Roman

«Petit pays» de Gaël Faye

petit paysIl y a des livres comme ça, dont on a beaucoup entendu parler, que nous ont conseillés des amis, dont la couverture attire notre œil à chaque passage en librairie. Des livres qu’on a l’impression d’avoir trop vus avant même de les lire. Et pourtant, si j’avais ce sentiment avant de commencer la lecture de « Petit pays », j’ai très vite compris pourquoi ce livre avait tant marqué ses lecteurs.

Gabriel habite au Burundi avec ses parents et sa sœur. C’est un gamin attachant, bien élevé et joueur. Il entretient une correspondance avec une petite Française de son âge, et fait gentiment les quatre cents coups avec ses copains de quartier.

« Armand et moi chipions […] des mangues. […] Nos mains étaient poisseuses, nos ongles noirs, nos rires faciles et nos cœurs sucrés. »

Mais l’horreur de la guerre civile, des massacres, du génocide voisin, fait basculer Gabriel dans un autre monde, sans retour possible.

Le livre est assurément l’un de ceux qui marque, mélange de tendresse et de violence, de joies de l’enfance et d’horreurs de la guerre. Il percute le lecteur en plein cœur, dans la conscience de l’indicible. Et Gabriel, symbole de l’innocence brisée, tentera de trouver un ultime salut dans les livres, ces « génies endormis » et de se préserver le plus tard possible de son environnement. « J’ai tardé à t’écrire. J’étais trop occupé à rester un enfant », écrit-il à sa petite correspondante.

« Je voyais l’image […] de toutes les innocences de ce monde qui se débattaient à marcher au bord des gouffres. Et j’avais pitié pour elles, pour moi, pour la pureté gâchée par la peur dévorante qui transforme tout en méchanceté, en haine, en mort ».

S 3-3Le Livre de poche, 224 pages, 7,20€. Prix Goncourt des lycéens 2016

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