Roman

« Retour à la villa aux étoffes (tome 4) » de Anne Jacobs

9782264080646ORI1930. La crise économique fait rage, et oblige les Meltzer à revoir leur train de vie. L’usine ne tourne plus qu’à moitié, l’atelier de Marie accumule les impayés. Paul est au bord de l’épuisement. Lisa est devenue mère plusieurs fois, et a pris la tête de l’organisation de la villa, tandis que Kitty garde son inépuisable enthousiasme.

Les enfants, quant à eux, tracent leurs chemins : Dodo ne rêve que de machines et d’avions, tandis que son frère Leo s’obstine à viser la perfection au piano.

J’ai retrouvé avec plaisir tous les personnages dans ce quatrième tome, heureuse de constater que l’auteure fait grandir doucement les enfants sans en faire tout de suite les personnages principaux. Je n’aurais pas voulu quitter trop vite Marie et Paul, Kitty, Lisa, pour ne suivre que les aventures de leurs enfants. Et l’histoire pourtant ne s’essouffle pas : il se passe toujours quelque chose à la Villa, chez les maîtres ou chez les domestiques – d’ailleurs il y a toujours de beaux personnages aussi dans l’équipe de maison.

600 pages, c’est encore un beau pavé à lire, mais l’histoire est prenante et je ne me suis jamais perdue parmi les très nombreux personnages – pour moi c’est une preuve que c’est bien écrit !

J’arrive au bout des 4 premiers tomes ; il en existe un 5e dont j’attends impatiemment la sortie en poche fin mai pour poursuivre ma lecture !

S 3-3Ed 10/18, 624 pages, 10,10€

Roman

« L’héritage de la villa aux étoffes » (tome 3) d’Anne Jacobs

9782264079084ORIAvant de commencer la lecture de ce troisième tome, je craignais que l’auteure, pour relancer l’histoire, nous fasse faire un bond dans le temps et passe à la génération suivante de personnages (les enfants de Paul et Marie, ceux de Kitty). Mais le roman commence en 1920 (et non 1923 comme le mentionne la 4e de couverture…), dans une relative continuité du précédent. La guerre est terminée ; Paul a repris sa place à la tête de l’usine, et Marie est à peine remerciée d’avoir sauvé l’entreprise familiale. Pour lui trouver une occupation, Paul lui achète un atelier de couture. Mais cela ne suffit pas à apaiser les relations au sein du couple. Entre les complots que mène en permanence la gouvernante des enfants, et le mépris de Paul envers les tableaux de la mère de Marie, c’en est trop : Marie quitte la villa avec ses enfants.

Quant à Elisabeth, exilée en Poméranie, elle ne trouve pas auprès de Sebastian Winckler la réciprocité sentimentale qu’elle avait espérée.

Après un démarrage un peu lent, je me suis à nouveau captivée pour cette famille, ses aventures domestiques et celles de leurs employés. C’est toujours très rythmé, et comme il y a beaucoup de personnages c’est autant de ficelles narratives à exploiter. L’arrivée d’un personnage détestable (la gouvernante) pimente aussi l’histoire – je m’étonnais de ne pas trouver ce genre de personnage dans les deux premiers tomes.

Je suis prête pour le quatrième tome !

S 3-3Ed.10/18, 648 pages, 10,10€

Roman

« Les filles de la villa aux étoffes » (tome 2) d’Anne Jacobs

9782264078148ORIJe me réjouissais de retrouver la famille Meltzer dans ce deuxième tome.

1916. Marie a épousé Paul. C’est une bonne nouvelle et le signe que cette saga ne tourne pas en rond, que l’histoire progresse entre les personnages. Pourtant l’intrigue met un peu de temps à démarrer. Comme j’ai déjà acheté les tomes 3 et 4, j’ai eu un moment de doute et me suis demandé si je ne m’étais pas précipitée dans ces achats…

Mais finalement j’ai aimé ce deuxième tome aussi, en retrouvant Marie, Kitty et Elisabeth face à leurs préoccupations d’adultes, obligées de laisser leurs enfantillages derrière elles quand les hommes partent à la guerre.

La guerre, d’ailleurs, prend une place importante dans ce livre (un peu trop au début surtout, avec le domestique Humbert dont je me souvenais à peine).

