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« Miracle morning » de Hal Elrod

miracle morningAu cours des derniers mois, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de discuter avec des personnes dites « morningophiles », c’est-à-dire adeptes d’un réveil très matinal pour avoir le temps de profiter d’une activité – souvent le sport en l’occurrence. Se lever plus tôt pour mieux profiter de sa journée ? Pourquoi pas ! J’étais donc très curieuse de découvrir l’ouvrage initial qui a lancé cette « tendance ».

Le début explique bien le principe de cette méthode, et ses fondements. Pourquoi attendre le soir, sa fin de journée, pour s’adonner à une passion ou un loisir qui nous tient à coeur ? Il faut en faire le point de départ de nos journées, l’impulsion qui va donner du sens aux heures suivantes.

Jusque là, c’est plutôt intéressant, et finalement empreint de bon sens (et à contre-courant de ce que je fais ).

Ensuite l’ouvrage dérive vers du développement personnel plus classique, et devient moins pertinent. L’auteur nous explique comment sortir de notre « médiocrité » (si vous aviez un petit moral en débutant l’écoute de ce livre, le fait d’entendre des dizaines de fois que vous vivez dans la médiocrité ne va pas vous réconforter!). L’auteur égraine des généralités sans jamais les justifier sur la base d’études ou de raisonnements scientifiques, juste sur la base de son « expérience ».

Si l’idée de départ m’avait séduite, j’ai fini par ne pas savoir faire la part des choses entre idées novatrices et théories à l’emporte-pièce.

S 1-3Audiolib, lu par Bernard Gabay, traduit par Christophe Billon

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« Gratitude, journal IX 2004-2008 » de Charles Juliet

  livre-gratitudePour commencer la lecture d’un journal d’une personne qu’on ne connaît pas (pardon à l’auteur), il faut en espérer trois choses :

1) soit sa vie est incroyablement romanesque, et le journal sera plein de rebondissements

2) soit l’auteur saura sublimer la réalité du quotidien et rendre celui-ci poétique, sensible, amusant, etc

3) soit l’époque à laquelle il vit (ou la façon dont il place son journal dans l’époque à laquelle il vit) en fait un texte presque historique, ou sociologique.

J’ai arrêté la lecture de ce livre avant la centième page. Et croyez-moi, il est rarissime que j’abandonne la lecture d’un livre. Mais là, je n’ai pas du tout compris l’intérêt de ce livre.

Chaque journée est propice à quelques lignes, sur tout et n’importe quoi : une pensée généraliste sur la vie, une anecdote, une rencontre. Il n’y a aucun fil conducteur : sur une même page et trois journées différentes, on parle de Che Guevara, Confucius, et « Marie-Hélène et son amie Mireille ».

Autre exemple, la journée du 27 novembre (que je retranscris dans son intégralité) : « Je ne sais plus où j’ai vu cet homme assis sur une chaise en un lieu public. Il pouvait avoir une cinquantaine d’années. Des cheveux longs et en broussaille descendant sur la nuque, encadrant son visage. Une barbe rousse, légère et abondante, qui se poursuivait par une tresse allant jusqu’au sol. ». Une telle description, pourquoi pas, mais j’aurais aimé savoir pourquoi cet homme avait marqué l’auteur, à qui ou à quoi il lui fait penser. Mais non, rien. Alors, près de 400 pages d’une accumulation de courts textes comme celui-ci, désolée mais j’ai passé mon tour.

S 0-3

Editions P.O.L, 384 pages, 19€

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« Les carnets de cuisine de la Mère Poulard» de Eric Vannier

poulardQuel agréable livre que cet ouvrage consacré à la Mère Poulard, figure emblématique du Mont-Saint-Michel ! De la Mère Poulard, que sait-on vraiment ? Qu’elle faisait des omelettes, devenues avec l’agneau des prés salés un incontournable de la gastronomie locale ? Et à part ça… pas grand-chose.

Ce livre très bien documenté redonne une place plus importante à cette femme cuisinière, hôtelière, en racontant sa vie, ses débuts de cuisinière et son arrivée au Mont pour suivre l’architecte chargé de sa réhabilitation, sa rencontre et son mariage avec Victor Poulard et leur installation.

Il est fait référence à son omelette, mais aussi à ses biscuits. Je dois dire que je pensais que la déclinaison de l’image de la Mère Poulard sur des biscuits n’était que du pur marketing, et j’étais étonnée de découvrir qu’il y avait une vraie histoire derrière ces biscuits sur lesquels figure l’année 1888 !

Les photos sont magnifiques (et donnent très envie d’aller ou de retourner au Mont-Saint-Michel). La seconde partie du livre est composée d’un cahier de recettes inspirées de la Mère Poulard : recettes traditionnelles, plutôt simples, et très appétissantes. Pour l’instant je n’ai testé que la recette de la mousse au chocolat… et elle va devenir ma recette incontournable de mousse !

S 3-3Chêne, Photos Sophie Tramier, 336 pages, 18,80€

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« Origines de l’homme, origines d’un homme » de Yves Coppens

Quand j’entame la lecture de mémoires ou d’une autobiographie, quel que soit l’auteur (son métier, son sexe, son parcours), et quelle que soit l’époque à laquelle il a vécu, ma curiosité est guidée par la même question : qu’est-ce qui fait qu’un enfant est devenu un talent, quelles étapes d’un parcours transforment une vie en destin ?… Lire la suite « Origines de l’homme, origines d’un homme » de Yves Coppens

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« L’amour après » de Marceline Loridan-Ivens

aprèsCe livre s’ouvre sur une scène dramatique : lors d’une séance de dédicace, l’auteur perd la vue. Mais aussitôt, au lieu de se lamenter, et bien qu’inquiète, elle rebondit vers la vie. Elle part manger « des petits calamars frits ». Cette étonnante attitude est-elle symbolique du fil conducteur de sa vie, s’accrocher, résister aux blessures ?

L’auteur, rescapée des camps, ouvre une valise qui contient des lettres échangées avec les amours de sa vie. Elle décide d’en retranscrire certaines, en les replaçant dans le contexte de sa vie, et de réfléchir à ce que peut être l’amour quand on a connu l’horreur.

Le rythme de ce texte est très fort dès le début. Je suis très partagée sur ce livre. D’un côté, la thématique principale, sur la capacité à aimer, est fort intéressante. Par petites touches, l’auteur évoque l’horreur connue dans sa jeunesse, et le lecteur mesure la profondeur des cicatrices qui en résultent.

« […] tous les jours qui passent ne sont pas la vie, mais du rabe qu’on a lui a laissé et qu’elle n’a pas le droit de gâcher. » « Je suis une fille de Birkenau et vous ne m’aurez pas. »

Mais d’un autre côté j’étais souvent gênée dans ma lecture par une certaine impudeur à livrer ainsi aux lecteurs les lettres d’amour d’hommes parfois connus et/ou parfois encore vivants (pauvre Edgar Morin). J’avais parfois l’impression de lire les écrits d’une adolescente qui jette en pâture ses amoureux sans bien mesurer la puissance des sentiments en jeu.

« Tout le malheur de l’homme vient de ce qu’il ne sait pas rester enfermé dans une chambre. » (Pascal)

S 2-3Grasset, 162 pages, 16€

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« En camping-car » de Ivan Jablonka

camping carDepuis quelques années, le mot « camping » est régulièrement associé au film de Franck Dubosc, que l’on soit un adepte du camping avec ses places réservées, ses soirées, ses rituels… ou que l’on déteste ça pour les mêmes précédentes raisons.

Ici l’histoire n’a rien à voir, le lecteur est prévenu dès la deuxième page : « Nous avons la chance de voyager, de découvrir des pays […]. Il y a des gosses qui passent les vacances chez eux ou dans un quelconque camping des Flots bleus ». Dont acte.

