Policier

« Ténèbres, prenez-moi la main » de Dennis Lehane

51tAzpYd0RL._SY445_SX342_Après « Un dernier verre avant la guerre », j’ai eu envie de poursuivre la lecture des aventures de Patrick Kenzie et Angela Gennaro, tous les deux détectives à Boston. J’avais trouvé le premier tome sombre mais efficace. J’ai eu plus de mal à entrer dans ce deuxième tome : trop de personnages, histoire trop compliquée, ou tout simplement une moindre concentration de ma part ? Sans doute un peu des trois !

L’histoire en tout cas est assez longue à démarrer, et passe par de sinueux détours avant que l’on comprenne quelle sera l’intrigue centrale.

Patrick est appelé auprès d’une psychiatre, qui pense que l’une de ses patientes est menacée, et dont le propre fils est en danger. Tout le début du roman tourne autour de ces personnages, avant que l’histoire prenne un tournant qui nous éloigne d’eux. Le passé de Patrick, et son enfance traumatisée auprès d’un père violent et pervers, est encore plus présente que dans le premier tome – et on ne sait pas encore tout de cette relation destructrice entre un père et son fils. Quant aux liens entre Angela et Patrick, ils prennent encore un peu d’épaisseur. Leur quête profonde de justice s’ancre dans la durée, et leur intimité se renforce. Il y a de la matière à exploiter pour les prochains tomes.

S 2-3Ed Payot, coll. Rivages Noir, 498 pages, 11,50€

Cosy mystery·Policier

« Les dames de Marlow enquêtent (tome 3) – Poison en huis clos » de Robert Thorogood

Capture d’écran 2024-10-10 203854Il y a une vraie différence entre les livres que je lis et ceux que j’écoute en version audio. La série des « Dames de Marlow » en est un bon exemple. J’ai adoré les deux premiers tomes en version audio – la lecture de Rachel Arditi était un plus, elle interprétait à merveille chacune des enquêtrices amatrices, Judith la verbicruciste octogénaire, Becks la femme de vicaire un peu coincée, et l’inénarrable Suzie, gardienne de chiens et animatrice sur la radio locale, la plus drôle des trois. Dans les deux premiers tomes, la seule voix de Suzie suffisait à me faire rire.

Alors forcément, le troisième tome en version papier n’a pas la même saveur… Les trois héroïnes sont égales à elles-mêmes, l’enquête est assez similaire dans sa construction (le maire de Marlow meurt empoisonné pendant un conseil municipal, ce qui fait de ses collègues présents ce soir-là les principaux suspects). C’est sympathique et gentillet, il y a des fausses pistes, des détails à ne pas manquer, des déductions, qui font le job pour un bon cosy mystery. Mais il m’a manqué le petit plus d’une narration réussie, de l’incarnation dans les personnages comme je l’avais aimée dans la version audio. Dommage !

S 2-3La Martinière, 400 pages, 14,90€

Policier·Roman

« Un dernier verre avant la guerre » de Dennis Lehane

81Jg5x-ejBL._SY466_Aurais-je abordé ce livre de la même manière s’il ne m’avait pas été recommandé ? Probablement pas. Il y a des livres que l’on ouvre avec un a priori positif, parce qu’on nous en a parlé en bien, parce qu’on a envie de se dire qu’on va aimer cette lecture nous aussi.

Heureusement – et j’en viens au fait – cette lecture a été à la hauteur de mes attentes ! C’est le premier tome d’une série consacrée aux détectives Patrick Kenzie et Angela Gennaro, installés à Boston (dans un clocher, bizarrerie de l’histoire).

Si vous avez l’habitude de lire mes chroniques, vous vous dites peut-être : détectives + duo + série = cosy mystery.

Pas du tout.

Ici on est loin des quiches empoisonnées et des jalousies de village. Ici on est dans le glauque, le poisseux, l’Amérique sombre des années 1990. D’ailleurs j’ai trouvé le début un peu daté, avec des détails qui créent une ambiance de vieux film noir, où des politiques véreux font appel à des détectives pour retrouver des documents volés par une femme de ménage. Dans l’Amérique décrite ici, c’est avant tout un combat de classes, les puissants contre les modestes, les Blancs contre les Noirs.

Les deux personnages principaux ne sont pas spécialement sympathiques : lui est désabusé (au début du livre on ne sait pas trop dans quel camp il joue) ; elle est une femme battue dont on ne comprend pas l’absence de révolte. Mais j’ai fini par m’attacher à eux, aux blagues acerbes de Patrick, aux erreurs d’Angela (bien qu’il multiplie les liaisons, Patrick est amoureux d’elle, et elle devient attachante à travers ses yeux à lui).

