Essai / Document

« Vers la joie » de Laurence Tardieu

Capture d’écran 2025-03-21 100017Son fils de quatre ans a subi une chimiothérapie. Sa fille a fait un don de moelle osseuse pour le sauver. Elle a divorcé de son mari. Et tout ça en plein confinement 2020. On peut dire qu’en cinq mois, la vie n’a pas épargné Laurence Tardieu. Et pourtant elle a fait le choix d’intituler son récit « Vers la joie ».

Dans ce livre très personnel, elle précise dès les premières pages que son fils s’en est sorti et qu’il va bien. Car son but n’est pas de faire du pathos. Elle nous raconte comment elle a vécu les mois d’hospitalisation, mais surtout l’après, quand tout le monde croit que c’est fini, que tout va bien, que la page est tournée, alors que pour elle rien n’est fini. Elle nous montre avec sincérité à quel point un traumatisme peut rester présent et impactant dans une vie, même une fois le choc passé, même quand tout risque est écarté – il reste une empreinte indélébile, un truc qui réveille la nuit et fait qu’on n’est plus jamais la même personne. Elle n’est plus celle qu’elle a été, et ses proches ne comprennent pas toujours qu’elle ne peut pas simplement « rebondir », « aller de l’avant », quand elle-même se sent « désaxée ».

« Passer à autre chose, passer à autre chose… Mais qu’est-ce que cela voulait dire ? Comment leur dire, leur expliquer que moi je ne pouvais pas, je ne voulais pas, passer à autre chose ? Car ce par quoi j’étais passée, précisément, n’était pas une parenthèse temporelle dont j’aurais fini par sortir, comme on sort d’un long tunnel et se retrouve enfin à la lumière, hagard mais heureux. Ce par quoi j’étais passée m’avait faite, nouvelle, et m’avait fait découvrir de nouveaux liens à mon passé, bouleversants, nouvelles ramifications excavées de ma mémoire. »

L’auteure parle aussi de son rapport à l’écriture. Elle s’était dit pendant longtemps que l’écriture la sauverait de tout, mais elle peine à retrouver le goût de l’écriture apès la l’épreuve de la leucémie de son fils. Elle avait le projet d’écrire sur les bonheurs de sa vie, le cancer l’a stoppée dans son élan.

Je suis restée un tout petit peu sur ma faim car l’auteure évoque plein de sujets (la maladie, les dommages collatéraux pour ses autres enfants, son divorce, le monde médical etc) et j’aurais bien aimé qu’elle les détaille davantage.

Le livre est moins optimiste que ce que j’avais imaginé en l’achetant (j’en avais entendu parler en bien, mais je ne sais plus où, à la télé peut-être ?). Le récit est émouvant mais pas larmoyant, l’auteure a trouvé le juste équilibre pour parler de choses graves et intimes sans se plaindre ni tomber dans un récit trop lourd. On n’en sort pas triste – mais pas vraiment rassuré ni joyeux non plus.

S 2-3Robert Laffont, 176 pages, 19€

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