Audio·Roman

« Les prénoms épicènes» d’Amélie Nothomb

épicènesLe titre, d’abord, vous interpelle sans doute. Et comme moi, vous vous demandez ce qu’il peut bien vouloir signifier. Alors commençons par une petite leçon linguistique, puisque de toute façon l’auteur elle-même le fait dès le début du livre. Un prénom « épicène » est un prénom qui ne permet pas de déterminer le genre de celui (ou celle!) qui le porte. Comme Claude, ou Dominique, les prénoms de ces deux personnages dont nous suivons ici la vie, depuis leur toute première rencontre.

Elle, Dominique, est une jeune femme transparente, timide et peu sûre d’elle, un peu complexée. Lui, Claude, est un entrepreneur plein de projets, qui la demande en mariage sans vraiment la connaître.

La suite, c’est un mariage peu heureux, la naissance d’une enfant qui va manquer d’amour de la part de son père. Et un rythme, toujours, celui d’Amélie Nothomb, qui va droit à l’essentiel, décrit le quotidien et les sentiments avec une plume acérée et vive. Ah, ne vous attendez pas à des tours et des détours sentimentaux : bien que toute l’histoire ne parle que d’amour, l’écriture est efficace, ne s’encombre pas de guimauve.

Je n’ai pas lu ce livre, je l’ai écouté ; et sa durée d’écoute (2h28) permet de s’immerger dans l’histoire dans une écoute continue – pour ma part, en une seule fois, comme pour rester dans cette dynamique presque cinématographique. Il faut du talent pour dessiner des personnages et leur donner chair, leur construire un quotidien, des sentiments, et les faire vivre, tout cela dans un texte resserré mais où rien n’est négligé.

S 3-3Audiolib, lu par Françoise Gillard, 2h28, 18,50€

Roman

« Rituels » de Ellison Cooper

rituelsJ’ai rejoint avec grand plaisir l’équipe de la #TeamThriller du Cherche-Midi, et le premier roman de la sélection est ce livre au titre inquiétant : « Rituels ». La quatrième de couverture plante le décor et fait frissonner le lecteur par avance : « Vous avez aimé le Silence des agneaux ? Vous allez adorer Rituels. ». Gloups.

Sayer Altair est agent spécial au FBI. Excellente professionnelle, elle mène de front des enquêtes et des recherches scientifiques sur les tueurs en série. Elle est appelée sur une affaire particulièrement glauque : une jeune fille a été retrouvée morte après avoir été emprisonnée dans une cage, dans le sous-sol d’une maison abandonnée. La mort a été particulièrement mise en scène, autour d’un rituel chamanique.

A partir de là, Sayer prend la tête d’une équipe d’enquêteurs. Les fausses pistes vont s’enchaîner, faisant passer le lecteur par toutes les phases du suspense, de l’inquiétude à l’envie d’en savoir plus.

L’histoire se révèle au final moins effrayante que passionnante. Quel incroyable page turner ! C’est un roman plein de suspense, de ceux que l’on s’impatiente de retrouver pour reprendre le fil de l’histoire.

Mon seul petit regret est d’avoir trouvé la clé de l’énigme aux deux tiers du roman… J’ai espéré jusqu’à la fin m’être trompée, et qu’un ultime rebondissement viendrait contredire mon intuition… mais non. Cela n’a heureusement pas gâché ma lecture de ce livre que j’ai dé-vo-ré !

S 3-3Cherche Midi, 432 pages, 21€

Roman

« Les filles au lion » de Jessie Burton

G01721_Les_filles_au_lion.inddAttention chef d’œuvre ! Et je pèse mes mots.

En lisant le résumé sur la quatrième de couverture, je n’imaginais pas à quel point cette histoire allait m’emporter. Mais il y a des romans, comme celui-là, où dès les premières pages je pressens que l’histoire et le style vont me captiver.

L’histoire commence en 1967. Odelle est vendeuse dans un magasin de chaussures ; c’est un job alimentaire, qu’elle quitte sans regret pour travailler dans une galerie d’art – un emploi plus proche de ses aspirations, elle qui adore écrire. Elle y rencontre Marjorie Quick, son étonnante patronne, à la fois mentor et complice. Lorsque le petit ami d’Odelle présente un jour un tableau à la galerie, Marjorie est bouleversée. Quel secret se cache derrière cette toile ?