Ce roman est une lecture plaisante, dans la tradition des sagas familiales avec des histoires croisées, de beaux personnages (des forts, des lâches, des fourbes,…) et sans caricature. On partage les doutes, les chagrins, et le temps d’une lecture on a l’impression d’être une petite souris se promenant d’un étage à l’autre de cette « villa aux étoffes ». Je lirai le troisième tome, sans hésitation.

S 3-3Ed 10/18, 696 pages, 10,10€

 

Roman

« La villa aux étoffes » (tome 1) d’Anne Jacobs

La-villa-aux-etoffesAmateurs de sagas familiales, ne passez pas à côté de ce roman !

La comparaison affichée par certains romans avec des livres ou séries à succès est monnaie courante, et je m’agace régulièrement de voir des comparaisons avec Agatha Christie ou Downton Abbey qui ne sont basées sur rien de concret – juste des arguments pour vendre…

Mais cette fois-ci, la comparaison avec Downton Abbey est vraiment justifiée ! L’histoire se passe certes en Allemagne, mais sinon de nombreux ingrédients sont réunis : une riche famille, dont on suit les hauts et les bas ; des domestiques qui font partie intégrante de la vie de la maison ; et les destins qui se croisent entre ces deux mondes.

Alors bien sûr, il y aussi plein de divergences ; en particulier la famille Meltzer n’est pas aristocrate mais une famille d’industriels. Quelques mots, d’ailleurs, sur cette famille. Johann, le patriarche, est à la tête de l’usine de tissus qui a fait sa fortune, et n’entend pas laisser sa place trop vite à son fils Paul, qu’il juge bon à rien. Paul a deux sœurs, aussi différentes que le jour et la nuit : Kitty, de consistance fragile, est une artiste fantasque ; tandis qu’Elisabeth est la plus raisonnable – mais aussi celle à qui on accorde moins d’attention.

Ce petit monde où les chamailleries sont fréquentes est bousculé par l’arrivée de Marie, une nouvelle domestique que Johann Meltzer cherche à aider, tout en affichant une hostilité permanente à son égard.

Ce roman, premier d’une série de cinq, est un joli pavé de plus de 600 pages, mais je ne me suis pas ennuyée un seul instant ! J’ai aimé suivre ces personnages, leurs petits défauts, leurs secrets, et je suis prête à lire le deuxième tome !

En 2022, j’avais lu avec frénésie les six tomes de « Blackwater » et, dans un style très différent (et beaucoup plus de pages !), me voici prête à lire toute cette série. J’imagine déjà suivre la famille Meltzer sur plusieurs générations, mais je garde la surprise et ne lirai pas les résumés.

En avant pour le deuxième tome !

S 3-310/18, 648 pages, 10,10€

Policier

« Le chalet des disparus » de Ruth Ware

9782265155589ORIJ’adore les romans de Ruth Ware, petits bijoux de thrillers psychologiques comme je les aime. Dans « Le chalet des disparus », j’ai retrouvé ce que j’avais aimé dans ses précédents romans : un quasi huis clos, des personnages mi-anges mi-démons, des faux-semblants, une énigme.

Dans un chalet perdu en haute-montagne, toute l’équipe d’une start-up est en séminaire. L’ambiance est tendue entre les membres de l’équipe, et Erin et Danny, les deux hôtes du chalet, font de leur mieux pour que le séjour se passe bien. Jusqu’à ce que l’un des participants du séminaire disparaisse. Et ce n’est pas un accident…

Roman idéal pour l’hiver, sur fond de paysages enneigés et de chalet isolé, j’ai eu du mal à le poser. Les chapitres sont très courts, rythmés, parsemés de fausses pistes… Un bon page-turner, quoi !

Le dénouement arrive un peu vite (la clé principale de l’intrigue est révélée environ 100 pages avant la fin), mais j’ai quand même beaucoup apprécié cette lecture jusqu’au bout. Et j’ai noté pour de futures lectures les titres de Ruth Ware que je n’ai pas encore lus !

S 3-3Fleuve éditions, 432 pages, 22,90€

Essai / Document

« Frida Kahlo, au-delà des apparences » (catalogue de l’exposition) 

81433_xlAujourd’hui se termine l’exposition « Frida Kahlo, au-delà des apparences » au Palais Galliera. Les réservations étaient complètes depuis 4 semaines, j’avais la chance d’avoir mon billet depuis longtemps et d’avoir pu y aller il y a quelques jours.

