Roman

« Les filles de la villa aux étoffes » (tome 2) d’Anne Jacobs

9782264078148ORIJe me réjouissais de retrouver la famille Meltzer dans ce deuxième tome.

1916. Marie a épousé Paul. C’est une bonne nouvelle et le signe que cette saga ne tourne pas en rond, que l’histoire progresse entre les personnages. Pourtant l’intrigue met un peu de temps à démarrer. Comme j’ai déjà acheté les tomes 3 et 4, j’ai eu un moment de doute et me suis demandé si je ne m’étais pas précipitée dans ces achats…

Mais finalement j’ai aimé ce deuxième tome aussi, en retrouvant Marie, Kitty et Elisabeth face à leurs préoccupations d’adultes, obligées de laisser leurs enfantillages derrière elles quand les hommes partent à la guerre.

La guerre, d’ailleurs, prend une place importante dans ce livre (un peu trop au début surtout, avec le domestique Humbert dont je me souvenais à peine).

Ce roman est une lecture plaisante, dans la tradition des sagas familiales avec des histoires croisées, de beaux personnages (des forts, des lâches, des fourbes,…) et sans caricature. On partage les doutes, les chagrins, et le temps d’une lecture on a l’impression d’être une petite souris se promenant d’un étage à l’autre de cette « villa aux étoffes ». Je lirai le troisième tome, sans hésitation.

S 3-3Ed 10/18, 696 pages, 10,10€

 

Roman

« La villa aux étoffes » (tome 1) d’Anne Jacobs

La-villa-aux-etoffesAmateurs de sagas familiales, ne passez pas à côté de ce roman !

La comparaison affichée par certains romans avec des livres ou séries à succès est monnaie courante, et je m’agace régulièrement de voir des comparaisons avec Agatha Christie ou Downton Abbey qui ne sont basées sur rien de concret – juste des arguments pour vendre…

Mais cette fois-ci, la comparaison avec Downton Abbey est vraiment justifiée ! L’histoire se passe certes en Allemagne, mais sinon de nombreux ingrédients sont réunis : une riche famille, dont on suit les hauts et les bas ; des domestiques qui font partie intégrante de la vie de la maison ; et les destins qui se croisent entre ces deux mondes.

Alors bien sûr, il y aussi plein de divergences ; en particulier la famille Meltzer n’est pas aristocrate mais une famille d’industriels. Quelques mots, d’ailleurs, sur cette famille. Johann, le patriarche, est à la tête de l’usine de tissus qui a fait sa fortune, et n’entend pas laisser sa place trop vite à son fils Paul, qu’il juge bon à rien. Paul a deux sœurs, aussi différentes que le jour et la nuit : Kitty, de consistance fragile, est une artiste fantasque ; tandis qu’Elisabeth est la plus raisonnable – mais aussi celle à qui on accorde moins d’attention.

Ce petit monde où les chamailleries sont fréquentes est bousculé par l’arrivée de Marie, une nouvelle domestique que Johann Meltzer cherche à aider, tout en affichant une hostilité permanente à son égard.

Ce roman, premier d’une série de cinq, est un joli pavé de plus de 600 pages, mais je ne me suis pas ennuyée un seul instant ! J’ai aimé suivre ces personnages, leurs petits défauts, leurs secrets, et je suis prête à lire le deuxième tome !

En 2022, j’avais lu avec frénésie les six tomes de « Blackwater » et, dans un style très différent (et beaucoup plus de pages !), me voici prête à lire toute cette série. J’imagine déjà suivre la famille Meltzer sur plusieurs générations, mais je garde la surprise et ne lirai pas les résumés.

En avant pour le deuxième tome !

S 3-310/18, 648 pages, 10,10€

Roman

« Les filles d’Egalie » de Gerd Brantenberg

LesFillesDEgalie_PLAT1BandeauCe roman me faisait de l’œil depuis longtemps – mais que voulez-vous, j’ai beau lire une belle quantité de livres chaque année, je ne peux évidemment pas lire toute la production littéraire qui me fait envie… Enfin, voilà un livre de plus qui rejoint les chroniques de ce blog. Le premier constat est que ce livre ne ressemble à aucun autre. Il fait la part belle au féminin sous toutes ses formes, et d’abord dans l’écriture.

Imaginez un roman où tout est écrit au féminin, y compris (et surtout), toutes les expressions que l’on utilise au masculin sans même s’en rendre compte. Ce roman aurait pu commencer par « Elle était une fois… » car tout est écrit au féminin. A l’heure de l’écriture inclusive, cela pourrait sembler déjà vu, mais détrompez-vous car le jeu d’écriture va beaucoup plus loin. Il faut aussi remettre le roman dans son contexte : il a été écrit en 1977, ce qui en fait un texte particulièrement en avance sur son temps, qui questionne notre rapport au masculin dans la langue.

