Audio·Roman

« Tout le monde aime Clara » de David Foenkinos

C’est l’histoire de Clara, une adolescente solaire, dont la vie bascule un soir de concert. Mais c’est aussi l’histoire de ses parents : Alexis, un banquier un peu terne qui s’est inscrit à un atelier d’écriture, et Marie, qui travaille dans le cinéma en attendant « le » film qui décrochera la Palme d’or. C’est aussi l’histoire d’Eric Ruprez, un écrivain oublié et aigri, qui dirige l’atelier d’écriture auquel participe Alexis.

Si je vous cite tous ces personnages en introduction, c’est parce que le titre du roman, et les très courtes lignes de la quatrième de couverture (que je vous conseille au passage de ne pas lire pour garder un peu de suspense) m’avaient laissé penser que le personnage principal du roman serait cette jeune fille, Clara, et que ma première surprise a été que le livre commence longuement par l’histoire de ses parents.

Passé cet étonnement, j’ai changé d’avis plusieurs fois au cours du roman (j’aime ? Je n’aime pas ?). Généralement j’aime plutôt bien les romans de David Foenkinos, et je lui reconnais une fois de plus le talent de savoir raconter les histoires de vie, de réussir à se placer successivement dans la peau de personnages qui ont des points de vue différents (l’histoire de Alexis et Marie est bien retranscrite par exemple). En revanche j’ai regretté que l’auteur ouvre trop de voies à explorer dans un seul roman : la vie d’un couple, le destin hors du commun d’une jeune fille, le monde de l’édition et le parcours d’un écrivain, une autre histoire d’amour… C’était un peu trop pour un roman assez court.

Point positif à noter : j’ai découvert ce texte en version audio. Cela faisait un petit moment que j’étais revenue à des lectures 100 % papier, et j’ai apprécié ce retour au livre audio. J’avais (presque) oublié à quel point c’est agréable de se laisser raconter une histoire. Je suis convaincue d’y retourner ponctuellement.

Ecoutez Lire pour la version audio ; lu par François Hatt ; 5h20 d’écoute, 18,90€ pour la version CD

Roman

« Morts en débit (tome 3) : Crouzades » d’Eric Vernassière

71-6Eo1ZHKL._SY522_Avec ce dernier tome de la trilogie « Morts en débit », Eric Vernassière clôture une saga où les petites histoires personnelles forment et construisent le tourbillon de la grande Histoire.

Miremont est toujours un personnage détestable, Fradin est toujours pétri d’idéaux : de ce point de vue, les choses n’ont pas changé et j’ai pris plaisir à découvrir la suite de leur vie, alors que la fin de la Seconde Guerre mondiale approche.

Par des destins individuels, l’auteur fait entrer le lecteur dans l’Histoire du XXième siècle. Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai toujours mieux retenu les grands événements historiques quand je pouvais les raccrocher à des anecdotes ou des histoires personnelles – merci à mes profs d’Histoire qui savaient faire cela. On reconnaît là toute la pédagogie naturelle de l’auteur, formateur auprès d’adultes et d’apprentis.

Et l’Histoire ne s’arrêtant jamais, Eric Vernassière prolonge le récit avec la guerre d’Algérie, celle d’Indochine, l’apartheid…. Il y aurait de quoi faire au moins un tome de plus.

Ce que j’aime aussi dans cette trilogie, c’est qu’il y a plein d’histoires dans l’histoire, et qu’à travers la galerie de personnages bien croqués, le lecteur s’ouvre à de multiples sujets, au-delà du récit principal. L’auteur est impressionnant d’érudition, et il a la capacité à la transformer en récits qui ouvrent l’esprit – j’ai par exemple été très intriguée par l’histoire de Glozel, qu’Eric présente très bien et que je vous laisse découvrir.

Pour moi qui ai la chance de connaître l’auteur, j’ai aussi noté des références personnelles, le clin d’œil à Rimbaud, quelques recettes pour les amateurs de bonne chère, et bien sûr Piombino, dont je n’ai pas oublié qu’elle est la ville où se déroule le roman de Silvia Avallone qui fut le début d’une belle amitié.

S 3-3Autoédition, 426 pages, 21,10€

En anglais·Roman·Young adult

« American Royals (tome 4) : Reign » de Katharine McGee

Capture d’écran 2025-07-25 144553Il y a un an, je ne me sentais pas capable de lire un roman en anglais. Et me voilà, au quatrième tome d’une histoire de monarchie américaine, fière d’avoir tenu bon sur la durée. J’avais choisi une saga young adult volontairement, que j’ai pris plaisir à lire jusqu’au bout.

