Policier

« Memory », d’Arnaud Delalande

memoryLe point commun entre Albert, Myriam, Jean-Baptiste, David, Jeff, Caroline et Michel ? Ils sont tous pensionnaires d’un hôpital privé dont une antenne, appelée « Memory » est dédiée aux patients qui ont perdu la mémoire immédiate. Tous les huit ont subi un accident ou un traumatisme à partir duquel leur mémoire s’est arrêtée.

Lorsque l’inspectrice Jeanne Ricoeur arrive sur place, c’est pour enquêter sur la mort par pendaison d’un autre pensionnaire. La particularité est que les huit ont assisté à la pendaison, dans une pièce fermée, mais qu’aucun d’eux ne s’en souvient.

Jeanne est en plein deuil, elle vient de perdre son père adoptif, et la question de la mémoire la taraude car elle pense beaucoup à ses parents biologiques.

Le point de départ de l’histoire est bien trouvé, et utilise des codes (le huis-clos, la demeure perdue dans les montagnes enneigées) qui ont fait leurs preuves et sont des valeurs sûres. Le thème de la mémoire est particulièrement intéressant, et oblige le lecteur à s’interroger sur son propre rapport au temps et aux souvenirs – passons sur quelques paragraphes à vertu pédagogique dont le contenu aurait pu être amené différemment à mon avis.

J’ai lu l’ensemble du roman très vite ; même si le suspense n’est pas insoutenable, le texte donne envie d’enchaîner chapitre après chapitre. Je n’avais pas vu venir la résolution – mais j’avais imaginé des pistes plus tordues à vrai dire ! La solution arrive un peu trop tôt, donc les cinquante dernières pages n’apportent rien au récit.

A part ça le décor (Annecy, le lac, les montagnes, la neige,…) est idéal pour l’ambiance et assure un vrai dépaysement pendant la lecture.

S 2-3Cherche Midi, 320 pages, 18€

Cosy mystery·Policier

« Le mystère de la clef » de Patricia Wentworth

mystère clefJe trouve assez amusant de me dire que, près de 80 ans après leur parution, il aura fallu attendre le confinement de 2020 pour que je découvre les enquêtes de Miss Silver, et en version numérique en plus !

J’en suis maintenant à ma huitième lecture de la série. Comme d’habitude, Miss Silver n’interviendra qu’à partir de la moitié du roman. Avant cela, l’histoire s’ouvre dans un petit village, où un chercheur a été retrouvé mort après avoir fait « la » découverte scientifique de sa vie. Si tout laisse à penser qu’il s’est suicidé dans l’église du village, ceux qui le connaissaient bien ne peuvent se résoudre à admettre que ce soit un suicide. Mais qui aurait eu intérêt à le tuer ?

Comme toujours le lecteur va plonger dans les méandres d’un village où tout le monde paraît hors de soupçon, mais où beaucoup de gens ont finalement quelque chose à cacher. Il faudra toute la perspicacité de Miss Silver, doublée de sa capacité à faire parler les autres, pour faire progresser l’enquête.

Si le début de l’enquête est peu embrouillé, avec beaucoup de personnage, l’intrigue se resserre après le premier tiers du livre ; les suspects se multiplient, avant d’être innocentés les uns après les autres jusqu’à la résolution finale. Bref, je me suis fait avoir, et j’avais finalement beaucoup de mal à laisser ce livre de côté avant de l’avoir terminé ! Il y a aussi en toile de fond l’Histoire européenne et la montée du nazisme, ce qui donne à ce livre une profondeur particulière et enlève un peu de légèreté à ce cosy mystery bien mené.

S 3-312/21, 8,99€

Cosy mystery·Policier

« La première enquête d’Agatha » de M.C. Beaton

La-Premiere-Enquete-d-AgathaLes amateurs de la série des Agatha Raisin apprécieront la lecture de cette courte nouvelle retraçant les premiers pas professionnels de la jeune Agatha. Tout juste sortie de sa banlieue, loin d’une famille alcoolique et d’un premier mari violent, elle n’a qu’une envie : réussir. Son rêve ultime, vous le connaissez déjà, est d’acquérir un jour une maison dans les Cotswolds. C’est en acceptant une tâche ingrate dans l’agence de communication où elle travaille qu’elle rencontre un homme dont elle va défendre l’image, et qui va la récompenser en l’aidant à monter sa propre agence.