Il y a quelques scènes assez violentes pendant les affrontements entre gangs de rue ; j’ai lu ces quelques pages en diagonale pour ne pas trop m’y attarder. Tout le reste du roman est bien construit, avec des messages de fond, et un bon équilibre entre la noirceur du récit et parfois des petites pointes d’humour noir qui nous arrachent un sourire et laissent une trêve de quelques pages au lecteur.

Je sais déjà que je lirai le prochain tome (je l’ai déjà réservé à la bibliothèque…), et dans tous les cas je ne regrette pas d’avoir suivi ce conseil de lecture !

S 3-3Rivages, 352 pages, 9,65€

Cosy mystery·Policier

« Son espionne royale (tome 13) : Amour et mort parmi les léopards » de Rhys Bowen

9782221272107ORIAdieu les courants d’air du château familial de Rannoch : pour son voyage de noces avec Darcy, Georgie découvre le Kenya. Si vous aimez l’ambiance « Out of Africa », vous allez adorer.

Nos deux tourtereaux sont hébergés chez des expatriés britanniques, aux mœurs particulièrement légères… Mais entre la surveillance de son cousin David (un prétexte au début du roman, mais finalement peu exploité) et une mission secrète de Darcy, c’est un autre événement qui va perturber la lune de miel de Georgie.

Le début est très long – oserai-je dire que ça sent le remplissage sans grand intérêt pendant un bon premier tiers du roman ? Il faut attendre l’arrivée au Kenya, et la mort d’un des hôtes, pour que l’histoire s’épaississe un peu.

Sinon, pour l’ambiance, ça fait du bien de voir Georgie enfin heureuse en couple, et le dépaysement de ce tome apporte aussi un petit vent de nouveauté dans la série.

S 2-3Robert Laffont – Coll. La Bête noire, 360 pages, 14,90€

Policier

« Personne n’était censé mourir pendant ces vacances » de Catherine Mack

9782749179032ORISi vous cherchez un roman qui vous emmène sous le soleil d’Italie pour un petit air de vacances : vous êtes au bon endroit.

Eleanor est une romancière célèbre, adulée par ses fans, mais qui envisage de « tuer » sur le papier le héros de ses romans. Et pour cause : ce personnage est inspiré par Connor, son ancien amant, qui depuis lui fait un chantage à chaque publication.

Lors d’un voyage en Italie, où elle est accompagnée de sa sœur, de quelques fans, et de Connor, ce dernier lui raconte se sentir en danger de mort (et pas seulement sur le papier). Et Eleanor a bien tort de ne pas le prendre au sérieux…

L’ambiance estivale est très présente dès les premières pages, et c’est le vrai plus de ce roman (annoncé d’ailleurs par une couverture couleur mer et des branches de citronniers). J’ai été très gênée au début du roman par les trop nombreuses notes de bas de page, qui font partie du roman mais qui cassent la fluidité de la lecture – j’ai donc décidé de ne pas lire les suivantes, et cela ne nuit pas du tout à la compréhension.

On découvre aussi les coulisses de la vie d’une auteure contemporaine, ses questionnements, sa position aussi vis-à-vis de sa sœur qui rêvait elle aussi d’écrire. Ce sont aussi des moments sympas du livre.

S 2-3Le Cherche Midi, 432 pages, 22€

Cosy mystery·Policier

« Agatha Raisin enquête (tome 34) : En plein coeur » de M.C Beaton et R.W. Green

9782226481214-jSi ce n’est pas encore assumé sur la couverture, le nom de R.W Green figure désormais en bonne place à côté de celui de M.C Beaton comme co-auteur des nouveaux tomes d’Agatha Raisin. Dans le précédent tome, j’avais ressenti une autre « patte » dans certains choix de rebondissements et dans l’évolution des personnages. Mais dans ce trente-quatrième tome, les écarts sont gommés, et ce tome aurait pu être écrit à 100 % par son auteure originelle. Les parutions de nouveaux tomes se font rares maintenant, et je garde chaque tome précieusement en attendant la sortie du suivant – comme pour me rassurer qu’il m’en reste toujours un à lire. J’ai beau aimer beaucoup d’autres séries de « cosy mysteries », celle-ci occupe une place particulière dans mes lectures.