Et quel défi de traduction ! C’est toujours difficile de juger d’une traduction quand on ne lit pas simultanément le texte original et sa version traduite, mais ici on ne peut que saluer l’énorme travail que la traduction a dû représenter, car on imagine qu’il y avait plein de pièges qui auraient pu faire basculer le texte traduit vers la réussite ou vers des lourdeurs. Ici c’est très bien fait, et certaines trouvailles sont de petits bijoux de langage.

Mais quelle gymnastique de lecture ! Plus d’une fois j’ai dû relire des phrases pour en comprendre le sens.

La forme l’emporte à mon avis sur le fond ; je n’ai pas trop accroché à l’histoire, mais peut-être que j’étais trop concentrée sur l’écriture pour me plonger totalement dans le récit. Le point de départ était pourtant tout aussi original : au bal des débutants, le fils de la présidente ne veut pas devenir un homme-objet… Tout un programme !

S 2-3Zulma, 384 pages, 22€

Roman

« Bélhazar » de Jérôme Chantreau

9782290361283J’ai choisi ce livre pour le titre, pour le labyrinthe de la couverture, et pour le commentaire élogieux de François Busnel qui le décrit comme « le » roman de 2021.

Dès le début de la lecture, j’ai été un peu gênée, comme je le suis toujours quand je ne dissocie pas le vrai du faux, la part de roman ou de témoignage. Le livre oscille entre les deux : le personnage principal, Bélhazar, est un adolescent très romanesque à lui tout seul, atypique, brillant, mais différent.

Or ce jeune homme est mort dans des circonstances bizarres, une altercation qui a nécessité l’intervention de la gendarmerie, et le jeune homme est mort sous les balles de sa propre arme.

L’un de ses professeurs, bien longtemps après sa mort, décide de rouvrir le dossier – je n’ai pas tout à fait compris pourquoi : il n’était pas proche de son élève, pas choqué plus qu’un autre au moment de son décès. S’agit-il de rendre justice et hommage à tous les jeunes gens disparus dans d’étranges circonstances ? Cela se justifierait, bien sûr, face l’incompréhension de la mort de jeunes gens.

J’ai poursuivi la lecture au milieu de mes questionnements, attendant une réponse que je n’ai pas trouvée.

S 1-3J’ai lu, 320 pages, 8,20€

Roman

« L’éternelle chute d’Alice » de Hugo Bernard

9782258202856ORIJ’aime beaucoup les romans originaux comme celui-ci, de ces romans qui baladent le lecteur, qui le laissent dans le doute, lui créent de fausses images, et finalement lui donnent toutes les réponses. J’ai lu avec beaucoup d’impatience les chapitres de ce roman, curieuse de découvrir pourquoi et comment la petite Alice, en promenade dans la forêt avec son père, était tombée dans un trou de plusieurs dizaines de mètres.

Entre parenthèses, si la référence à Alice au pays des merveilles ne vous avait pas échappé dans le titre, sachez que le parallèle avec l’œuvre de Lewis Carroll s’arrête à la chute dans un trou. Il n’y aura pas de lapin blanc ni de chat bizarre dans ce roman.

Si au départ tout le monde pense à un banal accident en forêt, très vite le lecteur comprend que le petite monde de Renard-les-Bains n’est pas si innocent qu’il y paraît. Quel secret cachent les parents d’Alice ? Qui sont les Ducrottard, parents d’un enfant indiscipliné et eux-mêmes beaufs et radins ? Et quelles histoires de famille sommeillent chez les notables de la région ?

L’écriture est très efficace ; chapitre après chapitres le puzzle se reconstitue pour le plus grand plaisir du lecteur, jusqu’aux dernières pages où tout trouve sa place. Un très bon roman original pour bien commencer son année de lecture.

S 3-3Presses de la cité, 288 pages, 22€

Policier·Roman

«Morts en débit » de Eric Vernassière

eric-vernassiereEric Vernassière est déjà l’auteur de deux romans, dont « Grèves de la fin… » que j’avais chroniqué sur le blog. Il continue son chemin d’auteur avec un roman plus proche du polar, au titre clin d’oeil à Louis-Ferdinand Céline dont il est un lecteur fervent tout en gardant la juste distance avec les convictions de l’écrivain.

« Morts en débit » n’est pas un roman d’enquête au sens propre, car dès le début du roman le lecteur a connaissance des crimes de Roger Miremont, incendiaire d’un bidonville d’immigrés italiens. On est en 1934, la guerre gronde mais beaucoup ne veulent pas y croire, et les nationalismes s’exacerbent. Roger est une « petite main », il agit par conviction mais il est aussi un pantin idéal pour ceux qui veulent agir sans se salir les mains.

