Roman

« Les adieux à la villa aux étoffes » (tome 6) d’Anne Jacobs

9782264083937ORIJ’ai toujours un petit pincement dans mon cœur de lectrice quand je sais que j’aborde un dernier tome, surtout quand c’est une série que j’ai autant aimée que « La villa aux étoffes ».

J’avais quitté la famille Melzer dans les tourments de la Seconde Guerre mondiale, alors que Marie (l’héroïne et épouse du directeur de l’usine de textile) avait émigré aux Etats-Unis pour fuir l’Allemagne nazie. Au début de ce tome, j’ai été un peu déstabilisée, ayant perdu mes repères sur la nouvelle génération (les enfants de Marie et leurs cousins), jeunes adultes face à la guerre, et dont j’avais pour certains oublié jusqu’à leurs prénoms, davantage concentrée sur les histoires de leurs parents…

Mais j’ai vite retrouvé le fil de l’histoire. C’est d’ailleurs une des grandes qualités de cette série que de toujours bien resituer les personnages pour le lecteur – et ils sont nombreux, les personnages, entre la famille au cœur de l’intrigue, les domestiques, les amis et les ennemis…

Ne lisez pas la quatrième de couverture, qui va trop loin dans le résumé, et profitez juste de retrouver les héros de cette histoire attachante. Le récit des réactions de chacun face à la guerre sonne toujours juste, sans caricature ni facilité. Tandis que Paul perd peu à peu tout contrôle sur l’usine familiale, Dodo sa fille est devenue une aviatrice hors paire. Klippstein est plus détestable que jamais – mais on découvre aussi ses failles. Quant aux domestiques, ils ancrent le récit dans la gestion du quotidien (l’approvisionnement, l’hébergement), qui font aussi partie du charme de ces romans. On tremble, on sourit, on serre les dents… jusqu’à la dernière page.

S 3-310/18, 624 pages, 10,10€

Roman

« L’affaire Agatha Christie » de Nina de Gramont

9782266333146ORIJe ne peux pas lire « tous » les livres qui sortent autour de Agatha Christie… ils sont trop nombreux ! Mais je me laisse souvent tenter, quand même… Et ce roman, qui surfe sur le mystère de la disparition de la célèbre auteure pendant quelques jours, a évidemment fini un jour dans ma PAL…

Autant le dire tout de suite : Agatha Christie est en grande partie un prétexte à l’histoire, puisque le roman raconte surtout la vie de… la maîtresse du mari d’Agatha Christie. Alors bien sûr, le parti pris de ce roman est de montrer en quoi cette femme a causé le départ d’Agatha Christie, mais l’essentiel du roman tourne bel et bien autour de la maîtresse plutôt que de l’auteure.

L’histoire reste intéressante et raconte le passé de cette femme (Nan), les épreuves qu’elle a vécues, et son amour de jeunesse ; mais aussi, au fil des chapitres, comment et pourquoi elle est arrivée dans la vie d’Archibald Christie. C’est Nan, d’ailleurs, qui est la narratrice du roman (même s’il y a parfois des maladresses dans la narration, des passages où elle parle d’elle à la troisième personne…). Le regard qu’elle porte sur Agatha Christie met plutôt en valeur la romancière, et le personnage de Nan, qui pourrait n’avoir « que » le mauvais rôle, suscite finalement la compassion du lecteur.

Certains éléments des derniers chapitres sont assez surprenants – voire pas crédibles. Il faut donc aller au-delà de toutes ces réserves pour profiter du roman, qui le mérite pourtant car l’écriture est à la fois efficace et rythmée, et l’histoire intéressante.

S 2-3Pocket, 448 pages, 9€

Roman

« 555 » d’Hélène Gestern

G08083_555_CV.inddJe ne sais pas si je serais allée spontanément vers ce roman dont le titre n’était pas assez évocateur pour moi, mais j’ai lu une chronique si enthousiaste sur ce livre que je l’ai acheté dans les jours qui ont suivi.

L’histoire est celle de deux amis artisans, qui partagent un atelier. Lorsqu’un client lui confie un bel étui de violoncelle à restaurer, Grégoire ne s’attend pas à trouver, cachée dans la doublure, une partition. Et pas n’importe quelle partition : elle pourrait être une partition inédit de Scarlatti, le génial compositeur italien du XVIIIe siècle.