Lors d’une kermesse, Agatha Raisin est témoin de paroles menaçantes, qu’elle aurait pu oublier rapidement si un homme n’avait pas été retrouvé mort quelques instants plus tard. Bien sûr c’est Agatha qui découvre le corps, et bien sûr cela la désigne comme principale suspect aux yeux de son ennemi l’inspecteur Wilkes. Ne vous attendez pas à une histoire révolutionnaire, tous les codes habituels sont là – et ça fonctionne bien quand même.

La victime est un châtelain, voisin de Charles (ami et ex d’Agatha), dont les terres suscitent les convoitises, et dont l’héritage n’a pas fini de faire parler. Et quand en plus Roy, l’ancien collègue d’Agatha, se retrouve mêlé à de sombres tractations financières, la détective professionnelle décide de ne rien lâcher.

J’ai bien aimé ce tome, j’étais contente de retrouver ces personnages. Le fil rouge (les histoires d’amour d’Agatha, son agence de détective) avancent assez peu, c’est vraiment un tome dans la continuité de la série, mais qui ne fait pas progresser le personnage. Je ne sais pas si c’est un effet de la traduction ou si c’est lié à l’écriture elle-même, mais je n’ai pas ressenti de différence de style dans cette écriture à quatre mains. Disons donc que c’est un tome rassurant pour les fans !

S 3-3Albin Michel, 288 pages, 14,90€

Cosy mystery·Policier

« Le club des amateurs de romans policiers (tome 3) : Meurtres sous les étoiles » de C.A. Larmer

9782749178653ORILe club des amateurs de romans policiers se réunit dans un cinéma de plein air pour visionner « Meurtres au soleil », adaptation célèbre du tout aussi célèbre roman d’Agatha Christie, « Les vacances d’Hercule Poirot ». Sauf qu’une femme, visiblement très éméchée, est retrouvée morte à la fin de la soirée. Personne n’a rien vu.

Le petit ami d’Alicia, policier, la missionne pour garder l’œil ouvert, profitant d’être sur les lieux du crime. Il n’en fallait pas plus à la détective amateur pour mobiliser son groupe d’amis et se mêler à l’enquête.

J’ai retrouvé avec plaisir ce sympathique groupe de lecteurs. L’intrigue fonctionne bien, avec un mystère, plusieurs fausses pistes, plusieurs suspects crédibles… Et contrairement à d’autres romans du même genre, le duo Alicia / Jackson (l’amateur et le pro) sort des clichés (il ne l’empêche pas d’enquêter, au contraire ils avancent ensemble pour faire progresser l’enquête). Le groupe de lecteurs est présent, mais à petite dose, on évite les dispersions sur les histoires des uns et des autres, pour se concentrer sur le cœur de l’intrigue (et c’est très bien comme ça). Le roman se lit bien et assez vite. Un quatrième tome est annoncé pour l’automne – je prends déjà rendez-vous !

S 3-3Le Cherche-Midi, 480 pages, 15,90€

Policier·Roman

« Les fantômes du Finistère » de Jean-Luc Bannalec

9782258204560ORIRetrouver le commissaire Dupin et son équipe de Concarneau est toujours la garantie de passer un bon moment de lecture. Dans cette onzième enquête (déjà!), c’est Labat l’un des fidèles lieutenants de Dupin, qui lance l’histoire : sa tante, une femme âgée mais en pleine forme, rencontre depuis quelques temps les signes mystérieux de la mort autour d’elle – la Bretagne est pleine de légendes, et si la série des « Dupin » reste toujours très rationnelle, elle fait souvent référence aux croyances locales. Dupin, Parisien d’origine, ne croit pas à ces signaux, mais la vieille tante décède pourtant. Et quand Labat se rend sur place, il est victime d’une agression. C’en est trop pour Dupin, qui part sur place, sur la côte des Abers dans le Finistère.

Les enquêtes de Dupin, ce sont aussi toujours de belles cartes postales de la Bretagne. Car si son port d’attache est Concarneau, il rayonne un peu partout en Bretagne et c’est pour moi la moitié du plaisir de lecture de cette série !

Entre observations ornithologiques et culture des pommes, Dupin découvre une autre partie de la Bretagne et son enquête va se révéler à la fois intéressante et intrigante, et m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page. Les personnages sont toujours différents : cette fois-ci la victime (la tante de Labat) est une riche propriétaire d’une ancienne abbaye, et ses héritiers sont des scientifiques passionnés par les oiseaux, ou de grands industriels locaux (et un policier, donc). Cela donne une galerie de personnages qui nous guident dans plusieurs aspects complémentaires de la Bretagne.

J’ai dévoré cette enquête avec la même gourmandise que celle de Dupin dès qu’il se met à table face à la mer.

