Audio·Roman

« Le cerf-volant » de Laetitia Colombani

cerf-volantJe garde un souvenir très fort de l’écoute de « La Tresse » ; j’avais aussi lu « Les Victorieuses », de la même auteure. J’étais très curieuse d’écouter « Le cerf-volant ». Bien que le livre soit présenté dans une continuité avec « La Tresse », il n’en est pas une suite ; tout juste renvoie-t-il le lecteur dans une Inde paradoxale et profondément inégalitaire.

Léna a quitté la France pour partir se ressourcer en Inde. Marquée par un drame (que le lecteur découvrira un peu plus tard), elle n’est pas ici en touriste, mais pour se relever. Un jour, elle manque de se noyer et est sauvée grâce à l’intervention d’une petite fille. En cherchant comment la remercier, elle va découvrir la vie misérable et sans perspective de cette petite fille. Pour donner un avenir à cette enfant, et aux autres, elle décide de monter une école, et va pour cela se heurter aux traditions, à la pauvreté, et à tant d’épreuves inattendues.

Comme dans « La Tresse », le lecteur suit un trio féminin (Léna, la petite fille au cerf-volant, et une adolescente engagée et rebelle). L’écriture est fine, sensible, chaque mot bien choisi. Il m’a fallu seulement quelques sessions d’écoute pour ce livre-audio, que j’ai trouvé captivant et que j’avais beaucoup de mal à laisser de côté. C’est l’auteure elle-même qui lit son texte, avec beaucoup de délicatesse. Ne manquez pas l’écoute de son entretien sur la dernière piste, c’est toujours très intéressant pour compléter l’écoute.

S 3-3Audiolib, 5h01 d’écoute, 20,90€

Policier

« Sept mensonges » de Elisabeth Kay

9782266311939ORIVoilà un thriller psychologique comme je les aime, qui ne dégouline pas de sang, mais où tout le suspense est porté par les manipulations des personnages. Marnie et Jane sont amies depuis l’enfance : elles ont tout vécu ensemble, l’école, les garçons, les familles compliquées. Rien ne semble pouvoir les séparer. Devenues adultes, c’est Jane qui se marie en premier. Jonathan est formidable, gentil, attentionné. Mais il meurt brutalement dans un accident. Quand Marnie tombe amoureuse de Charles, pour Jane c’est la douche froide. Elle déteste cet homme. Et ce profond dégoût qu’elle a de lui va la conduire à mentir.

Dès les premières pages j’ai été happée par l’histoire et par l’écriture très rythmée. C’est un super page-turner pour finir l’été ! Roman très accessible mais bien mené, il est difficile à reposer. Le personnage de Jane est aussi attachant que diabolique. Le suspense dure de la première à la dernière page. Je vous le conseille !

S 3-3Pocket, 448 pages, 7,95€. A noter, il existe une version grand format avec 7 intercalaires pour les 7 mensonges. J’avais choisi la version poche plus économique, et je ne le regrette pas car finalement les intercalaires n’auraient rien apporté à ma lecture…

Roman

« Toutes les histoires d’amour du monde » de Baptiste Beaulieu

toutes les histoiresLe titre un peu long et un peu mièvre aurait pu me faire hésiter à ouvrir ce livre, et j’aurais eu bien tort car je serais passée à côté d’un texte émouvant et bien écrit. Je connais Baptiste Beaulieu à travers ses publications engagées sur les réseaux sociaux, et sa complicité avec Virginie Grimaldi, auteure dont je vous parle souvent sur ce blog, mais c’est son premier livre que je lis.

Jean est en froid avec son père, qui accepte mal son homosexualité. Pourtant, lorsque celui-ci découvre des lettres écrites par Moïse, son propre père, il les partage avec Jean. Toute sa vie, Moïse a écrit à une certaine Anne-Lise. Lui, si pudique et si distant, s’est confié à travers une relation épistolaire à sens unique à cette femme que ni Jean ni son père ne connaissent. Son enfance, la guerre, les déceptions amoureuses, sont racontées sans fard et sans embellissement.

Le roman se lit très bien, on a envie de comprendre ce qui s’est passé dans la vie de cet homme pour transformer un petit garçon sensible en un père puis un grand-père distant et taiseux. Peut-être ce livre aidera aussi certains lecteurs à mieux comprendre l’attitude de leurs proches, à s’intéresser à ce qu’a été la vie d’untel et l’a rendu plus sombre. Un livre utile et sensible, qui ne laisse pas indifférent.

S 3-3Le Livre de poche, 448 pages, 8,40€

Cosy mystery·Policier

« Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette (t1) : Nom d’une pipe ! » de Nadine Monfils

magritte t1Un nouveau cosy mystery, une couverture qui me fait de l’oeil, une auteure dont j’ai déjà lu un livre (très différent), voilà comment ce roman est arrivé entre mes mains.

Une femme a été retrouvée morte, alors qu’elle se rendait au rendez-vous galant que lui avait fixé par lettre un mystérieux amoureux.