Vont alors graviter, pour des raisons plus ou moins honnêtes, une belle galerie de personnages autour de cette partition : ceux qui voudront la vendre, ceux qui voudront l’acheter, ceux qui voudront simplement la jouer, pour l’amour de l’art…

Le roman commence comme une enquête (pourquoi et comment cette partition s’est-elle retrouvée là ? Est-elle vraiment une partition originale de Scarlatti ?), mais l’histoire va bien au-delà. Les personnages, avec leurs blessures de vie, apportent chacun un regard et des attentes différentes sur cette partition. Et je me suis retrouvée, lectrice, comme une petite souris dans les coulisses d’une représentation, à l’affût de tout ce qui peut fasciner dans la musique : dans l’atelier des artisans, dans le salon d’une concertiste, dans une salle de concert… les lieux étaient très visuels et je m’y sentais immergée. En proposant des personnages contrastés (d’âges différents, de parcours différents), l’auteure montre aussi comment une même œuvre peut avoir des retentissements différents.

La fin est un tout petit peu longue à mon goût, et le dénouement largement prévisible, mais le roman n’en est pas moins très réussi.

S 3-3Folio, 9,90€

Roman

« La ferme des Neshov (tome 5) : Un amour infaillible » d’Anne B. Radge

9782264074942ORIJ’avais laissé la famille Neshov à la fin du tome 4, il y a … quatre ans (quoi ?! déjà ?!). J’ai un peu tardé à commencer ce cinquième tome, alors que j’ai adoré cette saga, tout simplement car j’avais un peu décroché de l’histoire. Allais-je me souvenir des personnages, de l’histoire ?

Quelques pages d’introduction resituent les personnages – mais hélas ne rappellent pas le grand secret de famille auquel il est fait référence à plusieurs reprises dans ce nouveau tome, et dont je n’ai jamais réussi à me souvenir complètement.

Mais ne nous arrêtons pas à ce point, car j’ai quand même trouvé ce (dernier ?) tome très réussi.

Torunn a hérité de la ferme familiale des Neshov. Elle la rénove, y prend ses marques. Elle travaille aux côtés de son oncle Margido dans l’entreprise de pompes funèbres, et s’est rapprochée de son grand-père, qui vit maintenant en maison de retraite. Toute la force de cette saga est de raconter ces liens familiaux à travers le quotidien, les détails qui n’ont rien de particulier mais qui tissent au fil du temps les liens entre les gens (il y a de longs passages sur une histoire de frigo, ou encore de drapeau, qui se lisent pourtant très bien et qui sont importants dans la relation entre Torunn et son grand-père). Les personnages sont toujours attachants, ils traînent leur passé comme des chaînes mais continuent à avancer. Ils nous ressemblent, dans leurs doutes, leurs tentatives de bien faire, les détails auxquels ils s’accrochent. Ils forment une famille atypique, pas très joyeuse, avec des histoires compliquées, mais une famille tout de même. Au fil des tomes, je me suis attachée aux personnages, à Torunn en particulier qui est une femme forte et volontaire, mais aussi sensible, avec ses doutes et ses angoisses. Je les quitte tous à regret.

S 3-310/18, 408 pages, 9,20€

Roman

« Le Huit » de Katherine Neville

9782749177427ORIEt si un jeu d’échecs pouvait porter en lui des pouvoirs magiques ? C’est en tout cas ce que la légende dit du jeu de Montglane, un jeu d’échecs sur lequel aurait joué Charlemagne, et qui aurait été ensuite caché et protégé par les religieuses d’un couvent pendant la Révolution française.

Mais en 1970, ce sont d’autres tourments qui attendent Catherine. Entre une mort suspecte lors d’un tournoi d’échecs, et l’étrange mission qui lui est confiée de retrouver des pièces d’échecs au bout du monde, la voilà au coeur de la réapparition du jeu de Montglane.

J’attendais beaucoup de ce roman, sur lequel j’avais entendu de nombreux éloges. Je suis une piètre joueuse d’échecs, mais c’est un jeu sur lequel on peut imaginer de nombreux romans, des légendes, des aventures… C’est aussi ce qui me tentait dans ce roman.

