Poésie

« Retrouver la douceur » de Cécile Coulon

9791027808106ORI-1-600x880J’avais été très touchée par « Les Ronces », le joli recueil de poésie de Cécile Coulon, qui est devenu l’un de mes livres de chevet. Lorsque je suis allée au Festival du livre de Paris, je n’ai donc pas hésité longtemps (disons même : pas du tout hésité) devant son nouveau recueil, « Retrouver la douceur ».

Je l’ai lu par petits bouts, quelques poèmes un jour, quelques poèmes la semaine suivante, au gré de l’humeur, comme j’aime toujours le faire avec la poésie.

J’ai retrouvé dans ce recueil le style de Cécile Coulon – et c’est beau de dire d’une auteure de poésie qu’elle a un style bien à elle ! Même poésie du quotidien, même écriture sans rime mais pas tout à fait en prose, même mélange de fragilité et de rudesse.

J’ai marqué plein de pages du recueil avec de petits autocollants ; j’aime relire les passages que je préfère dans les poèmes, j’aime me souvenir de ce que je vivais au moment où je les ai notés, et me rappeler pourquoi ils m’ont touchée. Je vous en cite quelques extraits en commentaires.

On manque de poésie dans nos vies. Ça fait pourtant du bien d’en lire. Surtout des recueils comme celui-ci.

S 3-3Le Castor Astral, 169 pages, 16€

BD

« Bohème à Paris » d’Andi Watson et Simon Gane

Capture d’écran 2025-05-04 181634L’une est Américaine, l’autre Anglaise.

La première est artiste peintre, la deuxième est une jeune fille de bonne famille, prête à être mariée.

Toutes deux se rencontrent dans le Paris des années 1950. Juliet, l’artiste américaine, doit réaliser le portrait de Deborah. Toutes deux partagent un amour de l’art, et très vite elles développent des sentiments l’une pour l’autre, bien que tout les oppose en apparence.

C’est une agréable bande dessinée qui rend hommage au Paris artistique, et qui emmène le lecteur dans les caves de Saint Germain des Prés, devant les œuvres du Louvre ou encore à Belleville.

Le trait est atypique mais assez original (même si les visages de certains personnages sont bizarres – pauvre Georges !). Le choix du noir et blanc en bande dessinée me déroute toujours un peu (je préfère les BD en couleur), puis finalement j’ai pris ce choix comme un parallèle avec un vieux film en noir et blanc des années 1950. Cela m’a mise dans l’ambiance ! Mais en réalité l’histoire pourrait se dérouler à plusieurs époques, y compris de nos jours. L’intrigue est assez classique, mais j’ai aimé l’ambiance de la BD à travers différents clins d’oeil à des quartiers emblématiques de Paris.

S 3-3Locus Solus, 144 pages N&B, 22€. BD reçue dans le cadre d’une « Masse critique ».

Roman

« La Louisiane » de Julia Malye

Capture d’écran 2025-05-02 170855Il y a des romans dont chaque chapitre est un petit coup de poing, et ce roman-ci en fait partie. C’est un roman de femmes, ou plutôt un roman sur des parcours de femmes. Elles sont de toutes jeunes filles (quinze ans parfois) à quitter en ce jour de 1720 la Salpêtrière, embarquées plus ou moins malgré elles dans un bateau qui va traverser l’Atlantique. Orphelines, avorteuses, criminelles : leurs passés chargés avaient fait d’elle des prisonnières dans cette institution qu’est la Salpêtrière. Alors l’exil vers la Louisiane pourrait être un nouveau départ. On attend d’elles qu’elles deviennent des épouses pour les colons qui y sont installés, et bien sûr des mères de famille.

Mais ce « nouveau départ » se transforme vite en cauchemar. Je m’attendais, à la lecture de la quatrième de couverture, à un parcours de résilience et à une lumière au bout du chemin. Mais il est question de viols, de mariages forcés, de femmes battues… rares sont celles qui trouveront un peu de salut. L’ambiance est pesante, et si j’ai aimé cette lecture, j’ai parfois dû la poser (surtout le soir avant de dormir !). Certains passages sont elliptiques et comme les filles, une fois mariées, changent de nom, il m’est arrivé de me perdre un peu dans leurs vies.

Ce roman raconte aussi (j’allais dire : surtout) l’éternelle douleur des femmes, leurs luttes pour ne pas être enceintes, leurs luttes pour le devenir plus tard (le personnage de Geneviève, la « faiseuse d’anges », est central dans le livre), la violence que les hommes leur imposent… Ce qui m’a frappée dans ce livre, c’est le manque d’amour…

N’oubliez pas de lire la postface de l’auteure pour comprendre ses sources d’inspiration, et mesurer, s’il en était besoin, le travail de huit années de recherches qui a permis d’aboutir à ce roman historique.

