Cosy mystery·Policier

« Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette (t1) : Nom d’une pipe ! » de Nadine Monfils

magritte t1Un nouveau cosy mystery, une couverture qui me fait de l’oeil, une auteure dont j’ai déjà lu un livre (très différent), voilà comment ce roman est arrivé entre mes mains.

Une femme a été retrouvée morte, alors qu’elle se rendait au rendez-vous galant que lui avait fixé par lettre un mystérieux amoureux.

Magritte, qui avait aperçu cette femme quelques jours plus tôt, décide de jouer les détectives avec la complicité de sa femme Georgette.

Le duo Magritte-Georgette fonctionne bien, ils s’aiment et se chamaillent. Le lecteur en apprend plus sur la vie de Magritte, ses zones d’ombre (dont la mort de sa mère) et aussi ses fantaisies. L’ambiance est assurément belge – par les références, les termes utilisés – et si les frites sont au menu, on ne peut pas parler de cliché car l’auteure est elle-même belge.

Le roman donne envie de retourner voir quelques toiles de Magritte. L’enquête est efficace, complètement dans l’esprit du roman d’enquête. Je lirai probablement le deuxième tome.

S 3-3Robert Laffont, coll. La Bête Noire, 312 pages, 14,90€

Essai / Document

« L’Elysée à la plage » de Pierrick Geais

élysée plageVoilà un livre parfait pour l’été, pour faire un tour de France (et plus!) des vacances des Présidents de la 5e République. De la Boisserie au Cap Nègre, de Latche dans les Landes à la Côte d’Azur, chaque lieu en dit long sur le Président qui y a passé ses vacances, mais aussi sur son époque. Des vacances studieuses pour certains ou tape-à-l’oeil pour d’autres, chacun son style.

Le livre ne dévoile aucun scoop mais offre une lecture agréable et sans prétention. Les chapitres sont organisés par ordre chronologique, Président par Président, de De Gaulle à Macron. On retiendra quelques anecdotes, qui font sourire ou s’agacer.

En fil rouge, le Fort de Brégançon, lieu de villégiature présentielle par excellence, a été occupé ou délaissé, selon les époques. Sa récupération forcée par le Général de Gaulle est pour le moins étonnante ; pour le reste les anecdotes sur ce lieu sont souvent déjà connues.

Au-delà des lieux, c’est aussi la question du « droit aux vacances » de nos Présidents qui est posée. Et si l’on peut accepter qu’un Président est aussi un homme (ou un jour une femme ! ;-)) qui a besoin comme tout le monde de se ressourcer, l’époque semble bien loin où les vacances présidentielles s’étalaient du 14 juillet à la rentrée parlementaire de septembre !

S 3-3Ed du Rocher, 224 pages, 17,90€

Cosy mystery·Policier

« Le corbeau d’Oxford » de Faith Martin

corbeau oxfordTrudy Loveday est une jeune policière pleine de projets et d’ambition. Mais en 1960 les femmes n’ont pas encore toute leur place dans les équipes de police, et ses supérieurs hiérarchiques n’ont pas l’intention de lui confier la moindre affaire sérieuse.

Pour se débarrasser de cette jeune femme dont il ne sait que faire, son chef l’envoie travailler avec Clement Ryder, un vieux coroner bourru dont la réputation d’excellence fait frémir tous les policiers qui ont affaire à lui.

Alors qu’un jeune père a été tué, son décès relance dans l’esprit de Clement Ryder une vieille affaire. Mais bien des années après, quel lien fait-il entre les deux histoires ? Et pourquoi veut-il rouvrir le dossier du suicide d’une jeune fille ?

Avec beaucoup d’énergie et un sens remarquable de la déduction, Trudy va collaborer avec Ryder sans se laisser impressionner par la réputation de celui-ci.

Si le roman est dans l’ensemble assez classique, l’écriture est efficace et l’enquête progresse en alternant fausses pistes et vraies avancées. Je ne sais pas encore si je lirai d’autres tomes de cette série, mais c’est un bon roman d’enquête.

