Roman

« Blackwater 1 : La Crue » de Michael McDowell

blackwater1J’ai acheté ce livre uniquement parce que la couverture était jolie, originale. Je n’avais pas du tout vu la campagne de lancement médiatique de cette version française (publier 1 tome tous les 15 jours, comme un feuilleton) – d’ailleurs je n’avais même pas vu que « La Crue » était le premier tome d’une série de 6 !

Puis j’en ai entendu parler sur les réseaux sociaux, étonnée que ce livre choisi au hasard soit « LE » livre à lire en ce moment. Cela m’a presque refroidie…

Et pourtant c’est une vraie bonne histoire, originale, et j’ai dévoré ce court premier tome en 24 heures.

Dans une petite ville de l’Alabama vit la famille Caskey, à la tête de laquelle règne Mary-Love, une femme de poigne, manipulatrice. Alors que le village vit une crue sans précédent, le fils de Mary-Love, Oscar, recueille une femme mystérieuse. Qui est Elinor ? Personne ne le sait vraiment. Mais avec patience et ruse, elle va prendre peu à peu toute sa place dans la famille Caskey.

Dans un décor atypique (un petit village métamorphosé par une crue), le roman déploie un climat mystérieux, et garde le lecteur sous tension jusqu’à la dernière page – qui donne très envie de lire la suite, ce que je vais faire aussitôt ! Elinor est un personnage troublant, irréel, voire « magique ». Il faut accepter la part d’irrationnel dans ce roman, mais dans ce premier tome c’est une part bien dosée qui permet aux lecteurs peu familiers du fantastique (c’est mon cas) de se laisser happer par l’histoire et les personnages. Je comprends et je partage l’engouement pour cette saga. Je suis curieuse de voir ce qu’il en sera sur la durée des 6 tomes…

S 3-3Monsieur Toussaint Louverture, 8,40€

Roman

« La saga des Cazalet 1 – Etés anglais » de Elisabeth Jane Howard

G04837_Etes anglais_La_saga_Cazalet_I.inddTous les ingrédients de la saga familiale telle que je l’aime sont réunis !

En 1937, la famille Cazalet se réunit comme chaque été dans la propriété des parents. Il y a les trois fils, chacun marié et avec des enfants, et une fille célibataire et dévouée, Rachel. Entre préoccupations domestiques et inquiétudes sur les rumeurs de guerre, les adultes ne manquent pas de sujets de discussion. Mais la grande réussite du roman est d’avoir traité les sujets et préoccupations des enfants sur un même niveau que ceux des adultes. Les enfants ne sont pas du tout des personnages secondaires dans cette histoire, et l’auteure retranscrit à la perfection leurs sentiments et leurs jeux. C’est bluffant de justesse.

Et puis l’histoire alterne entre vie quotidienne (achat de vêtements, éducation des enfants) et contexte historique (y aura-t-il à nouveau une guerre?), avec un dosage parfait.

Au début complètement perdue entre les personnages, finalement les pièces du puzzle se mettent en place au fil des chapitres. J’ai encore quelques confusions sur les enfants, mais rien de bloquant.

C’est un roman réussi, difficile à lâcher (ne vous effrayez pas des – presque – 600 pages, la lecture est sans difficulté).

J’ai hâte, vraiment hâte, de lire le deuxième tome, j’attends juste qu’il sorte en format poche (il y en a déjà quatre sortis en grand format).

S 3-3Folio, 608 pages, 9,40€

Roman

« Les chroniques de Bond street (tome 1, suite) : Miss Tonks prend son envol» de M.C. Beaton

9782226475046-jAprès un premier roman qui avait démarré sur les chapeaux de roue, je m’étais quand même demandé comment cette série allait se poursuivre, quelle forme allait prendre la prochaine intrigue. Heureuse surprise, il y a bel et bien une intrigue à part entière dans ce deuxième roman. Et cette fois-ci, c’est la discrète Miss Tonks qui en est le personnage principal.