S 3-3Le Livre de poche, 576 pages, 10,40€

En anglais·Roman

« Gatsby le magnifique » de Francis Scott Fitzgerald

8758.1740652207« Un classique est un livre que tout le monde voudrait avoir lu, mais que personne ne veut lire » disait Mark Twain.

« Gatsby le magnifique » faisait pour moi partie de ces romans dont j’avais maintes fois entendu parler, sans jamais m’y confronter. C’est la jolie édition bilingue que les éditions « Les Belles lettres » m’ont proposé de découvrir qui m’a donné envie de lire enfin ce texte.

J’ai lu le roman essentiellement en français, mais je me suis référée plusieurs fois au texte originel – en particulier parce que la traduction proposée ici est celle de 1926 et il me semble (bien que n’étant pas traductrice) que certaines tournures de phrases ou expressions seraient traduites différemment aujourd’hui.

Nick Carraway s’est installé à New-York, dans le West Egg, et vit modestement à côté de son voisin – le fameux Gatsby – qui est plutôt flambeur et donne régulièrement de somptueuses fêtes. La cousine de Nick, Daisy, est mariée à Tom, archétype de l’Américain moyen de l’entre-deux guerres, qui n’est pas rendu sympathique au lecteur. Si le début du roman s’étale en bavardages de voisinage, mesquineries, et autres heures d’ennui, on découvre progressivement des liens entre personnages, et l’histoire prend son envol.

J’ai trouvé le texte assez daté – dans le sens où on situe facilement l’endroit, l’époque, avec des marqueurs très forts qui ont ancré dans mon esprit une image très nette des personnages. Les échanges entre les personnages, leur mentalité, les pensées des femmes, les attitudes des hommes, reflètent une époque.

Il y a quelques passages un peu trop elliptiques à mon goût, même si l’histoire n’en pâtit pas au final. La deuxième partie du roman est plus sombre, c’est la partie où l’ordre établi se retrouve bousculé définitivement.

Voilà donc un classique que je suis contente d’avoir lu !

S 2-3Les Belles lettres, édition bilingue Anglais-Français, 362 pages, 15,90€ (partenariat)

Cosy mystery·Policier·Roman

« Agatha Raisin enquête (tome 35) – L’heure du crime » de M.C Beaton et Rod Green

9782226481221-jPetit plaisir de lecture, j’ai sorti de ma pile à lire le dernier tome en date de la série « Agatha Raisin ».

Dans ce tome, Agatha est encore sur tous les fronts : son ami Charles organise une fête de charité, il lui donne à résoudre une énigme vieille de plusieurs siècles, et après l’achat d’une pendule ancienne aux enchères, l’antiquaire qui l’exposait dans sa vitrine se fait assassiner… et pendant ce temps, John son nouvel amour l’attend à Majorque…

C’est toujours un bonbon de lecture, il faut prendre cette série pour ce qu’elle est : une petite douceur sans prétention, avec des personnages qui évoluent assez peu (ou alors par palier) mais que je prends toujours plaisir à retrouver. L’intrigue de ce tome n’est pas extraordinaire, un peu trop simple, et la fin est assez brouillonne. Mais qu’importe, j’ai passé de bons moments de lecture.

J’ai déjà évoqué sur ce blog mon agacement que le nom du nouvel auteur de la série ne soit pas mentionné sur la couverture – d’autres héros, comme Hercule Poirot, ont une vie « assumée » après le décès de leur auteur. Je ne vois pas où est le problème. Agatha Raisin a ses « fans », ils la suivront même après M.C Beaton.

S 3-3Albin Michel, 288 pages, 14,90€

Roman

« Toujours le Nord » de Vicky Jarrett

9782382671924-600x840Énorme coup de cœur !

Ce roman est atypique, captivant, dérangeant, dépaysant.

Il a d’abord atterri dans mon sac au Festival du livre de Paris, après avoir feuilleté plusieurs ouvrages sur le stand des éditions Mnemos – une jolie découverte, encore.

L’histoire est celle d’Isobel, programmeuse informatique sur un navire parti en exploration pétrolière dans l’Arctique. Malgré ses réticences à participer à une exploration dont elle n’approuve pas la finalité économique, elle fait le job avec son binôme Grant. Cette partie du récit vaudrait à elle seule de lire ce roman, tant le texte est beau et retranscrit merveilleusement bien à la fois les pensées (pas toujours roses) d’Isobel, et l’ambiance à bord du bateau. J’ai été marquée il y a quelques années par le récit autobiographique de Paul-Emile Victor sur ses années passées au Groenland, et j’ai retrouvé une certaine ambiance similaire dans ce roman.

