En anglais·Roman

« American Royals (tome 1) »  de Katherine McGee

Capture d’écran 2024-08-10 165438Il y a bien longtemps (2 ans, peut-être), j’étais très motivée pour essayer de lire un roman en anglais (après plusieurs tentatives infructueuses). J’avais opté pour un roman « young adult » qui me semblait plus accessible : « American Royals ». J’avais même acheté les 2 tomes (motivée, vous disais-je).

Je ne suis même pas arrivée à la page 10 du premier tome, qui est allé dormir sur une étagère…

Et me voilà, au début de cet été, remotivée pour repartir à l’assaut de ce roman !

Les premiers chapitres ont été assez durs à lire, mais ma grande victoire de cet été sera d’être allée au bout des 440 pages ! Je suis même prête à attaquer le deuxième tome !

L’histoire, maintenant. L’auteure imagine que Georges Washington (premier Président des Etats-Unis) avait en réalité créé une monarchie. Le roman se déroule de nos jours, et l’on suit les aventures (surtout sentimentales) des trois enfants du roi actuel.

Béatrice, l’héritière, est amoureuse de son garde du corps – mais ses parents lui préparent un mariage arrangé. Samantha et Jefferson, ses cadets, jumeaux, sont eux aussi amoureux, mais pas des bonnes personnes non plus… Ajoutez à cela une peste qui veut devenir princesse et une roturière complexée qui ne trouve pas sa place, et vous aurez le tableau complet.

Il y a plein de références évidentes à la monarchie anglaise (la rebelle tante Margaret, les tabloïds, etc) et on réalise à peine que l’histoire se déroule aux Etats-Unis. Je pensais que le contexte américain serait beaucoup plus exploité dans l’histoire, c’est le seul bémol que je mets. Sinon, c’est léger et rafraîchissant, avec quelques parenthèses plus sérieuses sur la place des femmes dans les instances de pouvoir, ou encore le poids des traditions ancestrales.

S 3-3Penguin Books, 440 pages

Poésie

« Les ronces » de Cécile Coulon

Capture d’écran 2024-08-07 161146Je vous présente mon livre de chevet du moment ! Celui que je feuillette dans n’importe quel sens, commençant par les dernières pages, piochant au hasard, relisant des lignes déjà lues.

Je chronique assez peu de poésie sur le blog (c’est un tort). Lire de la poésie, c’est tellement personnel, tellement intime. Les phrases qui me touchent, celles qui me font verser une larme, sont celles qui ont un écho personnel pour moi – et c’est difficile à partager.

Je connaissais Cécile Coulon en romancière – même si c’était il y a longtemps et que j’avoue avoir oublié cette lecture… Je la découvre ici en poétesse, et c’est une belle découverte. Quelques mots sur la quatrième de couverture interpellent (même si je les pense issus d’un autre ouvrage) : «  On se remet de tout mais jamais à l’endroit ». Le décor est planté.

Dans ce recueil de poèmes à la forme très contemporaine (n’y cherchez pas des alexandrins ni des rimes, et d’ailleurs on s’en fiche), elle parle à la fois de son Auvergne natale, de la maison familiale, d’une rupture quasi impossible à guérir, des difficultés de la vie, des pensées nocturnes… Je n’ai pas envie de noter ici des citations extraites de ce livre, elles seraient forcément réductrices. Mais je ne peux que vous encourager à feuilleter, à votre rythme, ce livre court (162 pages) mais d’une grande intensité.

S 3-3Le Castor Astral, 162 pages, 15€

Roman

« Les adieux à la villa aux étoffes » (tome 6) d’Anne Jacobs

9782264083937ORIJ’ai toujours un petit pincement dans mon cœur de lectrice quand je sais que j’aborde un dernier tome, surtout quand c’est une série que j’ai autant aimée que « La villa aux étoffes ».

J’avais quitté la famille Melzer dans les tourments de la Seconde Guerre mondiale, alors que Marie (l’héroïne et épouse du directeur de l’usine de textile) avait émigré aux Etats-Unis pour fuir l’Allemagne nazie. Au début de ce tome, j’ai été un peu déstabilisée, ayant perdu mes repères sur la nouvelle génération (les enfants de Marie et leurs cousins), jeunes adultes face à la guerre, et dont j’avais pour certains oublié jusqu’à leurs prénoms, davantage concentrée sur les histoires de leurs parents…

Mais j’ai vite retrouvé le fil de l’histoire. C’est d’ailleurs une des grandes qualités de cette série que de toujours bien resituer les personnages pour le lecteur – et ils sont nombreux, les personnages, entre la famille au cœur de l’intrigue, les domestiques, les amis et les ennemis…