Je l’avais à peine remarquée dans le premier tome, j’avais même un peu de mal à la situer, et la voici obligée de voler son horrible sœur, pour participer aux frais de l’hôtel du « Parent pauvre » et prouver sa bravoure à ses comparses. L’histoire est complètement centrée sur ce personnage, et comment elle va devoir sortir de sa discrétion habituelle pour rapporter de l’argent. Je suppose que le reste de la série sera de même : 1 roman autour d’1 personnage.

Le roman est très court (170 pages) et se lit très vite. Finalement c’est une bonne idée d’avoir regroupé les deux premiers tomes dans le même volume (pourvu que les prochains tomes soient du même format, sinon ce n’est pas joli dans la bibliothèque – un autre éditeur, 10/18 a l’habitude de faire des superbes regroupements de premiers tomes, et les autres volumes sous un autre format, et cela me déçoit à chaque fois).

Bref, je lirai sans doute la suite !

S 3-3Albin Michel, 19,90€

Roman

« Les chroniques de Bond street (tome 1) : Lady Fortescue à la rescousse» de M.C. Beaton

9782226475046-jPuisque la série des « Agatha Raisin » s’achèvera bientôt, j’avais très envie de démarrer une autre série de M.C. Beaton. J’ai déjà lu quelques Hamish McBeth (décevants) et écouté des versions audio de « Lady Rose ». Le point de départ des « Chroniques de Bond street » est assez amusant et laisse présager scènes cocasses et amusantes.

Le roman démarre très fort, dès les premières pages l’histoire est en marche : Lady Fortescue, vieille femme désargentée qui s’est déjà ridiculisée en tentant de voler un membre de sa famille, décide de s’associer avec d’autres aristocrates désargentés. Ils mettent en commun leurs rares biens, et s’installent ensemble. Et puis, quitte à occuper une grande maison, pourquoi ne pas la transformer en hôtel ?

Le roman est rafraîchissant, plutôt original.

Pour l’instant je ne sais pas ce que l’auteure a prévu dans cette série. Il n’y a pas d’enquête, pas d’intrigue à proprement parler. Ce premier tome a permis de mettre en place les personnages.

S 2-3Albin Michel, 19,90€

Roman

« L’éclatante revanche de Susan Boyer » de Sophie Endelys

9782258197848ORILe titre m’a plu.

La couverture m’a plu.

Le roman m’a plu.

Bref, ce livre a tout bon !

J’avais déjà lu deux romans de Sophie Endelys (« Les gardiennes du silence » et « Le grand art des petites escroqueries« ), et j’ai commencé cette lecture avec un bon a priori, qui s’est confirmé dès les premières pages.

Annabelle, après avoir passé toute une partie de sa vie au Canada, revient dans sa Belgique natale. Mais Annabelle n’est pas vraiment Annabelle. Elle est Susan, adolescente disparue mystérieusement trente ans plus tôt, et déclarée morte. Elle revient pour comprendre ce qui s’est passé.

D’habitude je n’aime pas trop les romans épistolaires, mais dans celui-ci le format convient et passe bien. L’écriture est très rythmée, l’intrigue est prenante. Je vous mets au défi de reposer ce livre avant de l’avoir fini : c’est impossible !

Il y a bien quelques questions qui ne trouvent pas complètement de réponse à la fin du livre (attention je spoile : on comprend qu’Annabelle / Susan revienne pour comprendre, mais pourquoi si longtemps après ? Et pourquoi les retrouvailles avec sa mère sont-elles aussi superficielles ?).

Malgré cela, j’ai vraiment passé un excellent moment de lecture, je vous recommande ce roman pour cet été !

S 3-3Presses de la cité, 304 pages, 20€

Policier·Roman

« Le bon père » de Santiago Diaz

9782749172361ORI (1)Persuadé de l’innocence de son fils emprisonné pour le meurtre de son épouse, un père décide de faire justice lui-même. Pour convaincre la police de rouvrir l’enquête, il séquestre trois personnes, un juge, un avocat, et un témoin, qui ont contribué à faire condamner son fils. A intervalles réguliers, tant que la police n’aura pas retrouvé le véritable assassin de sa belle-fille, il tuera ses otages.