Magritte, qui avait aperçu cette femme quelques jours plus tôt, décide de jouer les détectives avec la complicité de sa femme Georgette.

Le duo Magritte-Georgette fonctionne bien, ils s’aiment et se chamaillent. Le lecteur en apprend plus sur la vie de Magritte, ses zones d’ombre (dont la mort de sa mère) et aussi ses fantaisies. L’ambiance est assurément belge – par les références, les termes utilisés – et si les frites sont au menu, on ne peut pas parler de cliché car l’auteure est elle-même belge.

Le roman donne envie de retourner voir quelques toiles de Magritte. L’enquête est efficace, complètement dans l’esprit du roman d’enquête. Je lirai probablement le deuxième tome.

S 3-3Robert Laffont, coll. La Bête Noire, 312 pages, 14,90€

Essai / Document

« L’Elysée à la plage » de Pierrick Geais

élysée plageVoilà un livre parfait pour l’été, pour faire un tour de France (et plus!) des vacances des Présidents de la 5e République. De la Boisserie au Cap Nègre, de Latche dans les Landes à la Côte d’Azur, chaque lieu en dit long sur le Président qui y a passé ses vacances, mais aussi sur son époque. Des vacances studieuses pour certains ou tape-à-l’oeil pour d’autres, chacun son style.

Le livre ne dévoile aucun scoop mais offre une lecture agréable et sans prétention. Les chapitres sont organisés par ordre chronologique, Président par Président, de De Gaulle à Macron. On retiendra quelques anecdotes, qui font sourire ou s’agacer.

En fil rouge, le Fort de Brégançon, lieu de villégiature présentielle par excellence, a été occupé ou délaissé, selon les époques. Sa récupération forcée par le Général de Gaulle est pour le moins étonnante ; pour le reste les anecdotes sur ce lieu sont souvent déjà connues.

Au-delà des lieux, c’est aussi la question du « droit aux vacances » de nos Présidents qui est posée. Et si l’on peut accepter qu’un Président est aussi un homme (ou un jour une femme ! ;-)) qui a besoin comme tout le monde de se ressourcer, l’époque semble bien loin où les vacances présidentielles s’étalaient du 14 juillet à la rentrée parlementaire de septembre !

S 3-3Ed du Rocher, 224 pages, 17,90€

Cosy mystery·Policier

« Le corbeau d’Oxford » de Faith Martin

corbeau oxfordTrudy Loveday est une jeune policière pleine de projets et d’ambition. Mais en 1960 les femmes n’ont pas encore toute leur place dans les équipes de police, et ses supérieurs hiérarchiques n’ont pas l’intention de lui confier la moindre affaire sérieuse.

Pour se débarrasser de cette jeune femme dont il ne sait que faire, son chef l’envoie travailler avec Clement Ryder, un vieux coroner bourru dont la réputation d’excellence fait frémir tous les policiers qui ont affaire à lui.

Alors qu’un jeune père a été tué, son décès relance dans l’esprit de Clement Ryder une vieille affaire. Mais bien des années après, quel lien fait-il entre les deux histoires ? Et pourquoi veut-il rouvrir le dossier du suicide d’une jeune fille ?

Avec beaucoup d’énergie et un sens remarquable de la déduction, Trudy va collaborer avec Ryder sans se laisser impressionner par la réputation de celui-ci.

Si le roman est dans l’ensemble assez classique, l’écriture est efficace et l’enquête progresse en alternant fausses pistes et vraies avancées. Je ne sais pas encore si je lirai d’autres tomes de cette série, mais c’est un bon roman d’enquête.

S 2-3Harper & Collins Noir, 306 pages, 14,90€

Cosy mystery·Policier

« Les enquêtes d’Hannah Swensen (tome 2) : Meurtres et charlotte aux fraises » de Joanne Fluke

hannah2 charlotte fraisesJ’étais très curieuse de voir comment aller se dérouler ce deuxième tome des enquêtes d’Hannah Swensen. Hannah tient une boutique de cookies à Eden Lake, dans le Minnesota. Cette année, elle est jurée dans une émission de télévision dédiée à la pâtisserie. Le décor est planté, comme pour le premier roman, ce deuxième tome va vous donner envie de manger successivement de la charlotte aux fraises, du gâteau à l’ananas nappé de caramel, et bien sûr toutes sortes de cookies puisque c’est la spécialité de l’héroïne. Il y a moins de recettes (me semble-t-il) que dans le premier tome, ce qui n’est pas plus mal car de toute façon je ne comprends rien aux dosages qui sont donnés en « tasses », les tasses étant traduites en « millilitres »… mais cela me paraît toujours incongru de doser la farine en « millilitres ».

Bref.

Boyd, l’entraîneur de basket de la ville a été retrouvé mort – et c’est Hannah que la veuve a appelée en premier. Or Hannah connaissait le terrible secret du couple, Boyd était un mari violent qui battait sa femme. Bien que tout puisse accuser la femme battue, Hannah est persuadée de son innocence. En cachette de Mike – l’un de ses prétendants – et de Bill, le mari de sa sœur, policer, Hannah décide d’enquêter.

