Cosy mystery·Policier

« Petits meurtres à Endgame » d’Alexandra Benedict

9782266337748ORILecteurs amateurs d’Agatha Christie, avez-vous aimé l’ambiance huis-clos de « Ils étaient dix » ? et le Noël enneigé de « Christmas Pudding » ? Alors mélangez ces deux ambiances et plongez-vous sans hésiter dans « Petits meurtres à Endgame » !

A quelques jours de Noël, Lily revient dans le manoir familial : un jeu de piste y a été organisé par sa défunte tante. Pour ses cousins, c’est l’occasion de résoudre des énigmes qui permettront à l’un d’entre eux d’hériter du manoir ; pour Lily, c’est la quête de vérité sur le suicide de sa mère.

Entre mensonges, non-dits et vengeance, les fêtes en famille ne se déroulent pas dans l’allégresse ! Le début du roman est un peu brouillon et le point de départ de l’histoire un peu fastidieux, mais très vite j’ai été rattrapée par la curiosité de comprendre les 12 énigmes posées, et de voir où elles allaient mener. Jeux de mots et anagrammes sont nombreux, les énigmes sont quasiment impossibles à résoudre (pour moi en tout cas !) mais leur solution est toujours claire. Finalement le roman se lit très vite. Il y a bien quelques questions qui ne trouvent pas complètement de réponse logique, mais l’ambiance de cette enquête l’emporte sur le reste.

J’avais repéré ce livre dès sa sortie l’an dernier, et l’ai attendu en poche cet hiver : ça valait le coup ! La même auteure a publié cette année « Meurtres sur le Christmas Express », je le note déjà pour guetter sa sortie en poche (j’espère) dans un an !

S 3-3Pocket, 456 pages, 9€ (trad. Laura Bourgeois)

Roman

« Karoo » de Steve Tesich

142890_couverture_Hres_0Ne vous fiez pas aux néons représentés sur la couverture : la vie de Saul Karoo ne fait pas que briller. Il est pourtant un scénariste ultra recherché par les producteurs de cinéma. Sa spécialité ? Récrire les scenarii médiocres pour les transformer en chefs d’oeuvre. Alors forcément Karoo a la grosse tête, c’est un personnage assez détestable qui vit entre luxe et alcool (j’ai souvent pensé au héros de « American Psycho », même si c’est une lecture trop lointaine pour que je m’en souvienne avec précision). Il représente l’Amérique aisée des années 1980 / 1990.

C’est embêtant de ne pas pouvoir vous dire ec qui va changer dans sa vie, mais sinon je vais vous dévoiler un rebondissement qui n’arrive que vers la page 200 ! Sachez qu’une femme va faire son entrée dans la vie de Karoo de manière inattendue, et changer malgré elle les projets de cet homme.

Le personnage de Karoo est agaçant, et le début du livre ne fait pas de lui un personnage sympathique ! L’histoire est plutôt maline et de bonne construction, mais il y a beaucoup trop de longueurs, notamment autour de l’alcool, des femmes, de son divorce raté… Même si tout concourt à comprendre le personnage et à mettre en place le décor de l’intrigue, c’était un peu trop long à mon goût.

S 2-3Points, 600 pages, 8,90€

Cosy mystery·Policier

« Cosy Christmas Mystery (tome 1) : Retour à St Mary Hill » de Carine Pitocchi

9782221271469ORIL’idée de lire un cosy mystery qui se déroulerait sur la période de Noël m’a tout de suite séduite. Et comme en plus j’ai trouvé la couverture très jolie, je n’ai pas hésité longtemps, et j’ai rapidement acheté ce roman, puis l’ai gardé à portée de main dans ma PAL pour le lire « au bon moment »…

Jo-Ann est une célèbre scénariste. Lorsqu’elle quitte son compagnon, elle se réfugie, seule et ruinée, dans la maison héritée de sa tante, dans le petit village de St Mary Hill. Elle y est bientôt rejointe par son neveu, un ado sympa, et par sa meilleure amie, la fidèle Daisy. Sur place, elle retrouve aussi Lawrie, son amour de jeunesse… qui est devenu pasteur.

Jo.. Lawrie… les lecteurs qui connaissent bien « Les Quatre filles du Dr March » auront saisi le clin d’oeil…

L’histoire aurait pu s’arrêter là, et être une romance de Noël ; mais le titre annonçait un « cosy mystery », et donc il y a bien un mystère qui arrive : le décès de la tante de Jo ne serait pas dû à la vieillesse ; d’autres morts suspectes de dames âgées ont eu lieu dans les environs.

Ce n’est pas l’enquête qui m’a le plus intéressée dans ce roman : elle démarre assez tard, et il n’y a pas vraiment de progression dans l’enquête, de pistes / fausses pistes etc. Le dénouement de l’enquête arrive d’ailleurs de manière inattendue, avec des éléments de réponse rapidement fournis. Mais l’essentiel du plaisir de lecture est ailleurs, dans l’ambiance. J’aurais aimé un tout petit peu plus de rythme, et que la carte de l’ambiance de Noël soit exploitée encore plus (le titre, la couverture, y font tellement référence que je m’attendais à ce que l’histoire soit encore plus ancrée dans la saison des festivités).

Un tome 2 semble prévu, je n’ai pas compris si la série était intitulée « Cosy Christmas Mystery » et que les autres tomes se dérouleraient tous à Noël. Je vais suivre cela !

S 2-3Robert Laffont, coll. La Bête noire, 342 pages, 15,90€

Roman

« Prendre la vie comme elle vient » de Carène Ponte

9782265156388ORIJusqu’ici, je n’avais lu de Carène Ponte que ses « romans de Noël », des condensés d’humour et de bons sentiments que j’avais beaucoup aimés. Avec « Prendre la vie comme elle vient », sorti il y a plusieurs mois et qui attendait son tour dans ma PAL, je découvre une autre facette de ses romans. Le thème de départ de celui-ci n’est guère joyeux : Alice, qui entame doucement sa crise de la quarantaine, voit sa vie basculer lorsque Aymeric, son mari et grand amour, est victime d’un terrible accident de voiture.

La vie, ensuite, aura le choix entre plusieurs voies.

Et Alice, face à ses doutes, en plein questionnement sur sa vie, sur son rêve inabouti de devenir championne de patinage, qui a renoncé à devenir mère après plusieurs fausses couches traumatisantes, devra s’adapter, en toutes circonstances.

Le roman surfe sur des thèmes immuables, le couple, les choix de vie, la vie qui bascule. Rien d’original mais rien de déplaisant non plus, d’autant plus que Carène Ponte a un style rythmé et vivant qui se lit très bien.

Le livre est très court et se lit en deux heures environ. Le temps quand même de suivre ce couple dans son passé, son présent, et ses avenirs possibles. Un format plus long n’aurait pas été utile, et aurait risqué de délayer les sentiments. Le piège a été évité.

S 2-3Fleuve éditions, 272 pages, 18,90€

Roman

« Complètement cramé ! » de Gilles Legardinier

9782266337281ORIQuand un riche industriel anglais, qui aurait l’âge de prendre sa retraite, décide de prendre plutôt du recul et de partir en France, c’est le début d’un roman qui va forcément parler des choix de vie et des chemins que l’on prend (ou pas).

Quand cet Anglais décide en plus de se faire passer pour un majordome afin d’être embauché dans un manoir, c’est le début de l’aventure.

Et quand il découvre dans ce manoir une propriétaire nostalgique, une cuisinière bougonne, une jeune femme de ménage un peu paumée et un jardinier timide, on sait que les situations amusantes ne manqueront pas.

C’est le premier livre de Gilles Legardinier que je lis, grâce à un jeu concours qui m’a permis de gagner cette édition collector. Le format, avec sa couverture rigide, est d’ailleurs très agréable et rend ce « poche » un peu différent.

Quant à l’histoire, elle est fort sympathique, pas toujours crédible mais qu’importe. Avec un peu d’humour et de situations décalées, c’est une lecture plaisante. J’ai plutôt passé un bon moment avec ces personnages tous attachants, même si j’ai trouvé quelques longueurs. Le personnage principal et ses acolytes ont chacun quelque chose de touchant, et les bons sentiments, ça fait du bien aussi !

S 2-3Pocket, 9,90€ dans cette édition

Audio·Roman

« Des bleus à l’âme » de Françoise Sagan

Capture d'écran 2023-11-23 204513J’aime beaucoup les romans de Françoise Sagan. Je me souviens avoir emprunté il y a quelques années tous ses romans disponibles à la bibliothèque, avant d’acheter finalement la (quasi ?) intégrale de ses œuvres dans l’excellente collection Quarto de Gallimard.

J’étais curieuse de découvrir une version audio de l’un de ses textes, et par ailleurs je ne connaissais pas celui-ci… c’est donc une double découverte !

Et j’ai adoré !

Le texte en lui-même est très original, car c’est à la fois un roman (qui reprend les personnages de « Château en Suède », la pièce de théâtre de Sagan) mais avec tous les commentaires de l’auteur en plein milieu du roman – et pourquoi elle fait ce choix, et ce qu’elle pense de ses personnages, etc. Donc on situe très bien le moment où elle écrit ce texte (1972), où elle était (en Normandie), et plus globalement son état d’esprit en l’écrivant, ses contrariétés, les raisons de ses choix,… C’est comme si elle commentait par dessus mon épaule le roman que j’étais en train de lire !