C’est un gros pavé de près de 750 pages, qui fait voyager le lecteur entre deux époques, et dans lequel on croise Talleyrand, le peintre David ou encore le futur Napoléon. J’aurais préféré qu’il y ait moins d’alternance entre les époques, car cela a parfois cassé mon rythme de lecture. Il y a aussi beaucoup de personnages, dont j’ai parfois perdu l’apport à l’histoire ou les liens avec d’autres personnages, ce qui m’a empêchée de saisir l’assemblage de certaines pièces de ce puzzle complexe. Je m’attendais à ce que le récit progresse comme une enquête, et et j’avais au contraire l’impression d’être de plus en plus dans la confusion. La fin n’est pas celle que j’attendais non plus. J’ai oscillé dans cette lecture entre l’ambiance qui me plaisait autour du jeu d’échecs et des aventures à travers le monde, et d’un autre côté une grande complexité dans l’histoire qui m’a souvent perdue et ne m’a pas permis d’apprécier ce roman autant que je l’avais imaginé.

S 1-3Le Cherche Midi, 752 pages, 21,90€

Roman

« La panne » de Friedrich Dürrenmatt

658Envie d’une lecture courte de 100 petites pages, décalée, surprenante ? « La panne » est la lecture qu’il vous faut. En tout cas, ce sont les raisons qui m’ont fait choisir ce petit livre.

L’histoire est celle d’un homme dont la voiture tombe en panne. Il demande l’hospitalité pour la nuit, et se retrouve invité à un dîner auquel participe trois hommes âgés, trois retraités de la justice (un ancien juge, un ancien avocat, un ancien procureur). Ils occupent leurs dîners à jouer de faux procès. Et ce soir-là, ils prennent le touriste comme excuse pour jouer un nouveau procès inventé. Mais la soirée ne va pas se passer comme prévu … ce qui était assez prévisible, car on se doute bien que ce ne sera pas un dîner classique. Je sentais bien qu’il se passait quelque chose, jusqu’au dénouement dont je me doutais plus ou moins. L’écriture est un peu déstabilisante, très vive, presque agressive. Le roman est plutôt original, mais il n’est pas aussi décalé que ce que j’avais imaginé. J’aurais aimé être plus surprise et bousculée davantage.

S 1-3Gallmeister, 112 pages, 6,90€

Roman

« La femme de ménage » de Freida McFadden

9782290391174Si vous aimez les thrillers psychologiques de Ruth Ware, vous allez aimer « La femme de ménage ». Tous les ingrédients pour me tenir en haleine étaient réunis : une jeune femme, Millie, au passé trouble, devient gouvernante chez un riche couple. C’est une opportunité inespérée pour elle, qui peine même à garder un emploi de serveuse. Ici, elle va s’occuper d’une petite fille, faire le ménage, la cuisine.

Mais le job de rêve a ses zones d’ombres : la maîtresse de maison a des sautes d’humeur inexpliquées, la fillette est mal élevée, et la chambre de Millie ressemble à un vieux grenier inhospitalier.

Quant au mari, c’est un homme d’affaires élégant et bienveillant – mais Millie évite de le fréquenter pour ne pas fâcher sa patronne, dont les changements d’humeur sont ravageurs.

Des personnages ambigus, une histoire prometteuse avec plein de non-dits, j’ai accroché à cette histoire dès les premières pages. Le début m’a beaucoup fait penser à « La Clé du sang » ; il y a des ressemblances dans le décor, les personnages. Je ne peux malheureusement pas vous raconter trop de détails sur l’histoire, mais je peux vous dire que ce livre va vous tenir en haleine, vous faire faire mille suppositions peut-être… le mieux est de vous laisser porter (et surprendre!).

S 3-3J’ai lu, 416 pages, 8,60€

Roman

« La mort de Mrs Westaway » de Ruth Ware

9782266308205ORIHarriet Westaway mène une vie difficile. Sans argent, elle vie dans un minuscule appartement sans chauffage que lui a laissé sa mère à son décès. Pour gagner sa vie, elle tire les cartes sur la jetée de la ville de bord de mer où elle habite. Acculée par un créancier, elle ne sait plus comment s’en sortir.

Arrive par la providence un courrier : sa grand-mère, Mrs Westaway, vient de mourir. Harriet doit se rendre sur place, elle est attendue par le notaire. Sauf qu’il y a un hic : la grand-mère d’Harriet est morte depuis longtemps, et cette Mrs Westaway est une inconnue.

