a quelques années un film avec Bernadette Lafont (« Paulette ») où une vieille dame fauchée se lançait dans le trafic de drogue. Le livre – qui n’a pas de rapport direct avec ce film – est moins drôle que ce que j’avais imaginé : le début est un peu long et certains passages fastidieux. Mais certaines parties, surtout dans le dernier tiers du livre, sont assez amusantes et relèvent l’intérêt du livre qui sinon n’aurait fait qu’essorer une idée de départ pourtant bien trouvée.

s-1-3Métaillié

Cosy mystery·Policier

« Christmas Pudding » d’Agatha Christie

christmas puddingDécidément Agatha Christie est indémodable ! Dans « Christmas Pudding » – que j’avais sûrement lu il y a bien longtemps, mais que j’ai redécouvert avec beaucoup de plaisir – on retrouve toute la quintessence des textes de la « reine du crime » au travers de six nouvelles. Cinq d’entre elles mettent en scène Hercule Poirot (mon préféré) et la dernière Miss Marple.

Le recueil s’ouvre avec « Christmas pudding » : Hercule Poirot enquête sur le vol d’une pierre précieuse. Il en profite pour se faire inviter dans une famille qui fête Noël dans le plus pur respect des traditions :

« l’arbre de Noël, les bas pleins de friandises suspendus au lit, la soupe aux huîtres, la dinde – deux dindes, en fait, l’une bouillie et l’autre rôtie -, le plum-pudding avec la bague, le bouton du célibataire et toutes les autres babioles dedans ».

Ambiance de saison garantie, j’ai adoré !

Dans « Le Mystère du bahut espagnol », c’est une soirée entre amis respectables qui vire au drame lorsqu’un corps est retrouvé le lendemain matin dans un coffre qui était au milieu de salon pendant toute la soirée.

Dans « Le souffre douleur », c’est un drame dans le plus pur style Christie qui se joue : un homme a été tué et Poirot doit déméler les fils des disputes familiales et autres secrets bien gardés , le tout dans un huis-clos et avec la traditionnelle scène de la réunion de famille où le coupable sera confondu.

Les trois dernières nouvelles, plus courtes, sont des petits bonbons offerts aux lecteurs, exercices de styles basés sur des petites énigmes.

Ce « Christmas Pudding » est un petit bijou du genre !

S 3-3Ed. du Masque, 230 pages, 5,60€

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 22) : Du lard ou du cochon » de M.C. Beaton

agatha t22 lardCe tome des aventures d’Agatha Raisin, directrice d’une agence de détectives et grande gueule légendaire, commence sur les chapeaux de roue et d’une manière beaucoup plus violente que d’habitude. Je n’avais pas lu la quatrième de couverture (car je lirai de toute façon tous les tomes!), et si vous voulez garder le suspense, arrêtez-vous ici.

Pour les autres, voici comment l’histoire commence : dans une période pleine d’ennui, Agatha propose à ses amis de l’accompagner à une fête médiévale organisée dans un village voisin du sien, où la principale attraction sera un cochon rôti à la broche. Sauf que le cochon en question a un tatouage sur la cuisse, détail qui fait comprendre à Agatha que c’est un humain qui a été embroché.

La suite du roman connaîtra quelques autres passages glauques ; heureusement que l’on retrouve aussi les petites fantaisies d’Agatha et de ses amis pour donner un peu d’air !

A l’enquête s’ajoutent aussi les petites histoires de l’agence de détectives ; Toni, la plus jeune de l’agence, est au coeur de l’histoire parallèle depuis qu’Agatha a découragé son amoureux de s’engager avec elle et que, par dépit, le jeune homme a rejoint l’armée.

L’histoire est un peu alambiquée mais j’aime trop cette série (qui touche bientôt à sa fin) pour m’en formaliser vraiment. La fin sent un peu le déjà-vu, j’aurais aimé un petit rebondissement final comme dans d’autres précédents tomes.

S 2-3Albin Michel, 324 pages, 14€

Policier

« Le suspendu de Conakry » de Jean-Christophe Rufin

suspendu ConakryJ’ai lu beaucoup de livres de Jean-Christophe Rufin, certains que j’ai aimés (« Globalia », « Immortelle randonnée »,…), d’autres qui m’ont moins plu (« Le Grand Coeur », « Le collier rouge »). Une chose est sûre : c’est un auteur qui sait me surprendre, tant ses textes abordent des thèmes variés.