On y lira furtivement la première apparition de Roy, mais bien sûr tous les autres personnages emblématiques n’ont pas encore fait leur apparition. Je ne suis pas sûre que la nouvelle séduira ceux qui n’ont jamais lu une « vraie » aventure d’Agatha, mais les autres seront contents de retrouver une jeune Agatha le temps de quelques pages.

S 3-3Albin Michel, ebook gratuit

Cosy mystery·Policier

« Christmas Pudding » d’Agatha Christie

christmas puddingDécidément Agatha Christie est indémodable ! Dans « Christmas Pudding » – que j’avais sûrement lu il y a bien longtemps, mais que j’ai redécouvert avec beaucoup de plaisir – on retrouve toute la quintessence des textes de la « reine du crime » au travers de six nouvelles. Cinq d’entre elles mettent en scène Hercule Poirot (mon préféré) et la dernière Miss Marple.

Le recueil s’ouvre avec « Christmas pudding » : Hercule Poirot enquête sur le vol d’une pierre précieuse. Il en profite pour se faire inviter dans une famille qui fête Noël dans le plus pur respect des traditions :

« l’arbre de Noël, les bas pleins de friandises suspendus au lit, la soupe aux huîtres, la dinde – deux dindes, en fait, l’une bouillie et l’autre rôtie -, le plum-pudding avec la bague, le bouton du célibataire et toutes les autres babioles dedans ».

Ambiance de saison garantie, j’ai adoré !

Dans « Le Mystère du bahut espagnol », c’est une soirée entre amis respectables qui vire au drame lorsqu’un corps est retrouvé le lendemain matin dans un coffre qui était au milieu de salon pendant toute la soirée.

Dans « Le souffre douleur », c’est un drame dans le plus pur style Christie qui se joue : un homme a été tué et Poirot doit déméler les fils des disputes familiales et autres secrets bien gardés , le tout dans un huis-clos et avec la traditionnelle scène de la réunion de famille où le coupable sera confondu.

Les trois dernières nouvelles, plus courtes, sont des petits bonbons offerts aux lecteurs, exercices de styles basés sur des petites énigmes.

Ce « Christmas Pudding » est un petit bijou du genre !

S 3-3Ed. du Masque, 230 pages, 5,60€

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 22) : Du lard ou du cochon » de M.C. Beaton

agatha t22 lardCe tome des aventures d’Agatha Raisin, directrice d’une agence de détectives et grande gueule légendaire, commence sur les chapeaux de roue et d’une manière beaucoup plus violente que d’habitude. Je n’avais pas lu la quatrième de couverture (car je lirai de toute façon tous les tomes!), et si vous voulez garder le suspense, arrêtez-vous ici.

Pour les autres, voici comment l’histoire commence : dans une période pleine d’ennui, Agatha propose à ses amis de l’accompagner à une fête médiévale organisée dans un village voisin du sien, où la principale attraction sera un cochon rôti à la broche. Sauf que le cochon en question a un tatouage sur la cuisse, détail qui fait comprendre à Agatha que c’est un humain qui a été embroché.

La suite du roman connaîtra quelques autres passages glauques ; heureusement que l’on retrouve aussi les petites fantaisies d’Agatha et de ses amis pour donner un peu d’air !

A l’enquête s’ajoutent aussi les petites histoires de l’agence de détectives ; Toni, la plus jeune de l’agence, est au coeur de l’histoire parallèle depuis qu’Agatha a découragé son amoureux de s’engager avec elle et que, par dépit, le jeune homme a rejoint l’armée.

L’histoire est un peu alambiquée mais j’aime trop cette série (qui touche bientôt à sa fin) pour m’en formaliser vraiment. La fin sent un peu le déjà-vu, j’aurais aimé un petit rebondissement final comme dans d’autres précédents tomes.

