Les premiers paragraphes de « Charlotte » surprennent : phrases très courtes, retour à la ligne à chaque phrase. Visuellement, c’est un poème, même si la lecture du texte prouve que ce n’en est pas un. J’interromps ma lecture, feuillette le reste du livre : tout le roman est écrit sous cette forme. Je me demande pourquoi Foenkinos a fait ce choix qui risque de gêner la lecture de son texte. Il faut attendre plusieurs dizaines de pages pour comprendre que ce n’est pas un effet de style, mais la retranscription de ce que l’auteur ressent lorsqu’il pense à la vie de Charlotte Salomon.
« J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.
(…)
Je commençais, j’essayais puis j’abandonnais.
Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l’arrêt à chaque point.
(…)
J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. »