Avec la série de « Aurel le consul », c’est encore une autre facette de son écriture que je découvre. Aurel Timescu est Consul de France en Guinée. Il n’a rien – mais vraiment rien du tout – de l’image que l’on peut se faire d’un Consul. Dans ce premier tome, la mort déguisée en suicide d’un riche expatrié qui vivait sur un bateau intrigue particulièrement Aurel. Alors, lui qui s’ennuie d’habitude, toujours relégué au second plan, sans mission particulière à effectuer, y voit une occasion d’occuper son esprit et de libérer ses petits cellules grises – comme dirait un autre personnage bien célèbre.

Si l’histoire est de facture assez classique, l’intrigue sans prétention, j’ai trouvé le personnage de Aurel particulièrement intéressant : atypique dans la littérature, avec plein de ficelles romanesques à exploiter. C’est un personnage que je n’ai ni aimé ni détesté, simplement je l’ai trouvé différent. Je lirai volontiers les deux autres tomes.

S 3-3Folio, 304 pages, 8€

Audio·Roman

« Nickel Boys » de Colson Whitehead

Nickel BoysJ’avais depuis très longtemps envie de découvrir un roman de Colson Whitehead – je me souviens même avoir découpé un article sur lui dans une revue littéraire ! Cet auteur, dont les livres sont connus et appréciés dans le monde, est même encensé par Barack Obama – rien que ça.

Premier livre que je découvre de Colson Whitehead, « Nickel Boys » est une belle découverte. Mon premier agréable étonnement est la très grande fluidité de l’écriture, preuve si c’était encore nécessaire qu’un grand texte n’a pas besoin d’être pompeux, bien au contraire.

L’histoire est celle d’un jeune homme Noir dans l’Amérique des années 1960. Le disque qu’il écoute en boucle ? Un discours de Martin Luther King. Nourri de l’idée que « les ténèbres ne peuvent pas chasser les ténèbres », il ne fait pas partie de ceux qui prônent la violence – il espère que l’égalité s’obtiendra à force de temps et de passion, et non par l’insurrection.

Pourtant c’est dans une école particulièrement violente qu’il est envoyé : accusé et condamné à tort, il n’a pas eu d’autre choix que de rejoindre une école disciplinaire.

Roman initiatique d’une époque, ce livre a été récompensé cette année par le Prix Pulitzer – bien mérité ! J’ai suivi avec intérêt, émotion et effroi, le parcours de ce jeune homme sensible, éduqué et courageux, et celle de ses camarades, tous pièces d’un puzzle historique qui les dépasse.

Quant à la lecture de Stéphane Boucher, elle est parfaitement adaptée au texte, sans fioriture, juste au service d’un grand roman. 

S 3-3Audiolib, lu par Stéphane Boucher, traduction de l’anglais (US) par Charles Recoursé, 6h59 d’écoute, 22,90€

Roman

« Les victorieuses » de Laetitia Colombani

victorieusesJe garde un souvenir encore très précis de « La Tresse », un premier roman particulièrement marquant. Aussi, le deuxième roman de la même auteure me faisait de l’œil depuis longtemps ; c’est chose faite, j’ai lu « Les victorieuses ». Bien sûr, quand un premier roman m’a marquée, j’ai beaucoup (trop) d’attente sur le deuxième.

Au départ je n’ai pas retrouvé le plaisir de lecture que j’avais eu avec « La Tresse » (que, pour être précise, j’avais écouté et non lu). Je trouvais cette histoire plus ordinaire, avec plus de clichés : Solène, avocate, décide de tout plaquer le jour où l’un de ses clients se suicide au Palais de justice. Pour s’occuper, elle devient écrivain public dans une association qui vient en aide à des femmes blessées par la vie, au sein d’une institution qui les héberge et les aide à se reconstruire, le Palais de la femme.

En parallèle de ce récit, on découvre l’histoire de Blanche, une active membre de l’Armée du salut, qui a été des décennies plus tôt à l’origine de la création de ce Palais.

Les deux récits se croisent et se complètent, dans une construction moins originale que dans « La Tresse », mais qui reste agréable à suivre et historiquement intéressante.