L’histoire est toujours plaisante et le soufflé n’est pas retombé dans cet ultime opus. Beatrice, que nous avions quittée à la fin du tome 3 victime d’un accident de la route, est dans le coma. C’est son frère Jeff qui s’apprête à prendre temporairement la tête du royaume, tandis que leur sœur Sam est déchue de son titre de princesse.

L’alternance des points de vue chapitre après chapitre, comme dans les précédents tomes, donne toujours beaucoup de rythme au récit. Beatrice fend l’armure, Sam est plus indépendante que jamais, Daphne a retrouvé sa vitalité de vipère – j’adore.

Il ne faut pas vous attendre à autre chose qu’une happy end, même si cette série n’aura pas été que guimauve et naïveté : des amours compliquées et des complots politiques auront émaillé les quatre tomes de cette saga très réussie, aux accents british malgré une action située aux Etats-Unis. J’ai aimé le propos très actuel sur la place des femmes dans le gouvernement d’un pays, leurs révoltes parfois rock’n roll contre les traditions, et ce petit soupçon de méchanceté apporté par plusieurs personnages – tous ces ingrédients réunis feraient de ces livres une excellente série pour la télé.

S 3-3Ember, 432 pages, 9,99€

Roman

« La lucidité » de José Saramago

Capture d’écran 2025-07-09 072923Abandonner la lecture d’un roman sans l’avoir terminé a longtemps été impossible pour moi. Par une sorte de respect pour l’auteur, par optimisme aussi (en me disant que l’histoire finirait bien par s’améliorer), je me suis longtemps astreinte à lire jusqu’à la dernière ligne, même quand j’y passais des heures d’ennui. Ce n’est que l’immensité des œuvres merveilleuses qui m’attendent qui a fini par me faire renoncer au supplice de la lecture par obligation. Désormais, même si je continue à m’accrocher autant que possible, j’accepte de poser un livre qui ne me plaît pas.

Mais quant à abandonner la lecture d’un roman écrit par un Prix Nobel de littérature, c’était encore un autre niveau de renoncement… Pourtant c’est ce que j’ai fini par faire (vers la page 150) avec ce roman que j’avais pourtant choisi, dont le sujet me plaisait, et que j’avais hâte de découvrir.

Ce qui m’avait plu ? Un roman qui pourrait presque être qualifié de roman d’anticipation, sur un sujet politique. Imaginez : lors d’élections dans la capitale d’un pays (que l’auteur finit par citer, à savoir le Portugal, mais qui pourrait être transposé dans beaucoup d’autres pays), 80 % des électeurs ont voté blanc.

Le phénomène est inexpliqué : journalistes et experts peinent à comprendre la motivation des électeurs et à déterminer les ressorts communautaires qui auraient pu jouer – et qui semblent inexistants, comme si seul le hasard avait abouti à cette situation.

Si rien d’illégal n’a été commis par ces électeurs, le résultat de l’élection crée cependant un désordre sans précédent dans le pays, et bientôt l’état de siège est décrété.

Voilà où je me suis arrêtée.

Ce qui m’a gênée dans ma lecture ? D’abord le style assez perturbant, de longues phrases incluant des dialogues sans tirets ni guillemets. Au début, cela donne du rythme, étonne, se différencie de ce que je lis d’habitude ; mais j’ai fini par trouver cette syntaxe trop difficile à suivre sur la durée. Ensuite j’ai trouvé que l’histoire ne progressait pas assez, voire tournait en rond : personne ne comprend ce qui s’est passé, et les politiques se perdent en conjectures, plans, etc, qui se répètent au fil des pages.

J’aurais aimé connaître le dénouement, mais peut-être n’y en a-t-il pas…

Pour cette fois en tout cas, c’est sans regret que je referme le livre à mi-parcours.

S 1-3Points, 384 pages, 7,80€

En anglais·Roman·Young adult

« American Royals (tome 3) : Rivals » de Katharine McGee

Capture d’écran 2025-07-06 154643J’avais quitté la famille royale d’Amérique (oui vous avez bien lu) en août dernier. J’avais vaguement commencé la lecture de ce troisième tome, avant de le poser pendant de longs mois… et de le reprendre ces jours-ci.