Je connais déjà assez bien la vie et l’oeuvre de cette artiste mexicaine iconique, donc je n’ai pas découvert grand-chose via les (nombreuses) photos et (quelques) tableaux exposés. En revanche, la présentation d’objets plus personnels, retrouvés dans la « Casa Azul », sa maison bleue, est très émouvante : j’ai été très sensible en particulier à la présentation de ses corsets (dont l’un en plâtre), sa prothèse de jambe, ses chaussures à talon renforcé. Son passeport, un télégramme en français, quelques lettres, sont des pièces plus anecdotiques mais qu’il est toujours plaisant de découvrir.

Je suis (évidemment!) ressortie avec le catalogue de l’exposition. C’est une très bonne surprise, car il reprend certes des photos de pièces de l’exposition, mais il va bien au-delà et propose des textes sur plusieurs thématiques : « La construction de l’identité de Frida Kahlo : handicap, ethnicité et vêtements » ; « Frida Kahlo : poser, composer, exposer » ; « Frida à Paris. Ne jamais passer inaperçue dans la vie » entre autres articles…

Même si vous n’avez pas vu l’exposition, le catalogue est passionnant si vous voulez aller encore plus à la rencontre de cette artiste hors-norme.

S 3-3Paris-Musées, 42€

Cosy mystery·Policier

« Les dames de Marlow enquêtent (tome 2) – Il suffira d’un cygne » de Robert Thorogood

marlow2Quel plaisir de retrouver les drôles de dames de Marlow ! J’ai résisté à l’envie de lire la version papier dès sa sortie, préférant attendre la version audio. J’avais tellement ri en écoutant la version audio du premier tome !

J’ai retrouvé dès le début de l’écoute les voix de Judith, Becks et surtout Suzie, à travers la voix de Rachel Arditi. Sa lecture est géniale, les voix collent bien aux personnages et les rendent uniques. C’est un vrai plaisir d’écoute, je crois que j’aurais pu écouter tout le roman audio d’un coup !

Quelques mots sur l’histoire (quand même). Devenue célèbre grâce à l’aide qu’elle a apportée dans une première enquête, Judith est conviée par un notable de Marlow à une réception qu’il donne avant son mariage avec une jeune femme. Craint-il qu’un meurtre soit commis, pour souhaiter la présence de cette enquêtrice hors normes ?

Malheureusement pour lui, c’est lui-même qui décède lors de la réception. Et les trois dames de Marlow, Judith la verbicruciste, Suzie la promeneuse de chiens (elle me fait trop rire) et Becks la femme du vicaire, reconstituent leur trio pour enquêter… à leur manière, et au plus grand désarroi de l’enquêtrice officiellement en charge de l’affaire ;

C’est drôle, original, rythmé, et lu avec beaucoup de talent par Rachel Arditi. J’espère tellement qu’il y aura une suite !

S 3-3Audiolib, lu par Rachel Arditi, 9h11 d’écoute, 24,90€ pour la version CD

Cosy mystery·Policier

« Le crime est notre affaire » d’Agatha Christie

9782253038375-001-TJe poursuis le challenge du #ReadChristie2023 ; ce mois-ci le thème de « l’objet contondant » m’a amené à (re)lire « Le crime est notre affaire » (même si le choix de ce livre n’est pas immédiat car c’est un recueil de nouvelles, j’ai choisi de suivre la préconisation « officielle » du challenge de février).

J’avais déjà lu ce roman il y a de nombreuses années, et je n’en avais pas gardé un souvenir mémorable. En revanche, je me souviens très bien des adaptations cinématographiques avec Catherine Frot et André Dussolier ! Alors, certes, ils sont un peu loin de Tommy et Tuppence Beresford (les héros) qui ont 25 ans dans le livre, mais j’ai gardé le souvenir de films très plaisants.