L’auteur retrace ses étés vagabonds dans le camping-car familial, le combi Volkswagen qui permettait de passer des vacances simples mais de se déplacer partout, y compris à l’étranger, dans ces années où le camping sauvage était encore facilement accessible. Ce mode de vie est bien sûr un rêve pour un gamin ; même si certaines journées sont moins drôles que d’autres, que parfois l’ennui se transforme en d’interminables journées de lecture, c’est un univers propice à la rêverie et au développement de l’imagination.

« Je nous imaginais, avec notre camping-car et quelques ustensiles, capables de déménager du jour au lendemain, de rouler pour ne plus nous arrêter, pour ne jamais nous enraciner ; car se poser c’est attendre, les envahisseurs et les tortionnaires ».

Avec le recul, le petit garçon devenu adulte garde un souvenir tendre et heureux de ces étés-là. Le point de départ du livre est assez classique ; je suppose que vous avez déjà lu des tas d’ouvrages sur des souvenirs d’enfance. Ce qui est intéressant, c’est de voir ce que l’auteur fait de ses souvenirs. Ici, il ne se contente pas de les raconter, il s’en sert pour faire une analyse presque sociologique, il cherche à lier des choix au départ familiaux aux modes de vie et aux influences d’une époque (ainsi le combi familial devient un objet de consommation). Après avoir fait plusieurs récits de voyages, qui ressemblent aux souvenirs que l’on se raconte autour d’un album-photo, l’auteur prolonge son récit par des interrogations, une analyse sur les vacances selon le milieu social, l’époque, et parle aussi de liberté et de l’évolution de l’Europe.

J’ai aimé deux choses en particulier dans ce livre :

D’abord, ce que l’auteur raconte de valeurs acquises au cours de ses vacances : le combi l’a fait devenir « un citoyen européen » grâce à ses voyages, et lui a aussi appris l’écologie (économiser l’eau, se passer d’électricité…).

Ensuite ses souvenirs de vacances sont racontés avec beaucoup de pudeur et de tendresse, notamment envers la figure paternelle, dont le portrait est dressé avec une bienveillance toute filiale.

Ce joli livre vient d’obtenir hier le Prix Essai 2018 des lecteurs de France Télévisions, et je suis fière d’y avoir (un petit peu) contribué !

S 3-3Seuil, Prix Essai 2018 des lecteurs de France Télévisions

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«  Le saboteur » de Paul Kix

saboteurNi biographie, ni roman, ce livre est un peu les deux à la fois. C’est l’histoire (vraie) de Robert de La Rochefoucauld, descendant de François de La Rochefoucauld, le célèbre auteur des « Maximes ».

En 1940, il s’engage dans la Résistance et accomplit avec un immense courage de nombreux actes risqués, dont il se sort presque miraculeusement à chaque fois.

Son histoire personnelle, celle d’un héros, est aussi l’histoire d’un pays en guerre : le château familial est réquisitionné par les Allemands, on écoute De Gaulle en cachette. Robert rencontre d’ailleurs De Gaulle à Londres, mais préfère rejoindre le SOE, le Special Operations Executive de Churchill.

Tour à tour roman historique, roman d’aventures, à la fois plein de rebondissements et parsemé de passages douloureux comme les scènes de torture, le livre bouscule. Le sujet est traité avec réalisme, sans pathos, sans caricature, avec le sérieux nécessaire. J’ai pensé à l’excellente série télévisée « Un village français », par le traitement du sujet, mêlant les grands événements historiques et le quotidien d’un jeune homme dans la guerre.

Personnage courageux, héros qui s’ignore, il finira par reconnaître que la chance lui a aussi sauvé la mise à bien des reprises.

