Roman

« Ce feu qui me dévore », de Paul Couturiau

feu qui dévoreBernard Bertin a passé plusieurs années de sa vie en prison. Jugé pour l’incendie criminel de la maison familiale, qui a tué sa mère et blessé grièvement son père, il n’a jamais vraiment cherché à se défendre.

Après la prison, il est devenu un écrivain célèbre et reconnu ; c’est à l’occasion de son retour sur les lieux du drame, et des retrouvailles avec Alexandra, son amour de jeunesse, qu’il accepte enfin de revenir sur ce qui s’est réellement passé et sur les causes de l’incendie.

Le début du roman m’a semblé laborieux : cet homme accusé, qui n’a jamais voulu se défendre mais s’est toujours contenté de se déclarer « responsable mais pas coupable », allait-il finalement s’expliquer sur ce mystérieux incendie ? Assez vite le lecteur comprend les clés essentielles de l’histoire, les relations familiales compliquées entre Bernard et ses parents qui semblent à l’origine de tout. Mais alors, y a-t-il un autre secret dans la vie de cet homme?

Il n’y a pas vraiment de suspense dans l’histoire, le roman n’a pas l’ambition d’être un polar. En revanche il aborde des sujets sérieux et sensibles qui en font une lecture au final intéressante. Après les lenteurs des premiers chapitres, la tension monte et le lecteur se prend une claque émotionnelle, le récit d’une enfance difficile racontée a posteriori par un adulte. J’ai fini par m’attacher à ce personnage taiseux, besogneux, cet homme en qui sommeille encore un gamin blessé.

Le texte offre de beaux passages sur l’amour maternel, sur la responsabilité et la culpabilité, mais aussi sur notre société en général. Lisez pour terminer le passage sur les Ndébélés :

« Il se raconte que non loin de Pretoria, en Afrique du Sud, une tribu africaine, les Ndébélés, possède une manière originale de châtier ceux qui ont enfreint les règles du groupe […]. Durant deux journées, chacun va, à tour de rôle, lui rappeler ce qu’il a accompli de bien au cours de sa vie […]. Tous les membre de la tribu s’unissent aussitôt pour aider l’égaré […] à renouer avec sa bonté fondamentale, dont un incident de parcours l’a momentanément coupé. »

S 2-3Presses de la Cité, 384 pages, 20€

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