BD

« Arsène Lupin contre Sherlock Holmes (tome 2) » de Félix, Janolle et Delf

Capture d’écran 2025-07-18 164551Aussitôt le premier tome fini, j’ai commencé la lecture du second, dans lequel se poursuit de manière encore plus rapprochée l’opposition entre Lupin et Holmes.

Les masques tombent peu à peu autour des deux femmes héritières d’un homme qui se prétendait alchimiste. Car si leur grand-père avait des pots remplis d’or, cela a forcément attiré des convoitises. Il faudra toute l’intelligence de Lupin (clairement mieux mis en avant que Holmes) pour comprendre les tenants et aboutissants de cette intrigue.

Je ne suis pas une très grande fan des romans de Sherlock Holmes (j’aime souvent mieux les adaptations récentes), bien que « L’Aiguille creuse », le premier que j’ai lu, soit un bon souvenir. Cette BD-ci est inspirée de « La Barre y va » et je dois dire que l’adaptation donne envie de lire l’original. Il faudra juste que j’attende un peu d’avoir oublié le dénouement pour profiter pleinement de cette lecture.

Quant à Holmes, battu mais mais vaincu, il n’abattra sa meilleure carte qu’au dernier moment, ce qui fait de cette BD une histoire bien construite, superbement dessinée, avec toujours des décors et des détails maîtrisés.

S 3-3Grand angle, 56 pages, 14,90€

BD

« Arsène Lupin contre Sherlock Holmes (tome 1) » de Félix, Janolle et Delf

Capture d’écran 2025-07-17 195257Ma première impression quand j’ai vu cette BD basée sur la rencontre de deux « monstres » de la littérature a d’abord été : ok, Lupin, Holmes, c’est vendeur, mais est-ce que ce n’est pas juste un coup marketing ? Est-ce que ce n’est pas un prétexte de coller deux noms aussi connus dans une histoire qui n’aura peut-être rien à voir avec leurs aventures initiales ?

Puis la curiosité l’a emportée… les deux tomes étaient là, je n’avais qu’à leur consacrer quelques instants de lecture… ça m’a intriguée.

Je dois dire que je suis agréablement surprise en refermant le premier tome. D’abord les dessins sont bien réalisés, les maisons normandes (intérieur et extérieur) sont magnifiques, la grotte de recherche restitue une ambiance un peu mystérieuse. Je me suis vite plongée dans la bulle de l’histoire. Et puis, contrairement à ma crainte initiale, l’hommage aux deux héros de la littérature est fait avec élégance. Chacun est représenté avec les attributs qu’on s’attend à lui voir porter, chacun a les traits de caractère que la mémoire collective a retenu d’eux. Lupin est parfait en « gentleman cambrioleur », à mon sens il est le plus réussi des deux personnages ; quant à Holmes, il est dans une semi-retraite qui ne l’empêche pas de s’intéresser aux derniers exploits de Lupin.

Dans ce premier tome, les pierres sont posées : Lupin, sous les traits d’un mathématicien de génie, s’intéresse à une mystérieuse formule qui pourrait bien être la clé des recherches d’un alchimiste ; quant à Holmes, il s’est juré de piéger Lupin – et je ne vous en dis pas plus…

La BD se lit très vite, et je vous conseille vivement d’avoir le deuxième tome à portée de main car le premier s’achève en plein cœur de l’intrigue. Impossible de ne pas poursuivre immédiatement avec la lecture du second volet…

S 3-3Grand Angle, 56 pages, 14,90€

C'est mercredi, on lit avec les petits !

« Le journal de Gurty (tome 14) : Vacances à la mer » de Bertrand Santini

Capture d’écran 2025-07-12 131651Changement de programme pour Gurty et sa copine Fleur : cet été les vacances n’auront pas lieu dans la maison de Provence, mais dans un camping au bord de la mer. Si Fleur est triste de partir sans son Pépé Narbier, très vite les deux petites chiennes vivent de nouvelles aventures. Entre la rencontre avec un gentil écureuil, un chihuahua débrouillard et une famille de sangliers, les opportunités sont nombreuses de se faire des amis (ou des ennemis qu’on adore détester). A l’exception de Gaspard, « l’humain » de Gurty, les autres humains ne ressortent pas grandis de ce tome : chasseurs et touristes ne facilitent pas la vie de Gurty et Fleur.

