Biographie·Essai / Document

« Agir et penser comme la Reine d’Angleterre » de Dorica Lucaci

6ccf73ec2e34288f6cde38bb0e01Une fois n’est pas coutume, la recommandation de cette lecture me vient… du Guide du Routard ! L’idée étant, pour un séjour à Londres, de se plonger via la lecture dans une ambiance toute british.

Le concept du livre est le suivant : à partir d’éléments autobiographiques sur Elizabeth II (qui était encore vivante quand le livre a été publié pour la première fois), l’auteure propose quelques conseils de vie sur des thématiques variées.

Ainsi il est question, en vrac, d’éducation, de vie publique, de courage, de famille, de relation aux autres, de lâcher-prise, de couple, de dignité… n’en jetez plus !

J’ai bien aimé redécouvrir des anecdotes sur la reine Elizabeth II (même si je n’ai rien appris… moi aussi j’ai vu « The Crown »). L’idée de départ du livre (aller chercher de l’inspiration dans la vie de la monarque sans doute la plus célèbre de notre époque) est assez plaisante. Mais les conseils proposés manquent de profondeur, ce sont au mieux des conseils dignes de magazines de psychologie bas de gamme, au pire de simples lapalissades. J’ai fini par survoler les parties avec les conseils (sans intérêt) pour concentrer ma lecture sur les parties biographiques et les anecdotes.

S 2-3Editions de l’Opportun, 240 pages, 12,90€

Biographie

« Emma Calvé » de Laetitia Bex

Capture d’écran 2024-09-06 195050Je n’avais jamais entendu parler d’Emma Calvé avant de découvrir une pièce qui lui est consacrée dans un musée de Millau. Je suis toujours intriguée par la genèse des destins hors du commun : comprendre leur parcours, découvrir leur histoire familiale, et surtout lever un peu le voile qui sépare la personnalité célèbre et l’homme ou la femme derrière les apparences.

Emma Calvé (1858-1942) est une cantatrice qui était très célèbre à son époque. D’origine modeste, très attachée à l’Aveyron de son enfance, c’est sa voix qui lui a permis de devenir une artiste mondialement connue – elle a en particulier beaucoup voyagé aux Etats-Unis.

Ce livre retrace essentiellement sa vie d’artiste, ses choix, ses succès, mais aussi ses failles (ses maladies, ses angoisses) et ses engagements pour de nombreuses causes. Quand les sources documentaires existent, on apprend aussi les grandes étapes de sa vie de femme – on y découvre les grands traits de sa personnalité, mais elle-même est toujours restée réservée sur sa vie privée, et beaucoup d’interrogations restent sans réponse.

J’ai beaucoup aimé cette biographie qui se lit comme un roman, à travers des chapitres très courts qui donnent beaucoup de rythme au récit. Les quelques photos reproduites au centre du livre permettent de mettre un visage sur une vie. Nul besoin d’être un mélomane averti pour être séduit par ce livre, un beau portrait de femme talentueuse et tourmentée.

S 2-3Acala, 385 pages, 20€

Biographie·Essai / Document

« Voyage à Berlin – Danielle Darrieux sous l’Occupation », de Jérôme Bimbenet

tallandier-d.darieux-sous-occupation-crgSur la photo de couverture, c’est une jeune femme élégante, souriante, pleine de fraîcheur : c’est une femme amoureuse. Nous sommes en mars 1942 et Danielle Darrieux part rejoindre l’homme qu’elle aime, Porfirio Rubirosa, qui ne peut quitter Berlin.

Qui étaient les acteurs qui ont accepté de voyager en train jusqu’en Allemagne par temps de guerre ? Pourquoi ont-ils accepté ce voyage, qu’avait chacun d’entre eux à y gagner ?

Longtemps ce voyage leur a été reproché, même si Danielle Darrieux s’est toujours défendue en arguant qu’elle n’avait pour seule motivation que de retrouver son fiancé.

Faire tout un livre sur ce voyage pourrait faire craindre quelques longueurs, en particulier pour les lecteurs qui n’ont pas connu la plupart des acteurs cités (ce qui est mon cas). Pourtant le livre va bien au-delà du voyage de Danielle Darrieux et raconte une tranche de l’histoire du cinéma français.