La deuxième raison pour laquelle j’ai adoré cette version audio, c’est l’interprétation de Lola Naymark. Je pèse mes mots: ce n’est pas juste une lecture, c’est une interprétation. Car elle lit la partie roman d’une voix neutre, et la partie commentée avec une autre voix, dans une imitation juste et sans caricature de l’auteure (c’est bluffant!). Donc non seulement Sagan me commentait son roman, mais en plus j’entendais sa voix ! C’est une belle prouesse et c’est vraiment très très réussi.

Il y a des textes qui sont faits pour être écoutés plus encore que pour être lus, et celui-ci en fait clairement partie !

L’histoire d’Eléonore et Sébastien est finalement anecdotique (même si elle m’a donné envie de relire « Château en Suède »).

Un très bon livre, qui méritait d’être édité en version audio !

S 3-3Audiolib, 4h05 d’écoute, 21,90€ en version CD

Cosy mystery·Policier

« Les Trois Dahlia (tome 1) : Meurtres à Aldermere House » de Katy Watson

9782749177359ORILes livres dont l’ambiance est comparée à celle des romans d’Agatha Christie provoquent toujours en moi un mélange d’intérêt (car j’adore Agatha Christie) et de méfiance (car trop de livres se revendiquent dans sa lignée et en sont en réalité très éloignés).

Je dois dire que pour ce livre-là, les références et les clins d’œil sont tellement nombreux qu’il est impossible de ne pas penser à Agatha Christie dans quasiment chaque chapitre !

Il y a notamment un personnage dont le souvenir est à l’origine de l’histoire du roman, et qui ressemble furieusement à Agatha Christie : Lettice Davenport, auteure de romans policiers de 1930 à 1970, dont les romans ont connu un immense succès, et dont l’œuvre continue à rayonner encore de nos jours – vous voyez le parallèle avec Agatha Christie, n’est-ce pas ?

Lors d’une convention organisée pour la promotion d’un nouveau film inspiré de ses romans, les fans de Lettice Davenport se réunissent dans la grande demeure familiale qui l’a inspirée et où elle a vécu (on pense à la maison d’Agatha à Torquay). Sont également présentes trois femmes, les trois interprètes de son héroïne Dahlia Lively (mélange d’Hercule Poirot, de miss Marple et de Tuppence Beresford) : Rosalind, la première à l’avoir interprétée au cinémal ; Caro, qui l’a rendue célèbre au cinéma ; et Posy la nouvelle interprète pour le cinéma.

Les « trois Dahlia », malgré leurs différences, vont devoir allier leurs connaissances des enquêtes lorsque la convention tourne au drame.

Tous les ingrédients étaient réunis pour me plaire : l’ambiance, les références à Agatha Christie, et même ce trio de femmes. J’ai adoré le début. Mais ensuite… c’était long… Il faut attendre 200 pages avant que le meurtre ait lieu et que l’enquête démarre. Ensuite, l’enquête est lente, pleine de tergiversations inutiles, sans même de réelles fausses pistes pour donner du rythme.

J’ai beaucoup aimé l’ambiance et les personnages, mais j’ai été déçue par l’intrigue. Un deuxième tome est annoncé, je ne sais pas encore si j’aurai envie de le lire.

S 2-3Le Cherche Midi, 544 pages, 15,90€

Audio·Roman

« Une nuit particulière » de Grégoire Delacourt

Capture d'écran 2023-11-17 175407Il y a toujours dans les romans de Grégoire Delacourt un mélange de douceur et de gravité, et « Une nuit particulière » est construit avec ces mêmes ingrédients. Les deux personnages, Aurore et Simeone, se rencontrent une nuit de désarroi. Aurore vient d’être quittée par son mari, le grand amour de sa vie, et cherche du réconfort ; elle trouve Simeone sur son chemin, et ensemble ils vont vivre quelques heures inattendues, construites sur des douleurs et une quête de survie parmi les épreuves de la vie.

La bonne idée de cette version audio est de faire une lecture à deux voix (celle d’Aurore, celle de Simeone), parfois en duo, parfois dans des chapitres à une seule voix. La voix de Simeone contraste beaucoup avec celle d’Aurore, ce qui surprend un peu au début de leurs échanges, mais prend tout son sens dans la deuxième partie, dont il est le personnage principal.

C’est une lecture toute en douceur, avec un mélange de mélancolie, de profondeur et d’amour, qui s’écoute volontiers le soir dans la quasi-pénombre pour être complètement dans l’ambiance de cette nuit hors du temps.

S 3-3Audiolib, 3h46 d’écoute, 20,90€ pour la version CD

Manga

« A la recherche du temps perdu », adaptation en manga par le collectif Variety Artworks d’après Marcel Proust

9782302064089-001-XMa découverte de l’œuvre de Proust est assez originale. Pour ceux qui n’ont pas suivi mes précédentes chroniques, j’avais d’abord commencé par lire le texte original, qui m’est tombé des mains et que je n’ai pas rouvert pendant des années. Puis j’ai découvert les premiers tomes de la formidable adaptation en BD par Stéphane Heuet, un petit bijou visuel qui se base sur le texte original et qui m’a donné envie de réessayer de lire Proust dans le texte. Et quand j’ai lu la chronique d’un lecteur sur cette adaptation en manga, j’ai été intriguée. Quel challenge de synthétiser toute la « Recherche » dans un manga de 384 pages ! Les éditeurs ont pris la précaution de mettre un encart au début du livre pour préciser que c’est une adaptation qui ne dispense pas de la lecture des romans, comme une première approche pour découvrir ces textes. Et c’est exactement comme ça que j’ai abordé ce livre, comme on verrait un film avant de lire le livre. Cela donne les grandes lignes, cela permet de situer les personnages, et pour le reste, allez lire le roman…

Je ne suis pas du tout une experte de Proust et n’ai pas tout lu de son œuvre. Pour ce que j’en connais, je trouve que malgré les larges coupes indispensables pour tenir dans un format court, et malgré un ordre qui me paraît modifié dans le déroulé, on retrouve bien les personnages clés, les passages incontournables, et les conclusions métaphysiques de l’auteur, son rapport au temps,… Donc cela fonctionne plutôt bien et la promesse initiale est tenue !

Une particularité de ce manga est qu’il se lit comme un livre européen et non pas dans le format japonais des mangas.

Je ne suis pas très fan des bruitages écrits et des commentaires pour préciser les attitudes des personnages, qui n’apportent pas grand-chose ici, les dessins étant déjà réussis et expressifs.

Sans forcément reprendre le texte initial comme dans la BD de Stéphane Heuet, quelques phrases incontournables (« longtemps je me suis couché de bonne heure » etc) auraient apporté la cerise sur le gâteau.

En tout cas c’est vraiment une bonne entrée en matière à mettre dans les mains de tous ceux qui n’arrivent pas à lire les romans mais sont curieux d’en découvrir l’histoire et les personnages.

S 3-3Editions Soleil, 384 pages, 8,50€

Roman

« Missouri 1627 » de Jenni Hendricks et Ted Caplan

Capture d'écran 2023-11-11 170826Voilà à quoi sert un club de lecture : à s’ouvrir à des livres qu’on n’aurait pas lus spontanément, à lire des livres pour ado quand on a passé l’âge.

Les auteurs de « Missouri 1627 » revendiquent d’avoir eu le projet d’écrire un « livre drôle sur l’avortement ».

Bon, il faut quand même nuancer : disons que c’est un livre qui parle d’avortement mais sans pathos, avec des digressions dans l’histoire qui apportent un peu de légèreté et de folie adolescente.

L’histoire est celle de Veronika, major de sa promo, lycéenne modèle promise à un parcours brillant. Lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte, son monde s’écroule. Elle ne peut pas garder cet enfant sans compromettre ses projets universitaires ; elle ne peut pas non plus avorter car ses parents s’y opposeraient et, dans l’État des Etats-Unis où elle vit, leur autorisation est indispensable.

Alors contre toute attente, c’est auprès de Bailey, la fille la plus étrange du lycée, qu’elle va trouver de l’aide. Et voilà les deux ado lancées dans un road trip sans temps mort pour parcourir les 1627 kilomètres qui les séparent de la première clinique qui acceptera de procéder à un avortement sans autorisation parentale.

L’écriture est vive, le propos intelligent, nuancé. Même si la volonté des auteurs était de proposer un traitement différent du sujet, ils ont su apporter les bon équilibre dans le ton et ne pas sous-estimer les doutes et les questions de Veronika. Si le propos est clairement favorable au droit des femmes à disposer de leur corps, il ne banalise pas la démarche, décrit les rendez-vous médicaux préalables de manière très directe, ainsi que les effets post-opératoires.

Comme je le disais plus haut, ces passages sérieux sont entrecoupés de scènes cocasses, notamment celle avec le petit-ami qui n’en ressort pas grandi, ou les différentes courses poursuites, changements de véhicules, etc, qui font progresser le récit à une cadence infernale avec cette question en fil rouge : Veronika arrivera-t-elle à l’heure à son rendez-vous ?

S 3-3Bayard, 368 pages, 15,90€