Beatrice, la nouvelle reine des Etats-Unis, préside cette année la conférence mondiale qui réunit les princes et rois du monde entier. Attention avalanche de nouveaux personnages dans les premiers chapitres ! C’est d’ailleurs ce qui m’a éloignée de cette série que pourtant j’aime beaucoup. Je ne retrouvais pas dans le début du roman ce qui m’avait plu dans les précédents – même si c’est amusant de découvrir l’héritière du trône français, une Bourbon, ou l’héritier Romanov, dans une ambiance Tournoi des Trois Sorciers digne d’Harry Potter (en moins impressionnant, quand même).

Tandis que Beatrice tente de s’imposer en tant que jeune reine, les coulisses de la royauté continuent de s’agiter autour de sa sœur Sam, amoureuse d’un duc qui devra renoncer à son titre pour l’épouser ; et autour de son frère Jeff, dans un étonnant triangle amoureux aux multiples rebondissements. Le centre de gravité de la série se déplace d’ailleurs dans ce tome : Beatrice apparaît davantage au second plan, tandis que Sam prend toute son ampleur, et que les prétendantes de Jeff créent tout le romanesque de l’histoire. En effet, la peste Daphne et la naïve Nina, toutes deux amoureuses de Jeff, et ennemies jurées depuis deux tomes, décident de s’allier contre une troisième rivale – ce n’est pas du tout crédible et j’ai regretté la transformation de Daphne, que j’ai adoré détester dans les précédents tomes.

Si le début manque un peu de rythme, j’ai finalement bien aimé le reste de l’histoire (avec pas mal de rebondissements dans le dernier quart). Comme dans les précédents tomes, la place des femmes, le racisme, le poids des traditions, sont abordés avec intelligence, ce qui fait de ce roman young adult un livre qui parlera aussi à un public plus large.

S 3-3Penguin, 400 pages, $19.99

Fantasy·Roman

« Roman de Ronce et d’Épine » de Lucie Baratte

Qui a dit que les contes étaient réservés aux enfants ? C’est (encore une fois) au Festival du livre de Paris que j’ai découvert ce petit bijou atypique. Autant le dire tout de suite, pour apprécier ce texte vous devez renoncer à vouloir tout comprendre et tout expliquer, et vous laisser porter par un récit d’abord… Lire la suite « Roman de Ronce et d’Épine » de Lucie Baratte

Roman

« Aux cabanes » de Bertrand Touzet

Capture d’écran 2025-06-15 154851Je garde un souvenir très précis d’un précédent roman de Bertrand Touzet : non pas des détails de l’histoire (j’en lis beaucoup…) mais de l’impression de grande humanité et de grande justesse que m’avait fait ce livre. Avec « Aux cabanes », j’ai spontanément envie d’utiliser les mêmes qualificatifs.

A l’approche de la quarantaine, Mathilde est en pleine introspection. Engluée dans une n-ième relation sans avenir, elle part s’isoler aux « Cabanes », une petite maison familiale au bord de la mer. C’est l’occasion pour elle de se questionner sur les choix importants de sa vie, et de se poser sur son passé.

Dès les premières pages, il se dégage de ce texte beaucoup de sensibilité, et je m’émerveille toujours de voir un auteur masculin écrire avec autant de justesse sur un personnage féminin.

A noter, il y a presque un récit « parallèle », car Mathilde est dessinatrice accréditée dans les procès d’assises – et l’auteur démontre sa capacité à écrire avec humanité sur une multitude de sujets. Si une partie de l’histoire se passe dans le sud de la France, Paris est aussi très présente dans le récit : le Paris village de carte postale tout autant que le Paris des attentats.

S 3-3Presses de la cité, 288 pages, 21€ (service de presse)

Fantasy·Roman

« Le sang de la cité » de Guillaume Chamanadjian

imageLa couverture est magnifique…

Voilà quoi ça tient, parfois, de choisir un livre… le repérer parmi des milliers d’autres au Festival du livre de Paris, le garder en tête, pour plus tard…

Ce qui m’impressionne dans les romans de fantasy, c’est la capacité de leurs auteurs à créer des univers entiers, un langage à part, des références qui nous sont étrangères quand on commence la lecture et qui peu à peu nous deviennent familières. Ici, c’est la cité de Gemina qui est le décor où cohabitent plusieurs maisons, dont la Caouane. Nox en est un digne représentant : intrépide livreur qui travaille au service d’un marchand de vin, il parcourt la cité en tous sens, connaît tout le monde, et se faufile dans toutes les rues. Mais les rivalités sont nombreuses et Nox se retrouve au coeur de négociations et de guerres entre maisons.