Si l’auteur du livre semble un admirateur sincère de Danielle Darrieux, il n’est pas un admirateur aveugle et s’étonne – voire s’agace – des réponses un peu naïves de l’actrice lorsqu’elle a été interrogée sur certains épisodes de cette période. L’auteur ne juge pas, n’accuse pas, il souligne des faits et raconte des situations qui mettent le lecteur mal à l’aise – amoureuse, ambitieuse, mais aveugle à quel point ?

Derrière l’actrice, il y a aussi le portrait d’une époque, les écarts de traitement entre le milieu du cinéma et le reste de la population. J’ai trouvé très instructif de voir cette période historique traitée sous un angle très spécial (celui du cinéma français et des vedettes de l’époque), entre insouciance, ambitions personnelles, et œillères souvent difficiles à défendre.

S 2-3Tallandier, 297 pages, 21,50€

Biographie

« Edouard-Alfred Martel » de Norbert Casteret

I23356Le monde souterrain, celui des gouffres et des grottes, est un monde fascinant qui réveille l’imagination. Se dire que, il y a une grosse centaine d’années, les spéléologues exploraient ces espaces à la bougie me paraît incroyable (et un peu fou, aussi).

En commençant cette biographie d’Edouard-Alfred Martel, spéléologue autodidacte, explorateur de dizaines et dizaines de grottes et gouffres de France et d’Europe (il a découvert, et étudié pendant des années, le gouffre de Padirac par exemple), je pensais lire un récit d’aventures. Ce que j’aime d’habitude dans ces biographies, c’est en particulier découvrir la jeunesse des héros, ce qui les a menés sur le chemin d’une vie extra-ordinaire. Je voulais lire ses étonnements, ses projets, ses succès et ses échecs.

J’ai donc été assez déçue par cette lecture, qui est moins le récit de sa vie qu’un récit assez technique et scientifique, porté par le regard d’un homme (Norbert Casteret), lui-même spéléologue, qui raconte les exploits de l’un de ses prédécesseurs. Il porte donc un regard admiratif sur lui, mais surtout un regard d’expert parfois décalé pour une lectrice novice comme moi.

La biographie se transforme assez vite en liste d’exploits et recensement des excursions. Les anecdotes sont plutôt intéressantes (sa rencontre avec un forgeron qui deviendra son co-équipier, son empoisonnement par une eau souterraine, qui alimentera par la suite de nombreux travaux sur la pollution des eaux souterraines, etc). Mais j’aurais aimé lire un récit moins décousu, plus axé sur sa vie de spéléologue et sa vie « à côté ».

A noter, les photos au centre du livre sont bienvenues et donnent chair à l’homme dont on lit l’histoire.

S 1-3La Table Ronde, coll. La petite vermillon, 256 pages, 8,70€

Biographie

« Monsieur Proust » , souvenirs de Céleste Albaret recueillis par Georges Belmont

Capture d’écran 2024-06-30 212206Pour évoquer ce livre, je vais distinguer la forme et le fond.

Sur la forme : j’ai rarement eu entre les mains un livre avec autant de fautes d’orthographe, coquilles, fautes de frappe. Une absence évidente de correction a rendu cette lecture par moments très agaçante. Sauf si Proust a vécu en « 1012 », que son manuscrit a été refusé par l’écrivain « André Gilde », et qu’il a finalement reçu le Prix « Concourt ».

Sur le fond pourtant, ce livre est passionnant et mérite d’être lu par tous ceux qui veulent en savoir plus sur Proust, et en particulier les huit dernières années de sa vie. J’avais en tête l’image d’un homme alité, écrivant dans sa chambre, sa robe de chambre sur les épaules. Le témoignage de Céleste Albaret, qui fut sa gouvernante pendant les dernières années de sa vie, donne une image plus complète et plus nuancée de l’écrivain.

Céleste Albaret a rencontré Marcel Proust par l’intermédiaire de son mari, qui était le chauffeur de taxi de l’écrivain. D’abord messagère livrant son courrier, elle s’est peu à peu rendue indispensable auprès de Proust, s’adaptant à ses horaires décalés, respectant ses lubies, et passant du temps à discuter avec lui de son entourage et de son œuvre. On comprend mieux d’ailleurs l’obsession de fin de vie de Proust, tourné exclusivement vers la finalisation de son roman.

