BD

« Miss Marple à l’Hôtel Bertram », adapté en BD par Olivier Dauger et Dominique Ziegler, d’après Agatha Christie

couv_9782889369843_1_0C’est la troisième adaptation BD d’un roman d’Agatha Christie que je lis. La collection est assez inégale de mon point de vue, il y a certaines adaptations dont les dessins ne me plaisent pas du tout – mais celle-ci me plaît ! Ce sont les mêmes scénariste et dessinateur que « Un cadavre dans la bibliothèque ».

Ce tome est très réussi. J’ai aimé l’ambiance dans le vieil hôtel Bertram, un peu hors du temps, où Jane Marple passe quelques jours en souvenirs de vacances qu’elle passait ici dans sa jeunesse.

Les dessins sont bien réalisés, j’ai aimé les couleurs utilisées (dès la couverture d’ailleurs!), la typographie est facile à lire.

Seul bémol, je n’ai pas compris l’intérêt de laisser certaines phrases en anglais « How do you do », « Long time no see » etc). Ce n’était pas utile, on est déjà plongés dans l’ambiance londonienne.

S 3-3Editions Paquet, 16€

BD

« La mystérieuse affaire de Styles » , adaptée en BD par Romuald Gleyse et Jean-François Vivier d’après Agatha Christie

couv_9782889325573_1« La Mystérieuse affaire de Styles » est le premier roman d’Agatha Christie. Un siècle après sa première publication, l’intrigue est toujours efficace, et son adaptation en bande dessinée permet aux amateurs du genre de redécouvrir ce classique.

On découvre Hercule Poirot dans sa première aventure. Ami du capitaine Hastings, qui revient de la guerre, il fait connaissance avec des amis de celui-ci, la famille de John Cavendish. Or la belle-mère de John est retrouvée morte empoisonnée. Le détective belge commence alors une enquête parallèle…

La bonne idée de cette adaptation en BD est d’avoir été fidèle à l’œuvre originelle sans reprendre 100 % des codes attendus. Le personnage de Poirot, par exemple, est dessiné assez différemment de ce que l’on pourrait imaginer : il n’a pas de « crâne d’œuf », porte des moustaches très fines, et ne ressemble pas à son interprète le plus célèbre, David X. En revanche le rythme de l’enquête, le processus de déduction et les fausses pistes sont bien dans la lignée de l’œuvre d’Agatha Christie. Les couleurs sont attrayantes, l’histoire bien adaptée, cela fonctionne très bien.

Je n’avais pas été totalement convaincue par la version BD de « Un cadavre dans la bibliothèque », j’ai bien fait de poursuivre mon exploration de cette collection – où les auteurs / dessinateurs sont différents d’une BD à l’autre. Celle-ci est une belle adaptation réussie. D’autres titres de la collection m’inspirent moins, mais j’ai remarqué « Miss Marple à l’hôtel Bertram », qui sera sans doute ma prochaine « BD Christie » !

S 3-3Editions Paquet, 16€

BD

« Un cadavre dans la bibliothèque », adaptation BD de Dominique Ziegler et Olivier Dauger d’après Agatha Christie

cadavre bibliothèque BDAgatha Christie est une auteure dont j’ai quasiment tout lu (et ça fait beaucoup de textes ! Romans, nouvelles, pièce de théâtre). Et pourtant je continue à avoir l’oeil attiré par toutes sortes d’adaptations – cette fois-ci en bande dessinée.

Mr. et Mrs Brandy sont réveillés en catastrophe par leur domestique, qui a trouvé une femme morte dans la bibliothèque ! Inconnue du couple, sa présence est inexplicable. Mrs Brandy fait appel à sa voisine Jane Marple, bien connue pour avoir résolu d’autres énigmes, pour élucider ce mystère.

Miss Marple va se confronter à un inspecteur suspicieux et un commissaire plutôt bonhomme, et explorer des pistes différentes de celles de la police. Bref, un classique du genre.

