Biographie

« Monsieur Proust » , souvenirs de Céleste Albaret recueillis par Georges Belmont

Capture d’écran 2024-06-30 212206Pour évoquer ce livre, je vais distinguer la forme et le fond.

Sur la forme : j’ai rarement eu entre les mains un livre avec autant de fautes d’orthographe, coquilles, fautes de frappe. Une absence évidente de correction a rendu cette lecture par moments très agaçante. Sauf si Proust a vécu en « 1012 », que son manuscrit a été refusé par l’écrivain « André Gilde », et qu’il a finalement reçu le Prix « Concourt ».

Sur le fond pourtant, ce livre est passionnant et mérite d’être lu par tous ceux qui veulent en savoir plus sur Proust, et en particulier les huit dernières années de sa vie. J’avais en tête l’image d’un homme alité, écrivant dans sa chambre, sa robe de chambre sur les épaules. Le témoignage de Céleste Albaret, qui fut sa gouvernante pendant les dernières années de sa vie, donne une image plus complète et plus nuancée de l’écrivain.

Céleste Albaret a rencontré Marcel Proust par l’intermédiaire de son mari, qui était le chauffeur de taxi de l’écrivain. D’abord messagère livrant son courrier, elle s’est peu à peu rendue indispensable auprès de Proust, s’adaptant à ses horaires décalés, respectant ses lubies, et passant du temps à discuter avec lui de son entourage et de son œuvre. On comprend mieux d’ailleurs l’obsession de fin de vie de Proust, tourné exclusivement vers la finalisation de son roman.

Alors il y a bien quelques anecdotes qui semblent aller à l’encontre d’autres témoignages ou même d’écrits laissés par Proust, mais on comprend vite que le récit est celui d’une femme dont la vie a été bouleversée par cette rencontre et qui vouait un culte sans faille à l’écrivain et à l’homme.

C’est un livre de référence, que je me réjouis d’avoir lu, et qui éclaire d’une manière différente ce que j’avais déjà lu sur (ou de) Proust.

Au passage : Chloé Cruchaudet a fait une très belle adaptation en BD (2 tomes) de ce livre.

S 3-3Robert Laffont, 480 pages, 12€

Biographie·Roman

« Danser encore » de Charles Aubert

Danser-encoreJ’aime bien quand les livres me font découvrir des univers qui ne me sont pas familiers, et bousculent mes a priori. Un livre sur un boxeur ? Sans doute serais-je passée à côté (à tort) s’il ne m’avait pas été conseillé.

Ce roman biographique entraîne le lecteur dans l’univers de la boxe, et pourtant il porte le doux titre de « Danser encore », tant Rukeli (Johann Trollman) avait une technique qui ne ressemblait à aucune autre.

Si vous ne connaissez rien à la boxe, et même si vous n’aimez pas les sports de combat, que cela ne vous empêche pas de découvrir ce texte, qui va bien au-delà du sport. Il raconte le parcours de Rukeli, boxeur tsigane au style jugé trop atypique dans une Allemagne en pleine montée du nazisme. Le rayonnement du champion, sa vie modeste et ordinaire, bousculée d’abord par les succès sportifs, puis rattrapée par les préjugés raciaux et par la guerre, font de ce livre un combat entre ombre et lumière.

Les chapitres, présentés comme des « rounds » se lisent facilement. L’écriture est accessible et efficace, avant tout au service de l’histoire.

S 3-3Istya & Cie, 172 pages, 20€

BD·Biographie

« Simone Veil, l’immortelle » de Bresson et Duphot

Capture d’écran 2023-08-18 132932Dans ma liste de livres à lire « un jour » figure depuis longtemps d’autobiographie de Simone Veil. Mais jusqu’ici je n’ai jamais réussi à me lancer dans cette lecture car la vie de cette femme, incroyable par certains aspects, est aussi marquée d’événements tragiques et en particulier sa déportation en 1944 avec sa mère et sa sœur.

Cette bande dessinée est donc un bon moyen de découvrir son parcours.

Elle s’ouvre sur les débats autour de la légalisation de l’avortement, projet de loi porté par Simone Veil. On y voit Simone Veil, forte, droite, pleine de sang froid face aux insultes qui sont proférées à son encontre.

Pour comprendre cette femme, les auteurs retracent en parallèle son enfance dans une famille aimante, son adolescence studieuse et déjà rebelle, puis l’horreur des camps.

Je n’ai pas appris grand-chose sur la vie de Simone Veil, la plupart des grands événements de sa vie ayant souvent été rapportés dans des documentaires. Mais le récit est clair et bien amené, et j’ai apprécié le travail sur les dessins, très réalistes (on reconnaît bien tous les personnages connus, Simone Veil bien sûr mais aussi Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, etc). Le jeu sur les couleurs est aussi très pertinent, et permet par un code couleur simple de suivre plusieurs temporalités en parallèle et en donnant le juste rythme aux flash-back.