Tommy et Tuppence, mari et femme, aiment s’amuser et se taquiner. Halte à l’ennui ! Ils décident de reprendre une agence de détectives… à leur manière, facétieuse et théâtrale. Le livre est composé d’une dizaine de nouvelles, chacune étant une enquête indépendante. Le format de nouvelles permet de bien rythmer la lecture, même si j’ai trouvé les histoires assez inégales (avec pour certaines des fins évidentes). Les deux personnages principaux sont en revanche plus sympathiques que dans mon souvenir, et je me suis surtout amusée de leurs mises en scène pour épater leurs clients.

S 2-3Le Livre de poche, 252 pages, 6,40€

Policier

« Un œil bleu pâle » de Louis Bayard

9782749176352ORIAvant de lire ce livre, je ne connaissais pas le film qui en est inspiré. J’ai donc découvert cette histoire de A à Z.

Première moitié du XIXe siècle. Gus Landor, un civil, participe à l’enquête interne menée après la mort d’un élève officier. Mort particulière, puisque le coeur et les parties génitales de la victime ont été prélevés.

Pour avancer dans son enquête, Gus Landor a besoin de quelqu’un du sérail. Il choisit un élève pour lui apporter des informations – et pas n’importe quel élève : le jeune Edgar Poe, poète en herbe, qui se révèle un enquêteur zélé.

Le parti pris du roman (faire de Poe le personnage central, bien avant qu’il soit publié et célèbre) est plutôt une bonne idée, même si je ne savais jamais ce qui appartenait au personnage ou avait réellement existé.

L’univers de l’école militaire aurait pu être ennuyeux, mais finalement cela ne nuit pas à l’histoire car le lieu n’est pas central dans l’histoire et le drame aurait pu se produire dans n’importe quelle école ou n’importe quel pensionnat strict de jeunes hommes.

Le duo formé par Gus Landor et Edgar Poe fonctionne bien, les deux personnages ont deux personnalités différentes qui se complètent.

J’ai en revanche trouvé beaucoup de longueurs dans le roman : pour me tenir captivée sur 700 pages, j’ai besoin de plus de rebondissements, plus de rythme ou plus d’attachement pour les personnages.

La fin est assez inattendue et plutôt bien trouvée. J’aurais juste aimé quelques bonnes trouvailles comme celle-là distillées dans le reste du roman.

S 2-3Le Cherche Midi, 688 pages, 21€

Roman

« Les filles d’Egalie » de Gerd Brantenberg

LesFillesDEgalie_PLAT1BandeauCe roman me faisait de l’œil depuis longtemps – mais que voulez-vous, j’ai beau lire une belle quantité de livres chaque année, je ne peux évidemment pas lire toute la production littéraire qui me fait envie… Enfin, voilà un livre de plus qui rejoint les chroniques de ce blog. Le premier constat est que ce livre ne ressemble à aucun autre. Il fait la part belle au féminin sous toutes ses formes, et d’abord dans l’écriture.

Imaginez un roman où tout est écrit au féminin, y compris (et surtout), toutes les expressions que l’on utilise au masculin sans même s’en rendre compte. Ce roman aurait pu commencer par « Elle était une fois… » car tout est écrit au féminin. A l’heure de l’écriture inclusive, cela pourrait sembler déjà vu, mais détrompez-vous car le jeu d’écriture va beaucoup plus loin. Il faut aussi remettre le roman dans son contexte : il a été écrit en 1977, ce qui en fait un texte particulièrement en avance sur son temps, qui questionne notre rapport au masculin dans la langue.

Et quel défi de traduction ! C’est toujours difficile de juger d’une traduction quand on ne lit pas simultanément le texte original et sa version traduite, mais ici on ne peut que saluer l’énorme travail que la traduction a dû représenter, car on imagine qu’il y avait plein de pièges qui auraient pu faire basculer le texte traduit vers la réussite ou vers des lourdeurs. Ici c’est très bien fait, et certaines trouvailles sont de petits bijoux de langage.

Mais quelle gymnastique de lecture ! Plus d’une fois j’ai dû relire des phrases pour en comprendre le sens.

La forme l’emporte à mon avis sur le fond ; je n’ai pas trop accroché à l’histoire, mais peut-être que j’étais trop concentrée sur l’écriture pour me plonger totalement dans le récit. Le point de départ était pourtant tout aussi original : au bal des débutants, le fils de la présidente ne veut pas devenir un homme-objet… Tout un programme !

S 2-3Zulma, 384 pages, 22€