Alors il y a bien quelques anecdotes qui semblent aller à l’encontre d’autres témoignages ou même d’écrits laissés par Proust, mais on comprend vite que le récit est celui d’une femme dont la vie a été bouleversée par cette rencontre et qui vouait un culte sans faille à l’écrivain et à l’homme.

C’est un livre de référence, que je me réjouis d’avoir lu, et qui éclaire d’une manière différente ce que j’avais déjà lu sur (ou de) Proust.

Au passage : Chloé Cruchaudet a fait une très belle adaptation en BD (2 tomes) de ce livre.

S 3-3Robert Laffont, 480 pages, 12€

Biographie·Roman

« Danser encore » de Charles Aubert

Danser-encoreJ’aime bien quand les livres me font découvrir des univers qui ne me sont pas familiers, et bousculent mes a priori. Un livre sur un boxeur ? Sans doute serais-je passée à côté (à tort) s’il ne m’avait pas été conseillé.

Ce roman biographique entraîne le lecteur dans l’univers de la boxe, et pourtant il porte le doux titre de « Danser encore », tant Rukeli (Johann Trollman) avait une technique qui ne ressemblait à aucune autre.

Si vous ne connaissez rien à la boxe, et même si vous n’aimez pas les sports de combat, que cela ne vous empêche pas de découvrir ce texte, qui va bien au-delà du sport. Il raconte le parcours de Rukeli, boxeur tsigane au style jugé trop atypique dans une Allemagne en pleine montée du nazisme. Le rayonnement du champion, sa vie modeste et ordinaire, bousculée d’abord par les succès sportifs, puis rattrapée par les préjugés raciaux et par la guerre, font de ce livre un combat entre ombre et lumière.

Les chapitres, présentés comme des « rounds » se lisent facilement. L’écriture est accessible et efficace, avant tout au service de l’histoire.

S 3-3Istya & Cie, 172 pages, 20€

BD·Biographie

« Simone Veil, l’immortelle » de Bresson et Duphot

Capture d’écran 2023-08-18 132932Dans ma liste de livres à lire « un jour » figure depuis longtemps d’autobiographie de Simone Veil. Mais jusqu’ici je n’ai jamais réussi à me lancer dans cette lecture car la vie de cette femme, incroyable par certains aspects, est aussi marquée d’événements tragiques et en particulier sa déportation en 1944 avec sa mère et sa sœur.

Cette bande dessinée est donc un bon moyen de découvrir son parcours.

Elle s’ouvre sur les débats autour de la légalisation de l’avortement, projet de loi porté par Simone Veil. On y voit Simone Veil, forte, droite, pleine de sang froid face aux insultes qui sont proférées à son encontre.

Pour comprendre cette femme, les auteurs retracent en parallèle son enfance dans une famille aimante, son adolescence studieuse et déjà rebelle, puis l’horreur des camps.

Je n’ai pas appris grand-chose sur la vie de Simone Veil, la plupart des grands événements de sa vie ayant souvent été rapportés dans des documentaires. Mais le récit est clair et bien amené, et j’ai apprécié le travail sur les dessins, très réalistes (on reconnaît bien tous les personnages connus, Simone Veil bien sûr mais aussi Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, etc). Le jeu sur les couleurs est aussi très pertinent, et permet par un code couleur simple de suivre plusieurs temporalités en parallèle et en donnant le juste rythme aux flash-back.

C’est un livre intéressant, poignant, à lire et à faire lire pour découvrir celle qu’on appelait alors Madame « le » ministre. Que de chemin parcouru…

S 3-3Marabulles, 22,95€

Biographie·Roman

« Victor Hugo vient de mourir » de Judith Perrignon

9782266273367ORISi les obsèques de célébrités sont aujourd’hui largement couvertes médiatiquement, il ne faut pas oublier que les adieux aux grandes personnalités ont toujours existé. Ainsi, lorsque Victor Hugo est sur le point de rendre son dernier souffle, c’est le Tout-Paris qui s’agite sous ses fenêtres. Journalistes, lecteurs, et même ses détracteurs, ne peuvent ignorer ce moment qui vient mettre un terme à une vie riche en œuvres et en engagements.

Si le livre est un roman, il fait vivre au lecteur les dernières heures de Victor Hugo, puis sa mort, presque comme un récit d’archive – j’imagine d’ailleurs le gros travail de documentation qui a dû être réalisé. Quel sera le dernier hommage rendu ? En faire trop, ce serait cautionner des engagements qui ne plaisaient pas à tout le monde ; enterrer ce grand homme dans la discrétion ferait courir le risque d’une révolte de la population. C’est finalement au Panthéon que Victor Hugo sera inhumé, lors de funérailles nationales.