Le roman n’aurait pu être « que » cela, un récit d’explorateur. Mais une catastrophe va se produire sur le bateau, et on retrouve Isobel vingt ans plus tard, dans un monde transformé, elle-même marquée à vie par ce qu’elle a vécu.

Il y a une grande tension dans ce roman, qui crée une urgence de lecture. J’ai aimé l’histoire, le rythme, l’écriture. J’ai enchaîné les chapitres en me disant qu’il était exactement le roman que j’avais envie de lire en ce moment. Comme une rencontre évidente avec un livre.

Isobel est un personnage marquant, femme dans un univers d’hommes, courageuse malgré les blessures, pas une héroïne mais une femme pleine de failles, de défauts, et pourtant inoubliable.

N’hésitez pas un instant, foncez lire ce roman !

S 3-3Mnemos, 252 pages, 21,50€. Traduit de l’anglais par Olivier Berenval, qui eu la gentillesse de me dédicacer mon exemplaire.

Roman

« Le livre des passages » d’Alex Landragin

Capture d’écran 2025-04-16 162557Quand j’ai eu ce livre entre les mains, j’ai d’abord trouvé que c’était un bel objet, avec sa couverture cartonnée et les multiples symboles dessinés dessus. Je reviens du Festival du livre de Paris, et j’ai pu y constater à nouveau dans mes flâneries à quel point je suis sensible aux couvertures. Donc, c’était déjà un bon point.

Mais la forme ne remplace pas le fond, qui heureusement s’est révélé à la hauteur de mes attentes ! J’ai beaucoup aimé ce livre atypique, et je l’ai lu en quelques jours, y revenant chaque fois avec une curiosité renouvelée.

Dans ce roman en trois parties, le coeur de l’intrigue est basé sur la capacité de certains personnages à effectuer des « passages », c’est-à-dire à échanger leur âme avec celle d’une personne qu’ils regardent fixement dans les yeux. La première partie, assez courte, est centrée sur un texte inédit de Baudelaire. La deuxième partie, quatre-vingts ans plus tard, sur une vente aux enchères du manuscrit de ce texte. Et la troisième, sur l’histoire originelle des « passages » qui sont le fil rouge de l’histoire, jusqu’à former une boucle qui donne le sens à la première partie.

Les trois textes sont complémentaires mais très différents, jusque dans l’écriture, ce qui révèle un certain talent de l’auteur pour créer des univers distincts, à des époques variées. Si vous n’êtes pas adeptes d’ésotérisme, qu’importe, on se laisse prendre au jeu de ces transferts d’âmes d’un corps à l’autre – avec toutes les questions éthiques que cela peut poser, au-delà de l’aspect purement romanesque. C’est à la fois un roman d’aventures, un roman exotique, qui fait voyager le lecteur de Paris jusqu’au bout du monde, dans un récit captivant difficile à lâcher.

Précision sur la forme, le livre peut se lire soit de manière « classique », page après page (c’est ce que j’ai fait), soit en suivant un autre ordre indiqué au fil de l’eau. J’ai testé l’ordre mélangé, et je n’y ai pas trouvé d’intérêt, je suis donc revenue à la lecture « classique ».

S 3-3Le Cherche Midi, 456 pages, 26€ (partenariat)

Fantasy

« Le nom du vent » de Patrick Rothfuss

Capture d’écran 2025-04-12 172300S’attaquer à ce roman, c’est découvrir mille histoires en une. C’est accepter de se laisser transporter dans un univers où vivent quelques créatures étranges (arachnophobes, s’abstenir) et où s’opère une forme de magie de l’énergie (le sympathisme). Mais ce serait tellement réducteur de s’arrêter là. Et je ne voudrais surtout pas décourager ceux qui ne sont pas familiers de fantasy, car ce roman est avant tout un formidable voyage initiatique.

Le récit commence dans une taverne, où l’arrivée de Chroniqueur, un homme sachant écrire et faire des récits, donne l’opportunité à Kvothe, le propriétaire des lieux, de transmettre l’histoire de sa vie.

Ainsi débute le récit d’un jeune homme élevé au milieu d’une troupe de comédiens et qui, marqué par le massacre de ses parents, entame un long chemin tourné vers la connaissance et la maîtrise des énergies.

Ce gros pavé de près de 800 pages serait bien difficile à résumer, car Kvothe va rencontrer sur sa route de nombreux personnages (alliés ou ennemis), vivre mille aventures, et je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir de les découvrir par vous-même.

