Biographie

« Je suis le carnet de Dora Maar » de Brigitte Benkemoun

9782253820444-001-TC’est le hasard le plus complet qui a mis ce carnet d’adresses entre les mains de Brigitte Benkemoun. Ayant acheté un carnet à un antiquaire, elle y a trouvé, glissé à la fin, ce vieux répertoire. Après enquête et croisement des noms qui y figurent, elle en déduit que sa propriétaire était Dora Maar.

D’abord par jeu et par curiosité, puis par volonté d’aller au bout de ses recherches pour mieux comprendre Dora Maar, l’auteure a fait des recherches sur quasiment chacun des contacts du répertoire. Quels étaient les liens de chacun avec Dora Maar, leur place dans sa vie ? Au fil des pages, courts chapitres tous très intéressants, j’ai plongé dans un univers d’art et de création, le groupe surréaliste des années 1950, et l’on fréquente le temps d’un livre Eluard ou Picasso. Picasso n’en ressort pas grandi, Dora Maar est présentée aussi bien avec ses talents que ses zones d’ombre, et c’est tout à l’honneur de l’auteure, une fois passée la joie de découvrir ce carnet, d’avoir pris la distance nécessaire sur les personnalités qui y figurent.

J’ai beaucoup aimé, à travers un simple répertoire, me plonger dans cette époque. Le récit me parlait, j’avais l’impression d’observer leur groupe. J’ai aussi beaucoup appris sur leurs liens, leurs personnalités, et de Paris à la Côte d’Azur j’ai voyagé dans le temps et dans la France de l’époque.

J’ai aussi pensé au « Madeleine Project » de Clara Beaudoux, qui avec une autre approche, reconstituait aussi des morceaux de vie d’une personne à partir d’objets du quotidien.

J’ai regretté qu’il n’y ait pas de fac simile du carnet, juste pour le plaisir de voir l’écriture de Dora Maar. Cela n’a pas nui à mon plaisir de lecture mais j’ai été un peu déçue car je m’attendais à en voir.

S 3-3Le livre de poche, 288 pages, 7,70€

Cosy mystery·Policier

«Son espionne royale et la reine des cœurs (tome 8) » de Rhys Bowen

espionne t8Ce que j’aime dans cette série, c’est sa capacité à ne pas lasser le lecteur, en l’entraînant à chaque fois dans des décors différents. Cette fois-ci, Georgie embarque sur un paquebot, direction l’Amérique ! Ambiance croisière, mal de mer et dîner en jolie robe, voici Georgie bien loin du froid château des Rannoch. Sa mère est plus présente que jamais et, si elle continue à envoyer quelques vacheries à sa fille, elle l’encourage aussi à s’émanciper davantage.

Plusieurs vols ont lieu à bord, et Darcy est là pour enquêter (quelle coïncidence!).

La deuxième partie du roman se déroule aux Etats-Unis, dans le milieu du cinéma. Encore un nouveau décor ! C’est très agréable de suivre Georgie dans d’autres univers. La « vraie » enquête démarre d’ailleurs assez tardivement (mais qu’importe), et dans une ambiance huis clos façon Agatha Christie, qui forcément m’a plu.

Il y a bien quelques récurrences qui m’agacent : Queenie était drôle dans les premiers tomes, mais son personnage se répète beaucoup sans que cela n’apporte rien de neuf à l’histoire ; quant à l’histoire d’amour entre Georgie et Darcy, elle fait du sur place et les deux tourtereaux se perdent en prétextes… Mais ce huitième tome est encore une fois très réussi, à la fois dans la continuité des précédents, et avec un bel effort de renouvellement. La suite, la suite !

S 3-3Robert Laffont, 379 pages, 14,90€

Essai / Document

« Relire, repenser Proust » de Kazuyoshi Yoshikawa

Relire-repenser-ProustSous titré « Leçons tirées d’une nouvelle traduction japonaise de La Recherche », ce livre est la retranscription d’un cycle de quatre conférences prévues pour le Collège de France, et qui a été interrompu dès la première en raison du premier confinement en 2020.

Je ne suis pas une spécialiste de Proust, je n’ai même pas lu l’intégralité de « La Recherche ». Mais j’étais très curieuse de voir comment Kazuyoshi Yoshikawa, « expert » japonais de Proust, avait abordé ce texte si emblématique de la littérature française.

