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«Quoi ? Toute seule !» de Éléonore Wenger

Quoi--Toute-seule-_7853Incroyable Éléonore ! Du Vietnam à la France, cette jeune trentenaire a parcouru seule plus de 18 000 kilomètres à vélo !

Dans ce livre sous forme de carnet de route, elle raconte son épopée de l’Asie à l’Europe : les aléas du voyage (mécaniques, physiques, topographiques…), mais surtout les belles rencontres faites et l’incroyable hospitalité dont elle a bénéficié durant son périple.

Sur son vélo affectueusement surnommé Bucéphale comme le cheval d’Alexandre le Grand, elle a suscité admiration et étonnement partout où elle est passée. Tout au long des pages de ce récit, qui se lit avec la même ferveur qu’un polar dont on est impatient de découvrir les prochains rebondissements, le lecteur ressent des émotions en montagnes russes, tantôt gagné par l’énergie de la globe-trotteuse, tantôt inquiet lorsqu’elle raconte ses mauvaises rencontres ou ses périodes de galère.

On traverse avec elle l’Asie et l’Europe, frissonnant avec elle sous la pluie, apaisés quand la route se fait plus clémente. Je me suis posé mille questions sur son quotidien, ses repas, le contenu de ses sacoches, bref la vie pratique lors d’un tel voyage. Pour le reste, à savoir les rencontres et les échanges avec les populations des différents pays traversés, la cyclo-baroudeuse nous raconte ses aventures avec beaucoup de sensibilité et d’ouverture sur les autres.

La dernière phrase du livre (ne la lisez pas avant la fin, petits curieux!), résume un état d’esprit mais aussi un certain doute que l’on sent en filigrane tout au long des pages. La question du départ (courage ou fuite?), ses raisons profondes, et une quête d’une vie moins standardisée et moins consumériste, laisse présager qu’Eléonore Wenger, consultante en informatique et diplômée d’une école de commerce, aura sans doute quelques hésitations à reprendre son ancienne vie.

Au final, on tremble et on sourit en lisant ce récit, véritable ode à la tolérance et manifeste pour une ouverture sur le reste du monde.

S 3-3Auto-édition, 350 pages, 18€. Vous pouvez suivre Eléonore sur https://hangtimebybike.wordpress.com/ et https://www.facebook.com/Hangtimebybike/

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«Hiéroglyphes, les bases», de Jean-Pierre Guglielmi

hiéroglyphes« Quand tu écris, tes lettres ressemblent à des hiéroglyphes. »

Si vous avez déjà été confrontés à ce genre de remarque, j’ai trouvé un livre qui vous permettra de répondre à votre interlocuteur avec humour, puisqu’il s’agit d’un cahier d’exercices… pour apprendre à écrire des hiéroglyphes !

Sous un format pratique de cahier à spirales, vous découvrirez les phonogrammes et vous initierez à leur écriture dans des pas à pas très détaillés. L’introduction du livre rappelle (ou apprend!) les principes de cette écriture, et donne des repères (classification de Gardiner notamment). Si comme moi, votre seul repère était Champollion, vous allez faire plein de découvertes.

En revanche, c’est un livre sérieux, destiné au départ à ceux qui étudient sérieusement l’égyptien ancien. Donc pour les néophytes comme moi qui sont juste curieux de découvrir, l’ouvrage devient vite assez complexe. Mais l’ensemble reste amusant et intéressant.

S 2-3Assimil, 9,90€, 128 pages

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«La vie secrète des animaux» de Paul Wohlleben

vie secrète« La vie secrète des arbres » a été un succès littéraire et médiatique, révélant au grand public notamment comment les arbres communiquent entre eux par un réseau qu’on a presque envie de qualifier de « magique ».

En commençant l’écoute de « La vie secrète des animaux », je me demandais ce que Peter Wohlleben, le forestier sans doute le plus célèbre, allait pouvoir nous raconter. Allait-il simplement nous dire que les animaux ont des sentiments ? Je craignais qu’on enfonce des portes ouvertes pendant les sept heures d’écoute.

Au final, ce document a été une très belle découverte. Aucun ennui, aucune platitude au fil des chapitres. Au contraire ! Chaque chapitre est consacré à une espèce animale, dans un contexte donné. Et l’on découvre alors les formidables capacités intellectuelles, émotionnelles, et communicantes des animaux. Le récit est basé sur les recherches les plus récentes, illustrées sans cesse par les observations d’un homme qui vit au plus près des animaux.