L’inspecteur Fradin, homme droit et intègre, est chargé de l’enquête et ne cèdera ni devant les intimidations, ni devant la hiérarchie.

Les femmes ne sont pas en reste dans ce roman, et derrière les maîtresses sensuelles se cachent aussi des cerveaux politiques et stratèges.

J’ai retrouvé dans ce roman l’écriture minutieuse et précise d’Eric Vernassière, sa patte bien à lui pour écrire les dialogues, et surtout son immense culture qui donne beaucoup de corps et de relief à ses personnages. Ah ils ne sont pas tous sympathiques ses personnages, loin de là ! Et pour avoir la chance de connaître Eric et ses engagements, la plupart de ses personnages sont même très très éloignés de ses convictions et de ses valeurs. C’est justement là, à mon avis, qu’est toute l’essence de ce roman : montrer l’envers d’une conviction, les motivations de ceux qui prônent la haine et le rejet, expliquer le contexte, montrer ce qui fait germer les idées… pour mieux les démonter et les combattre.

Et comment ne pas lire entre les lignes tous les clins d’oeil aux régions chères à l’auteur : la Côte d’Azur et Saint-Raphaël, Lyon, l’Auvergne… ainsi que les références littéraires qui l’inspirent.

Annoncé comme le premier tome d’une trilogie, le roman peut se lire pour lui-même, sans attendre les prochains, même si le lecteur aura envie de découvrir ce que vont devenir les personnages !

S 3-3Disponible sur Amazon, 14€ en broché, 7€ sur Kindle.

Roman

« Embarquements immédiats pour Noël » de Carène Ponte

9782265155794ORIL’an dernier, j’avais adoré lire « Vous reprendrez bien un peu de magie pour Noël ?» de Carène Ponte, et j’ai à nouveau passé un excellent moment en lisant le roman de Noël de Carène Ponte de cette année : « Embarquements immédiats pour Noël ».

Margot et Maggie sont deux sœurs jumelles de 35 ans. L’une rêve de passer un Noël traditionnel sous la neige en Laponie ; l’autre préférerait fuir au soleil.

Cette année, pour leur anniversaire qui tombe en décembre, leurs parents ont prévu une surprise : chacune partira passer les fêtes dans l’endroit du monde dont elle rêve. Sauf qu’arrivées à l’aéroport, les jumelles se rendent compte que leurs identités ont été inversées : celle qui rêve de soleil part en Finlande, celle qui rêve de neige ira aux Seychelles.

Même si le point de départ est un peu gros, j’ai tellement ri ! J’adore les romans qui me font rire, je trouve cela tellement difficile, tellement rare, de trouver des texte amusants et qui font passer un vrai bon moment de détente.

Je vous laisse découvrir les péripéties des deux jumelles, dont les convictions sur ce que doit être un « bon Noël » vont être malmenées…

C’est drôle, c’est juste, ça se lit assez vite (260 pages écrites assez gros).

Je crois que les romans de Noël de Carène Ponte vont devenir l’un de mes rituels lecture de Noël !

S 3-3Fleuve Editions, 261 pages, 18,90€

Roman

« Tout ce que je veux pour Noël, c’est toi » de Phoënix B. Asher

Tout-ce-que-je-veux-pour-Noel-c-est-toiLa couverture est toute mignonne, et c’est d’abord ce qui attire l’oeil sur ce livre. Il y a ce titre ensuite, tout juste traduit de la chanson de Maria Carey « All I want for Christmas is you » (qui bizarrement n’est cité nulle part, pas même dans la playlist conseillée en début de roman), qui se fixe dans l’esprit avec une petite musique à clochettes… De prime abord, le livre fait envie !

Le début, pourtant, est vraiment trop cliché pour moi : d’un côté, Axel, héritier de l’empire familial, obligé de se mettre au vert pendant quelque temps depuis qu’une sextape compromettante circule sur internet ; de l’autre côté, Rome, qui élève seule son fils autiste depuis la mort de son mari à la guerre. Ces deux-là se sont aimés adolescents, se sont perdus de vue, se retrouvent treize ans après. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire pour toutes ces raisons-là. Et puis finalement je me suis attachée aux personnages, à leur nouvelle vie dans un village reculé du Wisconsin, loin de tout.