Cette série de livres jeunesse fonctionne toujours bien, sur la base d’une recette maintenant bien rodée, entre amitié, taquineries, gourmandise et mauvaise foi. Gurty est toujours aussi espiègle et le décor complètement de saison.

A noter, dans les premiers exemplaires imprimés, deux pages sont tronquées ; il suffit d’en parler à votre libraire ou d’écrire à l’éditeur pour recevoir un marque-page qui permet de compléter le texte manquant.

S 3-3Sarbacane, 272 pages, 13,50€

Biographie·Essai / Document

« Raconter son histoire » d’Anne-Laurence Coopman et Christophe Janssen

Capture d’écran 2025-07-11 185139Les récits de vie m’ont toujours intéressée. Qu’il s’agisse de biographies ou autobiographies de grands personnages historiques, ou de textes plus modestes d’anonymes, il se crée toujours à la lecture d’un récit de vie une empathie et le lecteur y gagne, me semble-t-il, un petit bout d’humanité en plus.

Cet essai sur les récits de vie, basé sur des exemples concrets (d’anonymes ou de célébrités) n’est pas un manuel à l’usage de ceux qui voudraient écrire leur vie. Les deux auteurs, psychologues cliniciens et habitués des recherches sur le sujet, partagent leur expérience et leurs analyses sur le sujet, dans un ouvrage accessible et documenté.

En s’appuyant sur des artistes connus du grand public (Annie Ernaux, Delphine de Vigan, Art Spiegelman…), ils posent tout d’abord les principes de la narration de soi, puis abordent le poids des secrets et des non-dits, les traumatismes, les récits croisés (dans les fratries, dans les couples) et les dispositifs individuels ou collectifs pour se raconter.

Ce livre peut d’adresser au plus grand nombre, mais y seront particulièrement sensibles ceux qui font l’effort de se poser sur leur vie, leur parcours, leur héritage psychologique, et cherchent à transcender les épreuves.

S 3-3Académia, 200 pages, 20€

Roman

« La lucidité » de José Saramago

Capture d’écran 2025-07-09 072923Abandonner la lecture d’un roman sans l’avoir terminé a longtemps été impossible pour moi. Par une sorte de respect pour l’auteur, par optimisme aussi (en me disant que l’histoire finirait bien par s’améliorer), je me suis longtemps astreinte à lire jusqu’à la dernière ligne, même quand j’y passais des heures d’ennui. Ce n’est que l’immensité des œuvres merveilleuses qui m’attendent qui a fini par me faire renoncer au supplice de la lecture par obligation. Désormais, même si je continue à m’accrocher autant que possible, j’accepte de poser un livre qui ne me plaît pas.

Mais quant à abandonner la lecture d’un roman écrit par un Prix Nobel de littérature, c’était encore un autre niveau de renoncement… Pourtant c’est ce que j’ai fini par faire (vers la page 150) avec ce roman que j’avais pourtant choisi, dont le sujet me plaisait, et que j’avais hâte de découvrir.

Ce qui m’avait plu ? Un roman qui pourrait presque être qualifié de roman d’anticipation, sur un sujet politique. Imaginez : lors d’élections dans la capitale d’un pays (que l’auteur finit par citer, à savoir le Portugal, mais qui pourrait être transposé dans beaucoup d’autres pays), 80 % des électeurs ont voté blanc.

Le phénomène est inexpliqué : journalistes et experts peinent à comprendre la motivation des électeurs et à déterminer les ressorts communautaires qui auraient pu jouer – et qui semblent inexistants, comme si seul le hasard avait abouti à cette situation.

Si rien d’illégal n’a été commis par ces électeurs, le résultat de l’élection crée cependant un désordre sans précédent dans le pays, et bientôt l’état de siège est décrété.

Voilà où je me suis arrêtée.