Le format est assez court, ce qui est plutôt bien vu – je n’aurais pas imaginé 300 pages sur le sujet, quand même.

Merci à Yves du blog lyvres.fr qui est toujours de bon conseil, et dont la chronique m’a donné envie de découvrir ce texte.

S 3-3Pocket, 168 pages, 6,40€

Biographie

« Elon Musk » de Cyril de Sousa Cardoso

Capture d’écran 2023-07-14 205050J’aime bien les biographies. Quelle que soit la personnalité qui en est l’objet, c’est toujours intéressant de découvrir le parcours d’une personne hors norme, de voir ce qui l’a construite, ses choix, les risques qu’elle a pris.

Elon Musk est une personnalité complexe, aimée ou détestée. Fondateur de Tesla, membre essentiel de l’équipe qui a bâti PayPal, conquérant créateur de SpaceX, ses multiples casquettes donnent le vertige. Car l’homme n’est pas seulement un business man. La biographie raconte comment, enfant solitaire et malmené, il s’est réfugié dans les livres et y a développé un « esprit ingénieur » brillant. A douze ans, il avait déjà créé son propre jeu vidéo, qu’il revendait pour 500 dollars à un magazine. La suite n’a fait que confirmer ses ambitions.

Si la biographie dresse un portrait globalement positif d’Elon Musk, ses défauts et ses erreurs ne sont pas masquées. Les risques pris sont racontés avec une certaine admiration, que l’on ne peut pas blâmer tant le parcours est incroyable.

Quelques éléments de sa vie privée sont abordés, mais sans voyeurisme ; l’essentiel du portrait est ailleurs.

Ayant lu récemment l’autobiographie du patron de Disney, cette biographie-là n’a rien à voir : elle met davantage en avant les moteurs de l’humain ; et même s’il est parfois affaire de « gros sous », c’est raconté sous l’angle du projet, de l’ambition, et pas juste de l’organisation d’un conseil d’administration. Le livre n’est pas trop long, ce qui permet de se concentrer sur l’essentiel et d’avaler les chapitres comme dans un roman.

A noter, le bel effort de citation des sources en fin de livre.

S 3-3Ed Mardaga, 192 pages, 19,90€ ; reçu dans le cadre d’une « Masse critique Babelio »

Biographie

« Leçons de leadership créatif » de Robert Iger

9782379351198Sous titrée « Mon aventure à la tête de l’entreprise qui transforme la magie en réalité », cette autobiographie du PDG de Disney pouvait laisser présager quelques secrets, et raconter comment concilier la direction d’un immense groupe et le côté « magique » de son image de marque. C’est en tout cas tout cela que j’espérais en commençant la lecture de ce livre : entrer dans les coulisses d’un univers qui renvoie une image d’enfance et de magie, mais qui forcément est basé sur une grosse industrie.

Je n’ai pas trouvé exactement ce que j’avais imaginé dans ce livre. Certes le récit d’un homme qui a commencé simplement dans les studios ABC et qui devient le patron de Disney est une autobiographie intéressante (j’aime bien connaître le parcours de gens qui ont un métier hors norme). Mais son récit pourrait être celui du dirigeant de n’importe quelle grande entreprise – je n’y ai pas vu de différence sous prétexte qu’on parle de Disney. C’est ma déception sur ce livre. Finalement, ce que l’auteur raconte n’a pas grand-chose à voir avec Disney (même s’il parle de Pixar, du rachat de Marvel ou de la société de Georges Lucas). C’est surtout le récit du pilotage d’une immense entreprise, avec son conseil d’administration, ses actionnaires, ses rachats à plusieurs milliards d’euros… et plein de noms qui me sont totalement inconnus.

J’aurais voulu en savoir un peu plus sur l’auteur lui-même, sur sa vie, sur ce que représente Disney dans sa sphère personnelle.

Le dernier chapitre, qui reprend la synthèse de tous les conseils égrainés dans le livre n’est pas inintéressante, et résume finalement bien les messages que l’auteur a voulu passer.

S 1-3Ed. Alisio, 480 pages, 24€