Dès les premières pages, j’ai aimé le style de l’auteur, le choix des mots, et sa capacité à m’entraîner dans un univers construit de toutes pièces. J’ai mis pas mal de temps à arriver au bout du livre car je l’ai parfois posé (aussi pour des questions pratiques, car le grand format est très imposant et donc pas facile à glisser dans un sac!). J’aurais peut-être dû attendre une période plus propice aux longues heures consécutives de lecture. Mais qu’importe ! J’ai retrouvé un élan dans les cent dernières pages, et j’ai conclu cette lecture avec le même plaisir que je l’avais démarrée. Le final laisse le lecteur un peu sur sa faim (heureusement ma bibliothécaire m’avait prévenue!). Il existe un deuxième tome, tellement conséquent qu’il a été publié en deux parties. Je n’exclus pas de les lire, mais je vais patienter un peu et revenir à des lectures moins chronophages entre deux.

S 3-3Bragelonne, 792 pages, 25€

Policier·Roman·Young adult

« Meurtre mode d’emploi (tome 2) : Disparition inquiétante » de Holly Jackson

9782203222526Alors que Pippa enregistre une série de podcast relatant l’enquête qu’elle avait menée dans le premier tome, elle apprend que Jamie, le frère de l’un de ses amis, a disparu. Puisque son absence n’émeut pas la police, Pippa – qui s’était pourtant juré de ne plus enquêter – reprend du service. Grâce à son podcast et à sa notoriété, elle espère recueillir suffisamment d’indices pour retrouver Jamie rapidement – si tant est qu’il soit encore en vie.

On retrouve dans ce deuxième tome toute l’énergie de l’adolescente de 17 ans, pleine de volonté, de convictions et de courage. La justicière 2.0 est devenue une quasi vedette (autant admirée que détestée) ; cette fois-ci elle enquête surtout avec le frère de Jamie, mais Ravi, qui est officiellement devenu son petit ami, reste présent dans l’histoire.

Il faut impérativement lire les tomes dans l’ordre, car le début de ce roman s’ouvre par un résumé complet de la première enquête. Il y a aussi beaucoup de personnages récurrents (il n’est pas indispensable de se souvenir de tous, mais disons qu’il y a une continuité). Quant à Pippa, elle est fidèle à elle-même : « si on veut que quelque chose soit bien fait, il faut le faire soi-même ».

Pour le reste, la trame est aussi efficace que dans le premier tome, avec des fausses pistes et des événements un peu mystérieux (qui trouvent tous leur explication, rassurez-vous). La fin est un peu trop mélodramatique pour moi, mais dans l’ensemble j’ai apprécié ce roman et l’ai lu très rapidement.

S 3-3Casterman, 528 pages, 17,95€

Policier·Roman·Young adult

« Meurtre mode d’emploi (tome 1) : Présumée innocente » de Holly Jackson

9782203228610J’aime bien les romans pour ado. Je les trouve souvent plus efficaces, plus directs et plus rythmés que de nombreux romans pour adultes. Surtout parmi les romans policiers. « Meurtre mode d’emploi » est un roman que j’avais repéré depuis longtemps, et je suis contente de l’avoir enfin lu. Le titre est un peu trompeur, puisqu’il s’agit en réalité d’une enquête, un cold case plus précisément, qu’une ado de 17 ans cherche à résoudre.

Cette ado, c’est Pippa. Elle habite une petite ville dans laquelle une jeune fille a été tuée cinq ans auparavant. Un jeune homme a été accusé, mais il s’est suicidé peu après. L’enquête a été classée. Il n’y a pas eu de jugement. Mais Pippa est persuadée que le jeune homme était innocent. Sous couvert d’un devoir pour le lycée, Pippa rouvre l’enquête avec Ravi, le frère du présumé assassin. La liste des suspects est longue, Pippa soupçonne tour à tour des ados et des adultes. Heureusement on suit facilement ses raisonnements et sa logique d’enquête, et malgré de nombreux personnages je n’ai jamais été perdue dans l’enquête.

Pippa est un personnage attachant, même si elle est un peu trop parfaite pour être crédible. C’est une ado sage, raisonnable, très travailleuse, qui entretient avec ses parents des relations très saines, qui est entourée d’amis fidèles, qui est brillante dans tout ce qu’elle entreprend… C’est aussi un personnage qui dégage beaucoup d’énergie, qui a des convictions, et qui se bat pour réhabiliter un jeune homme dont elle est convaincue de l’innocence.

J’ai soupçonné beaucoup de personnages, et le suspense reste entier jusqu’aux ultimes rebondissements des dernières pages. J’ai bien aimé cette lecture, et le tome 2 m’attend déjà !

S 3-3Casterman, 528 pages, 17,95€