C’est un livre intéressant, poignant, à lire et à faire lire pour découvrir celle qu’on appelait alors Madame « le » ministre. Que de chemin parcouru…

S 3-3Marabulles, 22,95€

Biographie·Roman

« Victor Hugo vient de mourir » de Judith Perrignon

9782266273367ORISi les obsèques de célébrités sont aujourd’hui largement couvertes médiatiquement, il ne faut pas oublier que les adieux aux grandes personnalités ont toujours existé. Ainsi, lorsque Victor Hugo est sur le point de rendre son dernier souffle, c’est le Tout-Paris qui s’agite sous ses fenêtres. Journalistes, lecteurs, et même ses détracteurs, ne peuvent ignorer ce moment qui vient mettre un terme à une vie riche en œuvres et en engagements.

Si le livre est un roman, il fait vivre au lecteur les dernières heures de Victor Hugo, puis sa mort, presque comme un récit d’archive – j’imagine d’ailleurs le gros travail de documentation qui a dû être réalisé. Quel sera le dernier hommage rendu ? En faire trop, ce serait cautionner des engagements qui ne plaisaient pas à tout le monde ; enterrer ce grand homme dans la discrétion ferait courir le risque d’une révolte de la population. C’est finalement au Panthéon que Victor Hugo sera inhumé, lors de funérailles nationales.

Le format est assez court, ce qui est plutôt bien vu – je n’aurais pas imaginé 300 pages sur le sujet, quand même.

Merci à Yves du blog lyvres.fr qui est toujours de bon conseil, et dont la chronique m’a donné envie de découvrir ce texte.

S 3-3Pocket, 168 pages, 6,40€

Biographie

« Elon Musk » de Cyril de Sousa Cardoso

Capture d’écran 2023-07-14 205050J’aime bien les biographies. Quelle que soit la personnalité qui en est l’objet, c’est toujours intéressant de découvrir le parcours d’une personne hors norme, de voir ce qui l’a construite, ses choix, les risques qu’elle a pris.

Elon Musk est une personnalité complexe, aimée ou détestée. Fondateur de Tesla, membre essentiel de l’équipe qui a bâti PayPal, conquérant créateur de SpaceX, ses multiples casquettes donnent le vertige. Car l’homme n’est pas seulement un business man. La biographie raconte comment, enfant solitaire et malmené, il s’est réfugié dans les livres et y a développé un « esprit ingénieur » brillant. A douze ans, il avait déjà créé son propre jeu vidéo, qu’il revendait pour 500 dollars à un magazine. La suite n’a fait que confirmer ses ambitions.

Si la biographie dresse un portrait globalement positif d’Elon Musk, ses défauts et ses erreurs ne sont pas masquées. Les risques pris sont racontés avec une certaine admiration, que l’on ne peut pas blâmer tant le parcours est incroyable.

Quelques éléments de sa vie privée sont abordés, mais sans voyeurisme ; l’essentiel du portrait est ailleurs.

Ayant lu récemment l’autobiographie du patron de Disney, cette biographie-là n’a rien à voir : elle met davantage en avant les moteurs de l’humain ; et même s’il est parfois affaire de « gros sous », c’est raconté sous l’angle du projet, de l’ambition, et pas juste de l’organisation d’un conseil d’administration. Le livre n’est pas trop long, ce qui permet de se concentrer sur l’essentiel et d’avaler les chapitres comme dans un roman.

A noter, le bel effort de citation des sources en fin de livre.

S 3-3Ed Mardaga, 192 pages, 19,90€ ; reçu dans le cadre d’une « Masse critique Babelio »

Biographie

« Leçons de leadership créatif » de Robert Iger

9782379351198Sous titrée « Mon aventure à la tête de l’entreprise qui transforme la magie en réalité », cette autobiographie du PDG de Disney pouvait laisser présager quelques secrets, et raconter comment concilier la direction d’un immense groupe et le côté « magique » de son image de marque. C’est en tout cas tout cela que j’espérais en commençant la lecture de ce livre : entrer dans les coulisses d’un univers qui renvoie une image d’enfance et de magie, mais qui forcément est basé sur une grosse industrie.

Je n’ai pas trouvé exactement ce que j’avais imaginé dans ce livre. Certes le récit d’un homme qui a commencé simplement dans les studios ABC et qui devient le patron de Disney est une autobiographie intéressante (j’aime bien connaître le parcours de gens qui ont un métier hors norme). Mais son récit pourrait être celui du dirigeant de n’importe quelle grande entreprise – je n’y ai pas vu de différence sous prétexte qu’on parle de Disney. C’est ma déception sur ce livre. Finalement, ce que l’auteur raconte n’a pas grand-chose à voir avec Disney (même s’il parle de Pixar, du rachat de Marvel ou de la société de Georges Lucas). C’est surtout le récit du pilotage d’une immense entreprise, avec son conseil d’administration, ses actionnaires, ses rachats à plusieurs milliards d’euros… et plein de noms qui me sont totalement inconnus.