Il faut passer outre les nombreux clichés, le côté hyper parfait d’Axel (il devient menuisier et parmi ses créations il fabrique des lits de co-dodo : vous y croyez ?), et prendre ce roman comme un bon divertissement pour se plonger dans un huis-clos à quelques jours de Noël, plein de bons sentiments, de lait de poule et de cookies tout juste sortis du jour (et cuisinés par le même Axel, bien sûr) – mais aussi de « contre-traditions » histoire d’alléger un peu l’ambiance (repas de Noël à base d’huîtres, et robe-pull confortable en guise de tenue de soirée).

S 3-3Hugo poche, 410 pages, 7,60€

Cosy mystery·Policier·Roman

« Pluie, pubs et chouettes hulottes » de Ann Granger (tome 4)

9782264078322ORIAvant de me plonger dans des lectures hivernales (je résiste pour l’instant aux romans de Noël), j’ai opté pour une histoire qui se passe non pas sous la neige, mais sous la pluie. Ce sont en effet des pluies torrentielles qui s’abattent sur Weston-Saint-Ambrose, petite ville que nous commençons un peu à connaître puisqu’il s’agit du 4e tome de la série (même si je n’ai toujours pas lu le 1er).

Au fond du jardin des Stewart, un couple de citadins venus changer de vie à la campagne, coule une petite rivière qui hélas, draine un jour le corps sans vie d’une jeune femme. Les propriétaires sont très choqués, et le mari déclare connaître l’identité de la victime. Qui pouvait en vouloir à Courtney, la jeune serveuse du pub local ? Et quel est son lien avec le propriétaire du jardin où elle a été retrouvée, cet auteur qui anime des ateliers d’écriture depuis qu’il s’est installé à la campagne.

Jess et Ian sont chargés de l’enquête. Bizarrement, le rapprochement entre eux dans le précédent tome semble n’avoir jamais existé !

Comme dans les précédents tomes que j’ai lus, j’ai été plongée dans l’ambiance très vite. L’auteure sait très bien parler du temps et des lieux, si bien qu’on entendrait presque la pluie ruisseler en lisant ce roman !

Je me suis un peu perdue au début dans les personnages du club de lecture, qui sont assez nombreux, mais rien de bien gênant. Encore une fois, cela a été une bonne lecture, prenante.

Je ne suis pas sûre d’aimer les titres, qui à mon sens ne rendent pas service au livre, et qui par ailleurs n’ont rien à voir avec les titres originaux (« Death in the water » pour celui-ci). Mais je lirai les autres titres de la collection, c’est sûr !

S 3-310/18, 341 pages, 13,90€

Cosy mystery·Policier·Roman

« Son espionne royale et le baron irlandais (tome 10) » de Rhys Bowen

9782221255247ORISouvenez-vous… Dans le tome précédent, nous avions laissé Georgie et Darcy sur le point de se marier. Ce 10e tome (quoi ?! déjà 10 ?! ) commence aussitôt à la suite du précédent. Je m’attendais donc à voir Georgie convoler enfin en justes noces… mais patatras, tout est remis en cause depuis que le père de Darcy (le « baron irlandais » du titre) est accusé de meurtre. Pour ne pas ternir la réputation de Georgie, Darcy renonce au mariage.

Et là, grosse déception pour moi.

Parce que j’aime bien les fils rouges dans les séries, les clins d’oeil aux tomes précédents, les scènes récurrentes qui font qu’on a plaisir à retrouver les personnages. Mais à un moment donné, il faut que l’histoire entre les personnages a-van-ce !

Heureusement, tout le reste du livre propose des nouveautés au lecteur : Georgie part en Irlande ; un nouveau personnage apparaît en la personne d’une fantasque princesse de l’Est ; et Queenie, heureusement, est plutôt absente de ce tome-ci (c’est un personnage que je trouve assez pénible quand elle est trop présente, donc ses interventions à petites doses me conviennent).

Mais que toutes mes nuances ne vous induisent pas en erreur : je continue à beaucoup aimer cette série, mélange de cosy mystery et de royauté, qui offre toujours de l’humour . J’apprécie beaucoup aussi les changements de décor d’un tome à l’autre. Après la Côte d’Azur, la Transylvanie, ou encore les Etats-Unis, c’est cette fois-ci la campagne anglaise que le lecteur découvre, à la veille des festivités de Noël. Je continue donc avec plaisir la lecture de cette série, je guette chaque nouveau tome qui sort, même si parfois j’aime bien le laisser un petit peu dans ma PAL, juste pour le plaisir de passer devant et de me dire que je vais bientôt passer un bon moment de lecture ! Avec la série des « Agatha Raisin », c’était la première fois que je lisais autant de romans d’une même saga (je vais bientôt attaquer le 32e tome, quand même!) ; « Son Espionne royale » est bien partie pour détenir la médaille d’argent du nombre de tomes lus !

S 3-3Robert Laffont, 396 pages, 14,90€