BD

« La vraie vie d’Agatha Christie » d’Anne Martinetti, Guillaume Lebeau, Alexandre Franc

AgathaCPNGAprès avoir lu plusieurs BD adaptées des romans d’Agatha Christie, je me suis tournée vers cette BD qui est une biographie de l’auteure.

On y découvre une Agatha tourmentée, qui rêve de liberté et qui semble trouver pesante la célébrité de ses personnages. Hercule Poirot, en particulier, est présenté comme un personnage envahissant, présent auprès de l’auteure un peu comme un miroir de sa conscience, et plutôt mal-aimé par sa créatrice.

Le dessin est agréable ; la narration perturbe un peu au début, car elle n’est pas linéaire mais fait se succéder une série de moments clés dans la vie d’Agatha Christie. Le lecteur découvre des moments de sa vie très liés à ce qu’elle en a raconté dans ses romans ou pièces de théâtre.

La BD laisse un sentiment mitigé, autour d’une femme décrite comme pas vraiment heureuse – ou en tout cas en quête perpétuelle de quelque chose (la liberté?).

S 3-3Marabulles

BD

« Miss Marple à l’Hôtel Bertram », adapté en BD par Olivier Dauger et Dominique Ziegler, d’après Agatha Christie

couv_9782889369843_1_0C’est la troisième adaptation BD d’un roman d’Agatha Christie que je lis. La collection est assez inégale de mon point de vue, il y a certaines adaptations dont les dessins ne me plaisent pas du tout – mais celle-ci me plaît ! Ce sont les mêmes scénariste et dessinateur que « Un cadavre dans la bibliothèque ».

Ce tome est très réussi. J’ai aimé l’ambiance dans le vieil hôtel Bertram, un peu hors du temps, où Jane Marple passe quelques jours en souvenirs de vacances qu’elle passait ici dans sa jeunesse.

Les dessins sont bien réalisés, j’ai aimé les couleurs utilisées (dès la couverture d’ailleurs!), la typographie est facile à lire.

Seul bémol, je n’ai pas compris l’intérêt de laisser certaines phrases en anglais « How do you do », « Long time no see » etc). Ce n’était pas utile, on est déjà plongés dans l’ambiance londonienne.

S 3-3Editions Paquet, 16€

BD

« La mystérieuse affaire de Styles » , adaptée en BD par Romuald Gleyse et Jean-François Vivier d’après Agatha Christie

couv_9782889325573_1« La Mystérieuse affaire de Styles » est le premier roman d’Agatha Christie. Un siècle après sa première publication, l’intrigue est toujours efficace, et son adaptation en bande dessinée permet aux amateurs du genre de redécouvrir ce classique.

On découvre Hercule Poirot dans sa première aventure. Ami du capitaine Hastings, qui revient de la guerre, il fait connaissance avec des amis de celui-ci, la famille de John Cavendish. Or la belle-mère de John est retrouvée morte empoisonnée. Le détective belge commence alors une enquête parallèle…

La bonne idée de cette adaptation en BD est d’avoir été fidèle à l’œuvre originelle sans reprendre 100 % des codes attendus. Le personnage de Poirot, par exemple, est dessiné assez différemment de ce que l’on pourrait imaginer : il n’a pas de « crâne d’œuf », porte des moustaches très fines, et ne ressemble pas à son interprète le plus célèbre, David X. En revanche le rythme de l’enquête, le processus de déduction et les fausses pistes sont bien dans la lignée de l’œuvre d’Agatha Christie. Les couleurs sont attrayantes, l’histoire bien adaptée, cela fonctionne très bien.

Je n’avais pas été totalement convaincue par la version BD de « Un cadavre dans la bibliothèque », j’ai bien fait de poursuivre mon exploration de cette collection – où les auteurs / dessinateurs sont différents d’une BD à l’autre. Celle-ci est une belle adaptation réussie. D’autres titres de la collection m’inspirent moins, mais j’ai remarqué « Miss Marple à l’hôtel Bertram », qui sera sans doute ma prochaine « BD Christie » !

S 3-3Editions Paquet, 16€

Roman

« Les bouffeurs anonymes » de Marie Aline

9791033911319-1642005469C’est une chronique sur un autre blog qui m’a donné envie de lire ce roman. J’avais bien compris que les « Bouffeurs anonymes », version alimentaire des « Alcooliques anonymes », se réunissaient et parlaient nourriture dans une société (à peine) futuriste, qui a limité à leur strict minimum les apports en gras / sucre / sel etc.