Toute la première conférence est absolument passionnante, pour comprendre comment Kazuyoshi Yoshikawa a traduit certains mots en japonais, et les recherches minutieuses et rigoureuses qu’il a menées et qui s’apparentent parfois à de véritables petites enquêtes. Les trois autres conférences abordent des thèmes plus spécifiques.

L’ensemble de l’ouvrage est intéressant, j’ai trouvé la lecture abordable même sans connaître en détail tous les tomes de « La Recherche » (mais il faut quand même en connaître les grands personnages).

S 2-3Collège de France

Roman

« La gitane aux yeux bleus » de Carmen Sanchez

gitaneSi vous aimez les histoires de femmes, entre « Desperate housewives » et les films de Pedro Almodovar, ce roman est fait pour vous !

Cinq femmes gèrent une petite revue littéraire en Espagne. Elles font partie d’un groupe anglais mais se soucient peu de leurs commanditaires. Et la vie s’écoule paisiblement, la photocopieuse recouverte d’un napperon sert à poser les churros, et quand les enfants de l’une sont malades, le bureau se transforme en garderie. Entre leurs histoires de couples et petits tracas du quotidien, elle n’ont pas vu venir que leur journal allait devoir fermer.

Envoyé par son père, le jeune Atticus arrive pour fermer la boutique. Mais rien ne va se passer comme prévu…

Si le roman se passe sur fond d’enquête (Atticus disparaît et un inspecteur est chargé d’enquêter sur sa disparition), c’est loin d’être la partie importante du roman car le lecteur suit deux histoires en parallèle et sait donc ce qui arrive à Atticus.

L’intérêt du roman repose surtout sur son côté très solaire, son écriture rythmée et aussi enthousiaste que les femmes qui composent cette joyeuse troupe. Impossible de ne pas avoir le sourire en lisant ce roman.

S 2-3Folio, 384 pages, 8,70€

Roman

« Les pantoufles » de Luc-Michel Fouassier

pantouflesImaginez un matin d’un jour où vous êtes pressé, où vous devez passer à la Poste avant d’aller assister à une importante réunion professionnelle. Ce matin-là, il faudrait que tout se passe bien, or c’est justement ce jour-là que vous sortez en ayant oublié vos clés à l’intérieur de votre appartement, et manque de chance… vous êtes en pantoufles.

Vous pourriez courir dans le premier magasin venu, ou tout simplement sonner chez le voisin pour qu’il vous prête une paire de baskets. Mais le narrateur de cette histoire prend une autre décision : il va assumer ses pantoufles. Oui oui, même au bureau.

Le point de départ de l’histoire est cocasse – sans être irréaliste – tout en posant des questions sur le paraître et l’image de soi, ce qu’on assume ou pas dans notre apparence. C’est assez amusant, il y a quelques jeux de mots, et c’est un tout petit livre qui se glisse dans la poche pour passer un moment de lecture léger. Il n’aurait pas fallu plus de pages de toute façon, on fait quand même vite le tour du sujet et les transitions entre les situations sont un peu abruptes.

A lire donc pour ce que c’est, un roman sympa, court et gentiment décalé.

Qu’on peut lire en pantoufles.

S 2-3Folio, 128 pages, 6,50€

Roman

« Le piège » de Jean Hanff Korelitz

9782749171685ORIJ’étais très alléchée par le résumé du roman : un auteur en mal de reconnaissance vole l’idée géniale de l’un de ses étudiants et se retrouve acclamé comme auteur de best-seller. Quand on aime lire, il y a des mots qui font mouche dans un résumé : suivre l’histoire d’un auteur, son enseignement sur un campus, ses mésaventures littéraires.

Le début du livre donne le cadre, malheureusement cela dure trop longtemps. Je me suis plutôt ennuyée pendant les 200 premières pages. Pourtant l’écriture est agréable, l’histoire n’est pas inintéressante, mais quand le résumé me promet un thriller psychologique avec plein de suspense, forcément cela me rend exigeante !

On suit donc Jake, auteur qui s’est fait remarquer pour son premier roman, mais qui n’arrive pas à transformer l’essai. Ses autres romans sont passés inaperçus, il en est réduit à donner des cours à des étudiants qui rêvent de devenir écrivains. Les cours l’ennuient ; seul l’échange avec un étudiant brillant mais prétentieux va provoquer une tempête à retardement : quand Jake découvre quelques années plus tard que l’étudiant est mort sans avoir publié le roman génial qu’il avait en tête, Jake se l’approprie.