Navigant avec aisance entre deux époques (1936, 1967) et deux pays (l’Espagne, l’Angleterre), l’auteur embarque le lecteur dans un périple artistique et humain d’une grande puissance, où l’art se mêle à la politique, à l’amour, et aux rêves de plusieurs jeunes femmes.

Le livre se dévore avec impatience comme un roman policier, et avec passion comme un roman dramatique.

S 3-3Folio, 528 pages, 8,90€

Roman

« La gouvernante suédoise » de Marie Sizun

gouvernanteLéonard est professeur en Suède, où il excelle lors de conférences littéraires qu’il anime. Il épouse en secondes noces la jeune Hulda, avec qui il fonde une famille. Ils engagent Livia pour seconder Hulda dans l’éducation des enfants. En Suède, puis en France, va se jouer un théâtre plein de faux semblants entre ce trio.

Si la triangle amoureux est un thème maintes fois traité en littérature, il l’est ici avec beaucoup de pudeur et même une certaine élégance. Nul n’est traître ou bafoué, la part de responsabilité de chacun n’est pas éludée dans ce drame en quasi huis-clos dans la maison familiale.

Construit comme un documentaire généalogique, le récit est un roman mais enveloppé du témoignage et de la perception d’une descendante de Léonard. Les Noëls blancs, la découverte de la banlieue parisienne (Meudon) au dix-neuvième siècle, sont autant de décors charmants qui créent une ambiance à la fois rêveuse et dramatique, en parfaite adéquation avec l’intrigue.

S 3-3Folio, 320 pages, 7,80€

Audio·Roman

« Madame Pylinska et le secret de Chopin » de Eric-Emmanuel Schmitt

pylinskaCertains livres sont faits pour être écoutés, et celui-ci en fait partie. Quelle bonne idée d’avoir associé la lecture du texte d’Eric-Emmanuel Schmitt (par lui-même) à des extraits de Chopin interprétés par Nicolas Stavy !

Je dis « extraits », mais il y a dans certains chapitres de longs moments d’écoute, ce qui est particulièrement agréable pour bien entrer dans l’ambiance.

Le jeune Eric-Emmanuel décide d’améliorer son jeu de pianiste, et prend des cours chez Madame Pylinska. Cette fantasque polonaise va lui faire découvrir Chopin en usant d’une méthode peu conventionnelle, privilégiant le ressenti au jeu, et éloignant son élève pendant plusieurs semaines d’un piano !

Je me suis rendu compte à l’écoute de ce livre que je connaissais très mal l’oeuvre de Chopin, et que je connaissais davantage sa vie vie à travers sa liaison avec George Sand (ce n’est pas pour rien que je tiens un blog littéraire et non musical). A ce propos, le passage où Madame Pylinska évoque George Sand est très drôle, sans être dénué d’une certaine profondeur sur l’amour entre les deux artistes.

J’ignore si Madame Pylinska a réellement existé, mais si c’est le cas elle a dû changer assez profondément le jeu de bien des pianistes en herbe.

S 3-3Audiolib, 2h22, 17,90€

Audio·Roman

«Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie » de Virginie Grimaldi

parfumEvacuons le sujet tout de suite : je n’aime pas cette mode des titres très longs, et je trouve bien réductrice la joyeuse couverture girly de ce livre.

Mais j’ai adoré le reste.

Deuxième livre de Virginie Grimaldi que je lis après « Tu comprendras quand tu seras plus grande » (que j’avais déjà bien aimé), « Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie » est encore plus profond, plus intime, plus émouvant. C’est un très bon livre, qui m’a étonnée. Je ne m’attendais pas à être autant touchée.

Pauline est mariée à Ben, et mère d’un petit Jules. Lorsque son mari la quitte, elle est loin d’être prête à renoncer à la vie avec lui. D’une histoire ordinaire, qui arrive tous les jours, Virginie Grimaldi tire un roman sensible et vrai. Tout sonne juste dans son texte, chaque détail drôle ou triste est choisi intelligemment et fera sans doute écho dans les souvenirs des lecteurs, comme dans les miens à maintes reprises.