L’intérêt, bien sûr, réside dans l’adaptation en BD. Les dessins sont vraiment très bien faits, les visages des personnages très expressifs mais tout en douceur dans les traits. Les décors sont bien travaillés (la bibliothèque vue d’en haut, l’hôtel en pleine page…). Je me suis un peu perdue dans les personnages vers la fin (mais bon, j’ai compris la chute!). Petit regret, le texte est écrit assez petit, ce n’est pas très confortable pour la lecture.

Et pour finir, la dernière vignette offre un ultime rebondissement – ah ah, je vous ai piqué au vif, maintenant vous avez envie de lire cette adaptation !

S 2-3Ed Paquet, 16€

BD

« A l’ombre des jeunes filles en fleurs (intégrale t2) » de Marcel Proust – Adaptation et dessin de Stéphane Heuet

proust t2J’aime ces lectures qui donnent le sentiment qu’il y a un « avant » et un « après ». J’avais adoré le premier tome de l’adaptation de Proust par Stéphane Heuet, et je suis tout autant émerveillée par ce deuxième tome de l’intégrale.

Rien qu’en ouvrant le livre, on découvre une très belle aquarelle en double page, représentant une scène élégante dans le Paris du début XXème siècle. Et cette élégance dans les dessins, on la retrouve tout au long des 200 pages. Les dessins sont superbes, et recréent une vraie ambiance dans laquelle le lecteur peut s’immerger.

Réconciliée avec Proust grâce à cette adaptation, j’ai même acheté l’intégrale de « La Recherche » (dans la collection Quarto de Gallimard), pour avoir le plaisir de naviguer entre l’adaptation en BD et le texte original. Je me suis ainsi rendu compte de la précision de l’adaptation, jusque dans les dialogues qui sont d’une grande fidélité au texte original.

Quel travail d’adaptation !

Et quel plaisir de lecture !

Le livre se termine par des explications sur les lieux, les personnages… c’est bien mieux fait que les traditionnelles notes de bas de page !

Vous l’aurez compris, le coup de coeur que j’avais eu pour le premier tome est largement renouvelé avec ce deuxième tome.

S 3-3Delcourt, 224 pages, 39,95€

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« Dans la tête de Sherlock Holmes : L’affaire du ticket scandaleux (tome 2) » de Cyril Lieron et Benoît Dahan

sherlock2J’ai bien fait d’attendre la sortie du tome 2 (sur 2) de cette aventure de Sherlock Holmes, car le 1er tome s’est refermé en plein suspense (au milieu de l’histoire, donc).

Le second tome s’ouvre dans la parfaite continuité du premier, après une petite page de résumé – mais je conseille à ceux qui ont lu le début de l’histoire il y a longtemps, de le relire avant d’entamer celui-ci. On continue donc à suivre le cheminement de la pensée de Sherlock Holmes, représentée par un fil rouge qui relie entre eux les indices accumulés au fur et à mesure que l’enquête progresse. L’histoire est bien menée, l’enquête rythmée (à part quatre pages un peu longues à la fin de l’histoire, qui n’apportent pas grand-chose, le dénouement étant déjà connu). Les décors sont toujours aussi soignés ; je vous invite à regarder le Royal Albert Hall, extérieur et intérieur. J’aime bien aussi les dessins « dans la tête de » Sherlock Holmes, plutôt amusants avec leurs systèmes , poulies, tuyaux etc. Le lecteur est aussi sollicité pour regarder des pages en transparence ou les recourber ; c’est plutôt anecdotique dans l’histoire mais cela reste distrayant.

Les deux tomes forment un bel ensemble, agréable à lire, à feuilleter, et même à offrir les yeux fermés pour la qualité du travail réalisé, qui dépasse largement les petites nuances que j’ai soulignées.

S 3-3Ankama, 48 pages, 14,90€

BD

« Dans la tête de Sherlock Holmes : L’affaire du ticket scandaleux (tome 1) » de Cyril Lieron et Benoît Dahan

sherlockt1J’attendais la sortie du 2e tome de cette aventure de Sherlock Holmes en BD pour lire toute l’histoire d’un coup.