Ce roman se lit facilement, il n’y a pas de temps mort, l’écriture est efficace. Ce n’est pas un page turner, mais l’histoire avance bien et donne envie de lire la suite.

Le personnage de l’enquêtrice, Indira, obnubilée par l’ordre et l’hygiène, est bien amené, crédible et apportant une « histoire bis » au sein du roman.

La fin du roman est largement prévisible, mais j’ai quand même lu tout le roman avec plaisir.

Côté structure, un compte à rebours plus présent, ou des fins de chapitres plus « cliffhanger », auraient été bienvenus. A noter, il y a beaucoup de personnages, j’étais un peu perdue par moment (heureusement j’ai tout compris au final).

S 2-3Le Cherche Midi, 432 pages, 21,90€

Audio·Roman

« Le cadavre du Palais Royal » de Laurent Joffrin

palais royalJ’ai lu tous les romans de la série « Nicolas Le Floch », commissaire au Châtelet sous Louis XV puis Louis XVI. Si ce blog ne compte pas beaucoup de chroniques de cette série, c’est parce que mes premières lectures ont débuté bien longtemps avant la création de ce blog. Le décès en 2018 de Jean-François Parot, le créateur de Nicolas Le Floch, marquait l’arrêt de cette série, et pour nombre de lecteurs (dont je fais partie), le regret de ne pas savoir comment Nicolas, marquis de Ranreuil et fidèle indéfectible à la royauté, allait traverser la Révolution française de 1789.

En découvrant qu’un autre auteur, en l’occurrence Laurent Joffrin, allait écrire la suite des aventures, j’ai d’abord été hésitante. Allais-je retrouver « mon » Nicolas Le Floch ?

Alors quitte à partir sur de nouvelles bases, j’ai aussi changé de mode de lecture pour cette nouvelle aventure, en passant à la version audio.

Trève de suspense : j’ai beaucoup aimé !

Tout d’abord, l’auteur a eu la bonne idée de faire un rapide résumé, bien amené, des précédentes aventures de Nicolas. Cela permet au lecteur de se souvenir rapidement où il avait laissé le Commissaire. Ensuite, on retrouve les personnages habituels, qui ont vieilli mais n’ont rien perdu de leurs caractéristiques : le fidèle Bourdeau, le médecin Semacgus, Sartine le mentor qui intervient toujours à point nommé, et le bon vieux Noblecourt, rassurant et perspicace.

Quant à l’histoire, elle s’inscrit dans la continuité des complots de cour des précédents tomes, sur fond de rappels historiques qui vont réveiller des souvenirs de leçons d’Histoire de bien des lecteurs. Cette fois-ci, ça ne rigole pas, parce que les complots visent directement le roi et son épouse Marie-Antoinette – et quand on sait que l’histoire se déroule en 1789 après la prise de la Bastille, il y a de quoi s’inquiéter ! Sans vouloir trop en dévoiler, on voit Nicolas évoluer dans sa position vis-à-vis des plus humbles – même si j’ai trouvé que son revirement de posture, quoique indispensable pour la suite de la série, soit amené de manière un peu maladroite (dans un passage où Nicolas se sent moins élevé socialement qu’une princesse – mais enfin, lui qui fréquente la cour depuis une éternité ne découvre pas du jour au lendemain quels en sont les travers et les injustices!).

La lecture faite par Philippe Sollier est impeccable. Le comédien nous emporte avec sa belle voix, qu’il sait adapter aux personnages, et donne beaucoup de rythme à sa lecture, appuyant l’action du roman quand cela est nécessaire.

Pari doublement réussi pour ce livre audio, pour Laurent Joffrin qui a rempli avec panache la mission de faire survivre Nicolas Le Floch à son créateur, et pour Philippe Sollier qui en livre une lecture juste.

