
Je ne sais pas quoi penser de ce livre, et cela m’embête.
J’aime bien cette collection de livres féministes chez Points, reconnaissables à leur couverture violette ; et l’idée de départ de ce livre-ci me semblait séduisante : analyser le rapport des femmes à la nourriture, et comment (dans le passé et aujourd’hui encore) elles ont été jugées en fonction de ce qu’elles mangeaient, et de comment elles le mangeaient.
Le début du livre m’a plutôt intéressée : j’ai bien aimé les rappels historiques, certaines explications de vocabulaire ou d’expressions (comme les recettes « à la ménagère » ou « façon bonne femme » qui qualifiaient les préparations les plus faciles, ne nécessitant pas de technicité particulière), ou encore le rappel de propos totalement sexistes tenus sur des plateaux de télévision dans des temps pas si anciens.
Mais assez vite je me suis demandée ce qu’il y avait de nouveau dans le propos, et ce que j’allais retenir de cette lecture. Bien sûr mon œil est biaisé, car j’ai quelques lectures féministes derrière moi, et que ce n’est peut-être pas le cas de tous les lecteurs de ce livre (même si malheureusement les lecteurs moins avertis ne seront sans doute pas le premier lectorat de cet ouvrage). La perception de la société sur la façon dont mangent les hommes ou les femmes n’est pas la même : on peut s’en offusquer, mais je ne l’ai pas découvert dans ce livre. Le rapport des femmes à la minceur, et donc à ce qu’elles ingurgitent, est issu d’une pression sociale et familiale : je n’ai pas trouvé le propos très nouveau non plus, même si encore une fois cette prise de conscience reste essentielle pour d’autres lecteurs, et en particulier pour les plus jeunes.
J’ai été aussi un peu déstabilisée par les écarts de référence, tantôt historiques ou littéraires, tantôt basées sur des histoires ou des témoignages individuels. Cela a fini par brouiller le message que je recevais, et j’ai même hésité à poser le livre avant la fin (ce que je n’ai pas fait).
Le livre est bien documenté, et bien sûr cette thématique de recherche reste intéressante et nécessaire. Il y a un gros travail derrière, mais clairement je suis passée à côté de ce livre.

Points, 272 pages, 8,70€