Ce qui m’a gênée dans ma lecture ? D’abord le style assez perturbant, de longues phrases incluant des dialogues sans tirets ni guillemets. Au début, cela donne du rythme, étonne, se différencie de ce que je lis d’habitude ; mais j’ai fini par trouver cette syntaxe trop difficile à suivre sur la durée. Ensuite j’ai trouvé que l’histoire ne progressait pas assez, voire tournait en rond : personne ne comprend ce qui s’est passé, et les politiques se perdent en conjectures, plans, etc, qui se répètent au fil des pages.

J’aurais aimé connaître le dénouement, mais peut-être n’y en a-t-il pas…

Pour cette fois en tout cas, c’est sans regret que je referme le livre à mi-parcours.

S 1-3Points, 384 pages, 7,80€

En anglais·Roman·Young adult

« American Royals (tome 3) : Rivals » de Katharine McGee

Capture d’écran 2025-07-06 154643J’avais quitté la famille royale d’Amérique (oui vous avez bien lu) en août dernier. J’avais vaguement commencé la lecture de ce troisième tome, avant de le poser pendant de longs mois… et de le reprendre ces jours-ci.

Beatrice, la nouvelle reine des Etats-Unis, préside cette année la conférence mondiale qui réunit les princes et rois du monde entier. Attention avalanche de nouveaux personnages dans les premiers chapitres ! C’est d’ailleurs ce qui m’a éloignée de cette série que pourtant j’aime beaucoup. Je ne retrouvais pas dans le début du roman ce qui m’avait plu dans les précédents – même si c’est amusant de découvrir l’héritière du trône français, une Bourbon, ou l’héritier Romanov, dans une ambiance Tournoi des Trois Sorciers digne d’Harry Potter (en moins impressionnant, quand même).

Tandis que Beatrice tente de s’imposer en tant que jeune reine, les coulisses de la royauté continuent de s’agiter autour de sa sœur Sam, amoureuse d’un duc qui devra renoncer à son titre pour l’épouser ; et autour de son frère Jeff, dans un étonnant triangle amoureux aux multiples rebondissements. Le centre de gravité de la série se déplace d’ailleurs dans ce tome : Beatrice apparaît davantage au second plan, tandis que Sam prend toute son ampleur, et que les prétendantes de Jeff créent tout le romanesque de l’histoire. En effet, la peste Daphne et la naïve Nina, toutes deux amoureuses de Jeff, et ennemies jurées depuis deux tomes, décident de s’allier contre une troisième rivale – ce n’est pas du tout crédible et j’ai regretté la transformation de Daphne, que j’ai adoré détester dans les précédents tomes.

Si le début manque un peu de rythme, j’ai finalement bien aimé le reste de l’histoire (avec pas mal de rebondissements dans le dernier quart). Comme dans les précédents tomes, la place des femmes, le racisme, le poids des traditions, sont abordés avec intelligence, ce qui fait de ce roman young adult un livre qui parlera aussi à un public plus large.

S 3-3Penguin, 400 pages, $19.99

Fantasy·Roman

« Roman de Ronce et d’Épine » de Lucie Baratte

Qui a dit que les contes étaient réservés aux enfants ? C’est (encore une fois) au Festival du livre de Paris que j’ai découvert ce petit bijou atypique. Autant le dire tout de suite, pour apprécier ce texte vous devez renoncer à vouloir tout comprendre et tout expliquer, et vous laisser porter par un récit d’abord… Lire la suite « Roman de Ronce et d’Épine » de Lucie Baratte

Essai / Document

« Toutes les époques sont dégueulasses » de Laure Murat

Capture d’écran 2025-06-27 173649C’est le titre, d’abord, qui m’a interpellée en écoutant un podcast de France Culture où l’auteure était invitée (sans avoir noté au départ que j’avais déjà lu un autre livre de la même auteure…). Le titre est repris d’une citation d’Antonin Artaud de 1925 : « C’est en ce moment pour moi une sale époque, toutes les époques d’ailleurs sont dégueulasses dans l’état où je suis ». Laure Murat s’en inspire pour parler d’un phénomène de plus en plus courant qui consiste à vouloir récrire les classiques, changer un titre, retirer d’un roman une phrase qui dérange.

Quels sont les vrais enjeux qui se cachent derrière cette démarche ? Est-ce uniquement pour ne pas blesser, ou y a-t-il des raisons cachées ?

