Il y a plusieurs années de cela, j’ai lu « L’événement » d’Annie Ernaux. Malgré des centaines et des centaines de livres lus depuis, celui-ci reste l’un des plus bouleversants et des plus marquants de mes souvenirs de lecture.
J’étais donc curieuse de lire « Mémoire de fille », d’autant plus que la photo de couverture, celle d’une jeune femme en maillot de bain que l’on imagine dans les « années Bardot », doit rappeler des souvenirs à bien des femmes.
Ce livre est un récit de souvenirs d’une jeune fille basculant dans la vie de femme, découvrant le désir et ce qu’il implique. Monitrice dans une colonie de vacances, elle joue avec son désir sans savoir vraiment jusqu’où elle va, à la fois naïve et déterminée, sage et objet de rumeurs.
Si le récit peut s’avérer pesant dans l’impossible analyse a posteriori de sa jeunesse, des décennies après (comment analyser le désir, les gestes, interpréter des mots ou des situations si longtemps après?), il m’a intéressée en ce qu’il reflète la jeunesse de la fin des années 1950, et la façon dont l’amour, le sexe, et les liens entre garçons et filles étaient vécus.
« Déjà le souvenir de ce que j’écris s’efface. Je ne sais pas ce qu’est ce texte. Même ce que je poursuis en écrivant le livre s’est dissous. J’ai retrouvé dans mes papiers une sorte de note d’intention :
Explorer le gouffre entre l’effarante réalité de ce qui arrive, au moment où ça arrive et l’étrange irréalité que revêt, des années après, ce qui est arrivé. »
Folio, 176 pages, 6,60€