Les chapitres pourraient presque s’écouter indépendamment les uns des autres, chacun étant un récit en soi. Si le fond est traité avec sérieux et rigueur, le texte est très accessible et s’écoute comme autant de petites histoires passionnantes.

S 3-3Audiolib, lu par Thibault de Montalembert, 7h02 d’écoute, 22,90€

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«A Tahiti» de Elsa Triolet

tahitiCe livre d’Elsa Triolet est une découverte pour moi, je n’avais pas connaissance qu’elle ait vécu et écrit sur Tahiti. Près d’un siècle après, il est passionnant de découvrir comment elle décrit ce qu’elle ne connaissait pas et qui fait partie de notre quotidien aujourd’hui : le lait de coco, un avocat,… Oui, ce livre est avant tout le récit d’une jeune femme, russe d’origine, qui a vécu en France métropolitaine, puis a suivi son mari à Tahiti. Dans ce livre, elle fait le récit simple de ses découvertes, de son acclimatation, et des peurs dont elle ne s’affranchira jamais totalement (la lèpre en particulier). Elle ne dit presque rien des raisons qui l’ont amenée ici, ni de comment elle a vécu la décision du départ. Elle dit très peu de choses aussi sur sa relation avec André son mari. Son récit est centré sur le quotidien, les autochtones, ses meubles, sa nourriture, les saisons, les logements…

J’ai trouvé ce récit, publié dans le catalogue des très qualitatives éditions du Sonneur, particulièrement original, autant pour la perception de Tahiti par une européenne au vingtième siècle que pour la parenthèse littéraire qu’il représente. Voilà un livre assez différent de mes lectures habituelles, mais que j’ai découvert avec beaucoup d’intérêt.

S 2-3Les éditions du Sonneur, 15€

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«Un bonbon sur la langue» de Muriel Gilbert

bonbon« Amis des mots » : c’est avec cette accroche que Muriel Gilbert, correctrice au journal Le Monde, commence la plupart des chapitres de ce livre. Ces chapitres sont retranscrits des chroniques radio qu’elle présente le week-end sur RTL.

Ce livre, en effet, s’adresse à ceux qui aiment les mots, qui apprécient de jouer avec, et s’interrogent sur les particularités de la langue française et ses pièges. En deux ou trois pages, Muriel Gilbert réussit à parler grammaire ou orthographe en toute simplicité. Imaginez, chers lecteurs de ce blog, l’attention toute particulière que je porte à ma chronique d’aujourd’hui…

Les thèmes abordés sont variés : si certaines chroniques rappellent des règles de grammaire, d’orthographe, ou de conjugaison (les verbes défectifs, les pluriels etc), d’autres sont justes plaisantes (comme celles sur les gentilés, le pluriel des noms de famille, leur prononciation etc). Saluons aussi le petit coup de gueule sur la disparition du passé simple dans certains livres pour enfants !

Le livre est amusant, facile à lire et assez décomplexant (oui, même les journalistes du Monde font des erreurs et interrogent leur correctrice !). J’ai aimé la tonalité joyeuse donnée à ces sujets qui ont hérissé des générations d’écoliers, et les exemples très concrets et issus du quotidien. « Amis des mots », vous allez vous régaler avec ce « bonbon sur la langue ».

S 3-3La librairie Vuibert, 17,90€

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«  Le miracle Spinoza » de Frédéric Lenoir

spinozaSpinoza. Voilà un philosophe dont je ne savais pas grand-chose, si ce n’est quelques lointains souvenirs d’en avoir étudié quelques brèves citations au lycée.

Le pari de Frédéric Lenoir est de mettre à la portée de tous un philosophe connue pour être particulièrement difficile à étudier et à comprendre. Notons avant toute chose que la vulgarisation n’est pas vulgaire, c’est même un art dans lequel Frédéric Lenoir excelle. Il fait d’ailleurs de temps en temps le lien entre son histoire personnelle, son parcours de philosophe, des anecdotes, et les écrits de Spinoza, pour une meilleure appropriation concrète et contemporaines des textes originaux.

