Roman

« Le mystère Caravage » de Peter Dempf

9782749166148ORIC’est un gros pavé, près de 600 pages cachées sous une couverture rouge foncé qui met en lumière les détails d’un tableau. Du Caravage, je ne connaissais pas grand-chose, j’ai vu certains de ses tableaux mais il n’appartient pas aux courants artistiques auxquels je suis le plus sensible. Et pourtant, ce roman historique, inspiré de la vie du peintre mais avec une bonne dose de romanesque, m’a totalement conquise.

Le roman s’ouvre dans les premières années de 1600. Michelangelo Merisi, « Caravaggio », est déjà un peintre célèbre. Ses tableaux font régulièrement scandale, et sa dernière œuvre, où il s’est inspiré du cadavre d’une prostituée comme modèle pour la Vierge Marie, achève de déchaîner les passions autour de sa peinture.

Très vite apparait dans le roman une galerie de personnages passionnants : Nerina, sa jeune apprentie, qui veille sur le peintre et ses excès ; les Borghese, dont l’oncle ambitionne de devenir pape, tandis que le neveu défend la modernité du peintre ; Enrico, le précepteur du jeune Ferdinando Gonzaga, très ambigus au début du roman, et dont le rôle s’éclaircit au fil du roman. Car c’est tout le plaisir de cette lecture : Caravaggio suscite la controverse, et les personnages qui l’entourent sont souvent ambigus, parfois partagés eux-mêmes entre l’admiration pour le talent du peintre, et le rejet de ses provocations. La démarche du peintre, ses choix créatifs, sont très bien racontés dans le roman. C’est un roman historique, artistique, qui m’a transportée dans l’Italie de 1600. C’est passionnant, cela se lit comme un roman d’aventures car l’on suit les fuites successives de Caravaggio, persécuté par deux mystérieux personnages religieux, jusqu’au dénouement final qui réserve d’ultimes rebondissements.

Je vous conseille ce livre pour bien commencer l’année !

S 3-3Le Cherche Midi, 592 pages, 22€

Policier

« Superstitions » de Ellison Cooper

9782749157733ORIJ’ai déjà chroniqué sur ce blog les deux premières aventures de Sayer Alter (« Rituels » et « Sacrifices »). Elle est agent spécial du FBI, spécialiste des psychopathes. C’est donc avec un a priori très positif que j’ai démarré la lecture de ce roman, et je l’ai dévoré jusqu’à la dernière ligne et son ultime rebondissement.

Sayer est toujours au FBI, cette fois-ci en mission pour élucider la disparition d’un car d’étudiants. Les garçons ont été retrouvés morts ; qu’est-il arrivé aux filles ?

Comme dans les deux précédents romans, l’intrigue est menée tambour battant, créant l’urgence de lire le chapitre suivant et semant de multiples pistes et rebondissements vraiment bien construits. A la moitié du livre, l’intrigue semble résolue ; évidemment on se doute que ce n’est pas possible, et voilà l’intrigue relancée dans la seconde partie du roman.

J’ai trouvé le roman moins glauque que les deux premiers (toutes proportions gardées), en tout cas avec moins de détails insoutenables à la lecture – je me souviens dans les précédentes lectures avoir eu besoin de temps de pause pour digérer.

Des références à l’Egypte antique, en fil rouge du roman, apportent une petite dose d’énigme et d’Histoire. Il y en aurait eu un peu plus, cela ne m’aurait pas dérangée.

Je ne peux pas vous révéler certains événements, mais quelques révélations sur les personnages étaient un peu attendues. L’auteure manie avec talent la dissémination de pistes, d’indices, de petits faits dont les lecteurs paranos peuvent s’emparer avec délectation et imaginer des « et si » « et si » à l’infini… certains se réalisant vraiment, d’autres étant des bouteilles à la mer que l’auteure saura (j’en suis sûre!) repêcher dans les prochains opus.

S 3-3Cherche Midi, 448 pages, 21€

Audio·Roman

« Les possibles » de Virginie Grimaldi

CaptureJ’ai mis du temps à écrire cette chronique, car j’étais assez partagée par ce roman, et un peu gênée comme si je devais chroniquer un livre d’une amie – ce qui n’est pas le cas, je ne connais pas du tout l’auteure, mais j’ai une tendresse particulière pour la sincérité qu’elle met dans ses livres.