En tant que lecteur, on n’arrive pas complètement à le blâmer, car Jake semble de bonne foi. Par contre c’est très frustrant de lire toutes ces pages autour d’une « idée géniale » dont le lecteur ne sait rien. Et quand on comprend plus tard dans le roman en quoi consiste cette « idée géniale »… pour ma part je ne l’ai pas trouvée si géniale que ça, pas si originale…

De la page 200 à la page 300, il y a beaucoup de rebondissements, Jake a écrit son livre, il est démasqué par un mystérieux inconnu, et cela donne du rythme à l’histoire. Je me suis dit « enfin, ça décolle, il se passe quelque chose ! ».

Sauf que vers la page 300 j’avais compris la chute, et les cent dernières pages n’en ont été que la confirmation.

Je reste donc avec un sentiment mitigé, d’un livre à la fois agréable dans son écriture, avec un coeur d’intrigue qui m’intéressait, mais dont le suspense n’a pas été suffisamment exploité pour en faire le roman choc auquel je m’attendais.

S 2-3Le Cherche Midi, 416 pages, 22€

Audio·Cosy mystery·Policier

« Les dames de Marlow enquêtent (tome 1) : Mort compte triple » de Robert Thorogood

marlowPour une fois, avant même de vous parler du texte, j’ai envie de vous parler de… la voix. La voix, c’est celle de Rachel Arditi, qui lit ce livre audio. Et quelle voix ! Ou plutôt devrais-je écrire : quelles voix ! J’ai a-do-ré ce livre audio, en grande partie parce que Rachel Arditi en fait une lecture géniale, avec de belles voix, bien distinctes, pour chaque personnage. Elle incarne réellement les trois « dames de Marlow » et leur donne à chacune une personnalité. C’est un gros coup de cœur d’écoute.

Quelques mots, quand même, sur l’histoire : Judith est une septuagénaire un peu fantasque, qui n’a pas la langue dans sa poche, et qui occupe ses journées en inventant des grilles de mots croisés. Elle habite une vieille demeure au bord de la Tamise, qu’elle a héritée de sa tante. Lorsque son voisin est retrouvé mort, elle est convaincue qu’il a été tué et, faisant fi des recommandations de la police, décide de s’en mêler.

Si Judith est un personnage haut en couleurs (que Rachel Arditi incarne avec une belle voix rauque), que dire de Suzie ? Promeneuse de chiens, elle est à la fois gouailleuse et gaffeuse (j’adore sa voix, et j’ai tellement ri de ses interventions – sa rencontre avec la police est si amusante), mais elle va aussi s’avérer une précieuse alliée pour Judith. Avec Becks, la femme du vicaire, elles forment un trio atypique et sympathique. Je les ai adorées, j’ai adoré leurs voix, et cela a été un plaisir de les écouter pendant les quelques heures de ce livre audio – que j’étais même un peu triste de devoir laisser. J’espère qu’il y aura d’autres titres à écouter dans cette série.

Quand à l’histoire, elle est plutôt efficace : car après la mort du voisin de Judith, d’autres meurtres vont compliquer l’affaire. Il y aura des fausses pistes, plusieurs suspects, et un dénouement qui fonctionne bien. Et auprès des trois « dames de Marlow », une inspectrice à qui elles donnent bien du fil à retordre !

S 3-3Audiolib, 9h01 d’écoute, 19,90€ en version CD, traduit par Sophie Brissaud, lu par Rachel Arditi.

Cosy mystery·Policier

« Les enquêtes d’Hannah Swensen (tome 5) : Meurtres et cupcakes au caramel » de Joanne Fluke

9782749172538ORIJ’attends la sortie des tomes de cette série avec une gourmandise assumée. Je me demande même si mon plaisir de lecture porte sur l’enquête… ou sur tout le reste. Après la lecture du premier tome, j’étais sceptique sur la capacité de l’auteure à faire toute une série autour d’Hannah et de ses recettes de cookies… Mais après le cinquième tome, je ne m’en lasse pas !