Ne lisez pas la quatrième de couverture, qui va trop loin dans le résumé, et profitez juste de retrouver les héros de cette histoire attachante. Le récit des réactions de chacun face à la guerre sonne toujours juste, sans caricature ni facilité. Tandis que Paul perd peu à peu tout contrôle sur l’usine familiale, Dodo sa fille est devenue une aviatrice hors paire. Klippstein est plus détestable que jamais – mais on découvre aussi ses failles. Quant aux domestiques, ils ancrent le récit dans la gestion du quotidien (l’approvisionnement, l’hébergement), qui font aussi partie du charme de ces romans. On tremble, on sourit, on serre les dents… jusqu’à la dernière page.

S 3-310/18, 624 pages, 10,10€

BD

« Larzac » de Pierre-Marie Terral et Sébastien Verdier

larzac-histoire-dune-revolte-paysanneSi le Larzac semble aujourd’hui une terre plutôt isolée, qui ne fait plus trop parler d’elle, c’est aussi un endroit qui a symbolisé dans les années 1970 une lutte pacifique entre les paysans et l’État.

Pour celles et ceux qui n’auraient pas vécu ces années-là, rappelons quelques éléments : en 1971, l’État annonce l’extension d’un camp militaire déjà présent sur le Larzac. Or cette extension signifie l’expropriation d’une centaine de personnes qui exploitent ces terre, et qui décident de ne pas se laisser faire. Dans un combat sans violence, mais avec une grande détermination, ils vont occuper les lieux, aidés par une jeunesse pacifiste, anti-militariste, venue des villes pour s’installer plus ou moins à long terme ici.

D’habitude j’ai une préférence pour les bandes dessinées en couleur, mais ici les dessins en noir et blanc sont très bien réalisés et j’ai beaucoup aimé le rendu. Les différents protagonistes (paysans, néo-ruraux, politiques, militaires) ont tous droit à la parole, et les oppositions au sein d’un même camp ne sont pas minimisées (comme les divergences entre paysans locaux et nouveaux venus).

La lecture est d’autant plus agréable et rythmée qu’il y a aussi de nombreuses touches d’humour, ou encore des copies de photos ou de tracts, qui donnent un côté documentaire mais sans jamais alourdir la lecture. Cette bande dessinée est une très grande réussite : elle parvient à raconter l’histoire et les positions de chaque clan, de manière linéaire qui rend le récit très clair et très compréhensible. Il est fort probable, si vous ne connaissez pas encore le Larzac, que cette BD vous donnera envie d’aller faire un petit tour du côté de la « Blaquière », cette bergerie emblématique des lieux.

S 3-3Dargaud, 176 pages, 23,50€

Roman

« L’affaire Agatha Christie » de Nina de Gramont

9782266333146ORIJe ne peux pas lire « tous » les livres qui sortent autour de Agatha Christie… ils sont trop nombreux ! Mais je me laisse souvent tenter, quand même… Et ce roman, qui surfe sur le mystère de la disparition de la célèbre auteure pendant quelques jours, a évidemment fini un jour dans ma PAL…

Autant le dire tout de suite : Agatha Christie est en grande partie un prétexte à l’histoire, puisque le roman raconte surtout la vie de… la maîtresse du mari d’Agatha Christie. Alors bien sûr, le parti pris de ce roman est de montrer en quoi cette femme a causé le départ d’Agatha Christie, mais l’essentiel du roman tourne bel et bien autour de la maîtresse plutôt que de l’auteure.

L’histoire reste intéressante et raconte le passé de cette femme (Nan), les épreuves qu’elle a vécues, et son amour de jeunesse ; mais aussi, au fil des chapitres, comment et pourquoi elle est arrivée dans la vie d’Archibald Christie. C’est Nan, d’ailleurs, qui est la narratrice du roman (même s’il y a parfois des maladresses dans la narration, des passages où elle parle d’elle à la troisième personne…). Le regard qu’elle porte sur Agatha Christie met plutôt en valeur la romancière, et le personnage de Nan, qui pourrait n’avoir « que » le mauvais rôle, suscite finalement la compassion du lecteur.

Certains éléments des derniers chapitres sont assez surprenants – voire pas crédibles. Il faut donc aller au-delà de toutes ces réserves pour profiter du roman, qui le mérite pourtant car l’écriture est à la fois efficace et rythmée, et l’histoire intéressante.