Se remémorant des souvenirs de leur vie à deux, Pauline espère faire revenir Ben. Toute la question est là : reviendra ? reviendra pas ? Mais Virginie Grimaldi a bien d’autres cordes (sensibles) à son arc, et truffe son récit de rebondissements et revirements de situations. Comme dans la vie.

Le dernier tiers du livre s’oriente vers un registre plus grave, qui m’a bouleversée ; je n’ai pas pu retenir mes larmes.

Au-delà de l’émotion, Virginie Grimaldi est une auteur qui s’impose comme une grande, et je râle un peu de voir ses livres dans les rayons « chick litt » ou « feel good » des librairies. Elle joue sur un autre terrain, et si je peux vous donner un conseil : suivez cette auteur !

S 3-3Audiolib, 7h16 d’écoute, 21,90€

Audio·Roman

«Une vie sans fin » de Frédéric Beigbeder

vie sans finRépondant à une interrogation de sa fille, le narrateur (un double très proche de l’auteur), promet de ne jamais mourir. Et, se posant un peu, le voilà qui s’interroge sérieusement sur l’immortalité. Commence alors un long périple dans plusieurs pays, à la découverte des recherches les plus pointues et les plus innovantes sur l’immortalité.

Ce livre joue sur deux tableaux tout au long du récit :

D’un côté, j’ai découvert des recherches et des techniques incroyables, dont je ne soupçonnais pas l’existence, et qui montrent que la quête de l’immortalité donne lieu à des travaux scientifiques extrêmement poussés. Découvrant ces recherches, je me dis qu’on n’a pas fini de s’étonner dans les prochaines années des avancées de la science dans ce domaine ! Notons que toutes les explications données par l’auteur sont plutôt accessibles au grand public, et l’ensemble est intelligemment vulgarisé.

D’un autre côté, j’ai regretté que l’incontournable trio sexe-drogue-vulgarité déjà tant utilisé par l’auteur soit à nouveau présent dans ce livre. Cela n’apporte rien au récit, dont le propos est suffisamment bien mené par ailleurs pour que le lecteur ne s’ennuie pas.

Le récit navigue donc entre un propos assez sérieux et mené avec pertinence, et des vulgarités à intervalles réguliers. L’ensemble du livre a le mérite d’apporter un éclairage intéressant et un accessible sur un sujet complexe. J’aurais aimé, comme c’est le cas pour d’autres publications de chez Audiolib, terminer par l’écoute d’une interview de l’auteur, pour faire la part des choses et savoir ses motivations profondes et comment il en est arrivé à traiter d’un tel sujet. Sans rien vous dévoiler de la fin, le 32è chapitre (l’un des derniers) se révèle plein de tendresse et permet au lecteur de ne pas finir son écoute que sur des seules questions métaphysiques.

A noter, le texte chez Audiolib est lu par Jonathan Lambert, étonnant dans ce rôle de comédien lecteur que je ne lui connaissais pas.

S 2-3Audiolib, 7h06 d’écoute, 22,90€

Roman

«Rosa candida» de Audur Ava Olafsdottir

LaSolutionEsquimauAWCela faisait plusieurs mois que ce livre m’attendait sur une étagère, pas encore ouvert bien qu’acheté depuis mars au Salon du livre de Paris où il m’avait été conseillé sur le stand de l’éditeur Zulma pas un libraire enthousiaste.

Il fait partie de ces livres difficiles à résumer, ou plutôt, dont le résumé sera forcément réducteur. Non pas que l’histoire soit complexe ; mais elle est une poésie du quotidien.

Le narrateur a perdu sa mère dans un accident de voiture, et vit désormais dans le logis familial avec son père et son frère jumeau handicapé. De sa mère, il a hérité d’une passion pour les plantes, et plus particulièrement pour les roses. Il possède d’ailleurs une variété assez rare, qu’il part installer dans le jardin isolé d’un monastère.

Sorte de voyage initiatique plein de douceur, ce trajet jusqu’au monastère, et les semaines qui suivent, donnent l’occasion au narrateur de réfléchir à sa vie. Et l’on découvrira progressivement qu’il est le père d’une petite fille, et qu’il entretient avec la mère de celle-ci une étrange relation.