Alors qu’Hannah enquête (officieusement) sur le meurtre du shérif Grant, qui était fâché avec la moitié de la ville, elle doit aussi gérer des cours de cuisine, la parution d’un livre de recettes, la préparation d’Halloween avec sa nièce, la rébellion gastronomique de son chat, la grossesse de sa sœur, et bien sûr son hésitation entre Mike et Norman, ses deux prétendants.

J’ai suivi ses petites mésaventures avec un réel plaisir, même si j’ai deviné l’identité du meurtrier à la moitié du livre.

Et comme d’habitude, j’ai noté une ou deux recettes à tester (même si j’ai toujours un problème avec les dosages en tasse, dont la conversion en mL à la fin du livre me laisse songeuse – des mL de farine ce n’est pas naturel).

J’espère qu’il y aura encore beaucoup d’autres tomes de cette série légère, plaisante, qui combine enquête / pâtisserie / humour.

S 3-3Le Cherche Midi, 400 pages, 15€

Roman

« Grèves de la fin… » de Eric Vernassière

greves-de-la-fin-image-debredinagesJ’ai la chance de connaître parmi mes amis et connaissances quelques auteurs. Je lis toujours leurs écrits ou romans avec beaucoup d’intérêt et de curiosité, d’abord parce que j’ai toujours plaisir à découvrir un nouveau texte, mais aussi parce que j’aime voir ce que l’auteur que je connais a choisi de mettre de lui dans son roman.

Découvrir le roman d’Eric a été un vrai plaisir. Je connais son amour des littératures – je mets un pluriel car il aime des textes de styles et d’époques variés – j’aime son enthousiasme permanent et sa verve joyeuse, et je voulais voir ce qu’il en mettrait dans son roman.

Dans son roman, j’ai surtout trouvé la plume d’un vrai auteur, qui a des choses intéressantes à dire, qui sait raconter une histoire et tenir le lecteur de page en page, et tout cela avec un style très agréable, érudit et accessible, comme Eric sait d’ailleurs l’être dans la « vraie vie ».

L’histoire est celle croisée de deux jeunes hommes, François en Allier et Yvan en Irlande, qui se battent sans armes mais avec leur conviction et leurs mots pour établir un ordre plus juste entre métayers et propriétaires terriens. Chacun, dans sa quête, sera secondé d’une belle femme – à deux on est plus forts…

Le texte est un voyage historique (j’ai beaucoup appris sur le métayage) et géographique puisque la moitié du roman se déroule en Irlande, cette « terre de colère ». Le roman mêle érudition historique et nombreuses références littéraires

L’écriture est vive, le style très plaisant, et j’ai retrouvé quelques marqueurs qui tiennent à cœur à Eric, comme le débredinoir de Saint-Menoux (allez voir au passage le blog Débredinages de l’auteur!), ou ce joli détail d’écriture qui consiste à parler d’Amitié avec le même grand « A » que celui du grand Amour.

Si ce roman est aujourd’hui auto-édité, il aurait toute sa place dans une librairie traditionnelle.

S 3-3Auto-édition, disponible sur Amazon (broché et Kindle)

Biographie

« Romy et les lumières de Paris » de Michelle Marly

9782265155466ORIDe l’histoire d’amour entre Romy Schneider et Alain Delon, je ne connaissais que quelques images maintes fois diffusées à la télévision, celles où l’on voit Delon accueillir Romy à sa descente de l’avion, juste avant le tournage de « La Piscine ». Ce sont d’ailleurs ces images qui m’avaient donné envie de voir le film. A ce moment-là, ils étaient déjà séparés.

Mais quelques années auparavant, ils avaient vécu une belle et longue histoire d’amour. C’est un parti pris original d’avoir centre cette biographie sur les quelques années de leur amour, à Paris. Romy, étouffée par sa mère et par son rôle de Sissi, sort à peine de l’adolescence lorsqu’elle rencontre Delon. Il sera son premier vrai amour. Lui est au début de sa carrière, alors qu’elle est une star. Il dit volontiers que s’il n’avait pas été acteur, il serait devenu gangster : il est loin de l’image du gendre que les parents de Romy espèrent !

Au-delà de son histoire avec Delon, cette biographie raconte aussi la rencontre entre Romy et la France, mais aussi ses tiraillements entre sa famille et son légitime besoin d’émancipation.

J’ai appris beaucoup de choses dans ce livre ; ajouter quelques photos du couple auraient été une bonne idée.

S 3-3Fleuve éditions, 416 pages, 20,90€