On comprend assez vite que Spinoza est plutôt un philosophe qu’il apprécié, même s’il raconte que dans les années 1980 il n’était même pas enseigné auprès des étudiants en philosophie…

En version audio, le livre est assez court (moins de 5 heures), pourtant il m’aura fallu plusieurs semaines d’écoute : c’est un ouvrage qui demande du temps, car il reste assez dense sur le fond des sujets traités. Il mériterait d’ailleurs de s’arrêter sur certains passages, de les noter, d’y revenir, et même pourquoi pas d’en faire une deuxième écoute.

Les thèmes abordés sont très riches : la joie, la raison comme seul critère de vérité (« Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas détester, mais comprendre »). La religion a aussi une place d’importance dans cet ouvrage : Spinoza était très critique envers la religion, ce qui lui a valu d’être exclu de la communauté juive et plus généralement d’être perçu toute sa vie durant (et même au-delà) comme un ennemi de la religion. Frédéric Lenoir, qui a déjà beaucoup écrit sur les religions, tente de mettre à portée du lecteur le vrai discours de Spinoza, loin des caricatures et des raccourcis.

A l’issue de cette écoute, je ne me sens pas capable de me lancer dans une découverte plus approfondie de « L’Éthique », l’œuvre majeure de Spinoza, mais je suis satisfaite d’en avoir approché la biographie et les thèses via ce livre audio accessible au plus grand nombre.

S 3-3Audiolib, 19,90€, lu par David Manet

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« Manifeste pour une cuisine responsable» de Chef Simon

manifeste cuisineAvant de commencer ce livre, je ne connaissais pas « Chef Simon ». J’avais surtout envie de lire ce livre car la notion de « cuisine responsable » m’interpellait. Qu’est-ce que la cuisine responsable ? J’imagine que ce n’est pas juste de la cuisine saine et bonne pour la santé, mais aussi respectueuse des hommes et de leur environnement en général. Bio, équitable, issue d’une culture durable, respectueuse de la santé humaine et des animaux…

Avant de parler du contenu du livre, je m’arrête un instant sur la préface de Michel Tanguy, car je ne peux qu’applaudir à la lecture de cette introduction, en particulier quand il écrit « faisons de nos achats des actes politiques ». Voilà une entrée en matière qui m’a mise en appétit, si je puis dire…

Le reste du livre alterne entre explications sur l’univers de l’alimentation au sens très large, coups de gueule de « Chef Simon » et recettes. Restaurateur, formateur, l’auteur prône une cuisine saine, s’insurge contre l’industrie agro alimentaire qui veut nous faire avaler n’importe quoi, et n’oublie pas au passage de tacler les autres « Chefs », qui en prennent plein leur grade.

L’ensemble est assez séduisant, surtout les premiers chapitres, en particulier pour les lecteurs attentifs à leur alimentation et soucieux de ne pas se laisser imposer tout et n’importe quoi dans leur assiette. Son « lexique des sectes alimentaires » est à la fois très tranché et assez drôle ! J’ai apprécié aussi un certain pragmatisme : dans un livre de cuisine « responsable », cela fait du bien de ne pas trop sentir le poids de la culpabilité et de lire que son auteur peut aussi céder à la facilité d’une pizza !

Ma curiosité une fois mise en éveil, j’aurais aimé que l’auteur, qui n’a visiblement pas sa langue dans sa poche, aille toutefois au bout de certaines de ces revendications. Ainsi quand il écrit que « un produit bio d’ici n’est pas un produit bio de là-bas », de quoi parle-t-il exactement ? Ici, c’est la France ou l’Europe ? Est-il préférable de manger un aliment issu de l’agriculture conventionnelle française, ou de l’agriculture bio étrangère ? J’aurais aimé avoir son avis sur ces questions sur lesquelles il ouvre lui-même un débat.

Côté recettes, j’ai aimé ses idées de « recyclage » alimentaire, qui m’ont rappelé mes « recettes du placard » (ou du frigo) et l’accommodation des restes telle que la pratiquaient nos grands-mères avec beaucoup de bon sens. Par contre, la plupart me paraissent hors de portée voire hors champ culinaire tout court pour moi (comme la viande fumée par exemple).

