Essai / Document

« Ces hommes qui m’expliquent la vie » de Rebecca Solnit

147241_couverture_Hres_0C’est une discussion récente sur le « mansplaining » (ou en français : « mecsplication ») qui m’a fait sortir ce livre de ma pile à lire, où il m’attendait depuis plusieurs mois, conseillé par l’une de mes collègues. Le « mansplaining », ce sont les situations où un homme explique à une femme, de manière condescendante, un sujet dont elle est elle-même experte. Même si l’auteure de ce livre indique ne pas être la créatrice de la notion, elle en est bien l’inspiratrice.

« Au cas où je n’aurais pas été assez claire, je le dis et le répète : j’aime qu’on m’explique des choses, qu’on me parle de sujets qui m’intéressent mais dont j’ignore tout ; c’est quand ils m’expliquent ce que je sais et eux non que la conversation dérape ».

Ce livre est un recueil d’articles féministes écrits il y a 10-15 ans, qui vont au-delà du « mansplaining », et restent hélas d’actualité – même si j’ai pris conscience en lisant ces articles de tout le chemin parcouru en dix ans dans la libération de la parole et la définition des frontières de ce qui n’est plus tolérable.

J’ai apprécié, dès les premières pages, qu’il n’y ait pas de caricature, et que le discours ne soit pas basiquement « anti-mecs ». Au contraire, l’auteure fait très bien la distinction entre le bon grain et l’ivraie. Dire que la très grande majorité des violences (agressions, viols) est commise par des hommes n’est pas la même chose que de dire que tous les hommes sont des agresseurs.

« Nous sommes libres ensemble ou esclaves ensemble »

est une phrase que n’aurait pas reniée mon prof de philo dans nos cours sur la liberté.

Mariage pour tous, affaire Strauss-Kahn, Virginia Woolf… sont autant de thématiques abordées. Arrêtez-vous aussi sur les paragraphes où l’auteure explique comment les mots peuvent changer la donne.

« La violence domestique, la mecsplication, la culture du viol et le sexual entitlement font désormais partie des outils linguistiques qui redéfinissent le monde que doivent affronter beaucoup de femmes au quotidien, et ouvrent la voie pour commencer de le changer. ».

A noter, la version poche restitue mal les œuvres d’Ana Teresa Fernandez qui illustrent chaque début d’article.

S 3-3Points, 176 pages, 8,40€

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *