Ce livre est passionnant.
Voilà, si vous n’avez pas le temps de lire l’intégralité de ma chronique, au moins saurez-vous qu’il ne faut pas passer à côté de cet ouvrage.
Retracer l’histoire de la Grande Arche de la Défense pourrait s’apparenter à écrire un ouvrage d’architecture. Or ce projet a vécu tant de rebondissements, de modifications, a fait l’objet de tant de rêves et de tant de désillusions, que la lecture se fait au rythme d’un roman policier dont on brûle de connaître les prochains rebondissements.
En 1983, bien des consultations et des projets ont déjà avorté ; aucun n’a abouti à donner au quartier d’affaires de l’ouest parisien un monument qui le sublime. Qu’allait-on mettre dans l’axe historique qui va du Louvre à l’Arc de Triomphe, en passant par la Concorde ? Une grande construction majestueuse pour prolonger cet axe ? Un petit bâtiment bas qui ne dénaturerait pas l’existant, visible depuis Paris ? Les projets ont porté tous les points de vue et leurs contraires.
Finalement est retenu ce projet d’Arche (à l’époque, on dit encore « le Cube »). C’est un architecte danois qui remporte le concours. Il est totalement inconnu au bataillon. Et quand on l’appelle pour lui annoncer que son projet est retenu, il est vacances, parti tranquillement pêcher… Johan Otto von Spreckelsen – c’est son nom – est un peu trop rêveur et pas assez pragmatique. Si ses dessins et maquettes montrent qu’il a de l’ambition pour sa construction, il se heurte rapidement à la réalité : budget, choix des matériaux, revirements politiques…
Je connais comme tout le monde la Grande Arche, et je me suis souvent posé la question de ce qu’elle contenait (des bureaux ? rien ?). Je comprends mieux à la lecture de ce livre pourquoi je n’ai jamais eu de réponse claire : si c’est une belle construction (du moins en apparence), elle n’a jamais eu d’utilité réelle.
Le livre fourmille d’anecdotes, sur le concours, sur l’architecte, sur les renoncements, sur le rôle des politiques et de François Mitterrand en particulier, sur la place de l’Arche dans les « grands travaux » menés dans les années 1980… Je vous l’ai dit en introduction, ce livre est passionnant, même pour les non initiés.
Lisez ce livre, c’est à la fois un livre d’enquête et d’histoire, une biographie et une certaine analyse des projets menés « à la française ». Je ne pensais pas en commençant cette lecture qu’un grand cube blanc évidé pouvait contenir autant d’aspérités et susciter autant de curiosité. Je m’étais trompée.
Folio, 400 pages, 7,70€