S 2-3Harper & Collins Noir, 306 pages, 14,90€

Cosy mystery·Policier

« Meurtres et charlotte aux fraises » de Joanne Fluke

hannah2 charlotte fraisesJ’étais très curieuse de voir comment aller se dérouler ce deuxième tome des enquêtes d’Hannah Swensen. Hannah tient une boutique de cookies à Eden Lake, dans le Minnesota. Cette année, elle est jurée dans une émission de télévision dédiée à la pâtisserie. Le décor est planté, comme pour le premier roman, ce deuxième tome va vous donner envie de manger successivement de la charlotte aux fraises, du gâteau à l’ananas nappé de caramel, et bien sûr toutes sortes de cookies puisque c’est la spécialité de l’héroïne. Il y a moins de recettes (me semble-t-il) que dans le premier tome, ce qui n’est pas plus mal car de toute façon je ne comprends rien aux dosages qui sont donnés en « tasses », les tasses étant traduites en « millilitres »… mais cela me paraît toujours incongru de doser la farine en « millilitres ».

Bref.

Boyd, l’entraîneur de basket de la ville a été retrouvé mort – et c’est Hannah que la veuve a appelée en premier. Or Hannah connaissait le terrible secret du couple, Boyd était un mari violent qui battait sa femme. Bien que tout puisse accuser la femme battue, Hannah est persuadée de son innocence. En cachette de Mike – l’un de ses prétendants – et de Bill, le mari de sa sœur, policer, Hannah décide d’enquêter.

Rien n’a vraiment changé depuis le premier tome : la mère d’Hannah est toujours envahissante, sa nièce est trop mignonne, Lisa son assistante est une perle, Hannah est tiraillée entre Mike et Norman le dentiste… et j’avais envie de manger des cookies à chaque chapitre. Il faut dire que quand Hannah n’est pas dans sa boutique, elle a toujours sur elle un sac de cookies – elle est persuadée que le chocolat résout tous les maux, et que proposer des cookies à un témoin ou à un suspect l’aide à parler !

J’ai bien aimé ce deuxième tome, je suis rassurée sur le fait que les histoires pourront se renouveler tout en gardant les « codes » du premier tome – les cookies, la famille… et le chat Moshe. Je lirai le prochain ! (sortie prévue en septembre 2021)

S 3-3Le Cherche Midi, 400 pages, 15€

Audio·Roman

« La commode aux tiroirs de couleurs » de Olivia Ruiz

commodeOn connaît bien sûr Olivia Ruiz comme chanteuse, et ce premier roman est l’occasion (et la bonne surprise) de lui découvrir aussi des talents d’écrivain.

Une jeune femme – à laquelle on peut facilement identifier l’auteure) a hérité de sa grand-mère une commode. Objet mystérieux par excellence, il a longtemps suscité la curiosité des petits enfants qui n’avaient pas le droit de l’ouvrir. Les objets qu’elle y trouve retracent, un par un, un passé familial longtemps tu et ignoré.

Oscillant entre gravité et tendresse, le roman explore autant de sujets que l’impact de la « grande Histoire » sur les individus, la transmission familiale, l’engagement, l’acculturation. Olivia Ruiz dresse plusieurs portraits de femmes fortes, solidaires, déracinées de leur Espagne. En décrivant leur courage et leur légèreté, l’auteure nous livre un texte fort et tendre que je vous conseille vivement – jusqu’au dernier chapitre qui clôt le texte avec sensibilité et humour. L’écriture porte la même énergie que celle que l’on connaît à Olivia Ruiz dans ses chansons – et nulle autre mieux qu’elle n’aurait pu lire ce texte.