J’adore les romans psychologiques de Ruth Ware, je les ai quasiment tous lus. J’ai globalement retrouvé l’ambiance que j’aime bien, des non-dits, des personnages ambigus, un décor propice aux secrets (ici une grande demeure glaciale dont le parc est envahi de pies). Tout cela fonctionne bien. On comprend très vite que la thématique de l’identité sera au coeur de l’intrigue (avec plein de secrets de famille en plus). J’ai tourné un bon moment autour de la solution sans la trouver complètement. Je me suis aussi mélangée dans les prénoms : c’est mon point négatif sur ce roman, je déteste me perdre dans les personnages et cela m’a empêchée de comprendre certains liens entre les personnages.

L’intrigue est moins angoissante et moins prenante que d’autres romans de la même auteure, mais le roman se lit quand même avec plaisir (et j’avais envie d’avoir le fin mot de l’histoire).

S 2-3Pocket, 512 pages, 9,20€

Policier·Roman

« Les fantômes du Finistère » de Jean-Luc Bannalec

9782258204560ORIRetrouver le commissaire Dupin et son équipe de Concarneau est toujours la garantie de passer un bon moment de lecture. Dans cette onzième enquête (déjà!), c’est Labat l’un des fidèles lieutenants de Dupin, qui lance l’histoire : sa tante, une femme âgée mais en pleine forme, rencontre depuis quelques temps les signes mystérieux de la mort autour d’elle – la Bretagne est pleine de légendes, et si la série des « Dupin » reste toujours très rationnelle, elle fait souvent référence aux croyances locales. Dupin, Parisien d’origine, ne croit pas à ces signaux, mais la vieille tante décède pourtant. Et quand Labat se rend sur place, il est victime d’une agression. C’en est trop pour Dupin, qui part sur place, sur la côte des Abers dans le Finistère.

Les enquêtes de Dupin, ce sont aussi toujours de belles cartes postales de la Bretagne. Car si son port d’attache est Concarneau, il rayonne un peu partout en Bretagne et c’est pour moi la moitié du plaisir de lecture de cette série !

Entre observations ornithologiques et culture des pommes, Dupin découvre une autre partie de la Bretagne et son enquête va se révéler à la fois intéressante et intrigante, et m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page. Les personnages sont toujours différents : cette fois-ci la victime (la tante de Labat) est une riche propriétaire d’une ancienne abbaye, et ses héritiers sont des scientifiques passionnés par les oiseaux, ou de grands industriels locaux (et un policier, donc). Cela donne une galerie de personnages qui nous guident dans plusieurs aspects complémentaires de la Bretagne.

J’ai dévoré cette enquête avec la même gourmandise que celle de Dupin dès qu’il se met à table face à la mer.

S 3-3Les Presses de la cité, 336 pages, 22€

Roman

« Trois vies par semaine » de Michel Bussi

9782266339001ORIJ’attends toujours avec impatience la publication des romans de Michel Bussi – même si maintenant je les attends en version poche… J’aime bien être surprise, être impatiente de passer d’un chapitre à l’autre, et pousser un grand « oh » lors de la révélation finale.

Peut-être avais-je placé trop d’attentes dans « Trois vies par semaine », car j’ai été plutôt déçue…

Le début était pourtant prometteur : un homme est retrouvé mort, et dans sa voiture sont retrouvés trois papiers d’identité, trois visages identiques portant des noms différents… Cet homme menait-il une triple vie ? Et pour quelle raison ?

Malheureusement très vite on comprend les grandes ficelles de l’histoire. Il y a assez peu de rebondissements, et je n’ai pas retrouvé l’ambiance « page turner » que j’adore. Il y a bien une petite révélation de fin de roman, que je n’avais pas vue venir, mais pour le reste ce n’était pas ma meilleure lecture du moment… Il y aussi des personnages assez caricaturaux (les deux frères) qui ne m’ont pas aidée à me laisser porter par l’histoire. Je me suis particulièrement ennuyée pendant les cent dernières pages que j’ai trouvées diluées – alors que cela aurait dû être le moment où je ne pouvais plus lâcher le livre.

S 1-3Pocket, 528 pages, 9,20€