Audio·Biographie

« Marie et Bronia, le pacte des sœurs» de Natacha Henry

marie et broniaLes deux sœurs qui prêtent leurs noms au titre de ce livre, Marie et Bronia, sont Marie Curie et Bronia Dluska, toutes deux nées Skłodowska dans la Pologne de la fin du XIXème siècle. Nées dans une famille modeste mais aimante et instruite, elles ont traversé jeunes de lourdes épreuves, dont la perte de leur mère. Animé par le goût de l’instruction, et persuadé que l’avenir passe par la science, le père de Marie et Bronia les encourage à poursuivre leurs études, bien que cela leur soit interdit dans la Pologne sous influence russe.

Un pacte naît entre elles : tandis que Bronia s’inscrira à la faculté en France, à la Sorbonne, Marie travaillera en Pologne en tant que gouvernante pour payer les études de son aînée. Puis quand Bronia sera devenue médecin, elle paiera à son tour les études de Marie, à la Sorbonne toujours.

Si la vie continue à les malmener, y compris sentimentalement, les sœurs incroyablement soudées tiennent bon. Et ce récit de leurs vies dédiées à la science, mais solidement appuyées sur leur famille, est un bonheur à écouter. J’ai suivi avec énormément de plaisir le récit de la vie de Marie Curie, mais aussi celui indissociable de sa sœur (leurs vies sont d’ailleurs intelligemment traitées sans « favoritisme » par l’auteure, ce qui est un excellent parti pris). Ce goût pour le travail, pour le savoir, pour la science, est un modèle pour toutes les jeunes filles qui croient encore que les sciences leur sont inaccessibles.

Par ailleurs, même si les deux sœurs sont scientifiques, le récit est très accessible, tourné à la fois vers leur quotidien et vers leurs grands succès. La lecture de Florine Orphelin retranscrit très bien ce qu’on imagine être un mélange de douceur et de détermination chez les deux sœurs. Découvrez vite ce livre audio, c’est une réussite et un bonheur d’écoute !

S 3-3Audiolib, lu par Florine Orphelin, 5h54 d’écoute, 17,50€

Biographie

«Le rêve d’un fou» de Nadine Monfils

rêve fouJe n’ai jamais visité le « Palais idéal » du facteur Cheval, mais je connaissais les grandes lignes de l’histoire de cette construction faite de cailloux amassés au fil des années par un facteur.

Le récit biographique de Nadine Monfils m’a fait découvrir, au-delà de l’œuvre construite, les motivations et surtout les douleurs de l’homme qui l’a créée. Il faut dire que Ferdinand Cheval, né en 1836, n’a pas eu une vie joyeuse. Orphelin de mère à l’âge de onze ans, ayant perdu un enfant nouveau-né, puis ayant dû se séparer de son second fils, avant de perdre sa fille adolescente, il est entouré de morts et d’absents.

De son esprit naîtra finalement une œuvre incroyable et quasi inclassable. Évidemment, on aimerait avoir dans le livre des photographies du lieu – à défaut, on trouve facilement des visuels sur internet (notamment sur http://www.facteurcheval.com/ ).

J’aurais aimé que le récit soit un peu plus long que la centaine de pages qui le composent, car l’histoire du facteur est tellement intrigante ! Homme de peu d’éducation initiale, je trouve incroyable toutes les scènes (bibliques, mythologiques…) qu’il a reconstituées, et j’aurais aimé en découvrir plus sur ses inspirations.

Les personnages secondaires sont aussi très attachants et constituent autour du facteur Cheval un petit monde inspirant.

S 2-3Fleuve éditions, 128 pages, 14,90€

Biographie

« Madeleine project » de Clara Beaudoux

madeleineLorsque j’ai cherché ce livre dans une grande surface culturelle, le vendeur me l’a désigné vaguement, en me disant « si vous voulez vous charger… », à peu près du même ton qu’il aurait employé pour me dire que l’ouvrage était un peu trop épais pour caler une armoire bancale… Bonjour la rencontre avec Madeleine…

Il est vrai que ce livre est étonnant, un objet inattendu parmi les romans avec lesquels il est classé. Mais pauvre Clara qui en est l’auteur, on se fiche bien, malgré vos propres interrogations, de savoir si votre livre est de la littérature, ou si vous êtes bien légitime comme auteur. Toutes ces questions n’y changeront rien : vous avez eu une idée formidable, vous l’avez transformée en une quête intelligente et en avez fait un livre sensible et plein d’espoir. C’est une lecture qui fait du bien, qui rassure et qui émeut, et le seul critère de la littérature peut bien être celui de l’émotion, après tout.

