J’adore les boutiques de musée. J’y trouve toujours des ouvrages discrets, des éditions méconnues ou devenues introuvables. Je peux citer plein d’exemples, de Paul-Emile Victor à Emma Calvé, mais aujourd’hui c’est (de nouveau) de Marcel Proust que je vais vous parler. La maison de la Tante Léonie a rouvert ses portes il y a quelques mois, et si je n’ai pas pu y être le jour de l’inauguration, j’y étais quand même le premier week-end (j’ai des lubies comme ça).
Et donc, dans la boutique souvenirs, il y avait ce livre de jeunesse écrit par Proust quand il avait 25 ans, et dont je n’avais jamais entendu parler.
D’abord le livre est un bel objet en soi, une édition qualitative qui reproduit la version originale avec de nombreuses illustrations. Je ne suis plus habituée à ce style de présentation dans les livres, et j’ai aimé cet objet au charme désuet et coquet.
Sur le fond c’est un assemblage de textes très courts, souvent des portraits, avec quelques tentatives – moins réussies – d’exploration sur d’autres genres, comme la poésie. C’est amusant de retrouver d’un côté l’œil perspicace que l’on connaît de Proust pour croquer les personnages, faire ressortir leurs petits vices ou leurs petites manières ; et d’un autre côté (sans être du tout une spécialiste de Proust), je n’ai pas reconnu son style d’écriture. Les phrases sont courtes (si si, c’est vrai), sans ambages. C’est étonnant, intéressant aussi car on mesure le cheminement dans la façon d’écriture, qui évolue au fil des années. Le cœur des histoires n’est pas passionnant en lui-même, mais je suis contente que ce petit livre un peu à part dans l’œuvre de Proust, ait rejoint ma bibliothèque.
Calmann-Lévy, 352 pages, 35€