S 3-3Audiolib, lu par l’auteure, 4h10 d’écoute, 21,90€ en version CD

Essai / Document

« Chère mamie au pays du confinement » de Virginie Grimaldi

mamie confinementSi vous suivez Virginie Grimaldi sur les réseaux sociaux, vous connaissez déjà ces petits billets d’humour, sous forme de courtes lettres adressées à sa grand-mère, qui croquent notre quotidien. Elle en déjà fait un livre, « Chère Mamie » et récidive avec une série de lettres écrites jour après jour pendant le premier confinement.

Qui d’autre que Virginie Grimaldi aurait pu croquer cette période avec autant de perspicacité, ce mélange de gravité et d’humour qui fait la « patte » de l’écriture de cette auteure, et qui est ici à son summum ? Qui d’autre qu’elle pour nous parler de l’école à la maison, des courses au drive, de la couture des masques ? Qui d’autre qu’elle pour jongler avec la peur de la maladie (elle avoue régulièrement son hypocondrie) et les petits bonheurs du quotidien ? En quelques pages bien trouvées, vous allez retrouver ce quotidien qui nous a surpris, et quelque part nous a unis dans une même stupeur. Racontés avec beaucoup d’autodérision, les petits tracas et les angoisses prennent une autre dimension, et soudain on mesure à quel point nous avons partagés un moment d’humanité.

S 3-3Fayard / Le Livre de poche, 5,50€, tous les bénéfices sont reversés à la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France

Policier

«Les yeux fermés » de Chris Bohjalian

yeux fermésJ’avais lu la quatrième de couverture un peu rapidement, et donc je n’avais pas vu que le roman avait pour fond le somnambulisme. Et pourtant, c’est bien autour de ce mystérieux trouble nocturne que se construit l’histoire. Annalee a disparu. Mère de deux filles, une ado et une jeune adulte, elle était connue pour faire des crises aiguës de somnambulisme. Alors que s’est-il passé cette nuit-là ? Est-ce une nouvelle crise qui l’a poussée à sortir de chez elle en pleine nuit ? Et pourquoi, si elle s’est noyée dans la rivière à proximité de la maison, n’a-t-on toujours pas retrouvé son corps ?

Une fois le drame planté et les questions posées, le début de l’histoire stagne un peu. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’intrigue (environ jusqu’à la page 100 j’ai trouvé que l’histoire tournait en rond). Et finalement je me suis attachée à Lianna, la fille ainée d’Annalee, qui s’accroche au quotidien pour soutenir son père et sa sœur, et j’ai suivi cette jeune femme dans ses interrogations pour découvrir les secrets de sa mère. Au final je me suis prise au jeu de « vouloir savoir ». Si le suspense n’est pas insoutenable, le roman se lit bien. La fin n’est pas stupéfiante mais le dénouement fonctionne.

S 2-3Le Cherche midi, 368 pages, 22€

BD

« Le Château de mon père », de Labat, Véber, Lemardelé, Vitrebert

versaillesSi le clin d’œil du titre à Pagnol est évident, le château dont il est question dans cette BD n’a rien à voir avec un petit château de Provence. Sous titrée « Versailles ressuscité », cette BD raconte en effet la vie du conservateur qui a redonné vie et lettres de noblesse à l’un des plus célèbres châteaux de France.

Remettons les événements dans leur contexte : en 1887, quand Pierre de Nolhac arrive en poste comme conservateur de Versailles, le château est un bel endormi. Symbole de la royauté dans une France qui célèbre la République, il n’est voué qu’à sommeiller pour l’Histoire. Ce qu’on attend de Pierre de Nolhac ? Qu’il poursuive un travail d’historien, qu’il s’amuse un peu avec les archives, et surtout qu’il n’en fasse pas trop. Mais ce n’est pas ainsi que le nouveau conservateur envisage sa tâche…

BD très originale sur une histoire qui m’était inconnue, j’ai beaucoup aimé suivre ce conservateur, qui arrive avec femme et enfants dans un château que eux vont détester, mais que lui va faire revivre. Les épreuves de la vie n’épargneront pas leur famille, plusieurs fois endeuillée, mais Pierre de Nolhac continue inlassablement sa mission. Humble, dévoué, il avance à petits pas, mais à pas sûrs. Les dessins en noir et blanc sont très réussis (si la Galerie des glaces nous est familière, je ne l’avais jamais vue en noir et blanc). C’est d’ailleurs un choix très judicieux : en couleurs, l’œil du lecteur se serait attardé sur les dorures de Versailles, alors qu’en noir et blanc le lecteur se concentre davantage sur Pierre de Nolhac et son travail.

S 3-3La boîte à bulles, 168 pages, 24€

Audio·Roman

« Intuitio » de Laurent Gounelle

intuitioLe pitch de ce roman m’avait tapé dans l’œil : imaginez qu’un homme doive résoudre une enquête avec pour seul outil son intuition.

Je connaissais l’auteur de nom, mais je n’avais jamais encore lu ou écouté l’un de ses livres, et je me suis dit que c’était une bonne occasion.

L’histoire commence ainsi : Timothy est écrivain ; il a publié plusieurs romans mais n’est pas une star de l’édition – ou plutôt, il n’est pas encore une star, car l’émission d’Oprah Winfrey qu’il doit faire dans quelques jours, pour remplacer au pied levé Leonardo Di Caprio, pourrait bien changer sa vie. Il a une semaine pour s’y préparer, mais il ne sait pas encore que la semaine qui arrive ne va pas ressembler à ce qu’il avait imaginé.

En effet, le FBI a décidé de le recruter pour enquêter sur de mystérieuses attaques d’établissements financiers. Et pour cela, le FBI compte sur la seule intuition de Timothy.

C’est à ce moment-là de ma chronique que je dois faire une pause : parce que je veux bien me laisser emporter dans un récit qui ne soit pas 100 % crédible, je veux bien faire preuve d’imagination, mais là le point de départ est complètement tiré par les cheveux. Timothy le reconnaît lui-même, et plusieurs passages du roman l’illustrent : cet homme n’a aucune intuition. Dès qu’il se fie à son instinct, il se plante. Alors pourquoi le choisir, lui, pour cette mission ?

Heureusement je ne me suis pas arrêtée là, car pour le reste le roman est assez prenant, et l’enquête bien menée – j’avais envie de connaître la suite. J’avais sans doute trop d’attente et de curiosité autour de l’intuition, mais si cette partie-là du livre m’a déçue, je ne regrette pas cette écoute.

S 2-3Audiolib, 10h d’écoute, 22,90€, lu par Cyril Romoli

Policier

« Le léopard des Batignolles » de Claude Izner

léopard BatignollesJ’avais un peu oublié la complexité des romans de la série des « Victor Legris »… Ce cinquième tome de la série me l’a vite rappelé ! Et pourtant j’aime les personnages de cette série, ces deux libraires – Victor Legris, donc, et son accolyte Kenji Mori – heureux propriétaires d’une librairie dans le Paris de la toute fin du XIXème siècle. Depuis les premiers opus de la série, Victor Legris se transforme régulièrement en enquêteur, et mène ses recherches avec l’aide de Joseph, son commis, un jeune homme bougon mais bon enfant qui rêve de devenir écrivain.

J’aime cette ambiance historique, cette librairie qui fourmille de livres anciens, et son époque virevoltante où Paris évolue aussi vite que les mœurs, où la bicyclette est à la mode, et où les femmes s’émancipent peu à peu.

Mais il me fallait bien tout cet attachement au cadre de l’histoire pour m’aider à m’accrocher à un récit que j’ai trouvé très complexe et dans lequel j’ai eu du mal à entrer. Basé sur une arnaque de faux titres boursiers, le début de l’histoire enchaîne plusieurs chapitres qui semblent sans lien apparent ; et si le procédé est classique, il dure un peu trop longtemps à mon goût dans ce roman, ce qui m’a empêchée d’être saisie par l’histoire et d’avoir envie d’en connaître la suite.

S 1-310/18