
C’est un post sur les réseaux sociaux qui m’a fait découvrir les écrits d’Emma Becker. Je ne sais plus précisément de quoi il était question – de mémoire cela parlait de la façon dont les parents racontent leur vie à leurs enfants.
J’ai regardé sa bibliographie, j’ai compris que ses écrits ne seraient pas simples à appréhender. J’ai décidé de ne pas lire le livre où elle raconte ses années de prostitution, mais d’aller vers un autre récit (celui-ci, donc). Je m’attendais à du cru, à du trash même. Mais il me semblait avoir entraperçu dans son interview qu’il pouvait aussi y avoir du littéraire derrière. On peut raconter tellement de choses avec les bons mots.
Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps : je ne suis pas allée au bout de cette lecture.
L’histoire, sans être originale, méritait pourtant d’être lue : une histoire d’amour, au fil des saisons, entre deux écrivains qui ne sont pas libres dans leur quotidien mais qui s’accordent ensemble des espaces de liberté, et qui vivent une relation passionnelle. Consciente que leur histoire ne durera pas, la femme veut en garder une trace, en écrivant le récit de ce qu’ils vivent. C’est louable, non ? Cela peut même être romantique. Mais à la lecture, j’ai été gênée par tant d’impudeur. Le récit est si direct, les anecdotes si explicites. J’avais une désagréable impression de voyeurisme en lisant des mots qui n’auraient pas dû quitter la sphère intime des deux amants (malgré le nom d’emprunt du personnage masculin, il faut 10 secondes pour identifier sur internet de qui il s’agit).
J’ai trouvé cela d’autant plus dommage qu’entre deux longues parties impudiques, il y a quelques fulgurances de pensées plutôt bien exprimées. D’ailleurs, dans l’un de ses messages, l’homme lui écrit : « Parvenir à mettre en mots l’informulable, le non dit, l’allusif, c’est rare et fort ». Malheureusement je n’ai pas retrouvé ces passages assez souvent dans les 109 premières pages pour avoir envie d’aller plus loin.

Albin Michel, 416 pages, 21,90€