Rien n’a vraiment changé depuis le premier tome : la mère d’Hannah est toujours envahissante, sa nièce est trop mignonne, Lisa son assistante est une perle, Hannah est tiraillée entre Mike et Norman le dentiste… et j’avais envie de manger des cookies à chaque chapitre. Il faut dire que quand Hannah n’est pas dans sa boutique, elle a toujours sur elle un sac de cookies – elle est persuadée que le chocolat résout tous les maux, et que proposer des cookies à un témoin ou à un suspect l’aide à parler !

J’ai bien aimé ce deuxième tome, je suis rassurée sur le fait que les histoires pourront se renouveler tout en gardant les « codes » du premier tome – les cookies, la famille… et le chat Moshe. Je lirai le prochain ! (sortie prévue en septembre 2021)

S 3-3Le Cherche Midi, 400 pages, 15€

Audio·Roman

« La commode aux tiroirs de couleurs » de Olivia Ruiz

commodeOn connaît bien sûr Olivia Ruiz comme chanteuse, et ce premier roman est l’occasion (et la bonne surprise) de lui découvrir aussi des talents d’écrivain.

Une jeune femme – à laquelle on peut facilement identifier l’auteure) a hérité de sa grand-mère une commode. Objet mystérieux par excellence, il a longtemps suscité la curiosité des petits enfants qui n’avaient pas le droit de l’ouvrir. Les objets qu’elle y trouve retracent, un par un, un passé familial longtemps tu et ignoré.

Oscillant entre gravité et tendresse, le roman explore autant de sujets que l’impact de la « grande Histoire » sur les individus, la transmission familiale, l’engagement, l’acculturation. Olivia Ruiz dresse plusieurs portraits de femmes fortes, solidaires, déracinées de leur Espagne. En décrivant leur courage et leur légèreté, l’auteure nous livre un texte fort et tendre que je vous conseille vivement – jusqu’au dernier chapitre qui clôt le texte avec sensibilité et humour. L’écriture porte la même énergie que celle que l’on connaît à Olivia Ruiz dans ses chansons – et nulle autre mieux qu’elle n’aurait pu lire ce texte.

S 3-3Audiolib, lu par l’auteure, 4h10 d’écoute, 21,90€ en version CD

Essai / Document

« Chère mamie au pays du confinement » de Virginie Grimaldi

mamie confinementSi vous suivez Virginie Grimaldi sur les réseaux sociaux, vous connaissez déjà ces petits billets d’humour, sous forme de courtes lettres adressées à sa grand-mère, qui croquent notre quotidien. Elle en déjà fait un livre, « Chère Mamie » et récidive avec une série de lettres écrites jour après jour pendant le premier confinement.

Qui d’autre que Virginie Grimaldi aurait pu croquer cette période avec autant de perspicacité, ce mélange de gravité et d’humour qui fait la « patte » de l’écriture de cette auteure, et qui est ici à son summum ? Qui d’autre qu’elle pour nous parler de l’école à la maison, des courses au drive, de la couture des masques ? Qui d’autre qu’elle pour jongler avec la peur de la maladie (elle avoue régulièrement son hypocondrie) et les petits bonheurs du quotidien ? En quelques pages bien trouvées, vous allez retrouver ce quotidien qui nous a surpris, et quelque part nous a unis dans une même stupeur. Racontés avec beaucoup d’autodérision, les petits tracas et les angoisses prennent une autre dimension, et soudain on mesure à quel point nous avons partagés un moment d’humanité.

S 3-3Fayard / Le Livre de poche, 5,50€, tous les bénéfices sont reversés à la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France

Policier

«Les yeux fermés » de Chris Bohjalian

yeux fermésJ’avais lu la quatrième de couverture un peu rapidement, et donc je n’avais pas vu que le roman avait pour fond le somnambulisme. Et pourtant, c’est bien autour de ce mystérieux trouble nocturne que se construit l’histoire. Annalee a disparu. Mère de deux filles, une ado et une jeune adulte, elle était connue pour faire des crises aiguës de somnambulisme. Alors que s’est-il passé cette nuit-là ? Est-ce une nouvelle crise qui l’a poussée à sortir de chez elle en pleine nuit ? Et pourquoi, si elle s’est noyée dans la rivière à proximité de la maison, n’a-t-on toujours pas retrouvé son corps ?

Une fois le drame planté et les questions posées, le début de l’histoire stagne un peu. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’intrigue (environ jusqu’à la page 100 j’ai trouvé que l’histoire tournait en rond). Et finalement je me suis attachée à Lianna, la fille ainée d’Annalee, qui s’accroche au quotidien pour soutenir son père et sa sœur, et j’ai suivi cette jeune femme dans ses interrogations pour découvrir les secrets de sa mère. Au final je me suis prise au jeu de « vouloir savoir ». Si le suspense n’est pas insoutenable, le roman se lit bien. La fin n’est pas stupéfiante mais le dénouement fonctionne.

S 2-3Le Cherche midi, 368 pages, 22€