Je pensais que le roman regorgerait de recettes de cuisine, de descriptions alléchantes de plats gourmands, bref de quoi faire saliver le lecteur. Même pas. Bien sûr, il est fait référence à la cuisine, mais le livre réussit le (triste) exploit de ne pas m’avoir donné faim – bizarre pour un livre sur des « bouffeurs ».

Il y a quand même quelques bonnes trouvailles sur les dérives d’un Etat qui voudrait tout contrôler, et des références à la pandémie de Covid ou à notre société contemporaine.

HarperCollins

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 30) : Bonnet d’âne ! » de M.C Beaton

9782226459145-jAvoir mis un âne sur la couverture de ce tome est une bonne idée car… c’est un peu le personnage principal !

Agatha a été embauchée pour une histoire d’espionnage industriel (c’est une thématique nouvelle dans ses enquêtes). Trompée par son flair, elle se fait piéger en découvrant une mise en scène de faux meurtre. Pourtant, quelques jours plus tard, un vrai meurtre est commis. Les apparences accusent Wizz-Wazz, une ânesse, qui aurait tué d’un coup de sabot. Mais Agatha ne croit pas à la culpabilité de l’ânesse, et voilà la riche et chic Agatha au secours d’une vieille ânesse puante !

C’est un bon tome, qui se renouvelle en allant chercher des thématiques un peu différentes. L’histoire ne s’éparpille pas, les personnages sont assez peu nombreux. Le dénouement n’est pas surprenant.

Quant à la vie sentimentale d’Agatha, elle connaît un nouvel espoir avec l’arrivée de Chris. J’avoue avoir été un peu déstabilisée, il me semble que l’ellipse narrative entre le précédent tome et celui-ci est un peu trop marquée (ou alors j’ai raté quelque chose !), au point que j’ai vérifié 2 fois que je n’avais pas oublié de lire un tome !

Il ne me reste plus que 2 tomes à lire (1 seul est déjà sorti pour l’instant). Je me demande comment la série finira – si elle finit vraiment, car c’est le décès de l’auteure qui y a mis un terme.

S 3-3Albin Michel, 14€

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 29) : Sonnent les cloches » de M.C Beaton

9782226444240-j« Je n’ai accès ni aux analyses des experts ni aux rapports d’autopsie, ce qui m’oblige à miser sur mon intuition et à essayer de deviner, comme au bon vieux temps. »

Voilà comment Agatha Raisin décrit elle-même sa méthode de travail. Je crois que c’est la première fois qu’elle commente ainsi son métier de détective. Et ce résumé représente justement ce qui fait le succès de cette série : pas d’analyse scientifique ou de rapport de police, ici c’est l’intuition qui permet de résoudre les enquêtes.

Ce 29e tome est réussi ; il n’y a que M.C. Beaton pour démarrer un roman policier au milieu de sonneurs de cloches qui répètent pour célébrer la venue d’un évêque ! Il faut dire que l’évêque en question est séduisant et charmeur…

Comme d’habitude, il y aura plusieurs meurtres, plusieurs fausses pistes, et Agatha va se mettre en danger – il y a toujours un moment où le récit bascule, où ma détective des Cotswolds se lance dans des situations rocambolesques à coups de somnifères et autres pièges. Tout n’est pas toujours crédible, mais tant que cela reste au service du divertissement du lecteur, cela fonctionne.

S 2-3Albin Michel, 14€

 

 

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 28) : Chasse aux sorcières » de M.C Beaton

9782226444233-jDoucement mais sûrement, je m’approche de la fin de la série « Agatha Raisin ». Ce 28e tome n’est pas le meilleur de la série, mais il est assez classique et regroupe tous les personnages que l’on connaît bien. Le précédent tome s’était achevé sans ouvrir de perspectives pour la suite ; ce tome s’ouvre donc sur une toute nouvelle affaire. Un pasteur et sa femme se sont installées dans les Costwolds, pour y chercher une certaine quiétude qu’ils imaginent caractéristique des petits villages – on voit qu’ils ne savent pas où habite Agatha ! Plusieurs meurtres, autour d’un arbre dit « arbre aux sorcières » inquiètent les habitants. Agatha est chargée de l’enquête.

L’enquête est un peu brouillonne, comme parfois cela arrive dans cette série.

Mais le plaisir de lecture est dans le quotidien des personnages, même s’il y a des redondances avec les précédents tomes – Agatha qui oscille toujours entre se remettre en couple et garder sa liberté, entre James ou Charles ou un autre…

Le roman se lit vite. Je commence à penser à la fin de cette série… J’ignore d’ailleurs s’il y aura une « vraie » fin, car M.C. Beaton continuait à en écrire lorsqu’elle est décédée. J’espère que l’on saura si Agatha reste seule ou se (re)met en couple, si elle garde son agence de détective ou si elle entame une troisième vie…

A suivre … jusqu’au bout !