S 2-3Pocket, 448 pages, 9€

Roman

« 555 » d’Hélène Gestern

G08083_555_CV.inddJe ne sais pas si je serais allée spontanément vers ce roman dont le titre n’était pas assez évocateur pour moi, mais j’ai lu une chronique si enthousiaste sur ce livre que je l’ai acheté dans les jours qui ont suivi.

L’histoire est celle de deux amis artisans, qui partagent un atelier. Lorsqu’un client lui confie un bel étui de violoncelle à restaurer, Grégoire ne s’attend pas à trouver, cachée dans la doublure, une partition. Et pas n’importe quelle partition : elle pourrait être une partition inédit de Scarlatti, le génial compositeur italien du XVIIIe siècle.

Vont alors graviter, pour des raisons plus ou moins honnêtes, une belle galerie de personnages autour de cette partition : ceux qui voudront la vendre, ceux qui voudront l’acheter, ceux qui voudront simplement la jouer, pour l’amour de l’art…

Le roman commence comme une enquête (pourquoi et comment cette partition s’est-elle retrouvée là ? Est-elle vraiment une partition originale de Scarlatti ?), mais l’histoire va bien au-delà. Les personnages, avec leurs blessures de vie, apportent chacun un regard et des attentes différentes sur cette partition. Et je me suis retrouvée, lectrice, comme une petite souris dans les coulisses d’une représentation, à l’affût de tout ce qui peut fasciner dans la musique : dans l’atelier des artisans, dans le salon d’une concertiste, dans une salle de concert… les lieux étaient très visuels et je m’y sentais immergée. En proposant des personnages contrastés (d’âges différents, de parcours différents), l’auteure montre aussi comment une même œuvre peut avoir des retentissements différents.

La fin est un tout petit peu longue à mon goût, et le dénouement largement prévisible, mais le roman n’en est pas moins très réussi.

S 3-3Folio, 9,90€

Roman

« La ferme des Neshov (tome 5) : Un amour infaillible » d’Anne B. Radge

9782264074942ORIJ’avais laissé la famille Neshov à la fin du tome 4, il y a … quatre ans (quoi ?! déjà ?!). J’ai un peu tardé à commencer ce cinquième tome, alors que j’ai adoré cette saga, tout simplement car j’avais un peu décroché de l’histoire. Allais-je me souvenir des personnages, de l’histoire ?

Quelques pages d’introduction resituent les personnages – mais hélas ne rappellent pas le grand secret de famille auquel il est fait référence à plusieurs reprises dans ce nouveau tome, et dont je n’ai jamais réussi à me souvenir complètement.

Mais ne nous arrêtons pas à ce point, car j’ai quand même trouvé ce (dernier ?) tome très réussi.

Torunn a hérité de la ferme familiale des Neshov. Elle la rénove, y prend ses marques. Elle travaille aux côtés de son oncle Margido dans l’entreprise de pompes funèbres, et s’est rapprochée de son grand-père, qui vit maintenant en maison de retraite. Toute la force de cette saga est de raconter ces liens familiaux à travers le quotidien, les détails qui n’ont rien de particulier mais qui tissent au fil du temps les liens entre les gens (il y a de longs passages sur une histoire de frigo, ou encore de drapeau, qui se lisent pourtant très bien et qui sont importants dans la relation entre Torunn et son grand-père). Les personnages sont toujours attachants, ils traînent leur passé comme des chaînes mais continuent à avancer. Ils nous ressemblent, dans leurs doutes, leurs tentatives de bien faire, les détails auxquels ils s’accrochent. Ils forment une famille atypique, pas très joyeuse, avec des histoires compliquées, mais une famille tout de même. Au fil des tomes, je me suis attachée aux personnages, à Torunn en particulier qui est une femme forte et volontaire, mais aussi sensible, avec ses doutes et ses angoisses. Je les quitte tous à regret.

S 3-310/18, 408 pages, 9,20€

Policier

« Personne n’était censé mourir pendant ces vacances » de Catherine Mack

9782749179032ORISi vous cherchez un roman qui vous emmène sous le soleil d’Italie pour un petit air de vacances : vous êtes au bon endroit.

Eleanor est une romancière célèbre, adulée par ses fans, mais qui envisage de « tuer » sur le papier le héros de ses romans. Et pour cause : ce personnage est inspiré par Connor, son ancien amant, qui depuis lui fait un chantage à chaque publication.