Pour commencer, je ne peux pas ne pas parler de la très belle couverture, particulièrement attrayante et qui illustre d’emblée que l’on sera « dans la tête de » Sherlock Holmes. Toute la BD a d’ailleurs un rendu très beau, avec un magnifique graphisme des décors (Londres, l’appartement de Baker Street que Sherlock partage avec Watson etc) – même si j’ai nettement moins aimé les dessins des visages des personnages.

L’histoire, maintenant. Le Dr Fowler, un confrère de Watson, a été retrouvé errant, à moitié amnésique. Que s’est-il passé dans la soirée cabaret où il était invité ? Que signifient les mystérieux dessins figurant sur le ticket d’entrée ?

Sherlock Holmes n’est pas mon personnage de roman préféré, et pourtant j’ai beaucoup aimé cette BD, loin des clichés qu’on en a retenu ou inventé (« élémentaire… »), et donc c’est très bonne découverte. On suit le « fil rouge » (au sens propre du terme) qui montre le cheminement des pensées de Sherlock Holmes.

J’ai très envie de lire la suite pour connaître la clé de l’histoire. Ouf elle est sortie.

S 3-3Ankama, 50 pages, 14,90€

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« Nellie Bly – Dans l’antre de la folie » de Virginie Ollagnier et Carole Maurel

nellie blyeFin du XIXème siècle aux Etats-Unis. Nellie Bly se fait interner volontairement, pour dénoncer dans la presse les mauvais traitements subis par les femmes de l’asile psychiatrique de Blackwell. Dans cet asile vivent des femmes qui ont toute leur tête, mais que la misère ou une vie familiale compliquée ont rendu dépendantes ou fragiles.

Le traitement de l’histoire est bien mené. On entre tout de suite dans le « reportage » de Nellie, puis l’histoire revient sur son enfance et les raisons de son engagement. L’ensemble se lit assez bien, même si j’ai trouvé la BD un peu longue. Les dessins sont très bien réalisés, les visages des personnages expressifs, et les décors restituent bien l’ambiance.

Ne terminez pas cette BD sans lire les interviews intéressantes de la scénariste et de la dessinatrice, qui racontent comment elles se sont approprié le projet et comment elles ont abordé le personnage de Nellie Bly, la première femme journaliste d’investigation.

S 2-3Glénat, 176 pages, 22€

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« Le Château de mon père », de Labat, Véber, Lemardelé, Vitrebert

versaillesSi le clin d’œil du titre à Pagnol est évident, le château dont il est question dans cette BD n’a rien à voir avec un petit château de Provence. Sous titrée « Versailles ressuscité », cette BD raconte en effet la vie du conservateur qui a redonné vie et lettres de noblesse à l’un des plus célèbres châteaux de France.

Remettons les événements dans leur contexte : en 1887, quand Pierre de Nolhac arrive en poste comme conservateur de Versailles, le château est un bel endormi. Symbole de la royauté dans une France qui célèbre la République, il n’est voué qu’à sommeiller pour l’Histoire. Ce qu’on attend de Pierre de Nolhac ? Qu’il poursuive un travail d’historien, qu’il s’amuse un peu avec les archives, et surtout qu’il n’en fasse pas trop. Mais ce n’est pas ainsi que le nouveau conservateur envisage sa tâche…

BD très originale sur une histoire qui m’était inconnue, j’ai beaucoup aimé suivre ce conservateur, qui arrive avec femme et enfants dans un château que eux vont détester, mais que lui va faire revivre. Les épreuves de la vie n’épargneront pas leur famille, plusieurs fois endeuillée, mais Pierre de Nolhac continue inlassablement sa mission. Humble, dévoué, il avance à petits pas, mais à pas sûrs. Les dessins en noir et blanc sont très réussis (si la Galerie des glaces nous est familière, je ne l’avais jamais vue en noir et blanc). C’est d’ailleurs un choix très judicieux : en couleurs, l’œil du lecteur se serait attardé sur les dorures de Versailles, alors qu’en noir et blanc le lecteur se concentre davantage sur Pierre de Nolhac et son travail.

S 3-3La boîte à bulles, 168 pages, 24€

BD

« Du côté de chez Swann » de Marcel Proust, adaptation BD de Stéphane Heuet

Du côté de chez SwannLire Proust… Beaucoup s’y sont aventurés, nombreux sont ceux qui y ont renoncé. Je me souviens avoir lu un tome de la « Recherche » il y a bien longtemps – j’avoue ne plus me souvenir duquel il s’agissait. C’est une lecture que j’appréhendais, et à juste titre puisque je n’ai pas poursuivi au-delà de ce premier essai.

Alors quand j’ai découvert qu’un scénariste et illustrateur s’était attaqué au « monstre » de la littérature française en bande dessinée, je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de me réconcilier avec cette œuvre et, enfin, de comprendre de quoi elle parle !

C’était quitte ou double. Et finalement cette lecture s’est avérée une très agréable surprise ! J’avais opté pour le premier tome de l’intégrale, regroupant trois textes (« Combray », « Un amour de Swann », « Nom de pays »). Le premier permet de se plonger dans l’univers de Proust enfant ; on y retrouve des personnages connus (même quand on connaît mal l’œuvre), comme la tante Léonie, et bien sûr l’épisode de la madeleine… Mais la partie que j’ai préférée est l’adaptation d’ « Un amour de Swann », que j’ai dévorée, et qui relate les mésaventures amoureuses de Monsieur Swann, entiché d’une « cocotte » pour qui il serait prêt à tout – y compris à faire bonne figure dans une petite société d’entre-soi bourgeois qui finira par le rejeter.

La grande réussite de cette adaptation en BD est d’avoir conservé une partie du texte original, ce qui permet de ne pas trop édulcorer l’œuvre et d’en faire découvrir l’essence même à des néophytes comme moi. Quant aux illustrations, elles sont tout simplement très réussies, à la fois colorées (je n’aime pas les BD trop sombres) et renvoyant une certaine douceur qui s’accorde très bien avec le thème des souvenirs. Elles rendent aussi certains passages plus digestes – je continue à penser que certaines phrases du texte original sont d’une grammaire douteuse, en tout cas à plusieurs reprises j’ai dû en relire certaines pour les comprendre…

J’ai découvert cette BD parce qu’un autre tome a reçu un prix France Télévisions cet été. Et quand je suis allée sur le site de l’éditeur (Delcourt) j’ai découvert que le premier tome de la série date de… 1998. Autant dire que cette adaptation ressemble (aussi) à l’œuvre d’une vie !

S 3-3Delcourt, 240 pages, 39,95€

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« Culottées II, 1 » de Pénélope Bagieu

culottées IIJ’avais déjà chroniqué sur ce blog « Culottées », le tout premier tome, de Pénélope Bagieu. Hommage à des femmes plus ou moins célèbres, mais qui chacune à leur manière ont marqué l’Histoire.

Dans la première partie de ce livre II, j’ai retrouvé tout ce que j’avais aimé dans le premier tome : des portraits intéressants, marquants, forts. Les femmes mises en avant ici viennent d’horizons différents, et ont imposé leurs choix de femmes dans toutes sortes de domaine : sport, musique, combat pour l’égalité ou engagement sur le bien-être animal. Chacune s’est battue contre sa culture, sa famille, les préjugés sur ce que l’on imagine qu’une femme peut ou ne peut pas faire.

C’est un livre plein d’espoir et teinté de l’humour de Pénélope Bagieu ; mais c’est aussi un livre parfois très dur (le portrait de Phulan Devi coupe le souffle). Le pari de faire passer des messages essentiels tout en le faisant de manière accessible et parfois amusante, est évidemment réussir. On ne peut que se réjouir que des femmes aussi inspirantes soient ainsi mises en avant auprès d’un large public. A découvrir, à s’offrir, à offrir !

S 3-3Folio, 104 pages, 7,65€