Au final, je reste un peu sur ma faim (hi hi) sur cet ouvrage mais je l’ai lu avec beaucoup d’intérêt et de curiosité. Il ouvre des réflexions et a le mérite d’interpeller le lecteur sur ses habitudes d’alimentation et plus généralement de consommation. C’est déjà un bon point.*

S 2-3Chêne, 248 pages, 29,90€

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« Inventions expliquées » de Nicole Masson et Yann Caudal

inventionsDerrière le terme « d’inventions » se cache une multitude de nouveautés, innovations, ou idées, qui font désormais notre quotidien. Des dizaines d’entre elles sont répertoriées dans cet ouvrage, du baccalauréat au fer à repasser, du mp3 au camembert, de la clémentine à la brosse à dents.

L’ouvrage est sympathique et se parcourt avec plaisir, même si beaucoup d’explications sont déjà très connues du grand public : biscotte qui vient comme biscuit de « cuit deux fois », l’histoire comte Sandwich et celle du préfet Poubelle etc. Rien de très original pour un adulte, par contre je trouve que ce livre est une bonne idée de cadeaux pour de plus jeunes lecteurs, des enfants de dix-douze ans un peu curieux qui seront ravis de piocher des anecdotes dans ce livre.

S 2-3Chêne, 240 pages, 14,90€

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« La littérature française en 100 romans » de Yves Stalloni

100 romansOn ne compte plus les anthologies et les recueils qui réunissent des résumés des meilleurs ouvrages de la littérature française. Difficile de faire une proposition novatrice dans ce contexte ! Mais l’ouvrage d’Yves Stalloni est plutôt bien réalisé. Dès l’avant-propos, l’auteur en fixe le cadre et l’objectif : « avant tout faire lire, donner envie de partir à la rencontre des maîtres de la fiction, de revenir à sa bibliothèque ou à celle de son voisin ou de sa commune, inviter à dépoussiérer les romans imposés par le collège et le lycée […] ». Il cite aussi Proust : « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c’est la littérature. »

Ensuite commence une liste de cent romans, classés par ordre chronologique, auxquels sont consacrées une ou deux pages. Raconter « Les Misérables » d’Hugo, son contexte et son engagement en une seule page, je dois dire que c’est assez surprenant ! Pourvu que cela suffise à donner envie à ceux qui ne l’on pas lu de découvrir ce monument de la littérature…

Petite originalité, des extraits de manuscrits et quelques jolis dessins parsèment le livre. Ils sont plutôt bienvenus pour éviter la monotonie, mais j’aurais aimé en voir davantage, histoire d’entrer différemment en contact avec certains impressionnants romans de notre belle littérature française.

S 2-3Chêne, 256 pages, 14,90€

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« Les bouées jaunes » de Serge Toubiana

bouéesL’auteur est veuf, depuis que la maladie a emporté sa compagne Emmanuèle, trop jeune, trop tôt. Ce texte est à la fois un témoignage mêlant les souvenirs communs et « la vie d’après ». C’est une déclaration d’amour, même les défauts de la femme aimée deviennent des qualités dans cet éloge funèbre très sentimental.

Bien sûr le texte est empreint d’émotion, et le lecteur ne peut qu’être attendri face au portrait plus qu’élogieux fait par ce veuf. Sans doute beaucoup de femmes aimeraient que leur compagnon parlent ainsi d’elles après leur décès ! Il y a aussi des passages très tendres, comme les citations de Delphine Horvilleur, femme rabbin qui utilise la « tradition mystique juive » pour réconforter Emmanuèle. Le texte est émouvant mais sans être triste, car au-delà du récit de la fin de vie, il y a une volonté de témoigner de la personnalité d’une femme et d’en laisser une trace parmi les vivants.

Mais le défaut de ce texte est qu’à force d’être intime, il en devient trop personnel ; il fait appel à des références personnelles qui ne sont pas celles du lecteur (en tout cas, pas les miennes). Ainsi je ne connaissais quasiment aucun des noms de leurs nombreux amis, cités à de multiples reprises, dont on comprend qu’ils gravitent essentiellement dans le milieu des arts et de la culture, celui du cinéma et de la littérature en particulier. Par exemple, citer le nom de toutes les personnes qui ont rendu visite à Emmanuèle à la fin de sa vie. Je comprends que cette liste peut être importante pour celui qui a écrit le texte, peut-être pour leur famille et leurs amis, mais je n’ai pas saisi l’intérêt pour le lecteur.

S 2-3Stock