J’aime beaucoup la sensibilité des romans de Virginie Grimaldi. Chacun de ses livres aborde un thème fondamental de la vie, la famille, les enfants… Le tout avec humour et un mélange de détachement et de profondeur. Tant pis si certains critiques littéraires n’ont pas encore compris pourquoi ses livres touchent autant les lecteurs.

Première bonne surprise de ce livre, l’auteure a abandonné les longs titres qui ne rendait pas hommage aux romans qu’ils représentaient.

Cette fois, l’auteure aborde le thème de la mémoire, ou plus précisément de la perte de mémoire. Le père de la narratrice souffre d’Alzheimer. Et cette maladie va à la fois rapprocher la famille et parfois la fâcher, se remémorer les souvenirs et s’inquiéter pour l’avenir.

Si j’ai trouvé le livre un peu trop long, et si j’ai été moins touchée que d’autres romans de l’auteure, il s’inscrit complètement dans l’exploration des sentiments que Virginie Grimaldi semble avoir entrepris. Elle alterne d’ailleurs romans autour de la maternité ou la vieillesse avec beaucoup d’aisance. La lecture de celui-ci m’a moins marquée, mais je mesure à quel point son écriture a été importante pour l’auteure – et sa lecture, ou son écoute, émouvante pour nombre de lecteurs.

S 1-3Audiolib, lu par Audrey Sourdive, durée d’écoute : 7h03, 21,90€ en version CD

Essai / Document

« Trois mois sous silence » de Judith Aquien

9782228928304Il y a des livres qui sont d’autant plus nécessaires, indispensables, qu’ils abordent des sujets qui ne sont pas ou peu abordés par ailleurs. C’est le cas de ce livre, dont le sous-titre est « Le tabou de la condition des femmes en début de grossesse ». Son auteure aborde cette période particulière du début de grossesse, qui est à la fois une période de grands bouleversements (physiques et autres), et paradoxalement une période vécue « sous silence ». Peu de femmes annoncent leur grossesse avant la fin du premier trimestre, ce qui leur fait vivre dans une certaine solitude ces quelques mois pourtant fatigants et qui nécessiteraient déjà une bienveillance et une adaptation de la société autour de la femme enceinte.

Le livre est écrit comme un coup de gueule, mais avec sérieux, en s’appuyant sur des études, des témoignages, et en faisant des propositions concrètes notamment à destination des DRH.

L’auteure pointe aussi les énormités qui sont encore dites ou écrites sur les fausses couches (ou la peur de vivre une fausse couche), sur les conseils parfois ahurissants donnés sur des sites internet pourtant de réputation « sérieuse ». Elle élargit aussi son propos, par exemple autour de la douleur (cela m’a fait penser à un excellent documentaire diffusé il y a quelques semaines sur la santé des femmes et la prise en charge médicale de celles-ci).

Tout le monde croise des femmes enceintes, dans son entourage, dans sa vie professionnelle, alors lisez ce livre, il concerne tout le monde (la grossesse est un sujet de société qui ne concerne pas que les parents).

Le livre est écrit avec justesse, avec colère mais aussi avec des petites touches d’humour pour faire quelques raisonnements par l’absurde (lisez les pages sur les « petits maux » de la grossesse !).

C’est un texte utile, à lire, à offrir, à diffuser… Pour que ces trois mois ne restent plus sous silence.

S 3-3Payot, 220 pages, 14€

Roman

« Les étoiles brillent plus fort en hiver » de Sophie Jomain

Les-etoiles-brillent-plus-fort-en-hiverIl y a quelques jours, je vous parlais d’un roman de Noël qui m’avait beaucoup déçue. Ce n’est pas le cas de celui-ci, bien au contraire ! J’ai passé un très bon moment de lecture !

Si vous aimez l’ambiance des grands magasins qui se parent de leurs plus beaux atours pour faire briller les yeux des petits et des grands devant des vitrines chaque année plus créatives, ce roman est fait pour vous !