S 2-3Albin Michel 14€

Roman

« Saint Jacques » de Bénédicte Belpois

product_9782072972058_195x320C’est un bonheur de lecture de se plonger dans un roman comme celui-ci.

Au décès de sa mère, Paloma hérite d’une maison délabrée dans les Cévennes. D’abord persuadée qu’elle doit vendre cette maison qui lui vient d’une mère qui ne l’a jamais aimée, elle se prend d’affection pour la maison, pour les Cévennes, et pour quelques personnes attachantes qui composent le voisinage.

«  On ne perçoit pas consciemment comment certaines personnes vous manquent avant de les connaître, on devine juste, une fois qu’on les a rencontrées, qu’on ne pourra plus jamais vivre sans elles. »

C’est tellement bien écrit, avec une justesse incroyable dans la description des sentiments, une pudeur sans facilité ni mièvrerie, que ce roman captive dès les premières pages.

Paloma, sa fille étudiante, sa vieille voisine, sa copine coeur d’artichaut, sont de beaux portraits de femmes. Et puis on sent l’amour pour une région, un terroir, jusque dans la description des toits en pierre de lauze.

J’ajoute aussitôt le premier roman de cette auteure dans la liste de mes futures lectures. J’ai envie de lire plein d’autres livres aussi justes et pleins de charme.

S 3-3Folio, 192 pages, 7,60€

Roman

« Réputation » de Lex Croucher

9782258198081ORIJ’étais très curieuse de découvrir ce roman, attirée par cette couverture colorée assez différente des autres couvertures des Presses de la cité, et par ailleurs ambiguë : quatre jeunes femmes habillées de robes façons XIXe siècle, portant chacune un verre ou une bouteille de vin. En dédicace, l’auteure fait un clin d’oeil à Jane Austen, mais on est quand même bien loin de « Raisons et sentiments ».

La jeune Georgiana se désole d’avoir été envoyée chez son oncle et sa tante. Désireuse de se faire de nouveaux amis, elle s’intègre dans une bande de jeunes débauchés menée par Frances Campbell, issue d’une bonne famille mais au comportement dépravé.

Cela n’aurait pu être qu’une chronique de la vie mondaine de jeunes gens riches qui cherchent à se distraire par tous les moyens. Mais le roman va bien au-delà, et aborde plusieurs thèmes aux résonances très modernes. Derrière une société anglaise d’un autre siècle, c’est aussi un miroir tendu vers notre société contemporaine. C’est léger et grave à la fois, amusant et dérangeant, et le lecteur virevolte dans les bals puis panse les plaies qui s’ensuivent.

L’histoire fonctionne bien, après un démarrage qui ne laisse rien présager de la tournure que va prendre l’histoire. On ne s’ennuie pas en suivant ces jeunes gens dans une romance moderne et intelligente.

S 3-3Presses de la cité, 450 pages, 19€

Policier

« De si bonnes mères » de Céline de Roany

9782258196063ORIJ’avais beaucoup aimé le rythme et l’intrigue des «Beaux mensonges», premier roman de Céline de Roany. Le lecteur y faisait la connaissance de Céleste Ibar, capitaine de police à la PJ de Nantes, qui pour se défendre d’une horrible agression, avait tué son agresseur en ripostant avec la même violence.

On retrouve Céleste, près de Nantes, en mission pour découvrir l’assassin de femmes enceintes. Il y avait déjà du glauque dans « Les beaux mensonges » , il y en a encore ici. Je ne suis pas très fan des thrillers trop sombres, j’attends avant tout une intrigue, des rebondissements. Heureusement tout y est ici, comme dans le premier tome. Le démarrage des premiers chapitres est un peu moins convaincant, moins rythmé, mais une fois la machine lancée, le roman tient toutes ses promesses.

Plusieurs personnages étaient déjà présents dans le premier roman (la famille de Céleste, son co-équipier) et de nouveaux personnages apparaissent car Céleste doit faire équipe avec la gendarmerie locale.

J’étais assez proche de trouver la solution pendant tout le roman, les fausses pistes sont moins présentes que dans le premier tome, mais l’intrigue fonctionne bien. Céleste est un personnage atypique, avec de grosses séquelles physiques et psychologiques, et en même temps elle est dévouée à ses enquêtes, à son métier. J’imagine que Céleste peut devenir un personnage récurrent dans toute une série, il y a matière à une suite (pas sur l’intrigue en tant que telle, qui est bouclée avec toutes les réponses attendues, mais plutôt sur la vie de Céleste). Si c’est le cas, je lirai sans hésiter le prochain.

S 3-3Presses de la cité, 480 pages, 21€