« Proust m’a sauvée »
écrit l’auteure en excipit du livre.
Il faut lire les 200 pages de ce texte pour comprendre comme Laure Murat, née aristocrate d’une famille citée à plusieurs reprises dans « A la recherche du temps perdu », reniée par sa mère en raison de son homosexualité, a trouvé dans l’oeuvre de Proust des clés de décryptage de son propre contexte social et familial.
Ne vous découragez pas à la lecture du premier tiers du livre, où sont cités de nombreux membres de sa famille (avec les liens de parenté), apparemment célèbres. Cela ressemble à un Who’s Who assez indigeste, où le name dropping est assez ennuyeux pour qui ne connaît pas l’arbre généalogique de l’auteure.
La suite est plus intéressante. En creusant les marqueurs de l’aristocratie, décrits par Proust et vécus par l’auteure pendant sa jeunesse, en cherchant à définir le snobisme, en analysant ses propres relations familiales, l’auteure ouvre un champ plus personnel, plus touchant. Elle propose alors un récit intime sur ses relations familiales, l’étroitesse d’esprit à laquelle elle a été confrontée en révélant son homosexualité (les passages avec sa mère sont terribles).
Le récit se recentre sur Proust dans la dernière partie, sur l’enseignement que cette professeure en fait à ses étudiants, et surtout sur son amour assumé pour une œuvre exigeante qu’elle défend contre tous les a priori. Et de conclure :
« Aucun livre de la langue française ne provoque autant de préventions et de défiances ».
On n’aurait pas dit mieux.
Le Livre de poche, 264 pages, 8,40€
«
J’adore les boutiques de musée. J’y trouve toujours des ouvrages discrets, des éditions méconnues ou devenues introuvables. Je peux citer plein d’exemples, de Paul-Emile Victor à Emma Calvé, mais aujourd’hui c’est (de nouveau) de Marcel Proust que je vais vous parler. La maison de la Tante Léonie a rouvert ses portes il y a quelques mois, et si je n’ai pas pu y être le jour de l’inauguration, j’y étais quand même le premier week-end (j’ai des lubies comme ça).
C’est difficile de lire Proust.
Ma découverte de l’œuvre de Proust est assez originale. Pour ceux qui n’ont pas suivi mes précédentes chroniques, j’avais d’abord commencé par lire le texte original, qui m’est tombé des mains et que je n’ai pas rouvert pendant des années. Puis j’ai découvert les premiers tomes de la formidable adaptation en BD par
Il y a plusieurs années, j’avais essayé de « lire Proust », un peu comme un passage obligé dans ma vie de lectrice. J’avais consciencieusement commencé « A la recherche du temps perdu » par le premier tome… et je n’en ai jamais lu d’autre, perdue dans des phrases complexes et un récit qui m’avait plutôt ennuyée.
Lire Proust… Beaucoup s’y sont aventurés, nombreux sont ceux qui y ont renoncé. Je me souviens avoir lu un tome de la « Recherche » il y a bien longtemps – j’avoue ne plus me souvenir duquel il s’agissait. C’est une lecture que j’appréhendais, et à juste titre puisque je n’ai pas poursuivi au-delà de ce premier essai.