Ce roman me faisait de l’œil depuis longtemps – mais que voulez-vous, j’ai beau lire une belle quantité de livres chaque année, je ne peux évidemment pas lire toute la production littéraire qui me fait envie… Enfin, voilà un livre de plus qui rejoint les chroniques de ce blog. Le premier constat est que ce livre ne ressemble à aucun autre. Il fait la part belle au féminin sous toutes ses formes, et d’abord dans l’écriture.
Imaginez un roman où tout est écrit au féminin, y compris (et surtout), toutes les expressions que l’on utilise au masculin sans même s’en rendre compte. Ce roman aurait pu commencer par « Elle était une fois… » car tout est écrit au féminin. A l’heure de l’écriture inclusive, cela pourrait sembler déjà vu, mais détrompez-vous car le jeu d’écriture va beaucoup plus loin. Il faut aussi remettre le roman dans son contexte : il a été écrit en 1977, ce qui en fait un texte particulièrement en avance sur son temps, qui questionne notre rapport au masculin dans la langue.
Et quel défi de traduction ! C’est toujours difficile de juger d’une traduction quand on ne lit pas simultanément le texte original et sa version traduite, mais ici on ne peut que saluer l’énorme travail que la traduction a dû représenter, car on imagine qu’il y avait plein de pièges qui auraient pu faire basculer le texte traduit vers la réussite ou vers des lourdeurs. Ici c’est très bien fait, et certaines trouvailles sont de petits bijoux de langage.
Mais quelle gymnastique de lecture ! Plus d’une fois j’ai dû relire des phrases pour en comprendre le sens.
La forme l’emporte à mon avis sur le fond ; je n’ai pas trop accroché à l’histoire, mais peut-être que j’étais trop concentrée sur l’écriture pour me plonger totalement dans le récit. Le point de départ était pourtant tout aussi original : au bal des débutants, le fils de la présidente ne veut pas devenir un homme-objet… Tout un programme !
Zulma, 384 pages, 22€