S 3-3Les Presses de la cité, 336 pages, 22€

Policier·Roman

« Drame de pique » de Sophie Hénaff

9782253249498-001-TJ’avais adoré le premier tome de « Poulets grillés », qui m’avait fait beaucoup rire ; mais après le deuxième, puis le troisième qui m’avait laissé un petit goût de déception, je n’aurais pas parié cher sur le fait que je poursuivrais cette série – préférant rester sur ma bonne impression du premier tome, drôle d’histoire de flics « placardisés », bande d’énergumènes qui finalement se complètent bien, et mènent des enquêtes « à leur manière ».

C’est en lisant « Voix d’extinction », une autre série de la même auteure (qui m’a fait beaucoup rire) que je me suis souvenue de la capacité de l’auteure à me faire rire avec des situations décalées, et j’ai donc finalement lu « Drame de pique », le tome 4 de « Poulets grillés ».

Nos flics atypiques sont plus que jamais oubliés de tous… sauf d’un nouveau supérieur, qui fait à Anne Capestan et à son équipe une offre que la cheffe ne peut pas refuser : la possibilité d’être officiellement réintégrés, en échange d’un peit coup de main sur une enquête. Pour eux qui n’ont ni voiture de fonction, ni accès à la police scientifique, ce serait un sacré gain de temps ! Mais l’idée ne plaît pas à tous…

En attendant, l’enquête les mène sur les traces d’un mystérieux agresseur qui pique ses victimes. Tout Paris est en alerte, car les femmes tombent comme des mouches… et certaines en meurent.

J’ai eu l’impression de retrouver une bande de potes, pas vus depuis longtemps mais jamais oubliés, dont j’aurais eu plaisir à prendre des nouvelles. Ils sont tous là, les farfelus, les déprimés, apportant chacun leur pierre à l’édifice de l’enquête. Le décor parisien, et l’appartement cosy qu’ils occupent en guise de commissariat, ajoutent une ambiance spéciale au roman.

L’enquête se complique un peu vers la fin du roman, ce qui n’était pas utile à mon sens – mais j’ai quand même apprécié cette lecture, pour l’ambiance et les personnages avant tout.

S 3-3Le Livre de poche, 384 pages, 8,90€

Cosy mystery·Policier·Roman

« Le crime parfait d’Agatha Christie » de Bénédicte Jourgeaud

9782264082978ORIOn n’en finit pas de publier des livres autour d’Agatha Christie. Entre les rééditions de ses romans, les BD qui en sont des adaptations, les cosy crimes qui se revendiquent de l’héritage Christie, le choix est vaste.

Dans « Le crime parfait d’Agatha Christie », c’est cette fois-ci Agatha Christie elle-même qui est l’héroïne de l’histoire.

Soyons honnête : c’est d’abord la couverture qui m’a fait de l’œil. Et bien que je la trouve un peu trop copiée des sublimes couvertures de Monsieur Toussaint Louverture, une fois le livre entre les mains pour le feuilleter, c’était trop tard le piège s’était refermé sur la fan d’Agatha Christie que je suis.

Le point de départ est aussi déjà vu, puisque l’histoire se situe dans un moment très particulier de la vie de l’auteure, lorsque celle-ci a mystérieusement disparu quelques jours après la demande de divorce de son mari Archie. Comme personne n’a jamais vraiment su ce qui s’était passé pendant ces jours, c’est un matériau propice au roman.

Dans sa fuite, elle rencontre plusieurs personnes aux personnalités très fortes – autant de personnages de romans potentiels. L’idée est amusante, puisque le roman crée de multiples sources d’inspiration pour la romancière. On découvre (pour la fiction) les personnages qui auraient pu inspirer les intrigues les plus célèbres de la Reine du crime.

J’ai plutôt bien aimé le démarrage du livre, où l’ambiance est fidèle aux romans d’Agatha Christie (voyage en train, en bateau, huis-clos,…). En revanche, j’ai regretté, pour ceux qui n’ont pas encore lu les romans originaux, que les clés de nombreuses énigmes soient dévoilées au lecteur ! Il me semble qu’une mention au début du roman aurait été une bonne précaution.

Par ailleurs, la fin du roman (soixante-dix / cent pages avant la fin, quand même) part dans une direction complètement bizarre, très décevante, qui va à l’encontre de toutes les « règles » du roman policier. Grosse déception donc pour la fin, qui pourrait bien me décourager de lire le deuxième tome.

S 2-3Ed 10/18, 360 pages, 8,90€