J’ai aimé ce personnage vif, malin, qui navigue avec aisance dans le monde. Les personnages féminins sont intéressants aussi : la toxique Daphné, la talentueuse Aussilia, la maline Guenessia.

Ce tome est le premier d’un cycle divisé en deux thématiques (Capitale du Sud / Capitale du Nord), chacune comptant trois tomes. Tous les tomes sont reliés par jeu, la Tour de garde (que j’ai imaginé, à ce stade de ma lecture, être une sorte de jeu d’échecs), et les liens précis entre les tomes restent à explorer dans de futures lectures.

S 3-3Aux Forges de Vulcain, 416 pages, 20€ (service de presse)

Roman

« Si j’étais toi » de Cesca Major

Capture d’écran 2025-05-30 172453La couverture est un peu trompeuse, et laisse présager un roman plus léger et sentimental qu’il ne l’est – tous les romans qui parlent de couples de sont pas forcément niais, et celui-ci en est une preuve.

Certes le point de départ a déjà été lu ou vu dans d’autres histoires : un couple (pas très heureux) se retrouve dans une situation improbable – l’homme a pris l’apparence de la femme, et réciproquement.

Amy, qui a du mal à s’engager avec Flynn, se retrouve donc dans la peau de celui-ci, qui vient de lui proposer d’emménager ensemble et qui s’apprête à la demander en mariage. Or tous les deux se rendaient au week-end de mariage de la sœur d’Amy. Flynn, dans le corps d’Amy, va donc devoir se débattre avec les robes, le hammam entre copines, et les relations entre sœurs. Amy, quant à elle, aura quelques déconvenues sportives dans le corps de Flynn. Mais surtout, chacun va découvrir des morceaux du passé de l’autre qu’il ne soupçonnait pas.

Peut-on aimer quelqu’un quel que soit son passé ? A-t-on besoin de tout savoir de l’autre pour le connaître vraiment ? Autant de questions traitées en filigrane dans ce roman qui, malgré un point de départ évidemment pas crédible, se révèle assez juste dans l’exploration des sentiments et la complexité d’un couple.

L’écriture est agréable, le récit alterne quelques scènes cocasses avec d’autres plus émouvantes, et le tout forme un sympathique roman sur les relations de couple.

S 3-3Le Cherche-Midi, 408 pages, 23€ (service de presse)

Roman

« Prince Otto » de Robert Louis Stevenson

8761.1742220925Si j’avais lu ce texte sans en connaître l’auteur, je n’aurai jamais pu deviner qu’il avait été écrit par Robert Louis Stevenson – on est bien loin de « L’île au trésor » ou de « L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde ». Si vous avez des souvenirs de lectures imposées au collège, laissez-les de côté et faites-vous une nouvelle opinion de l’auteur à travers ce texte.

Je ne sais pas si je dois qualifier ce livre de « roman », tant il s’apparente davantage à une fable. Otto est le prince d’un royaume imaginaire, situé quelque part vers l’actuelle Allemagne, et vit coupé de ses sujets. Son règne est entaché par la liaison que sa femme entretient avec son principal ministre – ce qui fait de lui un pantin dans son propre royaume. Lorsque l’occasion se présente d’échanger en direct avec ses sujets, il découvre comment son peuple le perçoit… et il devra défendre, argument par argument, ses choix et ses positions.

Le début est très prenant, l’intrigue commence dès la première page, et je me suis amusée à suivre les péripéties d’Otto face à l’intransigeance de ses sujets. Le rythme s’essouffle ensuite un peu, une fois la « mécanique » bien huilée. Mais j’ai trouvé ce texte très accessible et d’une modernité surprenante : bien qu’écrit il y a 140 ans, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un parallèle avec notre société actuelle, où les apparences sont trompeuses, où les jugements se font sur la base de nos bouches à oreilles contemporains que sont les réseaux sociaux. Je suis toujours frappée de constater que, dans nos classiques de littérature, tant de choses sont déjà écrites…

S 2-3Les Belles lettres, 288 pages, 23,90€ (partenariat)