Les Galeries Hartmann, à Lille, sont en pleine ébullition : c’est la dernière ligne droite avant de dévoiler aux clients les décorations de Noël… mais le nouveau patron, qui prend la relève après le décès de son père, en a décidé autrement. Rien ne lui plaît, il trouve les choix trop classiques, et demande à Agathe Murano, la décoratrice, de tout revoir…

Chabadabada…

Bien sûr à la clé il y aura une histoire d’amour entre ces deux-là, je ne vous spoile pas vraiment car que pourrait-on attendre d’autre ? La réussite du livre est de ne pas avoir fait tourner toute l’histoire autour de cette romance, mais d’y avoir ajouté plusieurs personnages secondaires très attachants, et une histoire « parallèle » puisqu’Agathe a la garde de son adolescente de nièce.

Le grand magasin en décor de l’histoire est aussi une bonne idée, un quasi huis-clos dans une fourmilière à quelques jours de Noël.

Ajoutez à la recette une petite touche de magie, apportée par le mystérieux chat du Père-Noël, et vous avez tout pour passer un bon moment. Et cerise sur le gâteau, je trouve la couverture plutôt jolie !

S 3-3Charleston poche, 368 pages, 8,50€

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 26) : Secrets sur canapé » de M.C. Beaton

9782226444257-jJ’ai lu ce 26e tome juste après le 25. Parfois j’aime faire une pause entre deux tomes, parfois j’enchaîne les lectures. Cela dépend de mon humeur de lectrice. Je n’avais pas envie de quitter Agatha trop longtemps.

Le canapé du titre est en fait un divan. Car une psychothérapeute s’est installée à Carsely et compte bien ruiner la réputation d’Agatha. Lorsque cette psy est retrouvée morte, les suspects ne manquent pas, car elle avait accumulé beaucoup de secrets sur ses clients, qu’elle faisait chanté.

Ce n’est pas l’intrigue la plus intéressante de la série, il y a beaucoup de personnages mais pas vraiment de fil rouge avec des rebondissements (sauf dans l’épilogue à ne pas manquer !!). Les innombrables revirements sentimentaux d’Agatha sont un peu lassants dans ce tome, tant elle pense au mariage dès qu’elle rencontre un membre de la gente masculine – c’est un peu fatigant et cela n’apporte rien, si ce n’est montrer le désespoir sentimental d’Agatha – mais pour ça, c’est bon, on avait compris.

Heureusement, comme je le disais plus haut, l’épilogue laisse présager encore des aventures intéressantes.

S 2-3Albin Michel, 14€

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 25) : Au théâtre ce soir » de MC Beaton

9782226444219-jJ’ai commencé ce tome. Je l’ai reposé (j’avais un autre roman sur ma PAL qui me faisait de l’oeil). Je l’ai repris plus tard. Je l’ai lu en entier.

Ce n’est pas le meilleur de la série, mais il se lisait bien quand même. Ce roman-là fait partie de ceux qui sont un peu glauques. Tiens, je n’ai pas souvent évoqué cet aspect des Agatha Raisin, mais certains ont des passages qui s’éloignent du pur cosy. « Du lard ou du cochon » en est un bon exemple.

Le décor de l’intrigue change un peu des précédents : Agatha assiste à une représentation de théâtre amateur avec son amie Mrs Bloxby, la femme du pasteur. La soirée aurait pu juste être une soirée ennuyeuse, mais elle tourne au drame avec la mort de l’un des comédiens. Une fois passée la petite nouveauté du décor, le reste de l’histoire est très classique. Agatha est infernale, agaçante même, elle passe tout le roman à chercher un mari, et jette son dévolu sur chaque nouveau personnage masculin.

Je pensais qu’il restait très peu de tomes dans la série, mais je découvre qu’un nouveau tome est sorti (mais pas encore en France) en 2021, alors que l’auteure est décédée en 2019. A croire qu’il y avait encore des romans cachés dans les tiroirs des éditeurs. C’est une bonne nouvelle.

S 3-3Albin Michel, 324 pages, 14€

Audio·Cosy mystery·Policier

« Cinq petits cochons » de Agatha Christie

cinq petitsJ’ai lu Agatha Christie.

J’ai vu des séries adaptées d’Agatha Christie.

Des films aussi.

Mais redécouvrir certains romans en version audio est encore une autre expérience, très plaisante aussi.

« Cinq petits cochons » est un roman pur jus de la Reine du crime, il contient toutes les clés qui ont fait le succès de ses romans : une intrigue plutôt cérébrale que pleine d’actions, une comptine en fil rouge de l’histoire, un Hercule Poirot au summum de son art. Ajoutez à cela, pour la version audio, la lecture de Samuel Labarthe, ancien pensionnaire à la Comédie française et accessoirement acteur d’une série télé inspirée des romans d’Agatha Christie, et le cocktail est très réussi.