Lors d’un voyage en Italie, où elle est accompagnée de sa sœur, de quelques fans, et de Connor, ce dernier lui raconte se sentir en danger de mort (et pas seulement sur le papier). Et Eleanor a bien tort de ne pas le prendre au sérieux…

L’ambiance estivale est très présente dès les premières pages, et c’est le vrai plus de ce roman (annoncé d’ailleurs par une couverture couleur mer et des branches de citronniers). J’ai été très gênée au début du roman par les trop nombreuses notes de bas de page, qui font partie du roman mais qui cassent la fluidité de la lecture – j’ai donc décidé de ne pas lire les suivantes, et cela ne nuit pas du tout à la compréhension.

On découvre aussi les coulisses de la vie d’une auteure contemporaine, ses questionnements, sa position aussi vis-à-vis de sa sœur qui rêvait elle aussi d’écrire. Ce sont aussi des moments sympas du livre.

S 2-3Le Cherche Midi, 432 pages, 22€

Biographie

« Monsieur Proust » , souvenirs de Céleste Albaret recueillis par Georges Belmont

Capture d’écran 2024-06-30 212206Pour évoquer ce livre, je vais distinguer la forme et le fond.

Sur la forme : j’ai rarement eu entre les mains un livre avec autant de fautes d’orthographe, coquilles, fautes de frappe. Une absence évidente de correction a rendu cette lecture par moments très agaçante. Sauf si Proust a vécu en « 1012 », que son manuscrit a été refusé par l’écrivain « André Gilde », et qu’il a finalement reçu le Prix « Concourt ».

Sur le fond pourtant, ce livre est passionnant et mérite d’être lu par tous ceux qui veulent en savoir plus sur Proust, et en particulier les huit dernières années de sa vie. J’avais en tête l’image d’un homme alité, écrivant dans sa chambre, sa robe de chambre sur les épaules. Le témoignage de Céleste Albaret, qui fut sa gouvernante pendant les dernières années de sa vie, donne une image plus complète et plus nuancée de l’écrivain.

Céleste Albaret a rencontré Marcel Proust par l’intermédiaire de son mari, qui était le chauffeur de taxi de l’écrivain. D’abord messagère livrant son courrier, elle s’est peu à peu rendue indispensable auprès de Proust, s’adaptant à ses horaires décalés, respectant ses lubies, et passant du temps à discuter avec lui de son entourage et de son œuvre. On comprend mieux d’ailleurs l’obsession de fin de vie de Proust, tourné exclusivement vers la finalisation de son roman.

Alors il y a bien quelques anecdotes qui semblent aller à l’encontre d’autres témoignages ou même d’écrits laissés par Proust, mais on comprend vite que le récit est celui d’une femme dont la vie a été bouleversée par cette rencontre et qui vouait un culte sans faille à l’écrivain et à l’homme.

C’est un livre de référence, que je me réjouis d’avoir lu, et qui éclaire d’une manière différente ce que j’avais déjà lu sur (ou de) Proust.

Au passage : Chloé Cruchaudet a fait une très belle adaptation en BD (2 tomes) de ce livre.

S 3-3Robert Laffont, 480 pages, 12€

BD

« Mauvais genre » de Chloé Cruchaudet

Capture d’écran 2024-06-30 210135Paul et Louise sont amoureux, vivent ensemble, se marient. Mais la guerre est déclarée et Paul, qui faisait son service militaire, est appelé à combattre. Dans les tranchées, il voit l’horreur, la mort. Il tente d’échapper à la guerre en se blessant volontairement. Mais cela ne suffit pas.

Il déserte. Mais vivre enfermé le rend fou. Pour sortir dans la rue, il emprunte les vêtements de sa femme… et se rend vite compte que cette nouvelle apparence pourrait le sauver…

Cette BD est la tragique histoire d’un couple déchiré par les conséquences de la guerre, l’histoire aussi d’un homme marqué par l’horreur qu’il a vue, et la soif d’être libre et vivant. C’est un livre fort et marquant, dont on ne ressort pas tout à fait indemne.

Le choix du noir et blanc, avec quelques touches de rouge, est particulièrement judicieux pour servir le récit. Certains dessins, pour appuyer l’histoire, sont assez durs et nécessitent que le lecteur soit prévenu. L’ambiance globale est très spéciale ; si au départ le travestissement de Paul peut sembler amusant, il devient vite l’objet de scènes destructrices.

Je connaissais Chloé Cruchaudet pour son adaptation de la biographie de Céleste Albaret (la gouvernante de Proust) ; je la découvre ici dans un registre très différent, sombre, mais avec les mêmes qualités graphiques et narratives.

S 3-3Ed. Delcourt, 160 pages, 23,49€