S 2-3Albin Michel, 324 pages, 14€

Policier

« Le suspendu de Conakry » de Jean-Christophe Rufin

suspendu ConakryJ’ai lu beaucoup de livres de Jean-Christophe Rufin, certains que j’ai aimés (« Globalia », « Immortelle randonnée »,…), d’autres qui m’ont moins plu (« Le Grand Coeur », « Le collier rouge »). Une chose est sûre : c’est un auteur qui sait me surprendre, tant ses textes abordent des thèmes variés.

Avec la série de « Aurel le consul », c’est encore une autre facette de son écriture que je découvre. Aurel Timescu est Consul de France en Guinée. Il n’a rien – mais vraiment rien du tout – de l’image que l’on peut se faire d’un Consul. Dans ce premier tome, la mort déguisée en suicide d’un riche expatrié qui vivait sur un bateau intrigue particulièrement Aurel. Alors, lui qui s’ennuie d’habitude, toujours relégué au second plan, sans mission particulière à effectuer, y voit une occasion d’occuper son esprit et de libérer ses petits cellules grises – comme dirait un autre personnage bien célèbre.

Si l’histoire est de facture assez classique, l’intrigue sans prétention, j’ai trouvé le personnage de Aurel particulièrement intéressant : atypique dans la littérature, avec plein de ficelles romanesques à exploiter. C’est un personnage que je n’ai ni aimé ni détesté, simplement je l’ai trouvé différent. Je lirai volontiers les deux autres tomes.

S 3-3Folio, 304 pages, 8€

Cosy mystery·Policier

« Un intérêt particulier pour les morts » de Ann Granger

lizzie t1 et 2La collection « Grands détectives » de 10/18 ne me déçoit jamais, j’y ai déjà lu avec délice les aventures de Nicolas Le Floch, de Miss Silver, de Victor Legris… Et la liste s’allonge désormais avec Lizzie Martin.

1864. A 29 ans, Lizzie se retrouve orpheline après le décès de son père. Après une jeunesse passée près des mines de charbon, où son père officiait comme médecin, Lizzie doit rejoindre Londres. Elle y a trouvé une place de dame de compagnie auprès de Tante Parry, la veuve de son parrain.

Mais à peine arrivée à Londres, Lizzie assiste à une scène qui aurait fait frémir toute autre jeune femme : un corps a été retrouvé dans un immeuble en cours de démolition, à l’emplacement de la future gare de St Pancras. Or elle découvre que le corps retrouvé est celui de l’ancienne dame de compagnie de Tante Parry ! Une enquête est ouverte, menée par le jeune inspecteur Ben Ross, qui a connu Lizzie dans son enfance.

La mise en place de l’intrigue est un peu longue, mais j’ai adoré l’ambiance de cette Angleterre victorienne, entre souvenirs de la mine et vie londonienne (ah, la bibliothèque de Tante Parry!). L’enquête est simple mais bien menée, et le personnage de Lizzie assez intéressant – elle est plutôt moderne, simple et pas mijaurée pour un sou. On comprend progressivement que, si Lizzie est la principale héroïne de cette intrigue, son chemin devrait croiser à nouveau celui de Ben Ross dans les prochaines enquêtes – et puisque j’ai acheté un livre dans un format qui regroupe les deux premières enquêtes, je lirai forcément la deuxième.

S 3-310/18, 14,90€ pour le volume regroupant les 2 premiers tomes de la série

Cosy mystery·Policier

« Son espionne royale et le collier de la reine » de Rhys Bowen

son espionne t5 collierAlors que le tome précédent avait fait voyager Lady Georgiana vers la froide Transylvanie, cette fois-ci la jeune femme, membre de la famille royale, quitte Londres pour le soleil de la Côte d’Azur. Dans le Train bleu qui la mène à Nice, elle fait la connaissance de Coco Chanel qui, séduite par cette jeune anglaise, décide d’en faire l’égérie de son prochain défilé de mode. Un comble pour Georgie qui n’a pas un penny pour s’acheter une nouvelle robe !

Mais derrière les paillettes, Georgie ne doit pas oublier la raison de sa présence à Nice : elle a promis à la Reine d’Angleterre de retrouver une tabatière qui a été volée à celle-ci. La Reine soupçonne Sir Toby Tripoter. Or justement, le « hasard » fait que Georgie est logée dans la maison voisine de celle de Sir Toby.

Décidément, j’aime de plus en plus cette série littéraire, où les traditions anglaises côtoient un souffle de modernité. Georgie évolue de tome en tome, elle « grandit », sort davantage, envisage enfin une vie amoureuse, est sur le chemin de la réconciliation avec sa mère, et prête à prendre sa vie en main. Et puis, un peu de soleil en ce moment, cela fait du bien pour le moral ! L’enquête est assez anecdotique, c’est surtout un prétexte pour mettre Georgie dans des situations variées et proposer quelques rebondissements. J’ai hâte de découvrir le prochain !

S 3-3Robert Laffont, 360 pages, 14,90€

Cosy mystery·Policier

« Son espionne royale et la fiancée de Transylvanie » de Rhys Bowen

son espionne t4 transylvanieQuittons pour une fois l’Angleterre où vit Laday Georgiana. En effet, la reine l’a chargée de représenter la famille royale au mariage de la princesse de Roumanie, avec laquelle Georgiana est allée à l’école.

Voilà donc la timide mais non moins débrouillarde Georgiana en route vers la Transylvanie, et plus particulièrement dans le château de Bran. Pour l’accompagner, elle a été obligée d’engager une bonne et, faute de moyens et d’arguments, a dû se résoudre à embaucher Queenie, une jeune femme maladroite, impolie, et qui ne connaît rien aux usages de la cour. Ce nouveau personnage est aussi amusant qu’affligeant, et l’on sent très vite qu’en faire un personnage récurrent de la série sera l’occasion de raconter bien des maladresses !

Sur place, rien ne se passe comme prévu, et l’organisation du mariage s’annonce moins glamour qu’on aurait pu l’imaginer. L’ambiance de ce tome est assez différente des précédents, car Georgiana se trouve à l’étranger, et surtout dans un château à l’atmosphère glaçante, où des vampires semblent avoir élu domicile. Les personnages sont plus sombres, heureusement il y a beaucoup d’humour et Georgiana est de plus en plus attachante. Quant à son histoire avec Darcy, elle avance doucement – mais sûrement.

S 3-3Robert Laffont, 360 pages, 14,90€

Cosy mystery·Policier

« Son espionne royale et la partie de chasse » de Rhys Bowen

espionne t3Je gardais un souvenir mitigé de la lecture des deux premiers tomes de la série « Son espionne royale… » mais j’ai persévéré ! Il se trouve que je regarde en ce moment la série « The Crown » sur la reine Elisabeth II et, ô hasard, elle apparaît justement dans ce troisième tome – elle n’est encore qu’une petite fille, son père n’est que le second fils du couple régnant, et rien ne la prédispose donc directement à devenir la future reine d’Angleterre. Bref, cela m’a amusée de retrouver des personnages (le Prince de Galles et sa maîtresse Wallis Simpson notamment) que je venais de voir dans la série.

Revenons à l’histoire. Georgie, alias Lady Georgiana de Rannoch, née de sang royale mais très loin dans l’ordre de succession au trône, est toujours en quête d’idées pour gagner de l’argent – la noblesse n’étant pas toujours synonyme de richesse. Inspirée par une anecdote racontée par son amie Belinda, elle décide de proposer ses services comme dame de compagnie pour des hommes séjournant seul à Londres. La chaste Georgie est loin d’imaginer que sa démarche va être mal interprétée !

L’histoire aurait pu mal tourner, et pour éviter que le scandale ne s’ébruite, Georgie accepte de rendre un service à la police et de partir au Château de Rannoch ; près de Balmoral, elle pourra ainsi surveiller la famille royale, qui semble être l’objet d’une menace. En effet, le frère de Georgie a été grièvement blessé sur un piège, et d’autres membres de la famille royale sont victimes d’étranges « accidents ».

Comme dans les précédents tomes, je me suis un peu perdue dans les multiples cousins à divers degrés, mais j’ai retrouvé avec plaisir Belinda l’effrontée ou encore Darcy – même si j’espère que l’auteure fera progresser un peu plus rapidement l’inévitable histoire d’amour entre Darcy et Georgie.

S 3-3Robert Laffont, 360 pages, 14,90€