S 3-3Audiolib, 7h49 d’écoute, 20,90€ en version CD

Roman

« Les bouffeurs anonymes » de Marie Aline

9791033911319-1642005469C’est une chronique sur un autre blog qui m’a donné envie de lire ce roman. J’avais bien compris que les « Bouffeurs anonymes », version alimentaire des « Alcooliques anonymes », se réunissaient et parlaient nourriture dans une société (à peine) futuriste, qui a limité à leur strict minimum les apports en gras / sucre / sel etc.

Je pensais que le roman regorgerait de recettes de cuisine, de descriptions alléchantes de plats gourmands, bref de quoi faire saliver le lecteur. Même pas. Bien sûr, il est fait référence à la cuisine, mais le livre réussit le (triste) exploit de ne pas m’avoir donné faim – bizarre pour un livre sur des « bouffeurs ».

Il y a quand même quelques bonnes trouvailles sur les dérives d’un Etat qui voudrait tout contrôler, et des références à la pandémie de Covid ou à notre société contemporaine.

HarperCollins

Roman

« Saint Jacques » de Bénédicte Belpois

product_9782072972058_195x320C’est un bonheur de lecture de se plonger dans un roman comme celui-ci.

Au décès de sa mère, Paloma hérite d’une maison délabrée dans les Cévennes. D’abord persuadée qu’elle doit vendre cette maison qui lui vient d’une mère qui ne l’a jamais aimée, elle se prend d’affection pour la maison, pour les Cévennes, et pour quelques personnes attachantes qui composent le voisinage.

«  On ne perçoit pas consciemment comment certaines personnes vous manquent avant de les connaître, on devine juste, une fois qu’on les a rencontrées, qu’on ne pourra plus jamais vivre sans elles. »

C’est tellement bien écrit, avec une justesse incroyable dans la description des sentiments, une pudeur sans facilité ni mièvrerie, que ce roman captive dès les premières pages.

Paloma, sa fille étudiante, sa vieille voisine, sa copine coeur d’artichaut, sont de beaux portraits de femmes. Et puis on sent l’amour pour une région, un terroir, jusque dans la description des toits en pierre de lauze.

J’ajoute aussitôt le premier roman de cette auteure dans la liste de mes futures lectures. J’ai envie de lire plein d’autres livres aussi justes et pleins de charme.

S 3-3Folio, 192 pages, 7,60€

Roman

« Réputation » de Lex Croucher

9782258198081ORIJ’étais très curieuse de découvrir ce roman, attirée par cette couverture colorée assez différente des autres couvertures des Presses de la cité, et par ailleurs ambiguë : quatre jeunes femmes habillées de robes façons XIXe siècle, portant chacune un verre ou une bouteille de vin. En dédicace, l’auteure fait un clin d’oeil à Jane Austen, mais on est quand même bien loin de « Raisons et sentiments ».

La jeune Georgiana se désole d’avoir été envoyée chez son oncle et sa tante. Désireuse de se faire de nouveaux amis, elle s’intègre dans une bande de jeunes débauchés menée par Frances Campbell, issue d’une bonne famille mais au comportement dépravé.

Cela n’aurait pu être qu’une chronique de la vie mondaine de jeunes gens riches qui cherchent à se distraire par tous les moyens. Mais le roman va bien au-delà, et aborde plusieurs thèmes aux résonances très modernes. Derrière une société anglaise d’un autre siècle, c’est aussi un miroir tendu vers notre société contemporaine. C’est léger et grave à la fois, amusant et dérangeant, et le lecteur virevolte dans les bals puis panse les plaies qui s’ensuivent.

L’histoire fonctionne bien, après un démarrage qui ne laisse rien présager de la tournure que va prendre l’histoire. On ne s’ennuie pas en suivant ces jeunes gens dans une romance moderne et intelligente.

S 3-3Presses de la cité, 450 pages, 19€