J’aurais voulu en savoir un peu plus sur l’auteur lui-même, sur sa vie, sur ce que représente Disney dans sa sphère personnelle.

Le dernier chapitre, qui reprend la synthèse de tous les conseils égrainés dans le livre n’est pas inintéressante, et résume finalement bien les messages que l’auteur a voulu passer.

S 1-3Ed. Alisio, 480 pages, 24€

Biographie·Roman

« La valse des arbres et du ciel » de Jean-Michel Guenassia

9782253073710-001-TJean-Michel Guenassia est l’auteur du « Club des incorrigibles optimistes », dont je me souviens avoir apprécié la lecture il y a une dizaine d’années. Je n’avais rien lu de lui depuis cette époque, et c’est le hasard d’une offre promotionnelle du Livre de poche qui m’a permis de découvrir ce roman.

Le point de départ est très original car le roman est construit comme le témoignage de Marguerite Gachet, la fille du célèbre Dr Gachet peint par Van Gogh. Elle y raconte tout d’abord ses rêves de jeune fille en quête de liberté, d’émancipation pour peindre, et de voyage vers l’Amérique. Jusqu’au jour où arrive à Auvers sur Oise un peintre hollandais. Il ne vend pas encore de tableaux, mais se revendique comme un peintre de la modernité. Introduit par Pissaro auprès du Dr Gachet, celui-ci accepte de soigner sa maladie – on imagine une dépression même si le terme n’est jamais explicité – en échange de quelques toiles.

Gachet n’est ni philanthrope ni mécène : son soutien aux artistes est calculé, il espère tirer un jour une fortune des œuvres acquises contre des consultations.

L’arrivée de Van Gogh est une révélation pour Marguerite – révélation artistique autant que sentimentale.

Le roman est bien fait car on oscille entre la biographie et le roman, sans toujours démêler le vrai du faux. Si vous avez la possibilité de consulter des tableaux de Van Gogh en même temps, ce sera assurément un plus. Je me souviens avoir visité enfant Auvers sur Oise et avoir été frappée par la comparaison entre les lieux réels et les peintures de Van Gogh. Ici aussi, entre art et réalité, il faut se laisser porter par des allers et retours. Et au passage, voir quelques certitudes sur la fin de vie de Van Gogh être sérieusement remises en cause. C’est une approche originale et plaisante pour parler d’un artiste en dehors des contraintes de la biographie officielle, tout en apportant des éléments historiques. Entre fiction et réalité, ce roman se lit avec grand plaisir.

S 3-3Le Livre de poche, 288 pages, 7,70€ (le mien était offert dans le cadre d’une promo)

Biographie

« Le Suppléant », Prince Harry

9782213725048-001-TPourquoi ai-je eu envie de lire ce livre ? Ce n’est pas seulement en raison de toute la publicité qui a été faite autour – j’y suis assez peu sensible. En revanche, l’idée de découvrir par un témoin direct les coulisses de l’institution qu’est la monarchie britannique m’a intéressée. Car derrière les dorures et les sourires de façade, il n’est pas difficile d’imaginer les complots, les désillusions, et l’envers moins rose du décor. Et comme, quand même, il semblait acquis que ce livre ne serait pas une ode à la monarchie, cela pouvait être de bon augure.

Premier constat en voyant le livre : c’est un gros pavé de 500 pages, 26,50€ tout de même.

Deuxième constat qui m’a beaucoup inquiétée au début de la lecture (même si j’avais conscience que ce livre n’est pas de la littérature) : dès les premières pages j’ai été gênée par le style ; est-ce mal écrit ou mal traduit, je ne sais pas le dire, mais le début est franchement pénible à lire, à tel point que j’ai même hésité à poursuivre (la curiosité l’a emporté, je l’ai lu en entier).

Le récit du prince Harry commence à la mort de sa mère, la princesse Diana. On se souvient des images de ce garçon, marchant tête baissée derrière le corbillard. Ce que j’ai appris, c’est que ce jeune garçon est resté pendant des années dans le déni le plus total, imaginant que sa mère n’était pas morte mais qu’elle se cachait, quelque part à l’abri des paparazzis. On ne peut que compatir à la douleur de ce gamin qui aurait eu besoin d’être mieux entouré et aidé ; et l’on comprend mieux sa haine (le terme n’est pas trop fort) des paparazzis, qui prend sa source dans son jeune âge et n’a jamais cessé de grandir – c’est un fil rouge du récit.