Pour ceux qui ne connaissent pas « Madeleine Project », revenons sur son origine. Avant d’être un livre, c’est d’abord et avant tout une saga publiée sur Twitter. S’installant dans un nouvel appartement, Clara Beaudoux a découvert dans la cave un amoncellement d’objets ayant appartenu à une certaine Madeleine, dont elle se met en tête de retracer la vie. Au fil de ses recherches, elle publie ses découvertes et ses pensées sur Twitter avec le mot clé #MadeleineProject. Et aujourd’hui c’est devenu un (gros) livre !

La démarche n’est pas du tout voyeuriste, au contraire elle est très respectueuse de la manipulation des souvenirs de Madeleine, et tout ce qui est raconté est raconté avec bienveillance et pudeur.

« J’ai aimé utiliser cette forme ultramoderne pour raconter des vieilleries pleines de poussière. Décalage presque anachronique entre le fond et la forme. »

Au départ j’étais un peu perdue dans la chronologie, ne sachant situer via les dates des tweets à quel moment il avait été écrit, et s’il reprenait l’intégralité des tweets publiés (ce qui n’est a priori pas le cas). Mais très vite j’ai oublié ce détail, emportée avec Clara Beaudoux dans les recherches sur Madeleine. Il faut dire que Clara Beaudoux n’a pas ménagé sa peine pour retracer le passé de cette ancienne institutrice, passant des dizaines de coups de fil, se déplaçant, collant des affiches dans les rues…

Qu’aurais-je fait à sa place, face à des valises poussiéreuses et pleines de petits bêtes… Madeleine a bien de la chance d’être tombée sur Clara pour perpétuer sa mémoire. Et si elle n’a pas eu d’enfant, elle a la plus belle héritière dont elle aurait pu rêver, celle qui continue à faire vivre son souvenir.

S 3-3Le Livre de poche, 640 pages, 16,90€

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« Écoute » de Mélanie Hamm

ecouteQu’est-ce que la malentendance ? Beaucoup d’entre nous imaginent que ce n’est qu’un terme politiquement correct pour désigner la surdité. Le récit autobiographique de Mélanie Hamm met à mal cette interprétation et rétablit la réalité sur le quotidien des malentendants.

Mélanie est née malentendante. Je n’écrirai pas que Mélanie est née avec une infirmité, car croyez-moi cette jeune femme pleine d’énergie et de volonté est loin d’être infirme !

Son parcours scolaire a été semé d’embûches, mais Mélanie Hamm est devenue diplômée, docteur en Sciences de l’éducation, aidée d’abord par son frère jumeau, puis soutenue par certains professeurs.

A quoi ressemble le quotidien d’une jeune malentendante ? A un quotidien ordinaire… à la différence près que tout est plus compliqué pour comprendre son environnement et son entourage. Quand certains s’acharnent à lui parler plus fort, elle éveille le lecteur en expliquant que ce n’est pas le volume mais la sonorité qui importe : « On pense toujours à amplifier le bruit avec les malentendants, alors que c’est s’approcher de la source sonore qui importe »…. Lire la suite

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« Charlotte » de David Foenkinos

            charlotteLes premiers paragraphes de « Charlotte » surprennent : phrases très courtes, retour à la ligne à chaque phrase. Visuellement, c’est un poème, même si la lecture du texte prouve que ce n’en est pas un. J’interromps ma lecture, feuillette le reste du livre : tout le roman est écrit sous cette forme. Je me demande pourquoi Foenkinos a fait ce choix qui risque de gêner la lecture de son texte. Il faut attendre plusieurs dizaines de pages pour comprendre que ce n’est pas un effet de style, mais la retranscription de ce que l’auteur ressent lorsqu’il pense à la vie de Charlotte Salomon.

              « J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.

              (…)

              Je commençais, j’essayais puis j’abandonnais.

              Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.

              Je me sentais à l’arrêt à chaque point.

              (…)

              J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.

              Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. »

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« L’Abbé Pierre, un bâtisseur d’humanité »

Préface : Bernard Kouchner ; textes : Frédérique Féron et Pascal Meynardier ; direction iconographique : Marc Brincourt   

          Abbé PierreAvant de commencer la lecture de cet ouvrage consacré à l’abbé Pierre, j’ai fait l’inventaire de ce que j’avais gardé en mémoire de cet homme, presque dix ans après sa mort.

            La première image qui m’est venue est sa silhouette, celle de l’homme barbu avec son béret et sa gabardine. La seconde est bien sûr celle d’une association dont le nom est indissociable du sien, Emmaüs, et plus globalement celle d’un engagement qui a commencé aux yeux du grand public avec son appel de l’hiver 1954. La troisième, enfin, est liée à la médiatisation de celui qui est resté longtemps « personnalité préférée des Français ». En résumé, je n’ai conservé que des évidences, presque des clichés, de cet homme dont au fond je ne connais rien.

Un portrait à sa hauteur

            Ainsi, la première chose qui m’a frappée Lire la suite