Roman

« Le jardin des sept crépuscules » de Miquel de Palol

Jusqu’aux derniers chapitres de ce livre, j’ai hésité : ce roman de plus de mille pages est-il un chef d’œuvre ou juste un décevant kaléidoscope ?

En effet, ce livre est formé d’une incroyable succession d’histoires, plus ou moins imbriquées, et qui semblent converger vers un unique fil conducteur.

Un foisonnement de récits

L’histoire commence à Barcelone, dans un futur proche. Une guerre nucléaire oblige le jeune narrateur à trouver refuge dans une immense propriété, une sorte de château où sont déjà regroupées une petite dizaine de personnes. A tour de rôle, ceux-ci se racontent des histoires, dont le point de départ est la famille Mir, une famille de banquiers qui aurait possédé un joyau aux pouvoirs surpuissants.

Ainsi, l’histoire principale du « Jardin des sept crépuscules » est constituée d’un récit secondaire autour de la famille Mir ; et ce récit secondaire est lui-même constitué d’autres récits… ainsi de suite jusqu’à neuf niveaux de récits ! On navigue entre l’ambiance des « Mille et une nuits » et celle des « Dix petits nègres ».

Une structure originale mais déstabilisante

De nombreuses interrogations émaillent le récit : est-ce uniquement le hasard et les vicissitudes de la guerre qui ont réuni ces personnages dans cette grande demeure ? En quoi consiste le mystérieux joyau de la famille Mir, et qu’est-il devenu ? L’auteur semble assumer de perdre le lecteur dans les récits. Si l’on ajoute à cela que les personnages sont appelés tantôt par leur nom, tantôt par leur prénom, quand ce n’est pas carrément par un autre nom pour ne pas être reconnus… vous commencez à mesurer la complexité du livre ! J’y décèle une intention un brin perverse de ne pas aider le lecteur à se repérer dans l’arbre touffu des personnages ! Combien de fois me suis-je demandé si l’histoire allait aboutir à une fin logique, s’il y avait une clé à toutes ces énigmes ?

Je me demande si certains lecteurs réussissent à suivre intégralement un tel enchevêtrement d’histoires. Pour ma part, c’est uniquement la curiosité qui m’a tenue jusqu’à la fin du livre. Il faut dire que le livre reste séduisant ; malgré une structure déstabilisante, on veut connaître la suite, on veut poursuivre la quête de sens avec le narrateur.

Mon conseil

C’est un roman qui séduira les lecteurs curieux de découvrir une construction particulièrement originale, sans se décourager en voyant l’épaisseur du livre… et quitte à renoncer à tout comprendre !

S 2-3Ed Zulma, 1152 pages, 28,50€, traduit du catalan par François-Michel Durazzo

5 réflexions au sujet de « « Le jardin des sept crépuscules » de Miquel de Palol »

  1. Ce livre m’intriguait beaucoup, de part sa structure en poupées russes qui m’a rappelée les mille et une nuits.

    Votre critique me confirme que j’ai bien fait d’éviter ce livre, qui a l’air de demander beaucoup d’efforts pour tout saisir.

    À moins qu’une deuxième lecture ne soit éclairante une fois la clef comprise ?

    1. Pour ma part, je crois qu’une seconde lecture ne m’apporterait rien de plus. Je ne regrette pas cette lecture car la structure ne ressemble à rien que j’aie déjà lu. Mais une seconde fois… peut-être pas quand même !

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