Presque la moitié du livre est consacrée à sa carrière militaire. Si ses engagements et ses apprentissages, sa quête de liberté, peuvent intéresser, j’ai trouvé toute cette partie beaucoup trop longue et ennuyeuse.

Son coup de foudre pour Meghan est raconté vers la page 350, et quand on lit tous les déboires que les tabloïds ont fait vivre au jeune couple, on comprend mieux pourquoi Harry a cherché à tout prix à préserver sa femme et sa famille, jusqu’au renoncement et à la fuite.

Les membres de la famille royale se font tous un peu égratigner, mais cela reste nuancé (il témoigne aussi de l’amour qu’il a pour son père, son frère, sa famille), et il faut se méfier des extraits sortis de leur contexte.

On sent surtout beaucoup de détresse, un terrible sentiment d’impuissance face au pouvoir médiatique mais aussi face aux personnages les plus influents du Palais.

Je n’ai pas à juger, c’est un récit autobiographique, la vérité d’un homme dont on ne peut que ressentir l’énorme besoin de s’exprimer enfin, de vider son sac. Ce n’est pas irrespectueux de la monarchie, ni aussi méchant envers sa famille que l’on pourrait le penser quand on n’a lu que des extraits.

S 2-3Fayard, 544 pages, 26,50€

Biographie

« Je suis le carnet de Dora Maar » de Brigitte Benkemoun

9782253820444-001-TC’est le hasard le plus complet qui a mis ce carnet d’adresses entre les mains de Brigitte Benkemoun. Ayant acheté un carnet à un antiquaire, elle y a trouvé, glissé à la fin, ce vieux répertoire. Après enquête et croisement des noms qui y figurent, elle en déduit que sa propriétaire était Dora Maar.

D’abord par jeu et par curiosité, puis par volonté d’aller au bout de ses recherches pour mieux comprendre Dora Maar, l’auteure a fait des recherches sur quasiment chacun des contacts du répertoire. Quels étaient les liens de chacun avec Dora Maar, leur place dans sa vie ? Au fil des pages, courts chapitres tous très intéressants, j’ai plongé dans un univers d’art et de création, le groupe surréaliste des années 1950, et l’on fréquente le temps d’un livre Eluard ou Picasso. Picasso n’en ressort pas grandi, Dora Maar est présentée aussi bien avec ses talents que ses zones d’ombre, et c’est tout à l’honneur de l’auteure, une fois passée la joie de découvrir ce carnet, d’avoir pris la distance nécessaire sur les personnalités qui y figurent.

J’ai beaucoup aimé, à travers un simple répertoire, me plonger dans cette époque. Le récit me parlait, j’avais l’impression d’observer leur groupe. J’ai aussi beaucoup appris sur leurs liens, leurs personnalités, et de Paris à la Côte d’Azur j’ai voyagé dans le temps et dans la France de l’époque.

J’ai aussi pensé au « Madeleine Project » de Clara Beaudoux, qui avec une autre approche, reconstituait aussi des morceaux de vie d’une personne à partir d’objets du quotidien.

J’ai regretté qu’il n’y ait pas de fac simile du carnet, juste pour le plaisir de voir l’écriture de Dora Maar. Cela n’a pas nui à mon plaisir de lecture mais j’ai été un peu déçue car je m’attendais à en voir.

S 3-3Le livre de poche, 288 pages, 7,70€

Biographie

« Romy et les lumières de Paris » de Michelle Marly

9782265155466ORIDe l’histoire d’amour entre Romy Schneider et Alain Delon, je ne connaissais que quelques images maintes fois diffusées à la télévision, celles où l’on voit Delon accueillir Romy à sa descente de l’avion, juste avant le tournage de « La Piscine ». Ce sont d’ailleurs ces images qui m’avaient donné envie de voir le film. A ce moment-là, ils étaient déjà séparés.

Mais quelques années auparavant, ils avaient vécu une belle et longue histoire d’amour. C’est un parti pris original d’avoir centre cette biographie sur les quelques années de leur amour, à Paris. Romy, étouffée par sa mère et par son rôle de Sissi, sort à peine de l’adolescence lorsqu’elle rencontre Delon. Il sera son premier vrai amour. Lui est au début de sa carrière, alors qu’elle est une star. Il dit volontiers que s’il n’avait pas été acteur, il serait devenu gangster : il est loin de l’image du gendre que les parents de Romy espèrent !

Au-delà de son histoire avec Delon, cette biographie raconte aussi la rencontre entre Romy et la France, mais aussi ses tiraillements entre sa famille et son légitime besoin d’émancipation.

J’ai appris beaucoup de choses dans ce livre ; ajouter quelques photos du couple auraient été une bonne idée.

S 3-3Fleuve éditions, 416 pages, 20,90€