Essai / Document

« Les bouées jaunes » de Serge Toubiana

bouéesL’auteur est veuf, depuis que la maladie a emporté sa compagne Emmanuèle, trop jeune, trop tôt. Ce texte est à la fois un témoignage mêlant les souvenirs communs et « la vie d’après ». C’est une déclaration d’amour, même les défauts de la femme aimée deviennent des qualités dans cet éloge funèbre très sentimental.

Bien sûr le texte est empreint d’émotion, et le lecteur ne peut qu’être attendri face au portrait plus qu’élogieux fait par ce veuf. Sans doute beaucoup de femmes aimeraient que leur compagnon parlent ainsi d’elles après leur décès ! Il y a aussi des passages très tendres, comme les citations de Delphine Horvilleur, femme rabbin qui utilise la « tradition mystique juive » pour réconforter Emmanuèle. Le texte est émouvant mais sans être triste, car au-delà du récit de la fin de vie, il y a une volonté de témoigner de la personnalité d’une femme et d’en laisser une trace parmi les vivants.

Mais le défaut de ce texte est qu’à force d’être intime, il en devient trop personnel ; il fait appel à des références personnelles qui ne sont pas celles du lecteur (en tout cas, pas les miennes). Ainsi je ne connaissais quasiment aucun des noms de leurs nombreux amis, cités à de multiples reprises, dont on comprend qu’ils gravitent essentiellement dans le milieu des arts et de la culture, celui du cinéma et de la littérature en particulier. Par exemple, citer le nom de toutes les personnes qui ont rendu visite à Emmanuèle à la fin de sa vie. Je comprends que cette liste peut être importante pour celui qui a écrit le texte, peut-être pour leur famille et leurs amis, mais je n’ai pas saisi l’intérêt pour le lecteur.

S 2-3Stock