A noter, des citations de Jorge Semprun, belles et violentes : « Et sans doute l’être du résistant torturé devient-il un être-pour-la-mort, mais c’est aussi un être ouvert au monde, projeté vers les autres : un être-avec, dont la mort, éventuelle, probable, nourrit la vie. »

S 2-3Cherche Midi, 400 pages, 21€

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« Ceux qui désirent acquérir la grâce d’un prince» (extraits du « Prince ») de Machiavel

G00145_Ceux_qui_desirent_acquerir_Machiavel.indd« Un classique est un livre que tout le monde veut avoir lu, mais que personne ne veut lire . » J’utilise souvent cette citation de Mark Twain pour justifier de n’avoir pas (encore) lu certains livres incontournables. C’est le cas encore une fois pour « Le Prince » de Machiavel, dont j’ai très souvent entendu parler, dont je connais la destination du récit, mais que je n’avais pas lu – et pas vraiment l’intention de lire.

Les extraits publiés dans la collection « Folio Sagesses »sont un bon compromis pour résoudre cette « flemme ». Dans « Ceux qui désirent acquérir la grâce d’un prince… », on retrouve un condensé d’une centaine de pages de ce fameux texte du « Prince ». Donc soyons précis, je ne chronique pas ici l’oeuvre intégrale, mais uniquement ces extraits.

Première bonne surprise : pour un texte écrit au XVème siècle, je l’ai trouvé très abordable. Bien sûr il fait référence à des princes d’un autre lieu et d’autres temps, néanmoins le lecteur ne perd pas le fil.

Le texte, adressé comme une leçon à Laurent de Médicis, est découpé en chapitres qui suivent une vraie logique d’analyse ; et il suffit de lire les titres des chapitres pour savoir où veut nous emmener l’auteur dans sa démonstration.

Je ne suis pas sûre que ce soit un guide très opérationnel, mais on ne peut s’empêcher de chercher des champs d’application contemporains : dans la vie politique actuelle, et même dans la vie professionnelle, où jeux d’influence et jeux de pouvoir ont encore de beaux jours.

Si le nom de Machiavel est passé à la postérité sous un aspect peu flatteur, à la lecture de ce livre je le trouve plus « stratège » ou « politologue » que « machiavélique » au sens où on l’entend aujourd’hui.

S 2-3Folio Sagesses, 107 pages, 3,50€

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« Le Soldat XXè-XXIè siècle » sous la direction de François Lecointre, chef d’état-major des armées

soldatJe n’aurais pas imaginé que ce livre, si éloigné de mes lectures habituelles, m’intéresse autant. « Le Soldat » : d’emblée le titre place le lecteur sur le terrain de l’armée, de la guerre. Ecrit par un collectif de militaires, de professeurs, de spécialistes de la question militaire, c’est un livre que j’ai eu envie de découvrir car le « soldat », aujourd’hui, ce n’est plus seulement le militaire envoyé dans un lointain pays pour faire la guerre ; c’est aussi ces hommes et ces femmes que nous croisons maintenant tous les jours dans la rue.

Le livre est structuré autour de trois thèmes.

Le premier pose la question de l’engagement, et décrit les valeurs qui les motivent. C’est ce thème-là, tout d’abord, qui m’intéressait : comprendre ce qui motive ces hommes et ses femmes qui s’engagent, et identifier comment le rôle des soldats a évolué en un siècle.

Le deuxième thème se concentre autour de l’action, le cœur de métier, et analyse comment la technologie a fait bouger les lignes.

Le troisième thème, enfin, parle de la « vie d’après » et du retour au quotidien des militaires qui ont participé à un combat.

Après seulement quelques pages de lecture, j’étais déjà complètement plongée dans le livre, et j’ai sorti mon crayon de papier pour en souligner des passages qui m’interpellaient, des thèses que je trouvais intéressantes. Lire la suite

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« La Grande Arche» de Laurence Cossé

Ce livre est passionnant. Voilà, si vous n’avez pas le temps de lire l’intégralité de ma chronique, au moins saurez-vous qu’il ne faut pas passer à côté de cet ouvrage. Retracer l’histoire de la Grande Arche de la Défense pourrait s’apparenter à écrire un ouvrage d’architecture. Or ce projet a vécu tant de rebondissements, de… Lire la suite « La Grande Arche» de Laurence Cossé