Dans un tout petit ouvrage de 75 pages, Laure Murat propose son analyse sur la base d’exemples connus du grand public (Hergé, Agatha Christie, Ian Fleming…). Elle redonne à chaque fois le contexte, explique la polémique, donne son point de vue. On comprend vite que l’auteure est opposée à ces nouvelles versions, et elle explique dans chaque cas ses arguments.

Souvent, dans les essais trop longs, je trouve le message délayé, une bonne idée de départ étant trop souvent étirée sur de longs chapitres qui finissent par atténuer le message à force de l’enrober. Ici le propos est clair, concis, on ne demande pas plus. L’auteure donne des clés d’analyse au lecteur, qui pourra se faire sa propre opinion.

S 3-3Verdier, 75 pages, 7,50€

Nouvelles·Policier

« Paris noir » (collectif)

city_paris_rvb_lo (1)J’ai toujours trouvé que l’une des plus belles chansons sur Paris est celle interprétée par Souad Massi et Marc Lavoine (je vous laisse la chercher sur votre plateforme préférée). Pourquoi ? Parce qu’elle parle du Paris triste et du Paris amoureux, du Paris poétique et du Paris glauque, des cafés, du métro, des monuments,…

Dans ce recueil de nouvelles formidablement bien construit, j’ai retrouvé cette ambiance mélancolique et brute à la fois. La très bonne idée de départ est de regrouper 12 nouvelles, écrites par 12 auteurs différents, sur 12 quartiers emblématiques de la Capitale (les Grands boulevards, le Quartier latin, le Marais…). Si vous connaissez certains de ces quartiers, si vous avez la chance d’y avoir déjà déambulé, vous adorerez en retrouver l’ambiance, noter les rues que vous connaissez, reconnaître les boutiques emblématiques (j’ai pour ma part eu un coup de cœur pour les descriptions de certains Passages couverts de Paris).

En revanche, ne vous attendez pas à un Paris idéalisé : ici on est dans le polar (et même le polar à l’ancienne pour la plupart des nouvelles), ici c’est le Paris des truands, où les prostituées, les escrocs, les assassins, constituent la matière romanesque. Aux Halles, on suit une prostituée et son chauffeur personnel ; à Belleville une femme piège un homme d’affaires chinois, jusqu’aux pires tortures ; un étrange cambriolage ne se passe pas comme prévu ; … Quel que soit le quartier, toutes les nouvelles sont efficaces, avec des écritures différentes mais toujours incisives.

Bravo à Asphalte, maison d’édition que j’ai découverte il y a bien longtemps grâce à mon ami et grand lecteur passionné Eric. Le travail qualitatif de cette maison d’édition ne se dément pas avec le temps.

S 3-3Asphalte, 336 pages, 12€

Roman

« Aux cabanes » de Bertrand Touzet

Capture d’écran 2025-06-15 154851Je garde un souvenir très précis d’un précédent roman de Bertrand Touzet : non pas des détails de l’histoire (j’en lis beaucoup…) mais de l’impression de grande humanité et de grande justesse que m’avait fait ce livre. Avec « Aux cabanes », j’ai spontanément envie d’utiliser les mêmes qualificatifs.

A l’approche de la quarantaine, Mathilde est en pleine introspection. Engluée dans une n-ième relation sans avenir, elle part s’isoler aux « Cabanes », une petite maison familiale au bord de la mer. C’est l’occasion pour elle de se questionner sur les choix importants de sa vie, et de se poser sur son passé.

Dès les premières pages, il se dégage de ce texte beaucoup de sensibilité, et je m’émerveille toujours de voir un auteur masculin écrire avec autant de justesse sur un personnage féminin.

A noter, il y a presque un récit « parallèle », car Mathilde est dessinatrice accréditée dans les procès d’assises – et l’auteur démontre sa capacité à écrire avec humanité sur une multitude de sujets. Si une partie de l’histoire se passe dans le sud de la France, Paris est aussi très présente dans le récit : le Paris village de carte postale tout autant que le Paris des attentats.

S 3-3Presses de la cité, 288 pages, 21€ (service de presse)