L’histoire pourtant, est plus que classique, et assez lente. Une femme, emprisonnée après l’empoisonnement de son mari, laisse après sa mort une lettre à sa fille : elle lui affirme qu’elle était innocente. Bien déterminée à réhabiliter sa mère, la fille fait appel à Hercule Poirot. Celui-ci interroge les enquêteurs de l’époque, ainsi que les cinq témoins (les fameux cinq petits cochons du titre). Le roman est donc une succession de récits unitaires, chacun apportant son témoignage et son avis sur ce qu’il s’est passé seize ans plus tôt (coupable ? pas coupable ? Le lecteur peut changer d’avis à chaque chapitre). Le final, avec les déductions du détective belge est très réussi et permet de remettre chaque pièce du puzzle à sa place.

On découvre aussi un Hercule Poirot assez étonnant, amateur d’art comme on ne l’a jamais vu, et distillant quelques réflexions bien trouvées et parfois inattendues.

S 3-3Audiolib, lu par Samuel Labarthe, 7h d’écoute, 19€ pour la version CD

Roman

« Le petit jardin du bonheur » de Felicity Hayes McCoy

51nB6nOK4vL._SX195_Les romans de Noël, c’est un peu comme les bûches à la crème au beurre : soit la crème est légère et gourmande et on se régale, soit c’est une crème bas de gamme, limite tranchée, sucrée et écoeurante.

Côté roman de Noël, celui-ci tombe dans la catégorie des mauvaises bûches. A tel point que je me suis dit « mais pourquoi tu lis ça ? ». Les bons sentiments, les chocolats chauds et autres décorations scintillantes, j’aime bien. Mais là, que de longueurs… Après cinquante pages, j’étais perdue dans tous les personnages (avec cette manie qu’ont certains auteurs de donner un nom à tous leurs personnages, même ceux qu’on ne reverra jamais dans tout le reste du roman). L’histoire de base pouvait pourtant tenir la route pour cette catégorie de romans : une jeune femme en soif d’aventures et de découvertes, part pour les fêtes dans le village où habitent ses grands-parents qu’elle connaît à peine. Le grand-père est grognon, la grand-mère fait tout ce qu’elle peut pour rattraper le temps perdu et nouer des liens avec sa petite-fille.

Je me suis ennuyée, je me suis agacée tellement j’avais envie de supprimer la moitié des phrases.

Vite, passons à autre chose !

S 1-3Prisma, 416 pages, 19,95€ (existe aussi en format poche)

BD

« Un cadavre dans la bibliothèque », adaptation BD de Dominique Ziegler et Olivier Dauger d’après Agatha Christie

cadavre bibliothèque BDAgatha Christie est une auteure dont j’ai quasiment tout lu (et ça fait beaucoup de textes ! Romans, nouvelles, pièce de théâtre). Et pourtant je continue à avoir l’oeil attiré par toutes sortes d’adaptations – cette fois-ci en bande dessinée.

Mr. et Mrs Brandy sont réveillés en catastrophe par leur domestique, qui a trouvé une femme morte dans la bibliothèque ! Inconnue du couple, sa présence est inexplicable. Mrs Brandy fait appel à sa voisine Jane Marple, bien connue pour avoir résolu d’autres énigmes, pour élucider ce mystère.

Miss Marple va se confronter à un inspecteur suspicieux et un commissaire plutôt bonhomme, et explorer des pistes différentes de celles de la police. Bref, un classique du genre.

L’intérêt, bien sûr, réside dans l’adaptation en BD. Les dessins sont vraiment très bien faits, les visages des personnages très expressifs mais tout en douceur dans les traits. Les décors sont bien travaillés (la bibliothèque vue d’en haut, l’hôtel en pleine page…). Je me suis un peu perdue dans les personnages vers la fin (mais bon, j’ai compris la chute!). Petit regret, le texte est écrit assez petit, ce n’est pas très confortable pour la lecture.

Et pour finir, la dernière vignette offre un ultime rebondissement – ah ah, je vous ai piqué au vif, maintenant vous avez envie de lire cette adaptation !

S 2-3Ed Paquet, 16€