Surprendre le lecteur et l’entraîner dans un univers différent d’un livre à l’autre : voici un talent dont peut se vanter Laurence Labbé. J’ai déjà lu plusieurs livres de cette auteure, et je me laisse surprendre à chaque fois par son univers, tantôt décalé ou humoristique, tantôt poétique, mais toujours plein de sensibilité.
Avec « Les allées du pardon », je découvre une autre facette de son écriture. Le récit alterne deux narrateurs : l’un est au bord du burn-out et s’offre quelques jours de déconnexion seul, dans un hôtel ; le second, Théodule, est l’auteur d’un texte autobiographique qui commence par la mort de sa mère. Théodule est suspecté de l’avoir tué – sa mère ne l’aimait pas, et il le lui rendait bien – et placé dans un « hospice » où il clame son innocence tout autant que le fait qu’il ne pleurera pas sa mère.
Théodule est un personnage décalé, dans la lignée des portraits qu’aime croquer Laurence Labbé. Il est à la fois un énergumène et un sensible, jonglant entre un quotidien affligeant et des pensées profondes sur le monde.
J’ai trouvé ce nouveau roman assez différent des précédents. Le style de l’auteure continue à se bonifier avec le temps, et si le récit est surtout porté par la narration de Théodule, la prise de recul imposée au lecteur via le premier narrateur (lui-même en quête de sens et ayant besoin de recul sur sa vie) est particulièrement bien amenée et écrite. Il est rare que les romans à double narration offrent réellement deux styles d’écriture différents, et c’est pourtant un pari réussi dans « Les allées du pardon ».
L’air de rien, l’auteure interpelle ses lecteurs sur les maux de notre époque, questionne sur le sens du travail, les liens du sang… Le tout avec une sensibilité à souligner. C’est intelligent et bien écrit, je vous le conseille.
Laurence Labbé, 9,50€, commande en ligne ou via https://laurencelabbelivres.com/roman/les-allees-du-pardon/