Rassurez-vous, je ne vous ai rien dévoilé de trop sur ce splendide roman plein de charme, où les interrogations d’un jeune homme, père, fils, frère, sur sa vie sont autant de fleurs d’espoir.

Chose assez rare, je lisais ce roman dans un lieu public et une dame m’a interpellée juste pour me dire : « C’est bien, hein ? Je l’ai lu ! » avec un sourire de connivence comme seuls peuvent en avoir deux lecteurs autour d’un texte plein de grâce.

Pour moi qui ai habituellement moins d’attirance pour la littérature étrangère que pour la littérature française, je dois souligner que les Editions Zulma ont le don de dénicher des textes étrangers qui me font changer d’avis.

S 3-3Zulma, 288 pages, 8,95€

Roman

« Origine » de Dan Brown

origineD’accord, ce livre est très grand public. D’accord Dan Brown est un auteur qui surfe depuis bien longtemps sur le succès de son « Da Vinci code » et reprend encore ses thèmes privilégiés (les codes, la religion, un duo chercheur-joli femme…)… mais comme ça fonctionne bien, encore une fois !

A peine le livre commencé, j’étais captivée, je voulais lire la suite !

Alors que le Parlement des religions du monde se réunit, Edmond Kirsch rencontre discrètement trois représentants religieux. Il s’apprête à révéler au monde entier les réponses à deux questions : « d’où venons-nous ? » et « où allons-nous ? ». Qu’a-t-il découvert ? Que va-t-il révéler lors d’une soirée énigmatique au musée espagnol Guggenheim ?

Robert Langdon – que le lecteur connaît depuis « Da Vinci code » – est un ami d’Edmond et participe à la soirée événement. Or cette soirée va se révéler pleine de rebondissements, et c’est Robert Langdon qui va devoir prendre la suite d’Edmond…

Il faut reconnaître à l’auteur un énorme talent pour captiver le lecteur, lui donner tout au long du roman l’envie de lire la ligne suivante, puis la page suivante, puis le chapitre suivant… Il nous promène aussi entre le musée Guggenheim et la Sagrada Familia, ce qui donne très envie de découvrir ces lieux.

Même si la fin est un peu décevante, cela ne suffit pas à me faire changer d’avis sur ce livre, dont j’ai apprécié la lecture et qui m’a fait passer un très bon moment.

S 3-3JC Lattès, 576 pages, 23€

Roman

« De l’infortune d’être un Anglais (en France) » de Marie Fitzgerald

infortuneC’est bien connu, Français et Anglais adorent se détester. Ils sont des « rosbifs », nous sommes des « froggies » ; ils ne disent pas ce qu’ils pensent, nous sommes braillards et revendicatifs, etc etc.

Ecrire un livre sur le sujet, c’est presque du pain bénit pour un auteur, tant sont nombreuses les images à utiliser, et faciles les situations à trouver pour tourner en dérision Français et Anglais. J’ai le souvenir d’un livre très drôle sur le sujet, auquel j’ai immédiatement pensé avant d’entamer la lecture de celui-ci : « Une année en provence », de (l’anglais) Peter Mayle.

Dans « De l’infortune d’être un Anglais… », deux clans s’affrontent dans un village du Sud de la France. De nombreux Anglais s’y installent pour leur retraite, et les habitants du coin n’accueillent pas très chaleureusement leurs nouveaux voisins. Pire, une série de meurtres a été commise contre des Anglais. Et le curé d’une paroisse voisine reçoit d’étranges confessions…

Non-dits et incompréhensions vont être de la partie tout au long du livre ; le curé est un personnage plutôt secondaire mais assez amusant. L’ensemble du roman est sympathique, même si j’ai été gênée au début par l’énumération de clichés auxquels je n’ai pas ri autant que je l’aurais voulu. Si le flegme britannique est bien mis en avant, j’aurais aimé que les situations poussent un peu plus loin l’humour anglais que j’aime tant chez Allan Bennett ou Will Wiles.

Derrière sa pétillante couverture jaune, ce livre pourra néanmoins vous faire passer un bon moment cet été… mais ne partez pas avec en Angleterre !

S 2-3Fleuve éditions, 304 pages, 18,90€