Les personnages, très majoritairement féminins, sont bien croqués (malgré quelques clichés) et donnent à voir une certaine diversité des blessures que la rue, la pauvreté, les aléas de la vie conjugale, peuvent créer. C’est une fois de plus un hommage vibrant aux femmes et à leurs multiples combats.

S 3-3Le Livre de poche, 240 pages, 7,40€

Cosy mystery·Policier

« Un intérêt particulier pour les morts » de Ann Granger

lizzie t1 et 2La collection « Grands détectives » de 10/18 ne me déçoit jamais, j’y ai déjà lu avec délice les aventures de Nicolas Le Floch, de Miss Silver, de Victor Legris… Et la liste s’allonge désormais avec Lizzie Martin.

1864. A 29 ans, Lizzie se retrouve orpheline après le décès de son père. Après une jeunesse passée près des mines de charbon, où son père officiait comme médecin, Lizzie doit rejoindre Londres. Elle y a trouvé une place de dame de compagnie auprès de Tante Parry, la veuve de son parrain.

Mais à peine arrivée à Londres, Lizzie assiste à une scène qui aurait fait frémir toute autre jeune femme : un corps a été retrouvé dans un immeuble en cours de démolition, à l’emplacement de la future gare de St Pancras. Or elle découvre que le corps retrouvé est celui de l’ancienne dame de compagnie de Tante Parry ! Une enquête est ouverte, menée par le jeune inspecteur Ben Ross, qui a connu Lizzie dans son enfance.

La mise en place de l’intrigue est un peu longue, mais j’ai adoré l’ambiance de cette Angleterre victorienne, entre souvenirs de la mine et vie londonienne (ah, la bibliothèque de Tante Parry!). L’enquête est simple mais bien menée, et le personnage de Lizzie assez intéressant – elle est plutôt moderne, simple et pas mijaurée pour un sou. On comprend progressivement que, si Lizzie est la principale héroïne de cette intrigue, son chemin devrait croiser à nouveau celui de Ben Ross dans les prochaines enquêtes – et puisque j’ai acheté un livre dans un format qui regroupe les deux premières enquêtes, je lirai forcément la deuxième.

S 3-310/18, 14,90€ pour le volume regroupant les 2 premiers tomes de la série

Roman

« Contagion » de Lawrence Wright

contagion« Autant que possible, nous devons inciter les gens à se confiner quelque part. Il vaudrait mieux faire une annonce ce matin pour qu’on ait le temps de tout mettre en place : appeler la garde nationale, renforcer la police, fermer les frontières, fermer les lieux culturels et sportifs, demander la sortie des cas non urgents dans les hôpitaux, fermer les écoles, repousser les rassemblements publics et mettre en pause les activités gouvernementales. »

Vous avez l’impression de lire les nouvelles dans le journal ? Et pourtant il s’agit bien d’un extrait d’un roman écrit avant la pandémie de covid-19. En effet, ce « roman » est le récit d’une grippe jusqu’ici inconnue, découverte par Henry Parsons, un brillant épidémiologiste. Or un homme, probablement contagieux sans le savoir, est en partance pour La Mecque. A partir de là, le compte à rebours commence pour retrouver cet homme et éviter une propagation mondiale de la maladie.

J’étais à la fois subjuguée et effrayée de voir que tout ce que nous vivons en ce moment (la pandémie, le confinement, la recherche de vaccin, la ruée dans les magasins, …) était déjà écrit ! Cela fait de ce livre un texte à la fois passionnant et effrayant. J’avais du mal à reprendre ma lecture (parce que je savais que je n’allais pas vraiment me changer les idées par rapport aux informations anxiogènes que nous entendons au quotidien) mais d’un autre côté j’éprouvais aussi une certaine impatience à découvrir la suite du texte, pour voir comment cette pandémie si proche de la nôtre par certains aspects allait se terminer.

« Pourquoi avons-nous cru que notre époque moderne était immunisée contre les assauts du microbe, fléau le plus fourbe et implacable de toute l’humanité ? »

Alors évidemment si vous êtes déjà angoissé par le contexte actuel, ce n’est pas un roman à vous conseiller pour améliorer votre moral. Néanmoins je le trouve fascinant et très documenté (y compris sur l’histoire des pandémies), écrit comme un récit réaliste mais avec les codes du roman à suspense et de nombreux rebondissements.

S 3-3Le Cherche Midi, 480 pages, 22€